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    Le Mandat Camille Chamoun (1952-1958) :<o:p></o:p>

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    -12 octobre 1952 : Bataille rangée :<o:p></o:p>

    Quatre personnes sont tuées et plusieurs blessées dans une bataille rangée qui oppose dans la nuit du 12 au village de Bedghane, près de Sofar, des partisans de Kamal Joumblatt à ceux de Magid Arslane.<o:p></o:p>

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    -19 octobre 1952 : Khaled Chéhab à Damas :<o:p></o:p>

    Accompagné du ministre des Affaire étrangères, Moussa Moubarak, et du chef de l’état-major, le colonel Toufic Salem, Khaled Chéhab effectue à Damas une visite qualifiée de courtoisie, en réponse à la venue au Liban le 29 septembre du vice-président et chef d’état-major syrien, le colonel Adib Chichakly, pour féliciter le chef de l’Etat. Les entretiens de Chéhab à Damas ont cependant abordé la question des négociations économiques. A son retour, il déclare qu’elles reprendront bientôt, mais il est prématuré de parler d’union douanière.<o:p></o:p>

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    -25 octobre 1952 :<o:p></o:p>

    Le Liban élu au Conseil de Sécurité de l’ONU.<o:p></o:p>

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    -27 octobre 1952 : Invités contre gendarmes :<o:p></o:p>

    Procédant à la fouille des invités, à la suite de tirs lors d’une noce à Jouret el-Ballout, les gendarmes sont agressés par les passagers d’une voiture dont ils blessent le chauffeur. Ils subissent alors l’attaque des habitants du village et ont un blessé grave. L’arrivée de renforts ramène le calme et des arrestations sont opérées.<o:p></o:p>

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    -13 novembre 1952 : Robertson revient :<o:p></o:p>

    Arrivé la veille, le général Robertson, commandant en chef des forces britanniques au Moyen-Orient, est l’hôte à déjeuner du président Chamoun. Bien que son séjour soit qualifié de privé, on apprend qu’il a relancé le projet de défense commune du Moyen-Orient, déjà soumis à Béchara el-Khoury qui l’avait refusé. Robertson quitte le 15 le Liban pour Damas.<o:p></o:p>

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    -24 novembre 1952 : Israéliens à Jounieh :<o:p></o:p>

    8 israéliens débarqués clandestinement à Jounieh sont arrêtés le 24 et des fusils et grenades sont saisis dans leur canot. Ils déclarent que, membres d’une formation nautique, ils avaient dérivé du fait de la tempête.<o:p></o:p>

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    -24 novembre 1952 : Agitation à La Sagesse :<o:p></o:p>

    Suite au licenciement d’un élève, les terminales de La Sagesse se mettent le 24 en grève et la direction suspend les cours jusqu’au 1er décembre. La police arrête Melhem Karam, président de l’amicale des élèves, que la direction refuse de voir constituée. Karam est relâché sous caution.<o:p></o:p>

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    -25 novembre 1952 :<o:p></o:p>

    Cinq unités navales de la 6e Flotte US à Beyrouth.<o:p></o:p>

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    -27 novembre 1952 : Entrainement militaire scolaire :<o:p></o:p>

    La commission de la Défense adopte le 27 un projet imposant l’entrainement militaire aux garçons des terminales et des cours de défense passive aux filles. L’entrainement se poursuivra en été dans des camps et les élèves qui suivront des stages de recyclage seront mobilisables jusqu’à l’âge de 35 ans.<o:p></o:p>

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    -30 novembre 1952 : 15 blessés à Tripoli :<o:p></o:p>

    Des chocs font 15 blessés dont 5 gendarmes à Tripoli qui se préparait à commémorer le second anniversaire de la mort d’Abdelhamid Karamé. Suite à des tirs, le mohafez avait ordonné aux gendarmes de désarmer les baroudeurs. Ces derniers résistèrent et ce fut le choc. Des manifestants parcourent les rues réclamant l’unité syrienne et le chef de l’Etat qui se rendait à Tripoli pour assister à la séance commémorative regagna Beyrouth. Le discours qu’il devait prononcer sur place est radiodiffusé.<o:p></o:p>

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    -7 décembre 1952 : Le député Kazoun impliqué dans une fusillade qui a fait 2 tués à Kab-Elias :<o:p></o:p>

    De sanglants incidents qui ont fait 2 tués dont l’avocat Obeid Issa, et dans lesquels est impliqué le député Rifaat Kazoun, ont marqué les élections municipales à Kab-Elias où s’affrontaient une liste patronnée par Kazoun et une par la famille Issa. Voyant la partie évoluer en sa défaveur, les partisans de Kazoun ont déclenché une fusillade à laquelle, selon des témoins, le député a pris part. Issa et un jeune homme furent tués et 15 personnes blessées. Une perquisition chez Kazoun permet de mettre la main sur des armes.<o:p></o:p>

    L’affaire suscite une vive émotion. Le 9, le Barreau déclenche une grève de trois jours et réclame dans une pétition « le prix du sang et le châtiment le plus rigoureux pour le coupable, quel qu’il soit ». Les étudiants en droit défilent en silence à Beyrouth.<o:p></o:p>

    Le 11, Habib Moutran rejette à la Chambre la version de Kazoun sur la fusillade et dénonce les propos du chef du gouvernement pour qui « l’affaire ne mérite pas l’importance qu’on lui donne, car on enregistre des faits de ce genre chaque fois que le peuple est appelé à des élections ». Moutran reproche à Chéhab de n’avoir pas envoyé des forces suffisantes à Kab-Elias et d’avoir refusé de saisir la Cour de Justice. Des orateurs appuyant la position de Moutran, la Chambre décide de consacrer une séance spéciale à l’affaire.<o:p></o:p>

    Levée de l’immunité de Kazoun :<o:p></o:p>

    La séance se tient le 18 et la Chambre est saisie d’une demande du Parquet de levée de l’immunité parlementaire de Kazoun. Réaffirmant son innocence et se disant étonné de se voir accablé sans preuves par les avocats, les étudiants et la presse, Kazoun propose lui-même la levée de son immunité.<o:p></o:p>

    Mais les députés se hâtent de quitter l’hémicycle sans ratifier le procès-verbal de la séance. Les règlements stipulant que les votes ne peuvent être communiqués au gouvernement qu’après la ratification des procès-verbaux des réunions par les députés, Kazoun ne pourra être entendu par le juge d’instruction qu’après la prochaine séance de l’assemblée.<o:p></o:p>

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    -22 décembre 1952 : Drame de la mer au large d’Ouzai :<o:p></o:p>

    Le Champollion s’échoue et se brise :<o:p></o:p>

    15 passagers asphyxiés par le mazout :<o:p></o:p>

    « Le Champollion s’est échoué en face de Ouzai ». La rumeur qui se répand très tôt à Beyrouth est vite confirmée. Le navire (15000 tonnes) s’est échoué sur un banc de sable après s’être dangereusement rapprochée du rivage.<o:p></o:p>

    Le Champollion, courrier des Messageries Maritimes, avait quitté Alexandrie par gros temps. A son bord, 108 passagers dont 66 pèlerins et 212 membres d’équipage dont 19 officiers. Le paquebot a heurté un banc de sable à moins de 200 mètres du rivage et s’est incliné, la proue tournée vers le Sud, ballotté par une mer démontée.<o:p></o:p>

    Vers 7h, 4 matelots ont tenté d’atteindre le rivage dans une barque. Elle est renversée par une lame et ses occupants sont sauvés in extremis. Deux tentatives d’approcher le Champollion échouent. Selon les experts, le sauvetage du navire est très difficile, la faible profondeur des fonds empêchant les bateaux sauveteurs d’évoluer.<o:p></o:p>

    Dès l’annonce du drame, l’ambassadeur de France, Georges Balay, arrive sur les lieux et suit les tentatives de sauvetage. Il est rejoint tôt dans l’après-midi par les chefs de l’Etat et du gouvernement. De hauts responsables civils et militaires sont aussi à Ouzai.<o:p></o:p>

    Trompé par Khaldé ?<o:p></o:p>

    Que s’est-il passé ? Vers 2h30 du matin, alors que sévit une très forte tempête, le Champollion se trouve à la hauteur de Khaldé, attendant l’aube pour se diriger vers le port. A-t-il été poussé par les lames vers le rivage où il s’est échoué ? A-t-il confondu, du fait de la mauvaise visibilité, les lumières de la tour de l’aéroport avec celles du phare et s’est rapproché du rivage ? Il est impossible de répondre à ce stade à ces questions.<o:p></o:p>

    Vers 17h30, la coque du navire, frappée par les fortes lames, se fend et la mer s’y engouffre. Le Champollion est alors jugé perdu. On décide donc d’établir un pont de câbles pour relier le navire au rivage. L’armée installe des projecteurs. Mais un premier câble, installé avec peine, casse. La nuit tombe et l’obscurité enveloppe le navire où ne brille aucune lumière.<o:p></o:p>

    A 22h, les opérations de secours sont suspendues jusqu’au lever du jour. 17 passagers et 10 matelots ont pu atteindre la terre.<o:p></o:p>

    Asphyxiés par le mazout :<o:p></o:p>

    Lorsque l’aube pointe, la mer est toujours déchainée. Les tentatives d’approche du navire par le croiseur britannique Kenya ont échoué. Le Champollion s’est penché davantage sur le côté et de la brèche causée dans sa coque, le mazout s’est répandu à la surface de la mer. Des avions survolent le bâtiment, larguant des vivres et de l’eau.<o:p></o:p>

    On compte déjà des victimes. Un premier drame a eu lieu durant la nuit quand des passagers et des matelots se sont jetés à l’eau pour tenter de gagner le rivage à la nage. Englués dans les nappes de mazout, certains ont été asphyxiés et ont péri. Vers 7h, le même drame se répète lorsque d’autres marins se lancent à l’eau. Les deux tentatives se soldent par 15 morts (11 marins et 4 pèlerins), étouffés par le mazout. La plage offre un aspect hallucinant de corps sans vie et de rescapés, noircis par le carburant répandu à la surface de la mer.<o:p></o:p>

    Alors qu’on semble impuissant à aider les naufragés avant la fin de la tempête, voici qu’on aperçoit vers 11h une vedette du port qui, bravant les vagues, tente d’approcher le navire. A son bord, le chef-pilote du port Radwan Baltagi. Contre toute attente, l’embarcation parvient à se ranger contre le flanc du navire. Elle va procéder à l’évacuation des premiers passagers par une mer démontée. Pleine, elle regagne le port. Puis la voici qui revient. Elle va ainsi faire la navette entre le paquebot sinistré et le port.<o:p></o:p>

    Chamoun assiste au sauvetage :<o:p></o:p>

    Revenu à Ouzai, le président Chamoun suit les opérations de sauvetage au milieu d’officiels et de journalistes et cameramen locaux et étrangers. Une foule de 30000 personnes pousse des hourras chaque fois qu’un groupe de passagers est évacué. Jusqu’à la tombée de la nuit, l’œuvre de sauvetage se poursuit alors que les lames submergent le navire. Elle est achevée à 17h et le commandant du navire, le capitaine Bourde, est le dernier à quitter le navire dont une partie s’est enfoncée dans le sable.<o:p></o:p>

    Mesures contre le pillage :<o:p></o:p>

    Le 26, un office funèbre est célébré en l’église Saint-Louis des Capucins à la mémoire des victimes, en présence des officiels libanais, de l’ambassadeur de France, du commandant et officiers du Champollion et de Radwan Baltagi. Les 62 pèlerins survivants ont entretemps poursuivi leur voyage vers la Terre Sainte, les passagers et 186 membres de l’équipage se sont embarqués pour Marseille. Le 28, il ne reste plus à Beyrouth que 11 rescapés, soignés à l’Hôtel –Dieu, et les officiers supérieurs pour l’enquête.<o:p></o:p>

    Pour éviter tout risque de pillage, le ministère de l’Intérieur fait installer un cordon de gendarmes le long du rivage et interdit à quiconque de s’approcher à moins de 500 mètres du Champollion, sous peine de mort. Ordre est donné aux forces de tirer à vue sur quiconque violerait cette interdiction. A ce jour, plus de 100000 personnes ont fait le « pèlerinage » d’Ouzai.<o:p></o:p>

    Ce n’est que le 29, une fois la tempete calmée,  que la commission d’enquete peut procéder à une inspection dans les parages de l’épave. Interrogés par le juge d’instruction, le commandant du navire et ses officiers affirment n’avoir eu aucun problème technique. Ce sera aux tribunaux français de se prononcer sur la responsabilité éventuelle du capitaine Bourde et de ses hommes.<o:p></o:p>

    Bien que jamais établie, l’hypothèse la plus retenue est que ce dernier a pris les signaux de l’aéroport, dans une visibilité quasi nulle, pour ceux du port et s’est approché du rivage qu’il savait, près du port, profond. Or les feux de la tour de Khaldé sont blancs et verts alors que ceux du phare du port sont blancs. Leur alternance est par ailleurs différente.<o:p></o:p>

    Le Champollion que le capitaine Bourde commande depuis 1942, faisait deux fois par mois le trajet Marseille –Beyrouth. Pour son dernier voyage, il était assuré, y compris sa cargaison, pour 1.2 milliard de francs.<o:p></o:p>

    Sauvés par l’héroïsme de Radwan Baltagi :<o:p></o:p>

    Alors que tous les efforts, déployés avec d’importants moyens, échouaient, c’est le courage et l’héroïsme de Radwan Baltagi, chef-pilote du port de Beyrouth, qui sauvèrent les passagers et les marins du Champollion.<o:p></o:p>

    A bord de sa vedette, aidé de ses frères Mahmoud et Salah et d’une poignée de marins, Baltagi brava la mer déchainée et, au terme d’efforts surhumains, réussit à accoster le navire. Il va multiplier la navette entre le port et le navire jusqu'à l’évacuation complète des passagers du Champollion.<o:p></o:p>

    Son exploit suscita l’admiration de tous. Le commandant du Champollion le qualifiera de « lion » et le capitaine du croiseur britannique Kenya qui ne put approcher le navire fit parvenir via l’ambassade britannique, le message suivant : « Transmettez aux pilotes et mariniers des embarcations qui ont participé au sauvetage des passagers et des membres de l’équipage du Champollion, l’admiration et les félicitations du croiseur royal Kenya ».<o:p></o:p>

    Le New York Herald Tribune écrivit que « dans leurs prières, les rescapés du Champollion demanderont que soit béni le capitaine Radwan Baltagi, chef-pilote du port de Beyrouth ». Interrogé par un journaliste, un passager dira : « Baltagi ? Je ferai encadrer son portrait, le placerai dans mon salon, le fleurirai tous les jours. Sans lui, Monsieur, aucun de nous ne serait ici à vous parler ».<o:p></o:p>

    Radwan Baltagi fut décoré de l’Ordre du Mérite maritime libanais et fait, à la demande de l’ambassadeur Balay, Chevalier de la Légion d’Honneur.<o:p></o:p>

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    -14 janvier 1953 : L’armée honorée :<o:p></o:p>

    Au cours d’une cérémonie à la Résidence des Pins, l’ambassadeur de France, Georges Balay, décore de la Légion d’Honneur le chef de l’armée, le général Fouad Chéhab, avec grade de commandeur, et le colonel Toufic Salem, chef de l’état-major, avec grade d’officier, pour le rôle et le dévouement de l’armée dans le drame du Champollion.<o:p></o:p>

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    -2 février 1953 : Tortionnaires condamnés :<o:p></o:p>

    La Cour de Justice condamne un commissaire et un inspecteur de police à 6 mois de prison et au versement de 400 livres aux héritiers de Salim Mazraani, décédé en janvier 1952 en prison sous la torture.<o:p></o:p>

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    -13 février 1953 : Nasser Raad arrêté :<o:p></o:p>

    L’ancien directeur de la police, Nasser Raad, est arrêté pour avoir obligé des préposés à détourner des fonds en sa faveur.<o:p></o:p>

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    -16 février 1953 : L’état d’urgence désormais soumis à la Chambre :<o:p></o:p>

    Par décret-loi, est abolie la loi du 15 mars 1950 sur l’état d’urgence dont l’instauration doit désormais être soumise à l’approbation de la Chambre. L’état d’urgence peut être décidé par le Conseil des ministres en cas de troubles armés menaçant l’ordre public ou la sécurité nationale ou lors d’événements mettant en péril la souveraineté du pays. Il peut être décrété sur tout ou partie du territoire, tout comme peut être proclamée zone militaire une région précise. La Chambre, même si elle n’est pas en session, se réunira dans les 8 jours pour se prononcer sur l’instauration de l’état d’urgence.<o:p></o:p>

    L’état d’urgence, décrété le 15 mars 1950, avait donné lieu à des abus et la presse en demandait la levée.<o:p></o:p>

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    -20 février 1953 :<o:p></o:p>

    Partisans d’Ahmed el-Assaad contre PSP à Taybé : 3 tués, 15 blessés.<o:p></o:p>

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    -6 mars 1953 :<o:p></o:p>

    Découverte d’un vaste trafic de fausses cartes d’identité.<o:p></o:p>

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    -19 mars 1953 :<o:p></o:p>

    Tension confessionnelle : les Kataeb convient à un congrès national.<o:p></o:p>

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    -19 mars 1953 :<o:p></o:p>

    Officiel : le Liban compte 114000 réfugiés palestiniens.<o:p></o:p>

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    -Avril 1953 : La Sureté Générale rattachée à l’Intérieur :<o:p></o:p>

    La Sureté Générale qui relevait de la Police est rattachée à l’Intérieur et compte 250 éléments : 1 directeur, 2 commissaires en chef, 3 de première classe, 6 commissaires, 44 inspecteurs principaux, 184 inspecteurs, 1 chef de service, 5 commis et 4 plantons.<o:p></o:p>

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    -19 avril 1953 : Elections sanglantes :<o:p></o:p>

    Les élections des moukhtars font 2 tués et des dizaines de blessés dont 30 au Chouf.<o:p></o:p>

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    -9 juillet 1953 : Interdiction des meetings électoraux :<o:p></o:p>

    Le ministère de l’Intérieur interdit les meetings à Beyrouth après un attentat à la dynamite perpétré la veille à Mar Maroun, alors que Ghassan Tuéni prononçait un discours. L’attentat qui fit plusieurs blessés fut suivi d’incidents entre PPS et Kataeb, accusés d’en être les auteurs. Des Kataeb qui collaient des affiches sont attaqués par des PPS et certains sont conduits au domicile de Tuéni où, selon les Kataeb, ils auraient été malmenés.<o:p></o:p>

    Arguant d’impératifs de sécurité, l’Intérieur fait aussi réprimer une manifestation de protestation contre le refus de la candidature de Moustapha Ariss à Beyrouth au nom du PC. Une trentaine de manifestants sont arrêtés.<o:p></o:p>

    Le 2 juillet, l’opposition qui avait vainement réclamé le remplacement du cabinet Salam par un gouvernement neutre avait rappelé dans un manifeste que « le truquage des élections de 1947 ayant été une des causes du renversement de septembre, tout nouveau truquage provoquerait un nouveau renversement ».<o:p></o:p>

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    -23 juillet 1953 : Mohammed Abboud mortellement blessé dans un attentat :<o:p></o:p>

    Mohammed Abboud, député en 1937, 1943 et 1947, et ancien ministre, est victime d’un attentat à Kantari alors qu’il sortait d’une audience avec le chef de l’Etat. Atteint de 4 balles tirées à bout portant, il est transporté à l’hôpital où il succombe le surlendemain.<o:p></o:p>

    Avant de mourir, Abboud accuse Sleimane el-Ali, son unique adversaire au Akkar, d’être l’instigateur de l’agression. Amené à la Présidence, ce dernier réprouve l’agression et nie toute implication. Il est néanmoins arrêté avec son chauffeur, son garde de corps et ses deux frères, pour les besoins de l’enquête.<o:p></o:p>

    Nommé garde-forestier par Sleimane el-Ali, alors ministre de l’Agriculture, l’agresseur, Mohammed Ali el-Cheick, déclare avoir voulu « éviter l’esclavage à 35000 paysans » et affirme avoir agi de son propre chef, sans instigateurs.<o:p></o:p>

    Le Conseil des ministres, réuni d’urgence, transmet l’affaire devant la Cour de Justice et reporte au 8 aout les élections au Akkar.<o:p></o:p>

    Démission de Bachir el-Aouar :<o:p></o:p>

    L’affaire Abboud entraine la démission le 25 juillet de Bachir el-Aouar, ministre des Travaux Publics, dont le portefeuille est confié à Pierre Eddé. Cette démission est due au fait qu’en fouillant les voitures juste après l’attentat contre Abboud, la police avait découvert dans celle du ministre 2 fusils de guerre et 2 revolvers qu’elle avait saisis.<o:p></o:p>

    Devant la détermination des autorités militaires à sévir sans tenir compte du rang ni de la qualité des contrevenants, le ministre avait jugé préférable de se retirer du Cabinet.<o:p></o:p>

    Le 28 juillet, Bachir Osman se porte candidat au siège sunnite du Akkar contre Sleimane el-Ali. Député sortant, parent et allié de Mohammed Abboud, Osman s’était désisté en faveur de ce dernier.<o:p></o:p>

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    -Aout 1953 : Touristes incrustés :<o:p></o:p>

    La Sureté Générale décide l’expulsion des étrangers entrés au Liban en touristes et qui y sont restés. Ils devront avoir quitté le pays dans un délai qui sera fixé par la Sureté et les Affaires Sociales.<o:p></o:p>

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    -12 aout 1953 : Abdallah el-Hajj s’enfuit en pyjama :<o:p></o:p>

    Objet d’un mandat d’arrêt, Abdallah el-Hajj, député chiite de Beyrouth, s’enfuit de son domicile en pyjama pour échapper à la police.<o:p></o:p>

    Cette rocambolesque affaire avait commencé lorsque le juge d’instruction Mounir Mahmassani émit un mandat d’amener à l’encontre du député, pour avoir incité publiquement le peuple à la désobéissance civile. Les agents se rendirent au domicile de Hajj qu’ils prièrent de les suivre. Le député refusa car toute communication doit lui être faite par le canal de la présidence de la Chambre. « Si le juge d’instruction veut me voir, il n’a qu’à me rendre visite », avait-il dit.<o:p></o:p>

    Des agents furent alors postés autour du domicile et le Procureur général, Fernand Arsanios, émit un mandat d’arrêt contre Hajj. Mais quand la police revint au domicile de ce dernier, Hajj avait réussi à s’enfuir en pyjama par une porte dérobée. Des instructions sont données pour le retrouver, les autorités voulant l’arrêter avant la première session de la Chambre, car il bénéficiera alors de l’immunité parlementaire.<o:p></o:p>

    Un mandat d’arrêt a été aussi émis à l’encontre du frère de Abdallah, Abbas –lui aussi en fuite –pour avoir parcouru la ville, ameutant les partisans de son frère. 400 hommes, armés de gourdins, se répandirent le 17 dans les rues, brisant des vitrines de magasins, des voitures, des tramways et causant d’importants dégâts aux hôtels Normandy, Select et Bassoul. En même temps, un millier de personnes réclamaient Place de l’Etoile l’arrêt des poursuites contre Hajj, réfugié au Parlement et bénéficiant désormais de l’immunité parlementaire. La foule fut dispersée à coups de grenades lacrymogènes.<o:p></o:p>

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    -12 octobre 1953 : Agression par le feu :<o:p></o:p>

    Un incident d’un nouveau genre se produit à la frontière du Sud où les israéliens, tirant profit du vent soufflant avec force vers le Nord, mettent le feu à de la paille amassée qui, transportée en flammes par le vent, s’abat sur les cultures du village libanais de Markaba dont elle brule les récoltes. Le 16, dans une note remise aux ambassadeurs des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de France, le Liban proteste contre cette nouvelle forme d’agression israélienne.<o:p></o:p>

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    -13 octobre 1953 : Haro sur les douaniers :<o:p></o:p>

    De nombreux députés évoquent de récentes bagarres à l’aéroport entre agents de la Sureté Générale et douaniers. Prenant à partie ces derniers, le député Georges Hraoui les accuse d’agir à leur guise, « fouillant de façon vexatoire les uns et fermant l’œil sur les autres ».<o:p></o:p>

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    -14 octobre 1953 : Bédouins contre gendarmes : 7 blessés :<o:p></o:p>

    A la suite d’une rixe survenue le 12 entre bédouins de la région des Abattoirs, des gendarmes arrêtent un des antagonistes mais ses compagnons, déterminés à le libérer, attaquent les représentants de la loi pour les désarmer. Les gendarmes ayant tiré en l’air pour se dégager, les bédouins reviennent armés de mitraillettes, fusils et revolvers et une bataille rangée éclate. Après une véritable chasse à l’homme, les assaillants, cernés à Beit-Méri, se rendent. Le bilan est de 5 bédouins et 2 gendarmes blessés.<o:p></o:p>

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    -14 octobre 1953 : Joumblatt et Machnouk blessés dans un attentat :<o:p></o:p>

    Kamal Joumblatt et Abdallah Machnouk sont légèrement blessés dans un attentat lors d’un meeting en faveur du Maroc, organisé à la Maison des Najjadés et auquel assistaient 300 personnes et des leaders du PSP, PPS, Hayaa Wataniya, Nidaa al-Kaoumi…<o:p></o:p>

    Alors qu’Abdallah Kobrossi (PPS) se livrait à une attaque du gouvernement et du régime, il est interrompu par un auditeur qui lui demande de « parler du Maroc sans toucher au régime ». Ces mots sont suivis d’une explosion qui fit 10 blessés dont Ibtihage Kaddoura, Joumblatt et Machnouk. Deux des blessés sont hospitalisés.<o:p></o:p>

    Imputant l’attentat au Pouvoir, l’opposition exige dans un manifeste la démission du gouvernement et appelle à une manifestation et à la grève générale.<o:p></o:p>

    Le gouvernement ayant annoncé qu’il empêchera toute manifestation « par la force », la manifestation est annulée. La grève du 17 ne sera suivie qu’à 15% à Beyrouth, plus largement à Saida et Tripoli. Les deux auteurs de l’attentat sont arrêtés le 19.<o:p></o:p>

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    -21 octobre 1953 : Visite de la VIe Flotte :<o:p></o:p>

    Neuf unités de la VIe Flotte dont le croiseur lourd Des Moines battant pavillon de l’amiral John Cassidy et le porte-avions géant Franklin D. Roosevelt mouillent à Beyrouth.<o:p></o:p>

    Plusieurs escadrilles d’avions à réaction et à hélices survolent la ville à basse altitude et le 23, le chef de l’Etat assiste à un exercice aéronaval à bord du porte-avions.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -26 octobre 1953 : La Ligue adopte un plan libanais :<o:p></o:p>

    Réuni à Amman, le comité politique de la Ligue adopte un plan présenté par le chef du gouvernement Yafi et préconisant un système défensif unifié aux frontières avec Israël et la création d’un fonds commun alimenté par tous les pays de la Ligue.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -31 octobre 1953 : Loi sur la préparation militaire dans les écoles :<o:p></o:p>

    Approuvé par la commission parlementaire de la Défense, le projet de loi instituant l’entrainement militaire dans les écoles est voté par la Chambre, malgré les critiques de certains députés. Pour le chef du Législatif, « cette préparation militaire dans les écoles est une nécessité nationale ».<o:p></o:p>

    La loi qui sera promulguée le 8 décembre impose l’entrainement militaire à tous les élèves du baccalauréat 1er et 2e parties ou toute classe correspondante, à condition que l’élève ait plus de 15 ans. N’en sont exemptés que les élèves jugés inaptes par une commission médicale de l’armée. Les écoliers s’entraineront à la défense passive.<o:p></o:p>

    La loi confie l’entrainement au commandement de l’armée, autorisé à organiser des camps en été et à faire subir à des élèves des cours de spécialisation ne dépassant pas un mois. Tous les élèves resteront mobilisables jusqu'à l’âge de 36 ans. La loi entrera en application six mois après le vote des crédits qui seront alloués au budget de la Défense à cet effet.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -10 décembre 1953 : Démenti des rumeurs de putsch :<o:p></o:p>

    Un communiqué de la Défense dément des informations de presse faisant état d’une tentative de putsch et précise que seules des mesures à caractère disciplinaire ont été prises contre deux officiers dont le colonel Jean Aziz Ghazi, mis d’office à la retraite. Aucune charge ne sera établie contre l’officier qui contribua à la naissance et à la croissance de l’armée et qui refusera toujours de commenter cette affaire.<o:p></o:p>

    Par ailleurs, le gouvernement annonce qu’il envisage de porter les effectifs de l’armée de 5000 à 15000 hommes et que, pour financer ce projet bien accueilli par la Chambre, il surtaxera dans le budget de 1954 l’essence et le tabac.<o:p></o:p>

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    -20 janvier 1954 :<o:p></o:p>

    La police estime que l’ordre et la sécurité à Beyrouth nécessitent 1000 gendarmes.<o:p></o:p>

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    -26 janvier 1954 : Ghazi à la retraite :<o:p></o:p>

    Reçu par Abdallah el-Yafi, le chef de l’armée, le général Chéhab, lui communique le décret mettant à la retraite d’office le colonel Jean Ghazi et licenciant les lieutenants Souaid et Hammoud, pour motifs disciplinaires.<o:p></o:p>

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    -28 janvier 1954 : Epuration au sein de la police municipale :<o:p></o:p>

    Nouveau chef de la police municipale, le capitaine Youssef Haraké révoque 22 commissaires et policiers pour motifs disciplinaires et décide que tout fonctionnaire s’absentant sans motif justifié sera considéré démissionnaire. Sur ses instructions, la police municipale sévit à Beyrouth contre la mendicité et le vagabondage et procède au démantèlement d’un gang d’enfants spécialisés dans les vols de magasins et d’appartements.<o:p></o:p>

    -3 février 1954 : La police municipale de Haraké sévit :<o:p></o:p>

    Sans préavis, la police municipale du capitaine Haraké effectue des descentes dans les restaurants de la ville pour contrôler l’hygiène et lutter contre les produits frelatés. Des masses d’ustensiles d’une saleté repoussante sont saisies et de la viande de chameau servie comme viande de bœuf est découverte. Sont mis sous scellés 9 restaurants dont l’un servait de lieu de rencontres galantes et un de quartier général à de jeunes délinquants. 80 autres sont frappés de lourdes amendes et menacés de fermeture en cas de récidive. Le même jour commence la mise en place d’un laboratoire sanitaire dont le cout (un million) est couvert par l’OMS et le Point IV.<o:p></o:p>

    La police s’attaque aussi aux étages construits en contravention de la loi –il en existe 1300 à Beyrouth –et contre les jeunes délinquants. Le 16, 23 mineurs accusés de vols sont condamnés à 3 ans de prison et le 20, 55 jeunes vagabonds sont condamnés de 1 à 3 mois de prison. Ces peines soulagent l’opinion mais alarment les associations féminines qui réclament le 26 la création de tribunaux pour enfants.<o:p></o:p>

    Haraké reçoit des lettres de menaces anonymes –six selon Lissan Ul Hall –et un ancien agent tente de l’assassiner. L’agent avait laissé construire illégalement un étage dont la destruction venait de commencer Place Debbas.<o:p></o:p>

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    -4 février 1954 : Port d’armes interdit :<o:p></o:p>

    En accord avec le Conseil de Sécurité Intérieure, le gouvernement décide de supprimer tous les permis de port d’armes. Des perquisitions seront effectuées sur tout le territoire par l’armée, chargée de cette opération.<o:p></o:p>

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    -4 février 1954 : Arrestation de terroristes pro-israéliens :<o:p></o:p>

    Le chef du gouvernement, Abdallah el-Yafi, annonce l’arrestation d’une bande de 5 terroristes pro-israéliens, responsables notamment d’un attentat à la bombe contre le bureau du comité supérieur de Palestine. Des explosifs et des bombes ont été saisis dans des valises transportées par les terroristes au moment de leur arrestation.<o:p></o:p>

    La bande, qualifiée de « Bande de Saint-Jean-d’Acre », d’où sont originaires la plupart de ses membres, avait installé son QG à Antélias. C’est une jeune palestinienne, affolée par les confidences d’un terroriste, qui alerta la police, déjà au courant de débarquements clandestins d’agents israéliens. Suspectant une maison isolée à Antélias, les agents y découvrirent des explosifs et arrêtèrent un individu qui avoua être un agent pro-israélien et donna le nom de ses complices.<o:p></o:p>

    Le lendemain, trois terroristes sont appréhendés et le 10, sur base des aveux recueillis, du matériel radio émetteur –transmetteur est saisi chez un habitant de Hasbaya qui est arrêté. L’enquête ayant révélé que les terroristes voulaient faire sauter l’ambassade d’Irak, le gouvernement renforce la garde autour des bâtiments diplomatiques et place le littoral Sud sous la surveillance de l’armée.<o:p></o:p>

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    -10 février 1954 :<o:p></o:p>

    Assassinat du chef du poste de gendarmerie de Nahr el –Bared.<o:p></o:p>

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    -15 février 1954 : Attentat contre le président du Conseil d’Etat et assassinat du caïmacam de Tyr :<o:p></o:p>

    Alors qu’il sortait vers 22h30 de son domicile, caracole el –Abed, le président du Conseil d’Etat, Youssef Charbel, est abordé par un homme qui tire sur lui trois balles dont deux l’atteignent à la cuisse et au niveau de l’épaule. Son agresseur se nomme Hussein Cheikh. Membre du PPS, il a voulu faire payer à sa victime son rôle dans la condamnation à mort d’Antoun Saadé, chef du PPS. Charbel était procureur général au procès de Saadé.<o:p></o:p>

    Bien qu’ayant survécu, Charbel gardera de graves séquelles de ses blessures. Son agresseur, fonctionnaire au service sanitaire de la municipalité, demeure introuvable et, selon certaines informations, se serait réfugié en Syrie.<o:p></o:p>

    Le 21 février, le caimacam de Tyr et ex-chef de la Sureté à Tripoli, Mounir Daou, frère de l’ancien député Joseph Daou, est abattu à bout portant à Batroun. Son meurtrier, Antoine Mouawad, déclare avoir voulu venger son frère Maurice, tué en 1951 par le chauffeur de la victime, à la suite d’une querelle électorale.<o:p></o:p>

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    -16 février 1954 :<o:p></o:p>

    17 paysannes du Sud enlevées et conduites en Israël.<o:p></o:p>

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    -23 février 1954 : Double et mystérieux assassinat au Gardénia :<o:p></o:p>

    L’assassinat de Mme. Jocelyne Moucadié, née Bajart, d’origine française, et de sa femme de chambre, trouvées égorgées hier à l’aube dans la villa Moucadié au Gardénia à Hazmieh provoque une vive émotion.<o:p></o:p>

    « Ce sont deux corps ensanglantés et affreusement mutilés que j’ai vus dans la chambre à coucher en rentrant ce matin vers 4h chez moi », a déclaré hier à la gendarmerie l’époux de la victime, Edouard Moucadié, fils de Raffoul Moucadié, propriétaire de l’hôtel Normandy. Dans la soirée du 21, il avait quitté à 21h sa villa pour se rendre au Kit-Kat dont il est directeur. Rentré chez lui vers 4h du matin, il a découvert les deux corps.<o:p></o:p>

    « Ma femme, déclare-t-il aux enquêteurs, était couchée sur le lit la gorge ouverte et à quelques mètres d’elle gisait dans une marre de sang sa femme de chambre, Jamilé. Ayant en vain essayé de téléphoner, j’appelle le jardinier Khalil Diab et je lui demande de m’aider à les transporter dans ma voiture pour les conduire à l’hôpital ». En route vers l’Hôtel-Dieu, la voiture, roulant à toute vitesse, est arrêtée au poste de Furn el-Chebback, et l’homme doit expliquer aux gendarmes qu’il conduit les corps à l’hôpital où les deux femmes sont déclarées mortes.<o:p></o:p>

    Les enquêteurs trouvent la porte de l’office forcée et près du lit, le rasoir qui a servi à égorger les victimes, ainsi que des douilles de calibre 7,65. L’autopsie révèle que les deux femmes ont été atteintes de plusieurs balles avant d’être égorgées. Rien n’a disparu de l’appartement et les bijoux de la victime ne semblent pas avoir été volés. Les enquêteurs écartent le vol comme mobile du crime mais certains estiment que le ou les meurtriers ont pu abattre les deux femmes puis, surpris par le retour du propriétaire, se seraient enfuis sans rien voler.<o:p></o:p>

    Edouard Moucadié et le jardinier sont mis à la disposition du juge d’instruction pour les besoins de l’enquête. Les spéculations vont dès lors aller bon train et l’époux de la victime que des rumeurs relayées par la presse accusent d’être l’instigateur du crime est arrêté.<o:p></o:p>

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    -2 mars 1954 : Trafic d’armes à l’AIB :<o:p></o:p>

    Deux grosses valises trainant sans propriétaire à l’AIB sont ouvertes par les douaniers qui y découvrent mitraillettes, revolvers, fusils, munitions… L’enquête aboutit à l’arrestation d’une bande de trafiquants d’armes dirigée par une femme. Ses conclusions sont maintenues secrètes par la justice militaire.<o:p></o:p>

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    -6 mars 1954 :<o:p></o:p>

    Prolifération des vols à Beyrouth.<o:p></o:p>

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    -9 mars 1954 : Fusillade entre partisans de Yafi et d’Assaad :<o:p></o:p>

    Une fusillade entre partisans de Abdallah el-Yafi et d’Ahmad el-Assaad rue Basta fait 1 tué et 8 blessés dont 2 grièvement. A l’origine de cette violence, une phrase que Yafi avait lancée à Assaad le 5 au Parlement. « Vous avez ruiné le pays », lui avait-il dit. Assaad se jura alors d’obtenir de Yafi une rétractation publique. La séance du 9 devait lui en fournir l’occasion.<o:p></o:p>

    Pour faire une entrée sensationnelle à la Chambre, il demanda à ses partisans de se masser Place de l’Etoile. Lorsqu’il y arrive à 17h, la foule veut le suivre à l’intérieur de l’hémicycle mais les gendarmes la refoulent à coups de crosse.<o:p></o:p>

    Ahmad el-Assaad et son fils Kamel sortent vers 18h30 et se dirigent en voiture vers la Place Riad el-Solh. Leurs partisans qui veulent les escorter jusqu'à leur domicile s’engagent rue Basta où, devant le domicile de Yafi, ils conspuent ce dernier. C’est alors que des hommes postés autour du domicile tirent. Quand les gendarmes s’interposent, on compte 1 tué et 8 blessés.<o:p></o:p>

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    -27 mars 1954 : Etudiants contre gendarmes rue Bliss : 2 tués, 38 blessés :<o:p></o:p>

    Manifestant, malgré l’interdiction, contre le projet de pacte turco-pakistanais, les étudiants de l’AUB et des Makassed se heurtent rue Bliss aux forces de l’ordre qui tirent, faisant 2 tués et 38 blessés.<o:p></o:p>

    Vers midi, des étudiants se dirigeant vers l’AUB pour se joindre à ceux restés à l’intérieur de l’université, se heurtent rue Bliss aux gendarmes et forcent un premier barrage alors que les pompiers actionnent leurs lances pour empêcher des étudiants de sortir de l’AUB. Ils sont lapidés ainsi que les gendarmes qui refoulent les étudiants derrière les grilles. Ils tirent en l’air et 2 étudiants sont blessés par des ricochets de balles.<o:p></o:p>

    Les étudiants refluent, se regroupent, contre-attaquent, de plus en plus agressif. Brusquement, à 13h20, des coups de feu sont tirés de la terrasse de l’AUB sur les gendarmes qui ripostent. Les étudiants se dispersent. Les tirs ont fait 2 tués et 36 blessés dont 24 policiers.<o:p></o:p>

    Yafi accuse des éléments subversifs d’avoir noyauté les étudiants, fait assumer aux communistes et à leurs journaux la responsabilité des tensions internes et dit avoir déclaré la guerre au communisme. L’incident renforce le courant favorable à une alliance avec l’Occident et ses alliés régionaux, creusant le fossé avec le courant populaire, arabisant et neutraliste puis progressivement antioccidental.<o:p></o:p>

    Sauvé par le verre de Joumblatt :<o:p></o:p>

    Le 30, alors que l’opposition veut faire chuter Yafi à la Chambre après la fusillade rue Bliss, un incident entraine la levée d’une séance qui devait s’achever par un vote de confiance aléatoire.<o:p></o:p>

    Ouverte en présence de 32 députés et ministres, la séance est marquée par une violente intervention de Joumblatt : « N’avez-vous pas des enfants ? Imaginez qu’ils aient été parmi les manifestants et qu’on ait tiré sur eux », hurle-t-il à l’adresse de Yafi, l’accusant d’etre responsable de la fusillade et d’avoir meme organisé l’attentat à la bombe du 14 octobre 1953 à la Maison des Najjadés. « Je défie Joumblatt de prouver ses assertions. C’est un menteur », répond Yafi.<o:p></o:p>

    Joumblatt lance alors un verre d’eau sur Yafi qui l’évite et l’insulte. Fou de rage, il tente de frapper Yafi qui se couvre la tête. Retenu par ses collègues, Joumblatt lui lance ses lunettes à la figure. La séance est levée dans un tumulte indescriptible. Peu après, les partisans de Yafi manifestent à Basta.<o:p></o:p>

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    -1er avril 1954 : Raad condamné :<o:p></o:p>

    L’ex-directeur de la Police, Nasser Raad, est condamné à 6 mois de prison avec sursis et à verser 35000 livres en compensation de sommes qu’il a détournées.<o:p></o:p>

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    -5 avril 1954 : La balle était une grenade : 3 tués :<o:p></o:p>

    Alors qu’ils jouaient dans la cour de l’école officielle d’Achrafieh, près de l’hôpital Jeitaoui, avec ce qu’ils pensaient être une balle en métal, 3 écoliers sont tués et 2 blessés par l’explosion de l’engin. On ignore s’il s’agit d’un accident du à un fou qui a laissé trainer la grenade ou d’un acte terroriste. Le drame alimente une psychose et le gouvernement multiplie les communiqués pour tranquilliser les parents alarmés.<o:p></o:p>

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    -12 avril 1954 : Pressions occidentales sur le Liban :<o:p></o:p>

    Abdallah el-Yafi rejette un appel américain demandant aux arabes de reconnaître « le fait accompli d’Israël », augmente le effectifs de l’armée de 1200 hommes et reçoit le lendemain le ministre syrien des Affaires Etrangères qui étudie avec lui, Chamoun et Naccache une politique commune face aux occidentaux.<o:p></o:p>

    Le 1er avril avait été signé un pacte turco-pakistanais et Ankara avait invité les arabes à se joindre à cette alliance tandis que les occidentaux commençaient à exercer des pressions sur le Liban et la Jordanie où une agression israélienne avait fait 6 tués le 29 mars.<o:p></o:p>

    Le 22, Yafi et Sabri Assaly conviennent à Damas d’unifier l’action de leurs pays face aux pressions de l’Occident, d’adopter des mesures défensives communes aux frontières et Yafi laisse entendre que le Liban se retirerait du Conseil de Sécurité si la plainte jordanienne contre Israël n’a pas de suite positive. Le 24, le délégué du Liban au Conseil, Charles Malek, relaie à Beyrouth un ultimatum des occidentaux menaçant de dénoncer la déclaration tripartite de 1950 qui garantit le statu quo régional si le Liban boycotte le Conseil.<o:p></o:p>

    Sur le plan intérieur, le PSP, le Congrès National, les Najjadés, l’Union de la Jeunesse Musulmane et les Partisans de la Paix adoptent une motion contre toute alliance avec l’Occident alors que les Kataeb informent Chamoun de leur disposition « à enrayer toute action subversive » dans le pays.<o:p></o:p>

    Le 28, lors d’une séance secrète à la Chambre, 6 députés dont ceux du Bloc National et Emile Boustany réclament un pacte militaire avec l’Ouest. L’opinion commence à se diviser entre les deux blocs régionaux qui se forment : Irak-Jordanie face à Egypte-Arabie Saoudite, cette dernière traditionnellement hostile aux leaders hachémites.<o:p></o:p>

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    -27 avril 1954 : Désarmement : un fiasco :<o:p></o:p>

    Quelque 500 policiers et gendarmes bloquent dès 23h les voies d’accès à la capitale, fouillant passants et passagers des voitures dans le cadre d’une opération de désarmement. La gigantesque rafle aboutit à la saisie de 3 revolvers et de 2 couteaux.<o:p></o:p>

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    -11 mai 1954 : Attention aux réfugiés :<o:p></o:p>

    Une personnalité dont l’identité n’est pas révélée a estimé le 11 dans la presse que les réfugiés pourraient constituer à terme un problème car « certains camps sont devenus de véritables foyers d’agitation ».<o:p></o:p>

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    -14 mai 1954 :<o:p></o:p>

    Bataille Frangié-Douayhi à Zghorta : 3 tués, 2 blessés.<o:p></o:p>

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    -21 mai 1954 :<o:p></o:p>

    Troubles au Hermel.<o:p></o:p>

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    -27 mai 1954 : L’armée annonce avoir pacifié le Hermel :<o:p></o:p>

    « Il n’existe plus de bandes armées au Hermel », annonce le ministère de la Défense dont le communiqué précise que les forces engagées contre les Jaafar et les Dandache ont définitivement mis hors d’état de nuire les dernières bandes armées dans la région.<o:p></o:p>

    Pour venger l’un des leurs abattu par les gendarmes, 400 éléments des Jaafar avaient attaqué le 21 le poste d’Akroun, enlevant un gendarme et emportant des fusils de guerre. L’armée avait donné une semaine aux rebelles pour se rendre. Suite à une médiation de Sabri Hamadé, les Jaafar ont relaché leur prisonnier et déposé les armes, imités par les Dandache.<o:p></o:p>

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    -24 juin 1954 : L’ennemi public numéro 1 abattu :<o:p></o:p>

    Au terme d’une poursuite de trois heures, les gendarmes abattent près de Boudaye (Bekaa) Diab el-Kak, considéré l’ennemi public numéro 1. Recherché depuis 15 ans, il avait à son actif 17 meurtres prouvés et avait été condamné trois fois à mort. Cerné le 4 dans son village de Khodr, il avait pu s’enfuir après avoir tué un gendarme.<o:p></o:p>

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    -Juillet 1954 : Bilan des douanes :<o:p></o:p>

    Entre le 16 juillet 1953 et le 15 juillet 1954, les douanes ont opéré 1594 saisies dont 6 mitraillettes, 4 fusils, 28 revolvers, 2299 balles, 39129 paquets de cigarettes, 583 Kg de tabac libanais, 20 lingots d’or, 1124 livres or, 642 Kg d’opium et 307 Kg de stupéfiants divers.<o:p></o:p>

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    -19 juillet 1954 : Campagne anti-haschich :<o:p></o:p>

    Coup d’envoi d’une nouvelle campagne de destruction du haschich dans la Bekaa et au Hermel où, pour des motifs de sécurité, l’armée est chargée des opérations. A la fin du mois, 4364 millions de m2 de cannabis avaient été détruits, selon un communiqué officiel.<o:p></o:p>

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    -30 juillet 1954 : Affaire Chacar : sanglantes bagarres à Beyrouth :<o:p></o:p>

    Dénonçant e retard mis à juger l’auteur d’un livret dont des passages ont été jugés insultants pour le Prophète, des manifestants musulmans se heurtent dans le centre de la ville aux gendarmes. Les affrontements font 55 blessés dont 5 grièvement et suscitent une vive tension confessionnelle.<o:p></o:p>

    L’agitation commence la veille quand des manifestants de Basta, Moussaitbé et Mazraa, protestent contre le retard mis à condamner l’auteur du livret, un certain Georges Chacar, se dirigent vers le Parlement obligeant les commerçants à fermer. Arrivés Place de l’Etoile, ils veulent etre reçus par le chef du Législatif. Adel Osseirane est absent. Ils marchent sur le Sérail mais sont refoulés par les gendarmes. Une délégation est cependant reçue par Yafi qui lui fait savoir que l’affaire est entre les mains de la justice. Non satisfaite, la foule remonte vers Basta et saccage des tramways avant que les gendarmes ne la dispersent.<o:p></o:p>

    A ce stade, le mouvement semble etre une pression sur la magistrature et la fermeture des magasins reflètent le manque de confiance des commerçants à l’égard de la protection légale de leurs devantures.<o:p></o:p>

    Dans ce contexte, Pierre Gemayel exhorte, dans une déclaration, les notables musulmans à condamner l’agitation confessionnelle. Il relève que « musulmans et chrétiens disposent à Beyrouth de ce qu’on appelle la rue. Qu’arriverait-il si demain les Kataeb décidaient de fermer la ville pour protester contre la pression qu’on veut exercer sur la magistrature ? » Il rappelle avoir refusé des appels de chrétiens à la grève lors de l’affaire Moslem Lebanon Today, déplore « la lacheté des commerçants devant la racaille », dénonce « l’absence du ministère de l’Intérieur » et réclame la suppression des émissions religieuses à la radio.<o:p></o:p>

    Bagarres sanglantes et pillages :<o:p></o:p>

    Mais ni l’appel de Gemayel, ni les démarches de Yafi, de notables musulmans et d’ulémas, ni un manifeste de députés chrétiens désavouant Chacar n’ont d’effet. Le 30, après la prière du vendredi, un millier de manifestants envahissent vers 13h le centre de la ville. Ils attaquent des magasins dont certains sont pillés, brisent et brulent des tramways et des taxis. Des collisions se produisent. Les gendarmes tirent. On relève 55 blessés dont 5 grièvement. A 15h, la Police Militaire, appuyée par les pompiers et des autos-blindées, prend la relève des gendarmes et arrive à rétablir l’ordre.<o:p></o:p>

    Message de Chamoun à la Nation :<o:p></o:p>

    Yafi accuse ses adversaires d’avoir exploité l’agitation pour susciter une crise ministérielle, les manifestants, des partisans de Sami el-Solh et d’Ahmad el-Assaad, criant bien plus contre Yafi que contre Chacar. Justifiant la sévérité de la police, il déclare que « si le gouvernement n’avait pas fait preuve d’autorité, les manifestations auraient dégénéré en massacres ».<o:p></o:p>

    A la Chambre, Frangié déclare que « nous n’accepterons jamais que l’on porte atteinte au Prophète Mohammad ni à aucun autre. Le Liban est le refuge de toutes les religions et aucune vie n’y est possible si toutes les religions n’y sont pas respectées ».<o:p></o:p>

    Le 31, dans un message à la Nation, Chamoun exhorte les libanais à l’union et déclare que « la loi garantit les droits de tous les citoyens. Ceux qui l’ont violée seront punis ». Pour calmer les esprits, il réunit à la Présidence les notables des deux communautés alors que l’armée reste en charge du maintien de l’ordre. La grève se poursuit partiellement.<o:p></o:p>

    Georges Chacar :<o:p></o:p>

    Originaire de Jounieh, employé de banque et étudiant en Droit, Georges Chacar, 24 ans, avait publié en 1947 un livret intitulé « Révolution et Douleur » qui passa alors inaperçu.<o:p></o:p>

    Mais en décembre 1953, un lecteur, relevant des passages irrévérencieux à l’égard du Prophète, alerta les autorités religieuses qui saisissent la justice. Le 12 décembre, le juge Salim Azar convoque Chacar qui affirme que les textes incriminés furent ajoutés au texte originel. Il passe 20 jours en prison puis est libéré sous caution. C’est l’audience du 29 juillet devant le juge unique Georges Chehadé qui déclencha les troubles, les manifestants accusant le tribunal de vouloir noyer l’affaire. Le procès est renvoyé au 4 aout.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Aout 1954 : Victimes des jeux :<o:p></o:p>

    Les jeux de hasard qui viennent d’etre permis de nouveau font leurs premières victimes. Ayant perdu gros, Tanios Haddad, un artisan, se suicide à Aley et un jeune homme de 18 ans se pend à Bourj Hammoud.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 aout 1954 :<o:p></o:p>

    Le Liban demande des armes aux Etats-Unis.<o:p></o:p>

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    -13 aout 1954 : A l’épée et au poignard :<o:p></o:p>

    Des membres des familles Assaad et Zein se battent dans la nuit du 13 à l’épée et au poignard sur une colline de Cana d’où les Assaad veulent déloger les Zein. On signale 12 blessés. Les gendarmes interviennent à l’aube et procèdent à des arrestations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 aout 1954 : Rafle dans les fumeries :<o:p></o:p>

    200 policiers déclenchent dans la nuit du 16 une rafle dans la capitale et arretent 20 toxicomanes. Le 17, Baalbeck décrète une grève de 24h et des manifestants protestent contre la destruction du haschich.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -3 septembre 1954 : entrainement militaire scolaire :<o:p></o:p>

    Le ministre de l’Education, Nicolas Salem, annonce qu’à partir du 15 octobre, un entrainement militaire sera obligatoirement dispensé dans toutes les écoles, publiques et privées, du Liban. Selon les statistiques du ministère, il existe alors dans le pays 959 écoles officielles et 946 privées, réparties ainsi :<o:p></o:p>

    *Ecoles publiques :<o:p></o:p>

    -Beyrouth, 22<o:p></o:p>

    -Bekaa, 146<o:p></o:p>

    -Mont-Liban, 334<o:p></o:p>

    -Liban-Nord, 238<o:p></o:p>

    -Liban-Sud, 219<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    *Ecoles privées :<o:p></o:p>

    -Beyrouth, 199<o:p></o:p>

    -Bekaa, 128<o:p></o:p>

    -Mont-Liban, 375<o:p></o:p>

    -Liban-Nord, 160<o:p></o:p>

    -Liban-Sud, 84<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -7 septembre 1954 : Pas d’armes US :<o:p></o:p>

    L’ambassadeur américain, Raymond Hare, informe le ministre des Affaires Etrangères, Alfred Naccache, que son pays n’est pas disposé pour le moment à fournir au Liban l’aide militaire demandée et préfère se contenter au stade actuel de celle qu’il accorde à l’Irak et à l’Egypte du fait de la position stratégique de ces deux pays.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -20 septembre 1954 : Vendettas : un tué par jour :<o:p></o:p>

    Selon la presse, vendettas et violences font en moyenne un tué par jour, surtout au Hermel et dans la Bekaa. Le 8, les Zaaitar d’Afka attaquent le village de Moayssré (Jbeil) faisant 2 tués. Le 24, en plein tribunal à Tripoli, les parties échangent des tirs. Arretés, les baroudeurs sont relachés peu après.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 octobre 1954 : Deux garde-côtes pour la Marine :<o:p></o:p>

    Deux gardes-côtes arrivent au Liban, noyau d’une flottille de guerre placée sous les ordres du capitaine Jalbout. Il s’agit de deux vedettes rapides, construites, équipées et armées en France. Baptisées Sidon et Byblos, elles seront chargées de la surveillance des côtes et leurs équipages seront entièrement libanais. Les deux unités ont été réceptionnées au cours d’une cérémonie en présence du ministre et du directeur de la Défense, du chef de l’armée, le général Chéhab, et des officiers supérieurs. Les couleurs nationales ont été hissées sur les deux navires.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -31 octobre 1954 : Explosion d’un dépôt d’explosifs : 4 tués :<o:p></o:p>

    Vers 7h15 du matin, une terrible déflagration, entendue à 2 Km à la ronde, secoue Ras el-Nabeh, brise les vitres dans un rayon de 50 mètres et fait sur le coup 2 tués, une jeune fille de 18 ans et un garçon de 12 ans, et 9 blessés dont deux succomberont. C’est un dépôt de poudre destinée à des feux d’artifice qui a sauté. Des mandats d’arret sont décernés à l’encontre de Charif et Kamel Tabbara, propriétaires du dépôt, et une enquete est ouverte pour savoir qui a autorisé le stockage de produits explosifs dans un quartier résidentiel.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -31 octobre 1954 : Enrichissement :<o:p></o:p>

    La commission parlementaire des Finances soustrait le 31 l’armée à la loi obligeant les fonctionnaires de l’Etat à déclarer leurs fortunes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -10 novembre 1954 : Dynamitage des canalisations du Metn :<o:p></o:p>

    Deuxième dynamitage en 11 jours à Nabeh el-Assal où des inconnus ont fait de nouveau sauter à Mazraat Kfardébian les canalisations transportant au Metn l’eau de Nabeh el-Assal. Une enquete est ouverte alors que 60 villages du Metn, de Mrouje à Antélias et à Mkallès, se trouvent de nouveau complètement privés d’eau. La société de Nabeh el-Assal adresse aux autorités un télégramme leur faisant supporter la responsabilité de ces actes de sabotage.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -14 novembre 1954 : Condamnation de baroudeurs :<o:p></o:p>

    Malgré une grève à Saida et à Tripoli après l’arrestation de 15 personnes qui, en dépit de l’interdiction officielle, ont fait usage de leurs armes le 7 pour célébrer le Maouled, les baroudeurs sont condamnés chacun à 10 jours de prison, à 10 livres d’amende et à la remise chacun d’un revolver ou à défaut de 100 livres, prix d’un revolver. Le 9, le ministre de l’Intérieur, Gabriel Murr, avait déclaré à la Chambre que « la loi sera appliquée » et les permis de port d’armes annulés. Il fut soutenu par Joumblatt pour qui « cheikhs et curés sont tous des agents de l’impérialisme ». Saida avait arreté la grève le 9 et Tripoli le 11.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 novembre 1954 :<o:p></o:p>

    Opération de nettoyage à Zghorta pour mettre un terme aux vendettas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -10 décembre 1954 : Spitfire israéliens à l’AIB :<o:p></o:p>

    Trois Spitfire qui seraient israéliens atterrissent à Khaldé à la suite d’une panne d’essence. Ils feraient partie d’une vingtaine de vieux appareils cédés par la Grande-Bretagne à Israel qui les a revendus à la Birmanie. Venant de Chypre, les avions étaient en route pour Israel quand ils ont du atterrir à l’AIB.<o:p></o:p>

    Le ministre des Travaux Publics retient les appareils dont les pilotes qui ne sont pas israéliens sont condamnés à 500 livres d’amende. Les avions ne sont autorisés à décoller qu’une fois établi qu’ils étaient birmans lorsqu’ils ont atterri à l’AIB.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -11 janvier 1955 : Budget 1955 : 137 millions :<o:p></o:p>

    La Chambre entame la discussion du budget 1955-1956 qui prévoit des dépenses de 137 millions dont 69 pour les dépenses de fonctionnement et 24 à l’armée. 27 millions seulement sont consacrés à des dépenses productives dont le financement de grands travaux et l’équipement du pays. Le budget est voté le 18 février.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -7 février 1955 :<o:p></o:p>

    Armes d’origine israélienne saisies au Sud.<o:p></o:p>

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    -14 février 1955 : Opération anti-contrebande :<o:p></o:p>

    Pour réprimer la contrebande de marchandises syriennes, douaniers et gendarmes investissent Baalbeck et perquisitionnent les magasins où des produits sont saisis. Pour se dégager d’une foule hostile, les gendarmes tirent en l’air et la ville se met en grève. Les autorités tiennent bon et menacent de révéler les noms de notables qui couvrent contrebande et culture du haschich.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -28 février 1955 : Haraké organise la circulation à Beyrouth :<o:p></o:p>

    Depuis ce matin, la police municipale du capitaine Youssef Haraké prend en charge la circulation à Beyrouth, sous la direction de son chef. Les premiers résultats dépassent toute espérance : flots de voitures s’écoulant sans goulot, sens interdits et interdictions de stationnement respectés. Les voitures mal garées sont prises à la fourrière du stade municipal. Les chauffeurs de taxi qui peuvent maintenant circuler ne jurent plus que par Haraké.<o:p></o:p>

    Ce dernier, dans une note de service, rappelle à ses hommes que de sévères sanctions seront prises contre tout agent à la tenue débraillée, à la barbe non rasée, aux souliers sales, qui sifflerait sans raison, parlerait avec les passants et les conducteurs, ne dresserait pas des contraventions méritées ou le ferait par vengeance, accepterait des pots-de-vin, abuserait de son pouvoir ou porterait atteinte à la dignité du citoyen et aux libertés individuelles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 mars 1955 : Haro sur les chiens errants :<o:p></o:p>

    Suite à l’augmentation des cas de rage, le ministre de la Santé charge une brigade mobile d’abattre les chiens errants, portant ou nom des colliers. Seuls les chiens tenus en laisse ou vivant à l’intérieur de clôtures seront épargnés. 9 cas mortels de rage ont été signalés à Beyrouth en deux mois. Dans la première semaine suivant cet avis, 183 chiens errants sont abattus.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -3 avril 1955 :<o:p></o:p>

    Arrestations à la suite d’une manifestation contre le pacte turco-irakien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -23 avril 1955 : Tension avec Damas après l’assassinat d’Adnan Malki :<o:p></o:p>

    Les relations se tendent avec Damas à la suite de l’assassinat la veille dans la capitale syrienne du sous-chef de l’état-major, le colonel Adnan Malki, abattu par un caporal alaouite PPS, du nom de Younès Abdel-Rahim, qui s’est ensuite suicidé. C’est alors qu’il assistait à un match de football que Malki, adversaire acharné du pacte irako-turc, a été abattu par l’homme affecté à sa sécurité.<o:p></o:p>

    L’assassinat est suivi d’une rafle dans les rangs PPS. Damas affirme que le chef du parti, Georges Abdel-Massih, s’est réfugié au Liban et reproche à ce pays de ne pas l’aider dans sa lutte contre le PPS.<o:p></o:p>

    A Beyrouth, le PPS publie un communiqué dégageant sa responsabilité du meurtre de Malki et mettant en garde le gouvernement syrien « contre les injustices dont les membres du parti pourraient etre victimes et lui fait supporter, d’ores et déjà, toutes les conséquences ». En Syrie. Issam Mahayri, député PPS, a été arreté ainsi que 25 officiers et 150 suspects dont la veuve d’Antoun Saadé. Le 4 mai, le PPS sera dissous en Syrie, des officiers limogés et les tetes de Georges Abdel-Massih, Iskandar Chaoui, Ghassan Jédid, Sami Khoury et Khalil Cheikh mises à prix.<o:p></o:p>

    La publication du manifeste PPS irrite les syriens et embarrasse Beyrouth qui va s’engager le 11 mai à réprimer l’activité du PPS au Liban.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -4 juin 1955 : Incidents à Anjar :<o:p></o:p>

    Des incidents opposent à Anjar réfugiés arméniens et palestiniens, obligeant les gendarmes à intervenir. 25 arrestations sont opérées dont celle du moukhtar de Anjar. A la suite des incidents, l’UNRWA décide de créer un nouveau camp pour les réfugiés palestiniens dans la Bekaa.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -23 juin 1955 :<o:p></o:p>

    L’émir Abdel-Aziz Chéhab directeur général de l’Intérieur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -29 juin 1955 :<o:p></o:p>

    Accrochages Douaihy –Frangié à Zghorta.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -28 juillet 1955 : Klaxons et haut-parleurs :<o:p></o:p>

    Le ministère de l’Intérieur rappelle le 28 que les voitures ne doivent utiliser le klaxon qu’en cas de besoin et qu’il est interdit d’utiliser des haut-parleurs et des postes de radio de façon genante.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -28 juillet 1955 : L’armée occupe Ehden :<o:p></o:p>

    L’armée occupe Ehden à la suite de troubles qui ont fait 2 tués dont un brigadier et plusieurs blessés. Une patrouille ayant tiré sur un repris de justice, des Douayhi avaient attaqué le poste de gendarmerie. Ils perdirent un homme et tuèrent un brigadier. Les unités de l’armée procèdent à l’arrestation de 19 membres des Douayhi dont le père Semaan, accusé d’incitation à la rébellion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Aout 1955 : Drames en série :<o:p></o:p>

    Le 5, un autobus transportant des écoliers se rendant à Annaya verse dans un ravin. De la carcasse, on dégage 2 tués et 40 blessés. Le 8, un canot-automobile chavire à 50 mètres du rivage de Batroun. Seuls 7 de ses 13 occupants sont sauvés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 aout 1955 : La vendetta Douayhi –Frangié en Cour de Justice :<o:p></o:p>

    La Cour de Justice est saisie par décret de 20 incidents survenus entre le 14 mai 1954 et le 28 juillet 1955 entre les familles Douayhi et Frangié à Zghorta et à Ehden où l’armée a pris position fin juillet. Les incidents vont de simples rixes et coups de feu à des attaques contre les forces de l’ordre.<o:p></o:p>

    Le meme jour, pour amadouer le général Chéhab qui a menacé de démissionner du commandement de l’armée, le gouvernement décide d’appliquer l’amnistie promise aux Dandache mais non encore accordée. Dans le cadre d’une vaste action de pacification au Hermel, l’armée avait promis d’obtenir une amnistie aux Dandache recherchés. Repris de justice et rebelles s’étaient donc rendus mais le gouvernement n’avait pas tenu la promesse faite par Chéhab et des députés avaient dénoncé le pardon promis.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 aout 1955 : Nsouly se plaint :<o:p></o:p>

    Le ministre de l’Intérieur, Mohieddine Nsouly, menace de démissionner. « Les politiciens m’empechent de réorganiser les forces de sécurité. Je ne peux plus déplacer le moindre agent sans me heurter à son protecteur », dit-il. Ces doléances surviennent alors que les règlements de comptes se multiplient.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -7 septembre 1955 : Rappel de l’Intérieur :<o:p></o:p>

    L’Intérieur rappelle que les Phalanges, les Talaeh, les Ghassassina, les Najjadés et Al-Foutouwa al-Loubnaniya, ont été dissoutes le 20 juillet 1949. il signale que le parti du Rassemblement Libanais (ex-Phalanges) a été autorisé le 18 aout 1949 et celui des Najjadés le 14 avril 1954 mais que le port d’uniformes et d’insignes paramilitaires reste strictement interdit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 septembre 1955 : Réconciliation Douayhi –Frangié :<o:p></o:p>

    Réunies au cabinet de Raymond Eddé à Beyrouth, les familles Douayhi et Frangié se réconcilient, mettant fin à leur vendetta à Zghorta et Ehden. Le père Semaan Douayhi, supérieur du couvent de Mar Sarkis d’Ehden, et cheikh Fouad Douayhi représentaient leur famille, Sleiman Frangié, frère de Hamid, représentant la partie adverse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -23 septembre 1955 : Le capitaine Haraké remplacé :<o:p></o:p>

    Le chef du gouvernement remplace par décret le capitaine Youssef Karaké, chef de la police municipale, par le lieutenant Abdel-Karim el-Zein, fils du député Youssef el-Zein. Haraké, ramené à la gendarmerie, avait pourtant réorganisé cette police et mis de l’ordre à Beyrouth. C’est pour faire plaisir au ministre Kazem el-Khalil, hostile à Haraké, que Karamé a pris cette mesure que la presse déplore. Haraké quitte Beyrouth le 9 octobre pour suivre un stage aux Etats-Unis.<o:p></o:p>

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    -1er octobre 1955 : Assurances aux réfugiés :<o:p></o:p>

    Le directeur de l’Intérieur, l’émir Abdel-Aziz Chéhab, demande à Mohammed Fustock, responsable des réfugiés, de faire cesser la grève de ces derniers contre un projet du secrétaire d’Etat Dulles, visant à les intégrer dans les pays d’accueil. Il lui affirme que ce plan n’a pas l’approbation de Beyrouth et explique que si des logements en dur ont été construits dans les camps, c’est pour faciliter la vie des réfugiés qui restent libres de demeurer sous des tentes. La grève cesse le 3 mais le 24, un attentat à la bombe est perpétré contre la résidence du directeur de l’UNRWA, et 4 palestiniens sont arretés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -3 octobre 1955 : Beyrouth refuse le plan Johnston et des armes US :<o:p></o:p>

    Après avoir adopté la veille à Damas une position unifiée avec ses homologues syrien et jordanien, le chef du gouvernement Karamé communique à Eric Johnston, revenu la veille, le refus du Liban de son plan d’exploitation israélo-arabe des eaux du Jourdain.<o:p></o:p>

    Karamé refuse aussi les quatre conditions posées par le secrétaire d’Etat adjoint, George Allen, qui accompagne Johnston, pour la livraison d’armes américaines au Liban. Ces conditions sont : adhésion du pays à une défense commune avec l’Occident du Moyen-Orient, utilisation du matériel à des seules fins défensives, entrainement de l’armée libanaise par des missions américaines seulement et engagement de Beyrouth à ne conclure aucun pacte dirigé contre l’Occident.<o:p></o:p>

    Karamé a demandé à ses interlocuteurs de régler d’abord le problème de la Palestine et de modifier le plan Johnston. Quant à Chamoun, il conseilla à Allen, pour contrer l’influence soviétique au Moyen-Orient, de réduire l’aide militaire et économique américaine à Israel, de rétablir l’équilibre rompu au détriment des arabes et de diminuer l’influence sioniste aux Etats-Unis.<o:p></o:p>

    Le 5, Karamé informe son homologue syrien Ghazzi de ses entretiens avec Johnston et Allen et les deux hommes s’entendent sur une attitude commune à la conférence des ministres des Affaires Etrangères qui s’ouvre le 8 au Caire. Mais au terme de trois jours de débats, la réunion décide de ne répondre ni par oui ni par non à Johnston et lui demande trois mois pour poursuivre l’étude de son plan.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 octobre 1955 : Deux officiers syriens enlevés au Hermel :<o:p></o:p>

    Deux officiers des Services de Renseignements syriens sont kidnappés au Hermel et ne sont relachés qu’après l’intervention de Beyrouth. Ils avaient remis aux Dandache 50000 livres pour la livraison de Ghassan Jédid et d’Iskandar Chaoui, leaders PPS, détenus par la tribu et recherchés depuis l’assassinat de Adnan Malki. Puis Damas perdit leur trace. L’affaire impose une rencontre entre Karamé et son homologue syrien le 14 à Chtaura et un porte-parole du Sérail reproche aux syriens d’avoir usé de moyens illégaux pour arreter les deux PPS, affirmant qu’aucun pays ne peut admettre une telle atteinte à sa souveraineté.<o:p></o:p>

    Ignorant cette protestation, Damas demande officiellement au Liban l’extradition de PPS, menaçant de reconsidérer sa politique envers Beyrouth. Les libanais estiment que c’est à la justice de se prononcer sur la recevabilité de cette demande mais émettent néanmoins le 21 des mandats d’arret contre 7 PPS.<o:p></o:p>

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    -21 octobre 1955 : Les gendarmes dans le jurd de Akoura :<o:p></o:p>

    300 gendarmes appuyés d’automitrailleuses et de blindés occupent le jurd de Akoura, théatre de batailles entre les Hachem et les Abi-Younès. Une soixantaine de combattants prennent le maquis où ils disposeraient de vivres et de munitions pour tenir 45 jours. La présence des gendarmes ligue toute la population contre eux et les oblige à adopter une stratégie défensive.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -26 octobre 1955 : Damas propose un accord militaire :<o:p></o:p>

    Damas propose à Karamé, arrivé la veille, un accord militaire semblable à celui que la Syrie a conclu le 18 avec l’Egypte. Le surlendemain, le Premier ministre syrien Ghazzi vient à Beyrouth recevoir la réponse libanaise qui le déçoit : Beyrouth refuse tout pacte militaire mais accepte une convention militaire limitée aux problèmes sur les frontières avec Israel.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -3 décembre 1955 : Beyrouth refuse d’extrader les PPS :<o:p></o:p>

    Beyrouth refuse une demande syrienne d’extradition de membres du PPS, accusés de complicité dans l’assassinat du colonel Malki, « la demande ne remplissant pas les conditions légales ».<o:p></o:p>

    Saisi par ailleurs d’une plainte des 12 employés libanais de la Régie syrienne menacés d’expulsion à la fin de l’année, car n’ayant pas acquis la nationalité syrienne, le gouvernement envisage de licencier les 28 employés syriens de la Régie libanaise. Le 10, les employés de cette dernière s’étaient mis en grève, réclamant une hausse de 25% des salaires, des allocations familiales et un 14e mois. Les autorités promirent d’étudier ces demandes et la grève cessa le 16.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 décembre 1955 : Tragédie à Tripoli où la crue du Abou Ali fait près de 200 morts :<o:p></o:p>

    Une catastrophe sans précédent endeuille le Liban. Dans la nuit de samedi à dimanche, des inondations survenues à Tripoli par suite d’une crue subite et inaccoutumée du fleuve Abou Ali détruisent de nombreuses maisons, faisant près de 200 morts. Le nombre des victimes recensées dimanche soir était de 112 mais près d’une centaine de disparus seront retirés par les sauveteurs de leur linceul de boue.<o:p></o:p>

    La crue avait commencé samedi soir dans la région de Bcharré dont le poste de gendarmerie, alarmé par la montée inhabituelle des eaux, alerta celui de Tripoli. Les gendarmes commencèrent à évacuer les riverains mais furent pris de vitesse par la brusque arrivée des eaux du fleuve.<o:p></o:p>

    Charriant des arbres et des rochers, un énorme torrent d’eau boueuse envahit en quelques secondes les souks et les rues, pénètre dans les rez-de-chaussée et les premiers étages de centaines de maisons, abattant les plus vétustes. Des dizaines de familles sont enterrées sous les décombres ou, surprises dans leurs lits, périssent noyées. Des passants sont ensevelis sous des mares de boue. Les flots emportent des voitures, noient les transformateurs électriques, abattent les poteaux téléphoniques. Le niveau des eaux atteint une hauteur variant entre 2 et 4 mètres.<o:p></o:p>

    L’inondation atteint la route Tripoli-Beyrouth et arrive à Chekka. Les installations de la cimenterie et de l’IPC sont touchées. Dans sa course furieuse, le fleuve détruit 8 ponts, isolant plusieurs localités de la région.<o:p></o:p>

    Le chef de l’Etat se rend dimanche dans la ville sinistrée et y passe la journée, supervisant les secours menés par l’armée et la gendarmerie. La plus grande partie de Tripoli n’est plus qu’une mare d’où émergent les étages. Trois quartiers, Bab el-Tebbaneh, Souk Bazerkan et la zone du fleuve, sont ensevelis.<o:p></o:p>

    Un bouchon en amont :<o:p></o:p>

    La catastrophe est due aux très fortes précipitations qui se sont abattues sur la région. Gonflées par ce déluge, les eaux du fleuve, bloquées en amont de la ville par un bouchon, se sont alors accumulées. Puis le bouchon a brusquement cédé, libérant l’énorme et irrésistible torrent qui a tout balayé sur son passage.<o:p></o:p>

    La tragédie suscite un élan national de solidarité. Du Liban et de l’étranger les secours affluent. 2 à 4% sont prélevés sur les salaires de tous les fonctionnaires tandis qu’une campagne de vaccination obligatoire est imposée aux habitants des régions sinistrées. Les dégats sont estimés à 50 millions de livres.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -28 décembre 1955 :<o:p></o:p>

    Reprise de la vendetta Douayhi-Frangié : 1 tué.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -17 janvier 1956 : On prépare des abris antiaériens :<o:p></o:p>

    Huit ans après la guerre de Palestine, des écritaux avec la mention Abri et collés à des poteaux, alarment les habitants. « Simple précaution » selon le ministère de la Défense qui dit « organiser un système de défense passive étendue à l’ensemble du pays ». Ces mesures sont prises dans un climat de tension due à un projet israélien de détournement des eaux du Jourdain que les arabes menacent de contrer par la force et à un projet jordano-syrien de retenue des eaux du Yarmouk qu’Israel veut empecher.<o:p></o:p>

    C’est dans ce contexte que le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjold, arrive le 26 dans le cadre d’une tournée régionale. Il estime « le moment venu de régler le problème palestinien » mais précise n’etre porteur d’aucun plan et n’etre chargé que d’une « mission d’information. De nos conclusions, l’ONU tirera les éléments d’une solution ». En partant, il déclare avoir relevé « beaucoup de bonne volonté et un peu d’optimisme ».<o:p></o:p>

    A la fin du mois, se tient à Washington un sommet anglo-américain alors qu’a accédé au pouvoir à Amman un cabinet nationaliste. Les arabes demandent à Washington et Londres de les consulter avant toute décision, de faire appliquer la résolution de partage de l’ONU, de faire rapatrier les réfugiés et d’internationaliser Jérusalem.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 janvier 1956 : Beyrouth torpille un accord militaire avec Damas :<o:p></o:p>

    La Syrie ajourne sine die la signature d’un accord militaire avec le Liban, convenu le 13 à Damas. Beyrouth ayant posé de nouvelles conditions, la Syrie a préféré renoncer pour le moment à l’accord et n’a donc pas envoyé ses représentants le signer dans la capitale libanaise.<o:p></o:p>

    Le 3, Rachid Karamé avait rencontré à Chtaura son homologue syrien Said Ghazzi pour discuter du projet d’accord soumis depuis des semaines par Damas. Cette réunion ayant suscité des remous au sein du cabinet, car tenue sans connaissance préalable des ministres de la Défense et des Affaires Etrangères, Karamé évita de se prononcer sur le projet.<o:p></o:p>

    Déçu, le ministre syrien de la Défense Rachad Barmada critiqua l’attitude « inamicale et négative du Liban qui ne favorise pas le développement de bonnes relations entre les deux pays » et un porte-parole syrien dénonça les autorités libanaises qui « autorisent toujours les syriens recherchés par la justice militaire à se réfugier au Liban, les protègent et leur permettent de tenir des réunions pour comploter contre le régime syrien ». Damas s’étant plaint aussi de tracts hostiles distribués à Beyrouth, Karamé affirma pourchasser les membres du PPS « avec une rigueur jamais connue, preuve en est la violente campagne du Nahar contre le gouvernement ». Le 5, il retrouva Ghazzi à Chtaura.<o:p></o:p>

    Le 7, rencontre Chamoun-Karamé-Ghazzi à Beyrouth. On décide d’activer les négociations militaires, Damas s’engage à rechercher les assassins de Riad el-Solh, Beyrouth à pourchasser les PPS et à ouvrir une enquete sur l’affaire des tracts. Le 13, Karamé se rend à Damas avec le ministre de la Défense Magid Arslane et le chef de l’état-major Toufic Salem. Le communiqué conjoint qui clôt ses entretiens indique que « les deux parties sont convenues de conclure un accord militaire défensif » dont une sous-commission établira le texte et qui sera signé le 18 à Beyrouth.<o:p></o:p>

    Mais l’accord suscite des réticences au Liban où Gemayel déclare le 16 « refuser toute clause comportant la moindre atteinte à notre souveraineté » et où des ministres dénoncent la légèreté de Karamé. Le gouvernement pose alors trois conditions sine qua non à la signature de l’accord : il n’est applicable qu’en temps de guerre, les troupes d’un pays se trouvant sur le territoire de l’autre sont sous le commandement de ce dernier et l’entrée de troupes pour aider le pays agressé n’est possible qu’à la demande de ce dernier.<o:p></o:p>

    Damas refuse. L’accord capote. Le 21, après avoir rencontré Chamoun, Ghazzi déclare « laisser aux militaires le soin de régler les points en suspens ». Il ne sera plus fait état de l’accord.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -25 janvier 1956 : Réseau d’espionnage au Sud :<o:p></o:p>

    Un réseau d’espionnage pro-israélien est découvert au Sud où de nombreuses arrestations sont opérées. En dépit de la discrétion officielle sur l’affaire, on apprend que des échanges de marchandises et de documents se faisaient avec Israel par voies terrestre et maritime. Les espions remettaient aux israéliens des informations en échange de stupéfiants et de pierres précieuses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 janvier 1956 : Bilan du désarmement :<o:p></o:p>

    La campagne de désarmement menée depuis des semaines s’achève le 30. Bilan : 15 fusils de chasse, 15 de guerre et 12 pistolets saisis.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -31 janvier 1956 :<o:p></o:p>

    30 millions à la Défense, 10 aux Finances et 926000 à l’Information.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 février 1956 : Institution du secret militaire :<o:p></o:p>

    La Chambre vote un projet de loi instituant le secret militaire. Est désormais interdite sous peines de sanctions la publication de toute information relative aux armées arabes, aux déplacements de leurs chefs et aux mouvements de troupes. La Chambre étudie également un projet portant création d’une Cour de Cassation Militaire.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -8 février 1956 : Gardiennage de nuit :<o:p></o:p>

    Le directeur de la police, Salah Lababidi, est chargé le 8 d’organiser le gardiennage de nuit de Beyrouth. Divisée en 10 zones, la ville sera parcourue par 32 patrouilles dont 12 motorisées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 février 1956 : Chamoun d’accord pour un sommet arabe :<o:p></o:p>

    Le président Chamoun transmet au roi Hussein, par le canal de Mohammed Sabra, ambassadeur en Jordanie, sa disposition à participer à une conférence des rois et chefs d’Etat arabes, du fait de projets israéliens de détournement des eaux du Jourdain et d’informations sur des préparatifs en vue d’une agression contre le Liban, la Syrie et la Jordanie.<o:p></o:p>

    Le 2 février, du fait de la tension régionale, la Chambre qui avait alloué 30 millions à la Défense, instituait le secret militaire. Le meme jour, le Premier ministre jordanien, Sami Rifai, et le chef du cabinet royal, Bahjat Talhouni, discutaient à Beyrouth d’un sommet entre Chamoun, Nasser et Hussein, prélude à un sommet arabe. Le 11, le chef de l’Etat dépechait Abdallah el-Yafi à Damas en vue d’unifier la position des deux pays face aux menaces israéliennes. Le 16, le Conseil des ministres affecte 950000 livres à la remise en état de l’aéroport de Kleyaate et impose un abri antiaérien à tout nouvel immeuble.<o:p></o:p>

    Le 18, le chef du gouvernement syrien, Ghazzi, affirme à Beyrouth que la Syrie empechera « une déviation des eaux du Jourdain par les armes s’il le faut », et qu’elle est d’accord avec l’Egypte pour prendre l’initiative des hostilités pour contrer un tel projet. Ghazzi relance l’offre d’accord militaire, « devenu urgent », mais Karamé lui demande d’assainir d’abord les relations avec Beyrouth en s’opposant officiellement au transfert des installations de l’IPC du Liban en Syrie, transfert dont la compagnie agite la menace. Le 29, les deux hommes discutent à Chtaura de démarches conjointes auprès des grandes puissances.<o:p></o:p>

    Le 26, l’ambassadeur d’Irak avait informé le ministère des Affaires Etrangères de la disposition de Bagdad à fournir toute aide militaire que le Liban et la Syrie demanderaient pour contrer une agression israélienne.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 mars 1956 : Cour de cassation militaire :<o:p></o:p>

    Le chef de l’Etat promulgue la loi votée par le Parlement et créant une Cour de cassation militaire dont le siège est au commandement de l’armée. Présidée par le premier président de la Cour de cassation civile ou par un de ses conseillers, elle comprend des officiers ayant au moins le grade de commandant et connaitra des pourvois en cassation des jugements rendus par le Tribunal Militaire. Elle peut etre présidée en temps de guerre par un lieutenant-colonel, secondé par un magistrat de la Cour civile de cassation. Le gouvernement y sera représenté par le Procureur général auprès de la Cour de cassation civile ou par un de ses adjoints.<o:p></o:p>

    La première Cour de cassation militaire est formée d’Emile Hénoud, président, et des officiers Lahoud, Samrani, Zeineddine et Ahdab.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -11 mars 1956 : Le Hermel renonce au haschich :<o:p></o:p>

    Dans un télégramme adressé aux autorités, une quarantaine de chefs de tribus du Hermel déclarent renoncer définitivement à la culture du haschich dans leur région, cette décision ayant été prise du fait de la sollicitude manifestée à leur égard par les chefs de l’Etat et de l’armée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 mars 1956 :<o:p></o:p>

    Deux directions générales au ministère de l’Intérieur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -10 avril 1956 :<o:p></o:p>

    Création d’une Défense passive, placée sous la direction de l’armée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 avril 1956 :<o:p></o:p>

    Beyrouth accepte un pacte militaire avec Damas après la conclusion d’un pacte syro-jordanien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 avril 1956 :<o:p></o:p>

    Beyrouth accepte des observateurs à la frontière Sud dans le cadre d’un projet soumis par Hammarskjöld.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 mai 1956 : Couvre-feu à Akoura :<o:p></o:p>

    Le couvre-feu est instauré à Akoura à la suite de la vendetta qui ensanglante la région depuis des mois. 27 arrestations ont été déjà opérées mais l’action des forces de l’ordre est très difficile, la région étant devenue un véritable maquis.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 mai 1956 : Mise en garde arabe à Hammarskjöld :<o:p></o:p>

    Réunis à Damas, les ministres des Affaires Etrangères du Liban, de Syrie, de Jordanie et d’Egypte décident de porter à la connaissance du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjold, qu’ils considèreront comme une agression et donc comme un casus belli toute reprise des travaux israéliens sur le Jourdain, mesure qu’ils combattront par les armes. Ils dénoncent par ailleurs toute manœuvre visant à imposer la paix avec Israel et préconisent une conférence des chefs de gouvernement et de diplomatie arabes.<o:p></o:p>

    La réunion avait fait l’objet d’entretiens qu’avaient eus à Beyrouth le 13 le roi Hussein, arrivé inopinément. Il avait abordé avec les présidents Chamoun et Yafi les efforts du Liban qui essaie d’organiser à Beyrouth un sommet arabe consacré à la Palestine et à l’unité du front arabe, affaibli par une tension irako-égyptienne.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 juillet 1956 :<o:p></o:p>

    Début de l’entrainement militaire des bacheliers.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -25 septembre 1956 : Destruction de haschich :<o:p></o:p>

    La destruction du haschich se poursuit au Nord et dans la Bekaa. 57620 m2 sont détruits le 25, dont 46620 dans la Bekaa.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 septembre 1956 :<o:p></o:p>

    Le Liban propose une conférence militaire quadripartite à Beyrouth.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -1er novembre 1956 :<o:p></o:p>

    Proclamation de l’état d’urgence.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -11 décembre 1956 : Gratification aux forces de sécurité :<o:p></o:p>

    La Chambre vote le 11 un mois de salaire à titre de gratification à l’armée et aux forces de sécurité qui furent en état d’alerte permanente depuis la proclamation de l’état d’urgence.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 janvier 1957 : Augmentations :<o:p></o:p>

    Le Conseil des ministres décide une augmentation de 8 à 15% du traitement des militaires (cout : 3,5 millions).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -3 janvier 1957 : Chéhab démissionne :<o:p></o:p>

    Présentée fin 1956, la démission du général Fouad Chéhab, ministre de la Défense, est rendue publique et, vu l’insistence de ce dernier, acceptée. Le chef du gouvernement Sami el-Solh prend la Défense, cédant la Justice à Emile Tyan qui entre au cabinet. Le départ de Chéhab est regretté par tous les milieux mais il semble que le général ait tenu à se retirer pour ne pas avoir à prendre parti, étant un militaire, dans les débats politiques autour de la réforme électorale et du mouvement administratif en gestation. Selon des analystes, il aurait aussi préféré mettre l’armée à l’écart de la tension politique grandissante dans le pays.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -21 janvier 1957 : Etat d’urgence :<o:p></o:p>

    Le Conseil des ministres décide le 21 de maintenir l’état d’urgence jusqu’au début de la campagne électorale.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -23 janvier 1957 : Détonateurs dans des chaudières :<o:p></o:p>

    131000 détonateurs et 150 Kg d’amorces de munitions sont découverts dans deux chaudières se trouvant chez un ferrailleur près de la place Riad el-Solh. Après enquete, il est apparu que les chaudières avaient été saisies par les égyptiens à bord d’un cargo se dirigeant vers Israel, puis vendues sur place à un libanais qui les revendit au ferrailleur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -24 janvier 1957 : Solh : attitude positive à l’égard du plan Eisenhower :<o:p></o:p>

    Dans un exposé à la presse, le chef du gouvernement Sami el-Solh qui avait reçu le 16 le prince Abdullah d’Irak et qui assure l’intérim des Affaires Etrangères en l’absence de Malek, déclare que le Liban adoptera une attitude positive envers la doctrine Eisenhower. C’est la première prise de position d’un dirigeant concernant cette doctrine.<o:p></o:p>

    Exposée le 5 janvier, la doctrine avait été rejetée le 19 par Le Caire et Damas. La veille, Moscou et Pékin l’avaient condamnée, s’engageant à défendre le Moyen-Orient contre toute agression ou ingérence US. Le 21, la Turquie, l’Iran, le Pakistan et l’Irak, au terme d’une réunion à Ankara, l’avaient soutenue alors qu’à New Delhi, Nehru et Kouatly condamnaient les interventions des Grands au Moyen-Orient.<o:p></o:p>

    Malek à Washington :<o:p></o:p>

    Le 7, deux jours après l’exposé du plan Eisenhower, le ministre des Affaires Etrangères Charles Malek porteur d’un message de Chamoun au président américain, avait pris l’avion pour Washington où il arriva le 15 après des arrets au Caire, à Rome, à Paris et à Londres. Avant son départ, il avait dit « ne pas comprendre le sens du neutralisme positif » que prône Nasser, estimant que le plan Eisenhower fournit des garanties d’indépendance et de souveraineté au pays. Mais il avait jugé préférable de coordonner la politique de Beyrouth avec celle des autres Etats arabes.<o:p></o:p>

    Au Caire, il ne parvient pas à dissiper les réticences de Nasser. A Rome, il est reçu par le Saint-Père et à Paris par les chefs de l’Etat Coty et du gouvernement Mollet. Il y déclare que pour les arabes, les problèmes de la Palestine et de Suez passent avant la crise algérienne et qu’un règlement de paix avec Israel est prématuré. A Londres, il estime que le communisme poursuit son infiltration au Moyen-Orient.<o:p></o:p>

    Malmené par l’opposition :<o:p></o:p>

    Reflétant l’hostilité d’une partie de la population à la politique étrangère du pays, plusieurs journaux dont Ad-Diyar, At-Télégraphe, Beyrouth al-Massa, Al-Yom, As-Siyassah, demandent la destitution de Malek dont ils dénoncent la collusion avec les intérets américains. Dans une lettre ouverte à Solh, Riad Taha rappelle dans Ach-Chark que c’est le ministre des Etats-Unis Wadsworth qui avait exigé à l’époque de Abdel-Hamid Karamé qui y était réticent, la nomination de Malek à Washington, et demande qui l’a imposé aujourd’hui à Solh aux Affaires Etrangères.<o:p></o:p>

    Face à la division interne et régionale, avec pour toile de fond la rivalité des deux Grands, Joumblatt estime dans une conférence de presse que le pays doit éviter « d’etre entrainé malgré lui dans la guerre froide » mais refuse de condamner l’appartenance de l’Irak au pacte de Bagdad dont il demande le gel, non l’annulation. Ce qui suscite des critiques de l’opposition contre le leader du PSP.<o:p></o:p>

    La Doctrine Eisenhower :<o:p></o:p>

    Dans un message de 3200 mots, le président américain, deux semaines avant le début de son second mandat, expose le 5 janvier un plan, qui sera connu sous le nom de Doctrine Eisenhower, et qui s’articule autour des idées suivantes :<o:p></o:p>

    1-Coopération avec les pays du Moyen-Orient pour les aider à développer leur puissance économique et à conserver leur indépendance.<o:p></o:p>

    2-Assistance militaire à tout pays ou groupe de pays de la région désirant cette aide.<o:p></o:p>

    3-Usage éventuel des forces américaines pour protéger l’intégrité territoriale des Etats qui demanderaient cette aide pour répondre à une agression armée ouverte de la part de toute nation contrôlée par le communisme international.<o:p></o:p>

    4-Utilisation discrétionnaire au Moyen-Orient de 200 millions de dollars pour chacune des années 1958 et 1959.<o:p></o:p>

    Première à réagir, la Syrie demande quelle sera la position américaine en cas d’agression d’un pays du Moyen-Orient par la France, la Grande-Bretagne ou Israel. Damas et Le Caire dénoncent le plan, Amman et Ryad y semblent favorables.<o:p></o:p>

    Au Liban, les musulmans s’opposent au plan qui, à leurs yeux, vise l’Egypte. Les chrétiens y sont en revanche favorables mais certains de leurs représentants sont contre son acceptation, dangereuse pour l’unité interne et facteur de tension supplémentaire avec Damas. Le pays n’ayant pour voisins qu’Israel et la Syrie, cette acceptation serait perçue comme un signe de méfiance et d’hostilité envers la Syrie, Israel étant l’allié des Etats-Unis.<o:p></o:p>

    La Turquie, le Pakistan et l’Iran qui aurait souhaité que les Etats-Unis adhèrent au pacte de Bagdad, approuvent le plan, l’Inde estime que le vide au Moyen-Orient doit etre comblé par les pays de la région, Moscou déclare que la doctrine qui « s’inspire des intérets des trusts pétroliers, est une menace sérieuse pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. L’utilisation de forces américaines dans la région peut avoir de dangereuses conséquences ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 février 1957 : Réfugiés contre gendarmes à Tall Zaatar :<o:p></o:p>

    Refusant leur transfert au Sud, les réfugiés palestiniens du camp de Tall Zaatar manifestent et s’en prennent aux gendarmes qui sont obligés de tirer pour les disperser. Un réfugié est blessé. Selon un porte-parole officiel, la décision de transférer à Nabatiyeh les réfugiés des camps de la banlieue de Beyrouth a été prise par mesure d’hygiène.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -5 février 1957 : Le budget promulgué par décret :<o:p></o:p>

    Le chef de l’Etat promulgue par décret le budget 1957, qui porte sur 170 millions dont 35 à la Défense, 28.5 aux Travaux Publics, 22 à l’Education, 19 à l’Int l’Intérieur, 4 aux PTT, 12 aux dettes de l’Etat…<o:p></o:p>

    Les recettes sont assurées par les impôts et taxes directes (50.8 millions) et indirects (95 millions), les revenus des biens de l’Etat (5.9 millions) et le secteur divers (18.3 millions).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -4 mars 1957 : Haschich diplomatique :<o:p></o:p>

    Les agents de la Sureté arretent le 4 le courrier de l’ambassade d’Egypte, trouvé porteur d’une quantité de haschich destiné, dit-il, à un fonctionnaire de l’ambassade d’Egypte à Damas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 mars 1957 : Le Liban adhère à la Doctrine Eisenhower :<o:p></o:p>

    Le Liban adopte le plan Eisenhower et accepte l’aide économique et militaire américaine, annonce un communiqué publié à l’issue des entretiens qu’a depuis le 14 à Beyrouth James P. Richards, envoyé spécial extraordinaire du président des Etats-Unis.<o:p></o:p>

    Le communiqué indique que les deux gouvernements :<o:p></o:p>

    -souhaitent établir une coopération basée sur la confiance réciproque et le respect entier de l’indépendance et de la souveraineté de chacun d’eux sans aucune ingérence de l’un dans les affaires intérieures de l’autre.<o:p></o:p>

    -sont déterminés à défendre l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de leurs pays respectifs, ainsi que le droit de chacun d’eux de choisir sa propre forme de gouvernement et de développer sa propre vie sociale et culturelle.<o:p></o:p>

    -s’opposent à toute ingérence ou intervention d’un pays quelconque dans les affaires intérieures de l’autre.<o:p></o:p>

    -considèrent que le communisme international est incompatible avec leur souveraineté nationale et constitue une cause permanente de troubles menaçant la paix et la sécurité dans le monde.<o:p></o:p>

    -font bon accueil à toute occasion d’établir des rapports mutuels profitables sur base du respect entier de l’un pour la souveraineté et l’indépendance de l’autre.<o:p></o:p>

    -partagent l’opinion que les deux nations doivent travailler à travers l’ONU et par des moyens pacifiques au règlement équitable des différents problèmes d’où découle une tension dans la région.<o:p></o:p>

    Le gouvernement libanais considère que la proposition du gouvernement américain peut servir à réaliser les buts précités. Il a examiné avec la mission Richards les divers projets susceptibles d’etre réalisés dans le cadre de ses propositions. L’ambassadeur Richards a donné un accord de principe pour la fourniture par le gouvernement américain au Liban de certains équipements militaires afin de renforcer ses forces armées.<o:p></o:p>

    La visite de Richards :<o:p></o:p>

    Le ralliement de Beyrouth à la Doctrine Eisenhower était attendu depuis le retour de Charles Malek de Washington et l’arrivée de James Richards. Il fut facilité par le ralliement de Ryad à la lutte anticommuniste lors d’une visite du roi Saoud aux Etats-Unis, clôturée par un accord militaire. A un sommet tenu avec Hussein, Kouatly et Nasser du 25 au 27 février au Caire, le monarque tenta en vain de rallier Le Caire à la lutte contre l’infiltration communiste dans la région, à un règlement réaliste de l’affaire de Suez et à l’adhésion au plan Eisenhower.<o:p></o:p>

    Le 9, Malek, rentré de Washington après avoir participé aux débats de l’ONU sur le Moyen-Orient, estimait que la guerre froide allait etre « plus aigue que jamais au Moyen-Orient ». Salué par la presse loyaliste, son périple fit l’objet de très vives critiques des opposants tandis que Frangié qualifiait dans une déclaration à Al-Ahram le régime libanais de dictatorial.<o:p></o:p>

    Le 11, l’ambassadeur Heath remit à Chamoun un message d’Eisenhower qui dit envisager avec satisfaction une coopération fructueuse avec le Liban et fait l’éloge de la politique du chef de l’Etat « qui fait jouir le pays d’une situation économique privilégiée ».<o:p></o:p>

    Le 14, alors que des unités de la VIe Flotte mouillaient dans les eaux libanaises, arrivait James Richards, dans le cadre d’une tournée visant à exposer aux arabes le plan Eisenhower que Malek qualifie de « plan Marshall pour le Moyen-Orient ».<o:p></o:p>

    Le lendemain, dressant le bilan de son périple européen et américain, le ministre des Affaires Etrangères exposait les six conditions de la paix dans la région : alignement des positions arabes, nécessité pour les arabes de se retrouver entre eux comme ils se sont retrouvés à l’ONU, normalisation des rapports entre les pays arabes et l’Europe, garantie américaine du statu quo, lutte contre le communisme, fidélité du Liban à lui-meme.<o:p></o:p>

    Réactions opposées :<o:p></o:p>

    Le 16, alors que Richards s’envole pour la Libye, les premières réactions au communiqué libano-américain illustrent le clivage interne. Reflétant le point de vue loyaliste, Joseph Chader estime l’attitude du gouvernement « franche et courageuse » mais Saeb Salam, parlant au nom du courant nationaliste arabe et neutraliste, déclare que « le Liban risque d’etre isolé des pays arabes et de porter atteinte à l’unité nationale telle qu’elle s’est cristallisée dans le pacte de 1943 ».<o:p></o:p>

    Porte-parole du PC, Al-Akhbar écrit que le gouvernement s’est lié à la politique américaine et a « proclamé son hostilité aux pays arabes, aux non alignés et au camp socialiste ». De virulents articles sont publiés par As-Siyassah, Al-Yom, Ach-Chark, As-Sayyad…Frangié, Yafi, Karamé et autres opposants sont écartés de la commission parlementaire des Affaires Etrangères.<o:p></o:p>

    Le 21, Malek défend l’accord à la Chambre où s’opposent les partisans et les adversaires du ralliement du Liban au camp occidental. Deux jours plus tard, une fois Sami el-Solh rentré de Paris, il rejoint Chamoun, parti le 22 à Ryad.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -6 mai 1957 : Levée de l’état d’urgence :<o:p></o:p>

    Dans sa chambre d’hôpital où se tient un Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat, Sami el-Solh signe un décret levant l’état d’urgence à partir du 7, abolissant la censure et convoquant les électeurs aux urnes. L’état d’urgence est maintenu dans les secteurs frontaliers et les zones classées militaires.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -6 mai 1957 : Echec au haschich :<o:p></o:p>

    1300 Kg de haschich, destinés à l’Egypte et d’une valeur de 300000 LL, sont saisis le 6 à Héloué, entre Batroun et Jbeil.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 mai 1957 : Manifestants contre gendarmes : 8 tués, 30 blessés :<o:p></o:p>

    De violents chocs font 8 tués et 30 blessés dont Saeb Salam et Nassim Majdalani parmi des manifestants qui, à l’appel du Front National (opposition), tentaient, pour se rassembler, de forcer des barrages de gendarmes.<o:p></o:p>

    C’est autour du terminus de Basta qu’ont eu lieu les plus violents chocs. Ils se sont répétés entre 7h et 10h45 à chaque fois que les manifestants se heurtaient aux gendarmes chargés de les empecher de se rassembler rue Fouad Ier. Le rassemblement avait été interdit, le gouvernement estimant qu’il ne pouvait etre pacifique, « le but avoué de l’opposition étant de renverser le chef de l’Etat ».<o:p></o:p>

    Depuis le début du mois, la tension grandissait entre le Sérail et le FN qui s’était élevé le 8 contre la décision imposant à tout orateur à un meeting électoral d’avoir fait acte de candidature et d’etre de la circonscription où a lieu le meeting.<o:p></o:p>

    Le 9, Sami el-Solh, hospitalisé, annonçait sa candidature à Beyrouth contre la liste Yafi-Salam. Le 10, il autorisait un meeting du FN prévu pour le 12 mais choisissait ce jour pour rentrer de l’AUB chez lui, dans un cortège populaire d’un millier de voitures, alors qu’à Tarik Jédidé, le FN avait réuni 5000 personnes dont certaines portaient des portraits de Nasser.<o:p></o:p>

    Contre le renouvellement :<o:p></o:p>

    Ouvrant le meeting, Hamid Frangié accusa les autorités de susciter des tensions confessionnelles et d’avoir renoncé à coopérer avec les pays arabes. Ahmad el-Assaad, Philippe Takla, Abdallah el-Yafi et Saeb Salam développèrent le meme thème puis à 13h, Said Frayha demanda aux participants de jurer, la main levée, fidélité à 12 principes qu’il lit. L’un d’eux prône « la lutte contre toute tentative d’amener une majorité parlementaire docile pour modifier le texte de la Constitution interdisant la réélection du chef de l’Etat ».<o:p></o:p>

    Le FN dénonce désormais l’intention pretée à Chamoun de renouveler son mandat et les loyalistes accusent l’opposition de grouper des candidats syro-égyptiens. Des tentatives de médiation de Pharaon et de Joumblatt échouent. Le 25, ce dernier rompt avec Solh à la suite de la formation à Baakline d’une liste loyaliste. Le FN s’enhardit.<o:p></o:p>

    Ultimatum du FN :<o:p></o:p>

    Le 27, dans un télégramme au chef de l’Etat, 22 opposants estiment que « le découpage électoral, l’achat de voix, l’action répressive des forces de l’ordre et des fonctionnaires…indiquent une volonté de fausser les résultats des élections pour amener une Chambre docile qui permettrait à l’Autorité d’agir à sa guise…C’est pourquoi, nous demandons le renvoi dans les 48h du cabinet et la mise en place d’un cabinet neutre et intègre…Nous serons sinon contraints d’appeler le peuple à imposer sa volonté le 30 par la grève générale et par des manifestations ».<o:p></o:p>

    Le 28, des meetings sont organisés à Moussaitbé par les listes Solh et Yafi. Ils se tiennent à 50 mètres l’un de l’autre, séparés par 500 gendarmes. Le 29, le Conseil musulman réclame à son tour à Chamoun un cabinet neutre. Fort de ce soutien, le FN maintient sa manifestation du 30. Le gouvernement l’interdit. Le FN décide de passer outre. L’affrontement devient inévitable.<o:p></o:p>

    Le premier choc a lieu peu après 7h quand, venant de son domicile avec 50 partisans, Saeb Salam est bloqué par un barrage près du terminus de Basta. Il veut passer. Le commandant Letayf s’y oppose. Salam le gifle. Les gendarmes chargent. Salam est blessé d’un coup de crosse à la tete.<o:p></o:p>

    Yafi, Hamadé et Assaad à Basta, Nassim Majdalani à Tarik Jédidé sont aussi stoppés par des barrages. Attaqués, les gendarmes ripostent. Des coups de feu crépitent, des barricades sont érigées pour empecher le mouvement de blindés. La situation se dégradant, l’armée intervient à 10h45 et impose le calme. Bilan : 8 tués, 30 blessés et près de 200 arrestations.<o:p></o:p>

    Tirs sans sommation :<o:p></o:p>

    Réuni d’urgence, le Conseil des ministres place les forces de sécurité intérieure sous le commandement de l’armée qui reçoit l’ordre de tirer sans sommation pour disperser les attroupements. Un mandat d’arret est lancé contre Salam, hospitalisé, pour outrage à un responsable de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions. Le gouvernement annonce l’arrestation de 2 officiers des services de renseignements syriens et envisage d’adresser une note de protestation à Damas pour « ingérence armée dans les affaires intérieures du Liban ». Damas nie.<o:p></o:p>

    L’affaire est confiée à la Cour de Justice, des journaux sont poursuivis. Salim Lawzi, propriétaire d’Al Hawadess, est arreté et sa revue saisie. Un communiqué officiel rappelle que les manifestations et les réunions publiques sont interdites, les meetings électoraux restant assujettis à une autorisation de l’Intérieur. Le FN décide pour sa part la poursuite de la grève.<o:p></o:p>

    Dans l’après-midi, reçus par le général Chéhab, Hussein Oueyni, Sabri Hamadé, Ahmad el-Assaad, Hamid Frangié et Riad Taha lui demandent de prendre le pouvoir. Le général ne veut pas l’envisager. En soirée, Joumblatt demande à son tour la mise en place d’un cabinet neutre présidé par Chéhab et des garanties que Chamoun ne renouvellera pas son mandat.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -31 mai 1957 : Carrousel de l’Armée de l’Air :<o:p></o:p>

    En présence des chefs de l’Etat et du gouvernement et de 5000 personnes, l’armée de l’Air organise à l’AIB un carrousel aérien au cours duquel les Vampire à réaction et les avions à hélices effectuent des acrobaties et des exercices de tirs et de bombardement. La démonstration prouve la qualité des pilotes libanais qui, après deux ans d’instruction, suivent un an d’entrainement à Rayak.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 juin 1957 : Douayhi contre Frangié : 23 tués à Miziara :<o:p></o:p>

    Une collision sanglante entre partisans des Douayhi et des Frangié endeuille le Liban-Nord et fait 23 tués et une cinquantaine de blessés à Miziara, près de Zghorta, où plusieurs victimes tombent dans l’église du village durant une messe de requiem. L’armée investit avec ses blindés toute la région.<o:p></o:p>

    De nombreuses délégations étaient venues à la messe, célébrée à l’intention de feu Salim Abed, cousin de Mgr. Abed, en présence de six éveques. Parmi les présents, Hamid Frangié et son frère Sleiman ainsi que le père Semaan Douayhi, supérieur du couvent de Mar-Sarkis et candidat aux élections.<o:p></o:p>

    Les fidèles commençaient à pénétrer à l’église quand éclatent des coups de feu. Selon un témoin, « il y eut une ruée de la foule vers l’intérieur de l’église alors qu’on tirait de partout. Puis j’ai vu un homme armé d’une mitraillette entrer à l’église et tirer indistinctement sur la foule avant d’etre abattu…Le carnage a duré une dizaine de minutes »…<o:p></o:p>

    Lorsque cessent les tirs, on dénombre 18 tués et plus d’une cinquantaine de blessés dont 5 vont succomber. 10 des victimes sont du clan Douayhi, 5 de celui des Frangié et les 8 autres, qui ne sont d’aucun clan, sont tombées à l’intérieur de l’église. L’armée, appuyée de blindés, investit le village et la région, s’interposant entre les Frangié et les Douayhi, sur pied de guerre. 80 arrestations sont opérées.<o:p></o:p>

    Sur les premiers tirs qui ont déclenché la fusillade, les versions divergent. On dit qu’un accrochage a opposé devant l’église un partisan des Douayhi à un homme des Frangié. Ils se sont entretués, déclenchant la fusillade.<o:p></o:p>

    Dans une conférence de presse au siège du FN, Hamid Frangié déclare que « c’est la candidature et l’activité électorale du père Semaan Douayhi, soutenu par le gouvernement, qui a ranimé de vieilles querelles et créé une situation explosive à Zghorta. Le drame commença lorsqu’un jeune Douayhi abattit un sergent de la gendarmerie à la porte de l’église ».<o:p></o:p>

    Le 20, le père Douayhi accuse les Frangié d’avoir tendu un piège aux Douayhi dont « toutes les victimes ont été touchées dans le dos et n’ont pas pu utiliser leurs armes. Ma candidature n’ayant pas plus à mes adversaires, ils ont tenté de me supprimer », dit-il.<o:p></o:p>

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    -18 juin 1957 : Coup dur pour les trafiquants :<o:p></o:p>

    Les agents des douanes saisissent à Krayé, près de Bhamdoun, un lot de stupéfiants d’une valeur de 1.5 millions de dollars, qui devait etre expédié aux Etats-Unis. Deux trafiquants notoires, Makkouk et Youssef el-Ater, sont arretés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Juillet 1957 : Klaxons punis :<o:p></o:p>

    Depuis janvier, 2759 contraventions ont été dressées pour usage abusif du klaxon. Mais il n’existe que 222 agents de la circulation pour tout Beyrouth.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 juillet 1957 : 34 inculpations dans la fusillade de Miziara :<o:p></o:p>

    150 gendarmes sont chargés d’exécuter les mandats d’arrets lancés contre 34 inculpés dans la fusillade qui a fait 23 tués le 16 juin à Miziara. Parmi ces inculpés, Sleiman Frangié, René Mouawad et le père Semaan Douayhi.<o:p></o:p>

    Par contre, les séquelles des incidents du 30 mai se tassent. Six détenus qui faisaient la grève de la faim ont été libérés le 4, 64 le 7 et le reste des détenus sera relaché le 23.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 juillet 1957 : Matériel militaire US :<o:p></o:p>

    1600 tonnes de matériel militaire américain sont débarquées au Port, dont 101 véhicules lourds, 18 obusiers de 105 mm avec leurs munitions, des tracteurs de 13 tonnes, des grues lourdes…Le 8, l’armée avait reçu 37 jeeps et 12 canons.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 juillet 1957 : Explosions à Beyrouth :<o:p></o:p>

    Des explosifs sont lancés peu avant minuit contre les sièges des bureaux d’informations (USIS) de l’ambassade américaine et contre l’ambassade de Jordanie. L’enquete est entourée de secret.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 aout 1957 : Conseil de discipline de la gendarmerie :<o:p></o:p>

    Par décret est créé un Conseil de discipline de la gendarmerie. Il est composé, pour les officiers, de 5 officiers désignés par décret sur proposition du ministre de l’Intérieur et après avis du commandant de la gendarmerie, et pour les gendarmes, de 3 officiers désignés par arreté de l’Intérieur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 aout 1957 : Ehden contre les gendarmes : un lieutenant tué :<o:p></o:p>

    Quatre tués dont un lieutenant et 2 blessés graves, tel est le bilan d’une bataille rangée à Ehden entre habitants et gendarmes. Investie par les forces de l’ordre, la région est coupée du monde extérieur et une trentaine d’arrestations sont opérées.<o:p></o:p>

    Selon la version officielle, le lieutenant de gendarmerie Antoine Obeid rentrait à Ehden à bord de sa jeep lorsqu’il fut abattu par Victor Karam, 22 ans, embusqué dans une maison. Selon une autre version, l’officier a été tué alors qu’il tentait de forcer la porte de la maison pour arreter Karam, recherché dans le massacre de Miziara. Lancés à la poursuite du meurtrier, les gendarmes sont attaqués par les habitants de la localité qui se transforme en champ de bataille. Quand arrivent les renforts, on compte 4 tués et 2 blessés graves.<o:p></o:p>

    Victor Karam est arreté ainsi qu’une trentaine de personnes dont le père Semann Douayhi. Deux fusils mitrailleurs, 13 fusils de guerre et 12 revolvers sont saisi au cours des premières perquisitions. Le FN dénonce la brutalité des forces de l’ordre qui saccagent les maisons et en malmènent les habitants.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -22 aout 1957 : Chamoun fait lever le siège de Moukhtara :<o:p></o:p>

    Sur ordre du président Chamoun, les forces de l’ordre lèvent le siège du palais de Moukhtara, investi dans la nuit du 20 au 21 par 300 gendarmes pour appréhender trois repris de justice qui s’y sont réfugiés. Ils avaient tiré en l’air, deux jours avant, défiant l’interdit des autorités.<o:p></o:p>

    Le siège aurait été levé à la suite d’une médiation de l’émir Hassan el-Attrache, beau-frère de Joumblatt, qui aurait promis la livraison des baroudeurs. Mais le lendemain, Joumblatt déclare qu’aucune promesse n’a été faite, qu’il ne veut pas provoquer une révolte armée au Chouf, invite l’opposition à ne pas attaquer le chef de l’Etat « quelles que soient ses erreurs » mais à lui faire accepter un gouvernement dans lequel elle sera représentée avec pour mission de réviser la loi électorale, dissoudre la Chambre, organiser des élections et mettre en branle des réformes générales.<o:p></o:p>

    Joumblatt impute la tension au Chouf où deux ponts ont été dynamités et où se rassemblent ses partisans, à « la terreur qu’y font régner, avec la complicité des autorités, Naim Moghabghab et ses hommes » dont il demande l’arrestation aussi.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Septembre 1957 : Budget 1958 :<o:p></o:p>

    Le gouvernement transmet à la Chambre le projet de budget pour 1958. Il porte sur 194 millions, dont 42.5 à la Défense.<o:p></o:p>

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    -12 septembre 1957 : Plus de taudis à Bir Hassan :<o:p></o:p>

    En prévision de l’inauguration prochaine de la Cité sportive, la municipalité achève la destruction des 1200 taudis de Bir Hassan, habités par près de 15000 personnes dont des hauranais. Entamées le 4, les opérations de démolition donnèrent lieu à une agitation violente qui fit un tué et 30 blessés. Les habitants des taudis sont réinstallés dans la région de Choueifat, éparpillés à travers le pays ou refoulés en Syrie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 septembre 1957 : Gendarmes contre trafiquants d’armes à Deir el-Achayer : 11 tués :<o:p></o:p>

    Des renforts de l’armée sont dépechés à Deir el-Achayer à la suite d’une bataille entre gendarmes et trafiquants d’armes qui a fait 11 tués dont 3 membres des forces de l’ordre. Accrochés à l’aube par une patrouille, les passeurs d’armes ont opposé une vive résistance, aidés par les habitants de villages voisins. Risquant l’encerclement, les gendarmes se sont repliés sans emporter leurs morts et les trafiquants se sont réfugiés en Syrie pour échapper à l’armée.<o:p></o:p>

    La localité n’étant accessible par route que de Syrie, Beyrouth dépeche à Damas Nagib Sadaka, secrétaire général des Affaires Etrangères, et le lieutenant-colonel Chemayet. Mais les syriens disent ignorer où se trouvent les individus et refusent à l’armée libanaise le passage par leur territoire pour atteindre Deir el-Achayer.<o:p></o:p>

    Sur proposition du général Chéhab, le Conseil des ministres décide alors de faire percer une route pour y arriver à partir du Liban. En attendant, l’armée s’installe à 4 Km de la localité et renforce sa présence aux frontières avec la Syrie.<o:p></o:p>

    Le 25, Abdel-Aziz Chéhab, directeur général de l’Intérieur, annonce que Chébli el-Aryane, un des chefs druzes de la région, s’est livré avec 44 de ses partisans. Mais Salim Daoud, député de la région, déclare que l’Autorité trompe l’opinion pour camoufler son impuissance et que seules 7 personnes ont été arretées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -20 septembre 1957 : Avions d’entrainement irakiens :<o:p></o:p>

    Au cours d’une brève cérémonie, le ministre de la Défense, l’émir Magid Arslane, prend livraison à l’AIB de 6 avions d’entrainement de type Harvard offerts par le gouvernement de Bagdad à l’armée de l’Air libanaise. La cérémonie se déroule en présence du général Chéhab, chef de l’armée, du colonel Salem, chef de l’état-major, du commandant de l’armée de l’Air, de l’ambassadeur d’Irak et d’officiers irakiens. Ce don irakien est perçu par les opposants comme une preuve de la collusion entre le régime et le gouvernement de Bagdad.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -28 septembre 1957 : Attentats contre Al-Hayat et Sada Loubnan :<o:p></o:p>

    Un attentat à la bombe est perpétré en soirée contre les locaux de Sada Loubnan qui comptait reprendre sa parution le 30, blessant Mohammed Baalbaki et les journalistes Elie Kahi et Rafic Harb. Selon l’enquete, l’engin utilisé est du type de ceux lancés dans la nuit du 15 au 16 sur les locaux d’Al-Hayat, faisant d’importants dégats matériels, et sur le club du Homentmen.<o:p></o:p>

    Le 20, une explosion avait secoué les environs de Beiteddine où réside le chef de l’Etat. Le gouvernement imposa le black-out sur l’enquete. En début de mois, on faisait état de la saisie en 48h dans la Bekaa et sur la route du Baidar, de 30 mitraillettes, 13 revolvers et 30000 balles. Une partie des armes portait, selon les officiels, l’estampille de l’armée égyptienne. Des fouilles de véhicules sont entreprises depuis dans la capitale par des barrages de police et le gouvernement interdit les feux d’artifice, quelle qu’en soit l’occasion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -30 septembre 1957 : Conflit de souveraineté sur Chébaa :<o:p></o:p>

    Interrogé au sujet d’un conflit de souveraineté surgi avec la Syrie au sujet du village de Chébaa, le directeur de l’Intérieur, l’émir Abdel-Aziz Chéhab, a fait la déclaration suivante :<o:p></o:p>

    « Trois secteurs de la frontière avec la Syrie sont en contestation depuis 1948 : Akroun-Akkar, Majdel Anjar et Chébaa. Une commission, formée en 1949 pour trancher ces disputes, n’est pas parvenue à des résultats.<o:p></o:p>

    Dernièrement, le gouvernement syrien a créé à Chébaa, bien qu’il n’en ait pas le droit, un poste de gendarmerie. Le Liban n’a pas protesté, Chébaa n’étant pas loin d’Israel et le poste créé pouvant aider au renforcement de la surveillance de la frontière dans cette région.<o:p></o:p>

    Mais le gouvernement syrien a récemment informé les fermiers de Chébaa qu’ils devraient obtenir la nationalité syrienne s’ils voulaient continuer à exploiter leurs propriétés. Nous avons immédiatement effectué une démarche auprès des autorités syriennes pour connaître les raisons de cette mesure.<o:p></o:p>

    A la suite de cette démarche, il a été décidé de convoquer la commission des frontières. Les deux gouvernements insistent auprès des membres de cette commission pour qu’ils terminent cette fois rapidement leurs travaux ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -1er octobre 1957 : 1850 Kg de haschich saisis :<o:p></o:p>

    Au terme d’une poursuite acharnée, 1650 Kg de haschich sont saisis sur la route des Cèdres et 200 autres, destinés à l’Irak, à Tripoli. Cinq trafiquants sont arretés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 octobre 1957 :<o:p></o:p>

    Les enquetes sur les attentats terroristes confiées à la Sureté.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 octobre 1957 :<o:p></o:p>

    Attentats à la bombe dans la capitale.<o:p></o:p>

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    -24 octobre 1957 :<o:p></o:p>

    Nouveaux attentats terroristes à Beyrouth.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -29 octobre 1957 : L’état de la sécurité continue à se dégrader :<o:p></o:p>

    L’état de la sécurité continue à se dégrader notamment au Chouf où des renforts sont dépechés pour éviter des chocs entre partisans et adversaires de Joumblatt. Des tirs nourris ayant accompagné la commémoration le 27 de la mort d’un trafiquant tué à Deir el-Achayer, Naim Moghabghab a mobilisé ses partisans pour relever ce défi. 35 mandats d’amener sont émis contre le moukhtar de Mazraat-Chouf et 35 baroudeurs.<o:p></o:p>

    En dépit de l’arrestation de dix suspects jordaniens et syriens, accusés de faire partie d’un réseau terroriste, de celle d’un palestinien qui s’est dit membre de l’Association pour la Récupération de la Patrie spoliée, de la prise en charge de la lutte anti-terroriste par la Sureté, les attentats se poursuivent.<o:p></o:p>

    Trois hold-up sont commis le 8 sur la route Zahlé-Baalbeck, des bombes sont lancées le 15 sur l’Office de l’Electricité et le domicile du commissaire Mansour Challita, un journaliste, Wassef Kodeih, est assassiné le 18 et des explosifs endommagent le 24 le siège du PPS et une maison de distribution de journaux. Dans une question au gouvernement, Pierre Eddé demande où en sont les enquetes et si ces attentats relèvent d’une action intérieure ou extérieure.<o:p></o:p>

    Entre-temps, les relations entre le Sérail et la presse restent mauvaises. Les mandats d’amener émis contre Salim Lawzi, Nassib Metni et Said Frayha ont été transformés en mandats d’arret mais les trois hommes se sont réfugiés en Syrie.<o:p></o:p>

    Le 8, la commission parlementaire des Affaires Etrangères avait estimé que le Liban devrait dire par écrit, comme demandé par Damas, que « la situation en Syrie ne lui inspire aucune inquiétude ». Le refus de Beyrouth de donner suite à cette demande avait envenimé les rapports entre les deux capitales.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -5 novembre 1957 :<o:p></o:p>

    Assassinat d’un journaliste.<o:p></o:p>

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    -9 novembre 1957 :<o:p></o:p>

    Nassib Metni blessé à coups de poignard.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 novembre 1957 : Nouveaux combats à Zghorta :<o:p></o:p>

    Des affrontements opposent durant 6h près de Zghorta des éléments du clan Frangié-Mouawad à des partisans des Douayhi. Débordée, la gendarmerie fait appel à l’armée pour arreter les combats qui font un tué et plusieurs blessés.<o:p></o:p>

    Le 20, la Cour de Justice donne 10 jours aux personnes recherchées dans le massacre de Miziara pour se livrer. Passé ce délai, elles seront traitées en repris de justice, déchues de leurs droits civiques et leurs biens saisis. 27 personnes recherchées dont Sleiman Frangié et René Mouawad sont réfugiées en Syrie.<o:p></o:p>

    Le 11, la Cour de Justice avait condamné à mort Victor Karam, assassin du lieutenant Obeid à Ehden mais la peine fut commuée en travaux forcés à vie. Le meurtrier avait affirmé avoir tiré sur l’officier dans un accès de jalousie, ce dernier ayant tenté de renouer avec sa femme qu’il avait connue avant son mariage.<o:p></o:p>

    Le verdict irrite le commandant Massoud Letayf, chargé de l’ordre à Zghorta. Il refuse d’exécuter des mandats d’arret, demandant que « ceux qui ont commué le verdict contre Karam viennent les exécuter ». L’armée classe l’incident.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -18 novembre 1957 : Peine de mort pour les terroristes, camp spécial pour les réfugiés suspects, 500 étrangers expulsés :<o:p></o:p>

    Confronté à une vague terroriste, le Conseil des ministres décide d’instituer la peine de mort pour les individus coupables d’activités contre la sureté de l’Etat ou qui incitent à la guerre civile et aux luttes confessionnelles. Le ministre de la Justice est chargé de remanier une proposition en ce sens, soumise le 12 par le député Georges Akl.<o:p></o:p>

    Est décidée aussi la création d’un camp spécial pour les réfugiés palestiniens suspects, à la suite de l’apparition d’un mouvement appelé « Association pour la Récupération de la Patrie spoliée ». Il est désormais défendu aux palestiniens de se déplacer sur le territoire national ou de le quitter, sauf à titre définitif. L’entrée de nouveaux réfugiés est interdite et des visas d’entrée préalables sont imposés aux égyptiens. Jugés indésirables, 500 étranger, la plupart syriens, ont été refoulés le 7 hors du Liban. Mais vu le refus du général Chéhab, l’état d’alerte n’est pas rétabli.<o:p></o:p>

    Le Bureau syrien du port fermé :<o:p></o:p>

    Le 13, le gouvernement avait fermé le bureau de l’armée syrienne, installé au port pour réceptionner les armes importées par Damas via Beyrouth. Il en avait expulsé les agents, qualifiés de membres du 2e Bureau syrien et accusés d’aider les terroristes.<o:p></o:p>

    Il ne se passe de jour sans attentat terroriste. Le 1er, une bombe à retardement explosait dans un immeuble de Moussaitbé, blessant une femme. On parla d’une vendetta entre palestiniens. Le lendemain, une bombe est lancée sur l’école israélite Tarrab et une forte charge explosive est désamorcée sous un escalier du Sérail.<o:p></o:p>

    Le 5, Ghandour Karam, propriétaire de la revue Al-Rassed, est assassiné. Il venait de publier un violent article contre les dirigeants syriens et égyptiens. Le 9, Nassib Metni, propriétaire du Télégraphe, est blessé à coups de poignard. Le syndicat de la Presse réclame des permis de port d’armes à ses membres. Le 14, un attentat est perpétré contre le domicile du député Khalil Hibri à Tarik Jédidé et le 16, une bombe endommage le siège des PTT à Tripoli.<o:p></o:p>

    La Sureté générale, renforcée d’une centaine de commissaires, a déjà arreté des dizaines de suspects. L’insécurité irrite les milieux loyalistes qui exigent du gouvernement de sévir mais l’opposition accuse les Autorités d’etre derrière des attentats pour en accuser Damas et justifier une politique répressive. Plusieurs personnes recherchées sont réfugiées en Syrie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -2 décembre 1957 : Terrorisme : 37 suspects inculpés :<o:p></o:p>

    Le juge d’instruction Georges Mallat inculpe 37 personnes dont 29 arretées, d’actions terroristes et requiert la peine de mort si, du fait de ces actes, il y a eu mort d’homme.<o:p></o:p>

    Trafic d’armes et terrorisme se multiplient. Le 6, les douaniers saisissent 1000 revolvers au domicile de l’émir Turki Abdallah Saoud qui, venant de Rome, les avait introduits dans ses bagages qui ne furent pas fouillés. Le tribunal militaire classe l’affaire, vu l’identité du propriétaire des armes qui ne lui sont pas rendues. Le 9, 280 revolvers sont saisis dans la chambre d’hôtel d’un ex-colonel italien, Francesco Antonio di Marti. Porteur d’un passeport diplomatique il est relaché le 18 après amende de 20000 livres.<o:p></o:p>

    Le 15, une bombe explose au Palais de Justice, le 17, le juge d’instruction Adib Afeiche qui enquete sur les incidents de Zghorta, échappe à un attentat près de Tripoli, le 19, une bombe est lancée sur le British Council à Beyrouth et deux à Bohsass et à Kousba au Nord. Gemayel parle de « plan diabolique pour détruire le Liban ».<o:p></o:p>

    Au Akkar, 50 éléments venus de Syrie attaquent le 6 le poste de gendarmerie de Machta-Hassan, à 3 Km de la frontière, et emportent les armes des gendarmes. Le gouvernement dépeche des renforts à la frontière et proclame la région zone militaire. Le 21, une bande armée attaque le poste d’Ehden et disparaît.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -6 décembre 1957 :<o:p></o:p>

    1000 revolvers saisis au domicile d’un émir saoudien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 décembre 1957 : Chucri Saba contre la prostitution :<o:p></o:p>

    Chucri Saba, procureur général près la cour d’appel, demande à la police judiciaire de prendre des mesures draconiennes pour éradiquer la prostitution clandestine, la presse ayant fait état d’un réseau dirigé par une certaine Afaf. Le 5, Saba avait ordonné à la police de renforcer la surveillance des cabarets et d’y interdire le strip-tease, « choquant et contraire aux bonnes mœurs ».<o:p></o:p>

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    -29 décembre 1957 : Commissaire mafieux :<o:p></o:p>

    Le juge d’instruction Mounif Oueidate décerne un mandat d’arret contre le commissaire de la police municipale Mahmoud Itani, accusé de fermer l’œil sur des constructions illégales et de racketter des chauffeurs de taxis. Un des hommes du commissaire qui est en fuite a blessé un chauffeur récalcitrant.<o:p></o:p>

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    -3 janvier 1958 : Procès des terroristes et de Miziara :<o:p></o:p>

    Le procès de 24 présumés terroristes, accusés d’etre les auteurs des récents attentats à Beyrouth et en province s’ouvre devant la cour criminelle. Les accusés nient les charges retenues contre eux et affirment que leurs aveux leur ont été extorqués sous la torture.<o:p></o:p>

    Le 6, la Cour de Justice entame le procès des personnes inculpées dans le massacre de Miziara de juin dernier. La plupart des accusés sont en fuite et ceux jugés contradictoirement nient tout en bloc. Déposant le 27 devant la Cour, le père Semaan Douayhi déclare avoir vu à l’intérieur de l’église, Sleiman Frangié et René Mouawad, « le revolver à la main ».<o:p></o:p>

    Le 2, une bataille à la mitraillette et aux grenades entre Douayhi et Mouawad avait fait 2 tués à Zghorta dont un caporal de l’armée. Les blessés furent cachés par leurs clans rspectifs. L’armée investit le village, procéda à des perquisitions et arreta 165 suspects. L’ordre rétabli, elle se fait relever le 7 par la gendarmerie.<o:p></o:p>

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    -4 janvier 1958 :<o:p></o:p>

    3 tués dans une explosion à Achrafieh.<o:p></o:p>

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    -15 janvier 1958 : Gardes nationaux pour contrer le terrorisme :<o:p></o:p>

    A la suite de la recrudescence des actions terroristes, le Conseil des ministres engage 100 nouveaux gendarmes et décide la création de gardes nationaux, chargés d’assurer la protection des ponts et des édifices publics à Beyrouth et en province. Coiffés de kouffiyés blanches, pointillées de noir, ces gardes, formés par l’armée, comprennent surtout d’anciens militaires.<o:p></o:p>

    La veille, un pont avait été dynamité à Kfaryachite au Nord, une explosion avait secoué la prison de la Citadelle à Beyrouth et des gendarmes syriens avaient tué un paysan libanais à la suite d’une incursion à Chebaa.<o:p></o:p>

    Le 4, une explosion dans un appartement à Achrafieh avait fait 3 morts dont un garçonnet. Elle visait, selon la police, le frère d’un syrien recherché par Damas. Le 8, la Sureté faisait état de la découverte d’un réseau terroriste qui a remplacé celui dont le procès s’est ouvert devant la cour criminelle et que dirigeait l’ingénieur Ibrahim Mneimné. Le 9, trois explosions secouent Beyrouth et le 15, une caisse bourrée d’explosifs est découverte à la direction de la police. Le 21, trois explosifs sont lancés à Beyrouth dont un près du palais de Kantari. Le 29, échoue une tentative de dynamitage des conduites d’eau de la capitale. Selon l’émir Abdel-Aziz Chéhab, directeur général de l’Intérieur, la vague de terrorisme « fait partie d’un plan communiste général ».<o:p></o:p>

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    -20 février 1958 : Les Frangié-Mouawad prennent le contrôle de Zghorta :<o:p></o:p>

    Au terme d’une bataille de 3h, les Frangié et les Mouawad prennent le contrôle de Zghora dont ils interdisent l’accès par des barricades. Accourue en renfort, l’armée encercle la localité.<o:p></o:p>

    Depuis l’ouverture du procès de Miziara, une vive tension régnait à Zghorta, les inculpés étant du clan Frangié-Mouawad. Le gouvernement avait annulé le 3 les permis de port d’armes à Zghorta où les perquisitions ne visaient que les Frangié et Mouawad, les Douayhi ayant été évacués par les autorités et installés à Dekwané et Sinn el-Fil.<o:p></o:p>

    Les combats éclatèrent quand les gendarmes voulurent ouvrir le siège de la municipalité, fermé après la désignation d’un conseil mucilipal à la place de celui présidé par le père de René Mouawad. Empechés de le faire par des femmes, ils tirent en l’air pour les disperser et sont attaqués par les Frangié et les Mouawad. 17 gendarmes se barricadent à l’intérieur de la municipalité, 6 autres sont pris en otage et un camion et une jeep sont brulés. Les échanges de tirs qui font 2 tués ne cessent qu’au bout de 3h, les gendarmes s’étant engagés à ne plus tirer. Zghorta passe sous le contrôle du clan Frangié-Mouawad et des barricades en interdisent l’accès.<o:p></o:p>

    L’armée qui encercle la localité obtient la libération des otages puis donne un ultimatum aux rebelles tout en laissant le champ libre aux médiateurs. Le 25, cinq éveques, à la tete d’une délégation de 120 personnes, négocient à Zghorta un compromis. Les Frangié-Mouawad livrent 7 suspects et s’engagent à remettre tout individu recherché, à condition que le clan adverse en fasse de meme et que l’enquete sur Miziara soit révisée. Les autorités promettent et les forces de l’ordre entrent dans la localité où le climat demeure très tendu.<o:p></o:p>

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    -8 mars 1958 :<o:p></o:p>

    Accrochages à Daraya (Chouf) entre population et gendarmes.<o:p></o:p>

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    -9 mars 1958 :<o:p></o:p>

    Le palais de Beiteddine mitraillé par des inconnus.<o:p></o:p>

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    -12 mars 1958 :<o:p></o:p>

    Démonstration de force des partisans de Chamoun.<o:p></o:p>

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    -21 mars 1958 :<o:p></o:p>

    Manifestations à Tripoli contre le régime.<o:p></o:p>

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    -24 mars 1958 : Arrestation d’un ex-colonel :<o:p></o:p>

    Le colonel à la retraite Fawzi Traboulsi, ancien commandant en chef de la gendarmerie, est arreté par les autorités militaires, à la suite de la saisie d’un tract qu’il avait confié à une imprimerie et qui porte atteinte au moral de l’armée.<o:p></o:p>

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    -31 mars 1958 : Emeute à Tyr dont l’accès est bloqué :<o:p></o:p>

    L’armée investit Tyr et met pacifiquement un terme à un mouvement frisant l’insurrection, qui éclata le 28 après la condamnation de 5 individus accusés d’outrage au drapeau à un meeting de soutien à la RAU, tenu à Aitit.<o:p></o:p>

    Le juge unique ayant condamné les mineurs à un an de prison et les adultes à 3 ans, les parents des condamnés, aussitôt le verdict rendu, déclenchèrent une manifestation qui tourna rapidement à l’émeute puis à un début d’insurrection. Les gendarmes durent tirer en l’air pour dégager le juge puis évacuèrent la ville dont l’accès fut interdit par des barricades. Des renforts venus de Saida sont lapidés. L’armée investit alors la ville en grève, procéda à des arrestations puis s’en retira, laissant des gendarmes à ses entrées. La situation demeure tendue à Tyr dont le député, le ministre Kazem el-Khalil, réclame le règlement de l’affaire selon la coutume tribale et la remise en liberté des coupables.<o:p></o:p>

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    -2 avril 1958 : Population contre gendarmes à Tyr : 4 tués, 12 blessés :<o:p></o:p>

    Après 4 jours d’accalmie relative, un accrochage entre gendarmes et population fait 4 tués et 12 blessés à Tyr, tous civils. L’armée est de nouveau appelée pour maintenir l’ordre.<o:p></o:p>

    A la suite des manifestations qui avaient suivi fin mars la condamnation de 5 individus pour outrage au drapeau, l’armée avait investi Tyr puis des barrages de gendarmes furent postés aux portes de la ville en grève. Pour contribuer à réduire la tension, le chef du gouvernement avait ordonné la remise en liberté de la plupart des personnes arretées à la suite des permiers troubles.<o:p></o:p>

    Sur les causes de l’accrochage, les versions diffèrent. Selon le ministre Kazem el-Khalil, des harangues de Youssef et Nicolas Salem et de Mohammad Safieddine poussèrent la foula à lancer 7 batons de dynamite sur les gendarmes qui ont du tirer, faisant 4 tués dont le neveu de Safieddine, Maan Halawé, et 12 blessés. Mais Nicolas Salem affirme que les gendarmes ont tiré sur la foule alors qu’il arrivait à Tyr et Safieddine dément s’etre trouvé dans la ville. Le Front National accuse le Pouvoir d’avoir suscité les troubles « pour faire régner une atmosphère de terreur et étouffer les libertés ».<o:p></o:p>

    Alors que Saida, Bint Jbeil et Nabatiyé sont en grève lors des obsèques de Maan Halawé, le Conseil des ministres délègue Rachid Baydoun et Bachir Osman à Tyr pour enqueter sur l’incident et remplace le caimacam Emile Boustany par Mousbah el-Khatib et le capitaine de gendarmerie Abouchacra par le capitaine Hicham Koraytem.<o:p></o:p>

    Déterminées à imposer le calme, les autorités interdisent grèves et manifestations et menacent de proclamer l’état d’urgence à la moindre agitation. Des personnes distribuant des tracts hostiles au président Chamoun sont arretées. La tension persiste mais les sermons du vendredi sont modérés.<o:p></o:p>

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    -9 avril 1958 : Incursion israélienne :<o:p></o:p>

    Des soldats israéliens enlèvent le 9 au Sud 4 bergers et leurs troupeaux. Saisie par Beyrouth, la commission d’armistice récupère les bergers mais pas le bétail.<o:p></o:p>

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    -10 avril 1958 : Soulèvement armé au Chouf :<o:p></o:p>

    Plus d’un millier de gendarmes sont engagés pour mater la révolte de quelque 600 partisans de Kamal Joumblatt, retranchés dans les collines du Kneyssé, au Chouf. Un premier bilan fait état de 3 tués dont un gendarme, d’un nombre de blessés difficile à préciser du fait du brouillard et de 21 arrestations. Des grenades, des munitions et 26 fusils de guerre ont été saisis.<o:p></o:p>

    Des rapports ayant signalé qu’une révolte allait éclater au Chouf à l’aube du 10, d’importantes forces furent envoyées dans la nuit du 9 vers le Kneyssé, centre de rassemblement des insurgés. Les gendarmes engagèrent les hostilités contre les concentrations, signalées par les avions de reconnaissance de l’armée.<o:p></o:p>

    Depuis les incidents de Deir el-Achayer, Joumblatt annonçait « une révolte armée et des incidents sanglants au Chouf ». Le 8, il accusait le Pouvoir d’armer ses partisans au Chouf. « Il ne s’agit plus de reconduction du mandat présidentiel, mais de sauvegarde de l’entité meme et de l’indépendance du Liban », avait-il dit.<o:p></o:p>

    Le 11, il admet que ses hommes reçoivent des armes « pour prévenir un complot du gouvernement » et les leaders de l’opposition assurent le chef de l’armée que la révolte n’est pas dirigée contre la sécurité de l’Etat. Pour le FN et la Troisième Force, les troubles du Chouf ne sont qu’un épisode de la bataille présidentielle. Le 13, l’armée impose le black-out sur les opérations militaires.<o:p></o:p>

    Tension au Hermel :<o:p></o:p>

    Alors qu’on se bat au Chouf, d’importantes forces prennent position le 11 sur la rive droite de l’Oronte pour contrer un soulèvement éventuel du Hermel dont les tribus auraient reçu des armes de Syrie. Depuis des jours, la presse du Caire parlait de révolte du Hermel. Le 13, quatre douaniers syriens sont arretés à Wadi Khaled, à 14 Km à l’intérieur du Liban, après un échange de tirs. Ils affirment avoir poursuivi des contrebandiers mais Beyrouth refuse de les libérer avant la fin de l’enquete, estimant que leur incursion est liée au trafic d’armes en cours.<o:p></o:p>

    Le 22, des membres de la tribu des Jaafar attaquent le poste de douaniers de Andakit et le lendemain, des ponts, des pylônes et des maisons d’officiers de gendarmerie sont dynamités dans le Akkar.<o:p></o:p>

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    -21 avril 1958 : L’usine Arida ravagée par le feu :<o:p></o:p>

    8h durant, l’usine Arida de textile, située à Bohsass, est la proie des flammes qui, visibles à des Km, détruisent les dépôts de coton, causant pour un million de dégats. Il a fallu engager les pompiers de Tripoli, de l’IPC et de l’armée pour maitriser le sinistre. Couvrant 40000 m2, l’usine, la plus grande du pays, emploie 1200 personnes et tisse 12 millions de mètres par an.<o:p></o:p>

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    -29 avril 1958 : Complot contre Arslane :<o:p></o:p>

    C’est dans un tel contexte qu’est découvert le 29 un complot visant à l’assassinat de l’émir Magid Arslane qui avait pris position contre la révolte du Chouf. Arreté à Chtaura, un habitant du Jebel Druze syrien avoue avoir reçu 25000 livres pour abattre le ministre de la Défense, avec l’aide de deux complices qui devaient le rejoindre au Liban. L’attentat devait avoir lieu lors des cérémonies du 6 mai.<o:p></o:p>

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    -8 mai 1958 : Assassinat du journaliste Nassib Metni :<o:p></o:p>

    Le journaliste opposant, Nassib Metni, propriétaire du Télégraphe, est abattu par des inconnus à 1h30 du matin devant son domicile. Il rentrait du siège du quotidien, derrière le Gaumont-Palace, dans la voiture d’un collaborateur pour regagner sa maison, située à 300 mètres.<o:p></o:p>

    C’est au moment où il descendait du véhicule que 9 coups de feu sont tirés par des inconnus embusqués. Atteint notamment au cou et à la poitrine, il décède avant son arrivée à l’hôpital. Ses derniers mots auraient été « Ils m’ont eu ». Metni qui a déjà fait l’objet de deux agressions avait reçu des lettres de menaces qu’il avait en poche. C’est le troisième journaliste tué depuis octobre.<o:p></o:p>

    L’assassinat suscite une émotion considérable et une réprobation générale. Le conseil de la Presse décide une grève de trois jours et aux funérailles de Metni, tout le Liban est représenté. Le gouvernement a délégué deux ministres et les leaders de l’opposition sont au complet. De la cathédrale Saint-Georges à la Foret des Pins, le cercueil est porté à bout de bras avant d’etre conduit à Damour où Metni est inhumé.<o:p></o:p>

    Le gouvernement a beau assurer que tous les efforts seront déployés pour retrouver et chatier les coupables, il est pris à partie à la Chambre, réunie le jour meme. Le FN rejette la responsabilité du crime sur le Sérail et lance un appel à la grève qu’appuie la Troisième Force. Le Congrès des partis estime que « ce crime est la suite des tueries de Zghorta, Beyrouth, Tyr et Chouf…du fait de l’inaction du gouvernement qui n’a rien fait pour arreter et juger les coupables ». A Tripoli, Zghorta, au Hermel, au Chouf et au Sud, on signale une vive agitation.<o:p></o:p>

    L’assassinat survient alors qu’une vague d’attentats terroristes, plus ou moins graves, continue à déferler sur le pays. Le jour meme, 147 revolvers sont saisis au port.<o:p></o:p>

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    -9 mai 1958 : Des émeutes à Tripoli donnent le signal de l’insurrection :<o:p></o:p>

    Au lendemain de l’assassinat de Nassib Metni, et alors que la grève est partiellement suivie à Beyrouth, ponctuée d’explosions et de coups de feu isolés, Tripoli où éclatent des incidents va donner le coup d’envoi de l’insurrection armée contre l’Etat, qui va s’étendre au pays.<o:p></o:p>

    Vendredi 9, sortant des mosquées, des manifestants, portant des portraits de Nasser, parcourent les rues de la capitale du Nord, conspuant le chef de l’Etat. Ils saccagent la boutique, restée ouverte, et le domicile de Toufic Chamoun dont le fils tire, blessant une femme. Des coups de feu éclatent. Les gendarmes qui interviennent sont lapidés et tirent des grenades lacrymogènes avant de se replier dans un batiment. Deux jeeps sont incendiées avant que des renforts ne dégagent les assiégés. Bilan : 17 blessés.<o:p></o:p>

    Le 10, nouvelles manifestations. Le domicile de Toufic Chamoun et le Centre d’Information Américain (USIS) sont brulés. Les pompiers ne peuvent intervenir mais les forces de l’ordre refoulent les manifestants vers la vieille ville où ils se barricadent. Armés de fusils de chasse pris dans des armureries pillées, ils échangent des tirs avec des PPS, installés sur des toits. Des domiciles de PPS sont incendiés. On compte 10 tués et 30 blessés.<o:p></o:p>

    Le 11, les ministres de la Justice et de la Défense se rendent à Tripoli où ils demandent à Karamé d’ouvrir la ville, promettant l’impunité aux responsables des troubles. « La situation a échappé à tout contrôle. La solution ? La démission de Chamoun » leur dit Karamé. Les fusillades se poursuivent faisant 6 tués.<o:p></o:p>

    Au matin du 12, les forces de l’ordre ont la situation en mains mais les émeutiers sont retranchés dans la vieille ville. Après des accrochages sporadiques, ils lancent le 18 une offensive et ont 40 tués après une bataille de 20h. Le 19, ils tentent des sorties par Bab el-Tebbané et le Boulevard. Ils sont repoussés avec de lourdes pertes au terme de 15 minutes d’engagements très violents.<o:p></o:p>

    Forces de l’ordre et émeutiers vont alors rester sur leurs positions, les premières ne cherchant pas à investir la vieille ville, les seconds ne tentant plus d’en sortir. Les combats vont se poursuivre, chroniques et de barricades à barricades, jusqu'à la fin de la crise.<o:p></o:p>

    Barricades, combats et attentats à Beyrouth :<o:p></o:p>

    Les nouvelles de Tripoli rendent très vite explosive la situation à Beyrouth. Lundi 12, la ville est en grève, à l’exception de magasins à Nahr, Dora, Gemmayzé…Des patrouilles de gendarmes circulent. A 8h, un manifestant qui tirait pour terroriser des commerçants est abattu par la police. A Basta, Tarik Jédidé, Moussaitbé, rue de Damas, des barricades sont dressées et des pneus brulés.<o:p></o:p>

    A 8h30, bombe près de la municipalité. Un homme qui obligeait un commerçant à fermer est abattu. A 9h, Solh effectue une tournée dans le centre demandant aux commerçants d’ouvrir. Henri Pharaon et Adnan Hakim appuient la grève. Des blindés de gendarmerie patrouillent.<o:p></o:p>

    Les premiers accrochages éclatent à Basta, Bachoura, près du domicile de Solh à Bourj Abi Haidar où un étudiant armé est abattu. La foule incendie le Bureau d’Information américain, se heurte aux forces de l’ordre. Des coups de feu éclatent. Le commissaire Hanna Abou Haidar, chef des agents à Mousseitbé, est mortellement blessé. Des deux côtés du boulevard de Tarik Jédidé, loyalistes  et opposants échangent des coups de feu. En fin d’après-midi, le couvre-feu est instauré de 20h à 5h. Il y a une dizaine de tués.<o:p></o:p>

    Le 13, les combats reprennent à Mousseitbé, Mazraa, Basta, Tarik Jédidé. Le capitaine Henri Chéhab est tué. Ses hommes réagissent avec rage. Les blindés font sauter les maisons d’où partent des coups de feu. On compte 25 morts. Le lendemain, c’est l’accalmie, prélude à une vague terroriste.<o:p></o:p>

    Le 15, on relève 7 morts et 30 blessés dans la capitale, dont 4 tués et 27 blessés dans un attentat à la bombe contre Kahwat el-Kezaz, Place des Canons. Le 19, une bombe aux Halles, derrière le Rivoli, fait 1 tué et 19 blessés alors que la ville reprenait timidement son souffle. Le 21, six explosions font des dommages matériels. Le 22, plusieurs attentats dont un au stylo piégé à Souk Tawilé, puni pour etre resté ouvert, fait 1 tué et 4 blessés. Le 26, dix explosions dont celle d’un tramway bondé soufflé à la station Nasra par une bombe qui fait 4 tués et 18 blessés, la plupart mutilés.<o:p></o:p>

    Désormais, les quartiers de Beyrouth tenus par ce qui sera appelé « Résistance populaire » que dirigent notamment Saeb Salam et Adnan Hakim, sont fermés à l’Etat et leurs accès interdits par des barricades.<o:p></o:p>

    Mise en garde aux réfugiés :<o:p></o:p>

    Entre-temps, les armes affluent de l’extérieur vers les insurgés. Le 11, des armes venant de Syrie dans la voiture du consul de Belgique à Damas sont saisies à Masnaa. 5 douaniers seront massacrés dans les heures qui suivent.<o:p></o:p>

    Le meme jour, est arraisonnée au large de Saadiyate une barque transportant 11 palestiniens de Gaza acheminant des armes à l’insurrection. Dans une mise en garde, le gouvernement menace le 16 de reconsidérer le cas des réfugiés « s’ils persistent dans leurs actions terroristes ». La veille, l’aviation militaire a anéanti près de Machghara une caravane de mulets chargés d’armes. Le 28, 125 fusils-mitrailleurs, 13 caisses de grenades, 12 bidons de matières explosives, expédiés de Syrie, sont saisis par l’armée à l’entrée de Tripoli. Le contrôle des frontières avec la Syrie, fermées depuis le drame de Masnaa, est renforcé.<o:p></o:p>

    Attaque sur Beiteddine repoussée :<o:p></o:p>

    En Province, une attaque est lancée le 14 contre le palais de Beiteddine. Elle est repoussée avec l’aide de l’aviation. Le 15, des combats opposent les hommes de Magid Arslane à ceux de Kamal Joumblatt dans la région de Moukhtara. L’aviation intervient et mitraille les éléments du PSP. Le 16, les deux camps décident une treve sine die. Naim Moghabghab prend alors la tete de l’opposition armée aux hommes de Joumblatt.<o:p></o:p>

    A Zghorta et dans ses environs, des postes de police sont occupés par des insurgés et des gendarmes faits prisonniers. Le 15, un millier d’éléments des Jaafar, venus de Syrie, attaquent des postes de gendarmerie au Akkar où on signale 8 tués et 7 blessés. Le 24, suite à la multiplication des attaques, l’armée est officiellement chargée du maintien de l’ordre dans tout le pays. Avec l’appui des blindés et de l’aviation, elle entreprend le nettoyage du Akkar et de la Bekaa-Nord et ouvre la voie à l’enrôlement de volontaires. Le 25, elle réoccupe Halba et Baalbeck (6 tués, 12 blessés) et affronte des émeutiers à Saida. Du fait de la censure, seuls de brefs communiqués sont désormais publiés sur les actions militaires.<o:p></o:p>

    Impasse politique :<o:p></o:p>

    Dès le début de la crise, des médiations sont tentées, notamment par Raymond Eddé qui propose la formation d’un cabinet neutre présidé par le général Chéhab avec la double condition que le chef de l’Etat termine son mandat légal et que la Constitution ne soit pas révisée. Le 16, la Troisième Force, dépassée, estime que « Chéhab apparaît comme le seul homme qui puisse, dans le cadre de la légalité, obtenir l’adhésion de tous les partis et de toutes les communautés ». Solh se dit prêt à se retirer s’il a l’assurance que « l’appel à Chéhab suffirait à rétablir l’ordre ».<o:p></o:p>

    Mais l’opposition extra-parlementaire exige la démission immédiate de Chamoun qui répète qu’il restera au pouvoir jusqu'à la fin légale de son mandat. Le pays s’est divisé. Al Amal, An Nahar, Al Bayrak, dénoncent le caractère anti-libanais des émeutes, estimant que le renouvellement du mandat présidentiel n’est plus que « prétexte pour s’en prendre à l’existence meme du Liban ». Quant à la presse d’opposition dont As-Syassah, Beyrouth-Massa, Al-Kifah, elle est souvent saisie.<o:p></o:p>

    La crise s’internationalise :<o:p></o:p>

    Les médiations avaient d’autant moins de chances d’aboutir que la crise avait commencé à s’internationaliser.<o:p></o:p>

    Le 13, dans une conférence de presse, le ministre des Affaires Etrangères Charles Malek dénonce l’ingérence de la RAU, estimant que le Liban se trouve « devant une action concertée » pour saper ses fondements. A l’appui de ses accusations, il cite la saisie d’armes à Masnaa et l’agression qui l’a suivie, l’arraisonnement du voilier à Saadiyate, l’arrestation de 24 émeutiers portant des papiers militaires syriens…Une note de protestation est adressée à l’ambassade de la RAU. Le Caire la juge non fondée et la rejette. Beyrouth maintient ses accusations.<o:p></o:p>

    Le 15, alors que sont expulsés 300 étrangers dont de nombreux syriens, Salam et le FN protestent auprès de l’ambassadeur McClintock « contre toute ingérence US dans les affaires intérieures libanaises », affirmant n’avoir « jamais souhaité la fusion du Liban avec un pays étranger ». La veille, les trois occidentaux avaient promis leur soutien à Beyrouth « si une demande leur en serait faite ». Le 16, du matériel militaire US arrive à l’AIB et les flottes américaine et britannique se rapprochent des côtes libanaises. Le 28, Eisenhower déclare que sa doctrine pourrait s’appliquer « meme en cas d’agression par un pays non communiste ».<o:p></o:p>

    Plaintes contre la RAU :<o:p></o:p>

    Le 21, alors que Chamoun déclare à la presse étrangère que « l’enjeu de la crise est l’existence meme du Liban », le ministre des Affaires Etrangères Charles Malek annonce que le Liban a décidé de déposer une plainte contre la République Arabe Unie à la Ligue arabe et au Conseil de Sécurité dont il a demandé la convocation. Elle est fixée au 3 juin dans l’attente des résultats des débats de la Ligue, convoquée pour la fin du mois.<o:p></o:p>

    La commission des Affaires Etrangères avait approuvé cette mesure par 6 voix (Raymond Eddé, Georges Akl, Kabalan Issa el-Khoury, Ibrahim Haidar, Maurice Zouein, Dikran Tosbath) contre 3 (Philippe Takla, Jamil Mekkaoui, Emile Boustany). Selon Malek, cette plainte n’ouvre pas la voie à une intervention étrangère.<o:p></o:p>

    Le 22, alors que Rachid Baydoun abandonne la Défense, Saeb Salam déclare que « l’opposition est nationale et sans lien avec le communisme ni l’étranger. Les accusations contre la RAU sont fausses. La crise ne prendra fin qu’avec la chute du chef de l’Etat ». Il affirme que l’opposition acceptera tout candidat « à condition qu’il soit maronite et agréé par le peuple ».<o:p></o:p>

    Le 27, reprenant des déclarations à Reuters, Solh affirme dans un message radiodiffusé que « le président de la République ne m’a jamais entretenu de son désir de renouveler son mandat. Ni le chef de l’Etat ni le gouvernement n’a inscrit cette affaire dans leurs programmes. Le gouvernement n’a entrepris aucune démarche en ce sens et ne présentera jamais un projet d’amendement de la Constitution à la Chambre ».<o:p></o:p>

    Soulignant que la reconduction n’est que prétexte, Solh rappelle les vagues terroristes qui ont déferlé sur le Liban depuis novembre 1956, met l’accent sur l’activité subversive du Deuxième Bureau syrien et sur la campagne de presse et de radio contre le Liban. Il rejette sur l’opposition la responsabilité des troubles et dénonce sa collusion avec Damas et Le Caire.<o:p></o:p>

    Malgré ces propos, les députés musulmans réclament un cabinet d’apaisement dirigé par Chéhab et l’opposition exige toujours le départ de Chamoun. En fin du mois, Bkerké apporte de l’eau au moulin de l’opposition, en dénonçant l’action du régime, s’attirant une ferme réponse de Pierre Gemayel.<o:p></o:p>

    Mai s’achève sur une pause relative au plan militaire mais sur une impasse totale au niveau politique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -11 mai 1958 : Dans la voiture du consul belge, des armes pour les insurgés :<o:p></o:p>

    Un arsenal est découvert au poste frontière de Masnaa dans la voiture du consul général de Belgique à Damas, Louis de San, qui est arreté et remis aux autorités libanaises.<o:p></o:p>

    Arrivé dans sa voiture officielle à Masnaa, le consul allait pénétrer au Liban sans contrôle quand un douanier, intrigué par le coffre du véhicule qui touche presque le sol, demande à de San de l’ouvrir. « Je bénéficie de l’immunité diplomatique », répond le consul. Alerté, le Sérail ordonne la fouille du véhicule. De San veut rebrousser chemin, met en marche arrière. Un douanier s’agrippe au volant, fait dévier la voiture qui heurte un mur et s’immobilise.<o:p></o:p>

    Le coffre est ouvert. Il contient 33 fusils-mitrailleurs Beretta avec 35 chargeurs, 28 revolvers Beretta avec 31 chargeurs, 1500 balles de revolvers, 18000 cartouches de fusils-mitrailleurs, une bombe à retardement en forme de stylo. Une lettre signée Hamad et adressée à Salah est saisie. Elle indique les secteurs où doivent etre perpétrés des attentats.<o:p></o:p>

    Le diplomate est conduit à Beyrouth où il est interrogé en présence de représentants de la légation belge et, dit-on, du chef de l’Etat lui-meme. Résidant dans un palais du vieux Damas, de San possède un bimoteur, des tapisseries précieuses, entretient une domesticité nombreuse. On apprend qu’il est proche des courants politiques de l’extreme-gauche.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -12 mai 1958 : Couvre-feu et censure :<o:p></o:p>

    Le couvre-feu est instauré dans la capitale de 20h à 5h et des ordres stricts sont donnés pour poursuivre les contrevenants qui risquent d’etre abattus sans sommation. Le 16, la censure préalable est rétablie sur la presse locale et internationale et le 28, suite à la poursuite d’actes terroristes, tous les cinémas de la ville sont obligatoirement fermés sine die.<o:p></o:p>

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    -12 mai 1958 : Cinq douaniers massacrés à Masnaa :<o:p></o:p>

    Quelques heures après la saisie des armes dans la voiture du consul belge, 5 douaniers sont massacrés à Masnaa par une bande formée, dira-t-on, de partisans de Chébli el-Aryane et d’éléments venus de Syrie.<o:p></o:p>

    Alertés par des automobilistes qui signalèrent des mouvements d’hommes en armes, six douaniers, non armés, avaient refusé de se replier de leur hangar isolé vers celui de la Sureté où se trouvaient leurs camarades armés.<o:p></o:p>

    Vers 20h, quelque 200 éléments attaquent Masnaa. Alors que les agents de la Sureté ripostent, les six douaniers sont submergés. Cinq sont abattus et leurs cadavres mutilés. Quand vers minuit arrivent des renforts, il sera difficile de reconstituer les corps et les parents des victimes ne furent pas autorisés à ouvrir leurs cercueils.<o:p></o:p>

    Les cinq victimes sont : Habib Corm qui devait de marier en juin, Victor Aouad, Chafic Ghazal, Alfred Abou Dib, Habib Abboud. Le 6e douanier, dénommé Darghous, a disparu.<o:p></o:p>

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    -22 mai 1958 : Démission de Baydoun :<o:p></o:p>

    Le ministre de la Défense Rachid Baydoun annonce sa démission « en raison de l’état d’insécurité qui règne dans le pays dont certaines régions sont totalement dépourvues de forces de l’ordre ». Par décret, la Défense est confiée le lendemain à Sami el-Solh et les PTT passent à Kazem el-Khalil. Le 28, dans un cadre d’échange de portefeuilles, Farid Cozma prend l’Education et Clovis el-Khazen l’Information.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -24 mai 1958 : L’armée chargée du maintien de l’ordre :<o:p></o:p>

    Le Conseil des ministres confie le maintien de l’ordre dans le pays à l’armée qui ouvre la voie à l’enrôlement de volontaires civils armés. Placés aux ordres de la gendarmerie, ces derniers sont chargés de la garde des installations publiques et ne pourront pas porter les armes en dehors des secteurs qui leur sont affectés.<o:p></o:p>

    L’armée confiera la défense des villes surtout à la gendarmerie, consacrant la majorité de ses effectifs (10000 hommes) à contrer, grace aux reconnaissances aériennes, les infiltrations à travers les frontières et à arreter des poussées des insurgés vers les localités. Le colonel Anwar Karam va contenir notamment les rebelles à Tripoli et le colonel Fouad Lahoud empecher les infitrations au Sud. A part quelques rares défections, la troupe demeure unie, du fait surtout qu’elle se confinera à des réactions, sans prendre l’initiative d’offensives militaires.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -25 mai 1958 : Chéhabeddine réintégré :<o:p></o:p>

    Le commissaire Chéhabeddine, suspendu le 29 janvier dans le cadre du scandale Afaf, est réintégré dans ses fonctions et nommé chef du poste de police de Basta. Il sera traduit devant un conseil de discipline.<o:p></o:p>

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    -26 mai 1958 : Horreur à Nasra où un tramway est soufflé par une bombe :<o:p></o:p>

    Scènes d’horreur au niveau de la station Nasra, près du Lycée français, rue de Damas, où un tramway bondé a littéralement explosé, soufflé par une bombe qui a déchiqueté 4 personnes et blessé 18, la plupart mutilées.<o:p></o:p>

    En ce lundi, des milliers de beyrouthins, bravant les risques, ont repris le chemin de leur travail. Le tramway 112 a fait le plein Place des Canons et se dirige bondé vers Nasra. Bouchant l’entrée arrière de la rame, une valise abandonnée intrigue et suscite des questions. Qui en est le propriétaire ? Une vieille femme, debout près de la valise, hausse les épaules quand on l’interroge. Elle est sourde. On pense qu’elle a, par ce geste, reconnu sa valise. On n’y pense plus.<o:p></o:p>

    12h30. Le tramway arrive à la station Nasra. C’est alors que, dans un fracas assourdissant, un souffle démentiel balaie la rame. Eventré, le 112 crache sur l’asphalte son chargement humain sanguinolent et dans l’enchevetrement de la ferraille, au milieu d’un nuage épais de fumée, des corps de tordent, suppliciés, fous de terreur et de douleur. En une seconde, la valise anodine, abandonnée par un assassin sans visage, a fait basculer un tramway poussif dans l’horreur absolue.<o:p></o:p>

    Sur l’asphalte, une jeune femme git le ventre ouvert. Thérèse Halabi, 19 ans, dira n’avoir rien compris sur le coup. « Je me suis sentie soulevée de terre, soufflée. J’ai repris conscience en touchant l’asphalte ». Près d’elle, un homme qui n’a plus de jambes, un jeune garçon au bras arraché. Cà et là, des pieds sans jambes et des mains sans bras. Le désastre va apparaître dans toute son horreur dans les hôpitaux où arrivent les blessés aux vetements en lambeaux, les corps aux machoires broyées, aux cranes scalpés, les moignons de corps dispersés…<o:p></o:p>

    9 explosions vont précéder ou suivre dans la journée le drame de Nasra. L’indignation est générale et de tous bords on stigmatise la terreur aveugle en en faisant rejeter la responsabilité sur l’autre camp.<o:p></o:p>

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    -3 juin 1958 :<o:p></o:p>

    4 tués dans un attentat terroriste à Zahlé.<o:p></o:p>

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    -11 juin 1958 : Le Conseil de Sécurité décide l’envoi d’observateurs :<o:p></o:p>

    Alors qu’on redoutait un veto soviétique à tout projet de résolution, le Conseil de Sécurité, réuni depuis le 6, adopte par 10 voix et une abstention (URSS), une motion suédoise préconisant l’envoi d’observateurs au Liban. L’URSS s’est abstenue après que le délégué de la RAU eut dit ne pas s’opposer à cet envoi « du moment que les observateurs seront stationnés en territoire libanais ».<o:p></o:p>

    Le 6, Charles Malek, ministre des Affaires Etrangères que rejoint Edouard Honein porteur du dossier de la Ligue, avait exposé les faits démontrant que la RAU fomente et entretient l’insurrection, soulignant que l’ONU est désormais la seule garantie de l’indépendance du Liban. Le délégué américain fut « impressionné » mais celui de l’URSS « non convaincu ». On parlait de veto soviétique quand est adoptée la résolution de la Suède. Elle dit qu’après avoir entendu les accusations du Liban et la réponse de la RAU, le Conseil de Sécurité<o:p></o:p>

    -décide l’envoi d’urgence d’un groupe d’observateurs au Liban afin de s’assurer qu’il ne se produira pas d’infiltrations illégales de personnes, d’armes ou d’autres matériels à travers les frontières du Liban.<o:p></o:p>

    -autorise le secrétaire général de l’ONU à prendre les mesures nécessaires à cet effet.<o:p></o:p>

    -demande au groupe d’observateurs de tenir le Conseil de Sécurité informé par l’intermédiaire du secrétaire général.<o:p></o:p>

    Malek : en faveur du Liban :<o:p></o:p>

    Commandés par le général suédois Odd Bull, les premiers observateurs arrivent le 12, accompagnés du célèbre journaliste américain Joseph Alsop, envoyé du New York Herald Tribune, qui veut « étudier de très près la crise libanaise ». Malek précise que les observateurs dont le nombre doit atteindre 100 n’ont pas de fonctions de police et qu’il ne s’agit pas d’une mission d’enquete. Il estime la résolution favorable au Liban car, dit-il, « le Conseil de Sécurité a été convaincu qu’il y a eu infiltrations et a envoyé des personnes pour les faire cesser ». Le 16, alors que les observateurs commencent à sillonner le pays, Beyrouth annonce vouloir demander une police onusienne de 5000 à 7000 hommes.<o:p></o:p>

    Le 19, le secrétaire général Hammarskjold arrive à Beyrouth et rencontre Solh, Chamoun et l’ambassadeur McClintock, mais pas les leaders de l’opposition. Il dit qu’il ferait appel à 14 pays pour une police internationale si ses négociations échouent avec Nasser qu’il rencontre le 24 au Caire. Il revient à Beyrouth et part le 25 à New York sans faire de déclarations.<o:p></o:p>

    Chamoun : possibilité d’aide extérieure :<o:p></o:p>

    Le meme jour, devant la presse étrangère, Chamoun parle de trois éventualités :<o:p></o:p>

    -liquidation de l’insurrection par nos propres moyens.<o:p></o:p>

    -en cas d’échec, recours à une police de l’ONU pour verrouiller nos frontières.<o:p></o:p>

    -en cas de nécessité, recours à l’article 51 de la Charte de l’ONU. Cet article autorise un Etat agressé à faire appel à un ou plusieurs Etats. Le 16, le Conseil des ministres avait autorisé le recours à l’aide de « forces amies ».<o:p></o:p>

    Le chef de l’Etat affirme qu’il ne s’agit pas d’un conflit intérieur mais « du combat du Monde libre », estime à 10000 à 12000 le nombre des insurgés en armes (800 à Basta) dont 25% à 30% syriens et égyptiens et dit s’attendre à de nouvelles offensives.<o:p></o:p>

    Parlant reconduction, Chamoun dit n’avoir rien à ajouter aux récents propos de Solh et affirme vouloir terminer son mandat « si je ne meurs pas ». Interrogé sur la raison du maintien des relations diplomatiques avec la RAU, il déclare que le Liban n’a pas voulu les rompre, « le principe fondamental de sa politique étrangère étant de maintenir des rapports avec tous les Etats arabes, meme dans les circonstances les plus graves ».<o:p></o:p>

    L’Occident pour une solution interne :<o:p></o:p>

    Au plan international, les pays occidentaux sont pour une solution entre libanais. Washington attend le rapport des observateurs pour se prononcer sur l’envoi d’une police de l’ONU, Londres dit n’avoir pas reçu une demande d’aide du Liban et estime que Chamoun est seul capable de rétablir l’ordre et Paris souhaite une solution rapide et pacifique entre libanais. Réunis à Paris, de Gaulle et MacMillan estiment que le meilleur moyen de régler la crise est entre les mains des libanais.<o:p></o:p>

    Le 29, Beyrouth qui suit avec scepticisme l’activité des observateurs et trouve non justifié l’optimisme de Hammarskjold, demande de nouveau la convocation du Conseil de Sécurité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -10 juin 1958 : Violents accrochages dans le Chouf :<o:p></o:p>

    De violents combats opposent au Chouf des éléments du PSP aux forces de l’ordre soutenues par des PPS et par l’aviation. Rompant un modus vivendi qui a créé un no man’s land constitué par le Barouk, le PSP a attaqué la région et a été repoussée par les FSI qui ont eu 4 tués. On ignore les pertes des assaillants. Une attaque le 13 sur Ain Zhalta et repoussée par l’armée.<o:p></o:p>

    Le 2, huit bombes explosent à Beyrouth et un combat oppose durant 3h émeutiers et gendarmes à Tarik Jédidé. Cana est attaqué au Sud, une pièce de DCA est neutralisée par l’aviation dans la Bekaa et une tentative de sortie du vieux Tripoli avorte. Le 3, une bombe fait 4 tués et des blessés à Zahlé.<o:p></o:p>

    Le 8, des combats sont signalés au Akkar tandis que la capitale vit au bruit des bombes : 5 le 9 et 8 le 11. Le 16, on signale 5 tués et 16 blessés et des rapts commencent à etre opérés sur base confessionnelle.<o:p></o:p>

    Le 20, à la suite de la mort de deux soldats, l’armée détruit des maisons à Tarik Jédidé et à Basta et rappelle que tout immeuble d’où sortira un coup de feu sera détruit au canon.<o:p></o:p>

    Le 24, une bombe à retardement fait 1 tué et 5 blessés, rue de la Bourse. Le 26, alors que de violents engagements éclatent à Tripoli, Beyrouth sort de sa nuit le plus chaude, secouée par des explosions ininterrompues et des tirs nourris qui ont atteint la place Riad el-Solh et Khandak el-Ghamik. Le lendemain, l’armée entre en action rue Omar Ibn Khattab contre des émeutiers sortis de Basta. Le 28, on signale des tirs d’artillerie sur Marjeyoun à partir de la frontière syrienne.<o:p></o:p>

    Impasse politique :<o:p></o:p>

    Sur le plan politique, c’est l’impasse. Malgré la convocation le 5 de la Chambre pour élire le 25 juillet un chef de l’Etat, les opposants continuent à exiger la démission immédiate de Chamoun. L’échec de la solution arabe et la plainte au Conseil de Sécurité avivent la rancœur du FN pour qui « l’envoi d’observateurs ne changera rien à la situation sur le terrain ».<o:p></o:p>

    Alors que Pharaon estime que « la solution exige qu’il n’y ait ni vainqueurs ni vaincus », Gemayel affirme que « l’Occident doit éviter un Munich libanais, notre cause étant celle du Monde libre ». Il rappelle que « l’indépendance du Liban n’a jamais été admise par Damas » et estime qu’aucune « solution à la crise ne peut intervenir avant le triomphe de la Légalité ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -13 juin 1958 : Laissez-passer annulés et partis dissous :<o:p></o:p>

    Le ministère de l’Intérieur annule à partir du 15 tous les laissez-passer et demande aux personnes souhaitant obtenir un sauf-conduit de se présenter à la Sureté, munies d’un récent extrait de leur casier judiciaire.<o:p></o:p>

    Le meme jour, sont dissous par décret le PSP de Kamal Joumblatt, la Hayaa Wataniya de Rafic Naja et le Congrès National de Hussein Oueyni « pour avoir enfreint le but pour lequel ces partis furent constitués ». Le 20, la meme mesure frappe les Najjadés dont le chef, Adnan Hakim, dit que « le gouvernement qui ne représente plus le peuple, n’a aucune autorité pour dissoudre mon parti ». Le 17, un mandat d’arret avait été émis à l’encontre de Hakim, « pour implication dans des activités terroristes ».<o:p></o:p>

    Le 24, est interdit le stationnement de tout véhicule non accompagné dans le centre de la ville tandis qu’une commission formée le 21 commence à estimer les dégats causés à Beyrouth par les émeutes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -14 juin 1958 : La maison de Solh incendiée, attaque du palais de Kantari :<o:p></o:p>

    La résidence du chef du gouvernement à Basta est mise à sac et incendiée par des émeutiers une semaine après qu’un manifeste des ulémas eut exclut Sami el-Solh de la communauté musulmane. Quatre des signataires, fonctionnaires de l’Etat en tant que membres des tribunaux Chériés, ont été suspendus et traduits en conseil de discipline.<o:p></o:p>

    Depuis des semaines, Basta est isolé par la gendarmerie et l’armée du reste de la capitale, sans qu’il soit possible d’en assurer un blocage total. Les miliciens de la Résistance populaire, relevant de Saeb Salam ou des Najjadés de Adnan Hakim, y font régner leur loi. Des maisons ont été occupées ou dynamitées, telle celle de Khalil Hibri, ministre des Travaux Publics.<o:p></o:p>

    Dans l’après-midi, les émeutiers asiègent la résidence de Solh qui tente en vain de faire parvenir des renforts. Vers 17h, la maison est mise à sac et brulée, sans avoir été défendue. L’agression suscite l’indignation quasi-générale. Des députés et des groupes populaires ouvrent une souscription pour reconstruire le batiment. Le 17, Solh intente une action en justice devant le Tribunal Militaire contre Saeb Salam, Abdallah el-Yafi, Hussein Oueyni, Nassim Majdalani et Henri Pharaon qu’il rend responsables de cette agression, sur base des aveux d’émeutiers ayant participé à l’attaque et qui, identifiés, ont pu etre arretés.<o:p></o:p>

    Le jour meme, des éléments de la Résistance populaire opèrent une sortie en direction du palais présidentiel de Kantari. Ils sont repoussés au terme de 3h d’échanges de tirs. Selon certaines informations, le chef de l’Etat aurait personnellement fait le coup de feu contre les assaillants. Dans ses Mémoires, Chamoun dit avoir résisté avec sa garde, après etre demeuré au palais avec seulement son épouse et un ami, le magistrat Adel Hamdane.<o:p></o:p>

    Les positions en présence :<o:p></o:p>

    -5 organisations veulent la démission de Chamoun : Front National, Al-Hayaa al-Wataniya, le Congrès National, le PSP, les Najjadés. Bkerké les soutient.<o:p></o:p>

    -trois partis appuient Chamoun : Bloc National, Kataeb, PPS.<o:p></o:p>

    -la Troisième Force est contre la reconduction du mandat présidentiel mais pour le maintien du chef de l’Etat jusqu'à la fin de son terme légal. Elle souhaite un cabinet présidé par le général Chéhab.<o:p></o:p>

    -Chamoun considère que son mandat ne prend fin qu’en septembre.<o:p></o:p>

    -Solh estime que son gouvernement jouit de la confiance de la Chambre et qu’il n’a donc pas à démissionner.<o:p></o:p>

    -Les FSI veillent à la sécurité, empechent les manifestations et repoussent les attaques sans attaquer. L’armée tente de verrouiller les frontières sans prendre d’initiative offensive.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -14 juin 1958 : 60000 émigrés volontaires :<o:p></o:p>

    Selon Al-Jaryda, 60000 émigrés d’Afrique et d’Amérique ont manifesté le désir de servir en qualité de volontaires dans les forces armées libanaises. Un crédit de 1.5 million de livres avait été affecté le 11 pour le recrutement de forces auxiliaires « à titre provisoire ».<o:p></o:p>

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    -20 juin 1958 :<o:p></o:p>

    Mandats d’arret contre les leaders de l’opposition.<o:p></o:p>

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    -1er juillet 1958 : L’aviation met en échec une offensive PSP sur Khaldé :<o:p></o:p>

    Lancée la veille par des centaines de PSP, une violente offensive en direction de Khaldé est stoppée par l’aviation qui mitraille à Chemlane, Ainabe et Kabr-Chmoule les concentrations de groupes rebelles, leur infligeant de lourdes pertes. 40 combattants sont faits prisonniers par les forces de l’ordre qui, grace à l’aviation, reprennent l’initiative sur le terrain et pourchassent les assaillants.<o:p></o:p>

    Le 6, dans une déclaration à l’Associated Press, Joumblatt reconnaît avoir subi de très lourdes pertes au cours des six derniers jours et accuse l’opposition de l’avoir abandonné au moment où il avait le plus besoin d’aide dans sa lutte contre les forces de l’Etat. Il critique vivement le refus des leaders de l’opposition de former un gouvernement révolutionnaire « car chacun d’eux veut en etre le chef ».<o:p></o:p>

    Suite aux revers du Chouf, l’opposition tente de marquer des points à Tripoli où les combats reprennent le 3 et à Beyrouth qui est le 5 le théatre de violents engagements place Assour, Khadak el-Ghamik, Bachoura, Basta, Tarik Jédidé. Le 7, une attaque de la caserne de gendarmerie est repoussée rue Verdun et les assaillants subissent de lourdes pertes. Le 8, un camion piégé explose à Bab-Idriss devant l’ABC et le 12, un bus transportant des douaniers est mitraillé sur le boulevard de l’AIB. Un douanier est tué et trois sont blessés.<o:p></o:p>

    L’annonce du coup d’Etat du 14 à Bagdad est accueillie avec consternation par les loyalistes mais suscite un baroud de joie dans les zones aux mains de l’insurrection. Le débarquement des Marines quelques heures plus tard atténue l’ardeur des opposants sans faire cesser les combats. Des fusillades éclatent à Zokak el-Blatt et le 17, des attaques sont lancées, sans résultats, sur le Sérail, le palais de Justice et l’hôtel des Postes. Deux autres attaques contre le Sérail échouent le 28 et des fusillades chroniques restent signalées dans diverses zones. Mais les affrontements directs tendent à diminuer et sont remplacés par les enlèvements, le plus souvent d’innocents.<o:p></o:p>

    Le 27, un accord est conclu entre Kataeb et Résistance populaire sur l’arret des kidnappings et la remise en liberté des personnes enlevées. Mais les rapts reprennent dès le 29.<o:p></o:p>

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    -4 juillet 1958 : Les observateurs : pas de preuves d’ingérences de la RAU :<o:p></o:p>

    Faisant écho au secrétaire général de l’ONU qui a déclaré la veille ne pas détenir des preuves d’une ingérence massive de la RAU dans la crise, les observateurs de l’ONU, réfutant les accusations de Beyrouth contre Damas et Le Caire, affirment dans leur rapport n’avoir pas recueilli de preuves d’infiltrations d’hommes et de munitions. Ils disent cependant ne pas pouvoir établir le mode d’acquisition d’armes par la rébellion et admettent n’avoir inspecté que 18 des 278 Km de frontières avec la Syrie.<o:p></o:p>

    Le 5, dans une conférence de presse, Galo Plaza affirme que « s’il y avait eu ingérence massive, nous l’aurions bien découverte ». Il admet que els armes des insurgés, faute d’usines d’armements au Liban, « sont logiquement venues de l’étranger » mais estime « possible qu’elles y soient entrées avant notre arrivée. Nous somme là pour observer, non pour enqueter et nous occuper du passé ». Un journaliste lui ayant demandé si l’inspection de 18 des 278 Km de frontière est suffisante pour tirer des conclusions, Plaza répond par l’affirmative.<o:p></o:p>

    Le rapport déçoit les milieux officiels. Parlant au Daily Mail, Chamoun déclare que « les observateurs se sont conduits en touristes, passant leur temps à l’Aéroclub et aux Cèdres. Hammarskjold et ses observateurs ont, par leurs conclusions, laissé entendre à la RAU qu’elle peut s’emparer de tout le Moyen-Orient sans objections de la part des Nations Unies. Ils ont donné carte blanche à Nasser ». Il réaffirme le lendemain à Newsweek que « sur les 12000 insurgés, 3000 à 4000 sont venus de Syrie, volontaires ou soldats réguliers, et que les insurgés ont reçu 30000 pièces d’armes allant des mitraillettes aux mortiers et aux pièces de DCA ». Pour les Kataeb, les observateurs ont vu ce que l’opposition a bien voulu leur montrer.<o:p></o:p>

    Le débarquement US du 14 relèguera au second plan le rôle des observateurs.<o:p></o:p>

    Des conseils e ne rien voir :<o:p></o:p>

    S’exprimant trois décennies plus tard, lors d’un programme télévisé, le général François Génadry, en contact avec les observateurs de l’ONU, affirma que l’un d’eux, rencontré bien plus tard à l’étranger, lui déclara « avoir eu des instructions en haut lieu (entendre les Etats-Unis) pour nier, dans notre rapport, toute ingérence de la RAU dans la crise libanaise ».<o:p></o:p>

    L’homme autorisa l’officier à rapporter ses propos. Désireux d’assurer une solution interne à la crise, Washington ne souhaitait pas voir confirmée sa dimension régionale.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -8 juillet 1958 : Camion piégé devant l’ABC :<o:p></o:p>

    Le centre commercial de l’ABC à Bab-Idriss est soufflé par l’explosion d’un camion piégé qui fait 31 blessés dont 3 dans un état désespéré. C’est la plus forte explosion enregistrée à Beyrouth depuis le début de la crise.<o:p></o:p>

    Placée dans un camion de la Pepsi Cola, stationné devant le centre, la charge a explosé à 9h30, mettant le feu au batiment et blessant clients et employés. Arreté, l’adjoint du chauffeur révèle que ce dernier, accompagné d’un contrôleur de la compagnie, avait conduit son véhicule à Basta où le contrôleur fut capturé, le camion piégé puis placé devant l’ABC. L’attentat aurait été organisé par Khalil Chéhabeddine, un des chefs de l’insurrection à Basta.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 juillet 1958 : A la demande de Chamoun, les Marines débarquent à Khaldé :<o:p></o:p>

    Protégés par 7 navires et par des appareils de l’aéronavale, 1800 Marines commencent à 14h20 à débarquer près de Khaldé et prennent position à l’aéroport qui est fermé au trafic. Répondant à l’appel du président Chamoun, les Etats-Unis ont réagi au coup d’Etat qui a balayé la veille la monarchie en Irak. Des unités ont occupé aussi les aéroports de Kleyaate et de Rayak.<o:p></o:p>

    Surpris, les baigneurs auxquels se mele une foule de curieux, se rassemblent sur les rivages, excités plus par le spectacle que par sa signification. En 4 vagues, les Marines débarquent et se dirigent vers les positions qui leur sont assignées. Les milieux loyalistes ne cachent pas leur satisfaction alors que les chefs de l’opposition restent dans l’expectative.<o:p></o:p>

    Le soir, alors que l’opération est achevée, Radio-Liban diffuse le communiqué officiel suivant :<o:p></o:p>

    « Les autorités de Beyrouth ont été informées aujourd’hui midi que les garanties internationales –notamment celles prévues par l’article 51 de la Charte des Nations-Unies –seront mises en application dans l’intérêt du Liban par l’envoi de forces militaires dans les plus brefs délais…Peu avant 15h, des unités de la VIe Flotte américaine ont débarqué des fusiliers marins et des forces blindées à Ouzai. Ces troupes se sont dirigées vers l’AIB et divers autres points stratégiques ». Dans un message à la Nation, Chamoun dit n’avoir eu recours à l’article 51 de la Charte de l’ONU qu’après « l’échec de la Ligue arabe et des observateurs ».<o:p></o:p>

    Les préludes au débarquement :<o:p></o:p>

    Remontons au matin du 14 pour reconstituer les étapes ayant mené à cette intervention.<o:p></o:p>

    Informé par téléphone du coup d’Etat à Bagdad, Allen Dulles, chef de la CIA, prévient la Maison Blanche. Stupeur et inquiétude. Toutes les données de la politique de l’Occident au Moyen-Orient sont bouleversées. La perte du bastion iralien risque de balayer les régimes de Amman et de Beyrouth et menace à terme l’Arabie Saoudite, le Koweit et les Emirats du Golfe. C’est le coup le plus grave porté aux intérets américains dans la région.<o:p></o:p>

    Quand Eisenhower reçoit un peu plus tard une demande d’intervention urgente de Chamoun, il réunit le conseil national de sécurité. Son vice-président Nixon et Dulles sont pour une réponse favorable et rapide. Les chefs militaires affirment que la VIe Flotte est prete, que l’opération sera rapide, que les troupes seront retirées dès l’arrivée de forces de l’ONU, que les Etats-Unis doivent se montrer prets à soutenir leurs amis, si besoin par la force, que l’URSS ne fera pas la guerre pour le Liban.<o:p></o:p>

    Convaincu, Eisenhower informe les leaders du Congrès de sa décision d’envoyer les Marines au Liban. L’ordre donné, il annonce dans un message télévisé que, suite à la demande urgente du président Chamoun, il a ordonné l’envoi immédiat au Liban de troupes pour y protéger les 2500 ressortissants américains et soutenir son gouvernement dans sa défense de l’intégrité et de la souveraineté du pays. Humiliés par les deux Spoutniks de l’URSS, les américains approuvent.<o:p></o:p>

    Veto soviétique à une police de l’ONU :<o:p></o:p>

    En meme temps, au Conseil de Sécurité, réuni d’urgence à la demande de Washington, l’Américain Cabot-Lodge souligne que les Marines ont débarqué à la demande expresse du chef de l’Etat libanais, que leur mission a un caractère uniquement protecteur, qu’ils se retireront dès l’arrivée d’une police de l’ONU. Par 8 voix contre 1 (URSS) et 2 abstentions, le Conseil de Sécurité repousse une résolution du délégué soviétique Sobolev demandant le retrait immédiat des troupes US. Le 18, Moscou où est arrivé Nasser oppose un veto à l’envoi d’une force de police de l’ONU, assumant ainsi –ce qui était le but américain –la responsabilité de la prolongation de la présence militaire US au Liban.<o:p></o:p>

    Le 23, suite à un nouveau veto soviétique à une résolution du Japon proposant davantage d’observateurs, le Conseil de Sécurité ajourne sine die ses débats sur le Liban, en attendant la clarification de la situation.<o:p></o:p>

    Une armada au large des côtes :<o:p></o:p>

    Durant les jours suivants, le débarquement se poursuit. Au soir du 17, 5000 Marines sont au Liban et le 18, une unité se déploie entre Dora et Maameltein. Le 19, 1700 paras arrivent à l’AIB, suivis le 20 de 1700 venus d’Allemagne. Fin juillet, les effectifs américains seront de 6500 Marines, 3400 paras, 35000 tonnes de matériel, soutenus par 50 unités navales croisant au large de la côte libanaise et comprenant les porte-avions Essex et Saratoga et le croiseur lourd Des Moines.<o:p></o:p>

    L’opération entraine une accalmie relative sur le terrain et donne conscience à tous les bords de la nécessité de trouver une solution rapide à la crise qui risque de déraper dangereusement au niveau mondial. Elle facilite la mission de l’envoyé spécial Robert Murphy qui, tout en laissant Chamoun achever son mandat, cherche désormais à assurer une majorité parlementaire en faveur de son successeur.<o:p></o:p>

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    -17 juillet 1958 :<o:p></o:p>

    Attaques contre le Sérail, le Palais de Justice et l’hôtel des Postes.<o:p></o:p>

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    -20 juillet 1958 :<o:p></o:p>

    Ahmed el-Assaad accusé de complot contre la sécurité de l’Etat.<o:p></o:p>

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    -29 juillet 1958 : Six tués dans un attentat manqué contre Solh :<o:p></o:p>

    Un attentat à la voiture piégée visant le chef du gouvernement Sami el-Solh fait, sur la route de Mkallès, 6 tués dont 5 civils et un gendarme.<o:p></o:p>

    Vers 8h, Solh gagne la capitale, venant de Beit-Méri. Une motocyclette et une jeep de la gendarmerie précèdent sa voiture et une jeep de la police secrète ferme le convoi devant lequel circule une Nash Rambler. A un tournant est stationnée une limousine grise qui semble en panne. Arretée depuis 4 jours, elle n’a pas attiré l’attention des services de sécurité, alors que Solh emprunte tous les jours ce trajet.<o:p></o:p>

    Arrivée à quelques mètres de cette voiture, celle du chef du gouvernement est brusquement secouée par le souffle d’une violente explosion. La limousine, bourrée de dynamite, a sauté. En meme temps, des coups de feu sont tirés sur la voiture de Solh. Les gendarmes ripostent mais les assaillants parviennent à s’enfuir.<o:p></o:p>

    L’explosion, télécommandée d’une distance de 50 mètres, a été déclenchée quelques secondes trop tôt. Solh et les gardes dans les deux jeeps échappèrent par miracle à la mort. Mais l’attentat blessa mortellement le gendarme à moto et souffla la Nash. Le président du Conseil étant pressé, l’agent à moto avait demandé à la Nash de se ranger de côté et son conducteur s’était garé, pour son malheur, à côté de la limousine. Soulevée par la puissance de l’explosion, elle fut projetée ainsi que la moto du gendarme dans le ravin.<o:p></o:p>

    Dans la Nash, 5 occupants trouvèrent une mort atroce : Fayek Srour de Beit-Méri, 45 ans, sa femme Nadia née Ayoub, 30 ans, leur fille Thérèse, 13 ans, la sœur de Nadia, Leyla, 22 ans, et Pierre Maroun, neveu de Mgr. Ignace Maroun, ami des Srour qui l’avaient embarqué à Ain Saadé.<o:p></o:p>

    Lorsque les sauveteurs arrivèrent, ils découvrirent dans le ravin un amas informe de ferraille tordue et six corps déchiquetés, méconnaissables. « Je savais qu’on voulait me tuer. Mais ces innocents qu’ont-ils fait pour mériter une telle fin ? » dit Sami el-Solh.<o:p></o:p>

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    -Juillet 1958 : Qui est le général Fouad Chéhab ?<o:p></o:p>

    Né en 1902 à Ghazir (Kesrouane) d’une famille qui gouverna le Liban au 18e et au 19e siècle. Sa mère est de la famille Hobeiche, une des plus vieilles familles de la région. Après des études chez les Frères Maristes à Jounié, Chéhab entre à l’école militaire de Damas en 1921, en sort sous-lieutenant en 1923 et est affecté à Lattaquié. Promu lieutenant puis capitaine, il commande la région de Rachaya de 1930 à 1937 et gagne, de 1942 à 1944, ses galons de commandant et de colonel. Après l’armistice de Saint-Jean-d’Acre, en juillet 1941, il réorganise les Troupes Spéciales, commande les Chasseurs libanais puis est nommé en 1945, chef de la Garde Nationale, première appellation de l’armée libanaise indépendante.<o:p></o:p>

    Promu général, il participe en 1948 à la campagne de Palestine. En 1952, après la démission de Béchara el-Khoury, il est chef du gouvernement de transition et refuse de succéder au chef de l’Etat déchu. Il devient en novembre 1956 ministre de la Défense (qu’il abandonne en janvier 1957) en demeurant commandant de l’armée qu’il maintient au-dessus des querelles politiques.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -7 aout 1958 :<o:p></o:p>

    Opération désarmement amorcée à Beyrouth.<o:p></o:p>

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    -11 aout 1958 : Tirs syriens contre un avion de la MEA :<o:p></o:p>

    Un avion de la MEA venant de Amman et sommé par les autorités syriennes d’atterrir à Damas, réussit à se poser à Beyrouth après avoir essuyé des tirs de DCA au moment où il amorçait sa descente vers l’aéroport syrien. Commandé par un ex-pilote de la RAF, l’appareil a rebroussé chemin dès les premiers tirs et, volant à basse altitude, a pu se poser à l’AIB. Beyrouth proteste auprès de la RAU, signalant que deux observateurs de l’ONU se trouvaient à Mazzé quand l’avion a essuyé des tirs. Selon certaines informations, l’appareil transportait une personnalité dont l’identité n’est pas révélée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -15 aout 1958 : Multiplication des attentats :<o:p></o:p>

    Une charge de 15 Kg de dynamite, placée dans un bidon, explose rue Maarad devant une boulangerie, faisant 3 tués et 9 blessés graves parmi les clients et les passants. L’attentat accentue la psychose générale de la population qui réduit ses déplacements, malgré la nette diminution des affrontements directs. L’armée demande aux citoyens de signaler tout objet suspect et le gouvernement interdit aux voitures privées et publiques de circuler dans le centre.<o:p></o:p>

    En dépit des mesures de surveillance et de sécurité, les attentats sont devenus le lot quotidien de la capitale. Le 1er, deux bombes placées dans l’immeuble Ghraoui face au cinéma Amir avaient explosé à midi à 10 secondes d’intervalle faisant 2 tués et 14 blessés. Le propriétaire de l’immeuble n’aurait pas réglé sa contribution à l’insurrection. Le meme jour, trois enfants sont tués par des balles perdues. Le 8, une bombe devant le café Azar place des Canons fait 1 tué et 5 blessés. Le 21, une explosion, la troisième en trois jours, fait 1 tué et 11 blessés.<o:p></o:p>

    Le 26, deux personnes sont tuées dans une fusillade entre gendarmes et émeutiers, rond-point Chatila ; le lendemain, une bataille rangée rue du Fleuve entre Tachnak et Hentchak fait 5 tués.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -16 aout 1958 :<o:p></o:p>

    Troisième rapport des observateurs : toujours pas d’infiltrations.<o:p></o:p>

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    -Septembre 1958 : 20 gendarmes tués :<o:p></o:p>

    Selon les données officielles, 20 gendarmes ont été tués depuis le début des événements, 85 ont déserté et 200 ont démissionné.<o:p></o:p>

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    -6 septembre 1958 :<o:p></o:p>

    Nouvel attentat manqué contre Sami el-Solh.<o:p></o:p>

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    -9 septembre 1958 : L’armée réoccupe Zghorta :<o:p></o:p>

    L’armée réoccupe Zghorta où des incidents sanglants entre les Frangié-Mouawad et les Douayhi éclatent depuis de début de l’insurrection. Le dénouement prochain du procès de Miziara a ravivé la tension et imposé le retour de l’armée.<o:p></o:p>

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    -10 septembre 1958 : Création du Parti National Libéral :<o:p></o:p>

    Un arreté du ministère de l’Intérieur prend acte de la constitution par Georges Akl, Rida Wahid, Chafic Nassif, Mohammed el-Fadl, Henri Traboulsi, Jean Harb, Mahmoud Ammar et Kabalan Issa el-Khoury d’un nouveau parti, baptisé Parti National Libéral (littéralement Parti des Patriotes Libres) dont la création a été décidée la veille par 21 députés réunis au palais de Kantari. Georges Akl en est responsable devant la loi.<o:p></o:p>

    Le PNL dont le siège est à Beyrouth déclare que le Liban est une république démocratique dont la politique extérieure repose sur l’indépendance totale et appuie la famille des pays arabes et les Nations-Unies.<o:p></o:p>

    Le 19, au domicile d’Arslane à Aley, 22 députés élisent Chamoun chef du PNL, avec pour vice-présidents Sami el-Solh, Magid Arslane et Kazem el-Solh. Le parti va servir de cadre à l’action politique de Chamoun, après la fin de son mandat.<o:p></o:p>

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    -17 septembre 1958 : Prison pour les trafiquants palestiniens :<o:p></o:p>

    Le Tribunal Militaire prononce des peines de 6 à 8 mois de prison à l’encontre de 11 palestiniens arretés au début des événements en tentant d’introduire des armes aux insurgés à partir de la mer. Le tribunal a estimé qu’il s’agissait d’un délit et non d’un crime.<o:p></o:p>

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    -17 septembre 1958 : Le colonel Lahoud en Conseil de Guerre :<o:p></o:p>

    Le colonel Fouas Lahoud, commandant de la place de Marjeyoun, est arreté par la police militaire et sera traduit devant un Conseil de Guerre. La nouvelle suscite un vif émoi vu la personnalité de l’officier, frère du député et ex-ministre Salim Lahoud, et de son passé glorieux durant la guerre de Palestine en 1948.<o:p></o:p>

    Faute de détails officiels, on parle de coup d’Etat visant à renverser le régime. Or celui de Chamoun s’achève le 23 et celui de Chéhab n’a pas commencé. En fait, le colonel est poursuivi pour avoir, de son propre chef, pris contact il y a un mois avec Damas pour arreter les infiltrations au Sud. La crise touchant à sa fin, la Syrie informa Beyrouth de ces contacts.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -19 septembre 1958 : Assassinat du journaliste Fouad Haddad :<o:p></o:p>

    Chroniqueur au Amal, Fouad Haddad, chef du service des Beaux-Arts à l’Education, est enlevé en plein jour à Hamra par des inconnus. Vers 13h30, Haddad quitte son bureau et s’embarque dans un taxi qui file vers Verdun. A hauteur de l’école italienne, la voiture est bloquée par une Simca dont les occupants enlèvent le journaliste dont le cadavre sera retrouvé mutilé. On lui a notamment coupé la langue. Sous le pseudonyme d’Aboul-Henn, il a publié dans Al-Amal, un article virulent contre Nasser, après l’élection de Charles Malek à la présidence de l’Assemblée de l’ONU, en dépit de l’opposition du Caire. Haddad avait reçu des lettres anonymes de menaces mais, malgré les conseils, il refusait de tempérer sa plume et d’éviter les secteurs exposés.<o:p></o:p>

    Aussitôt connu l’enlèvement, la Voix du Liban (radio Kataeb) donne 2h pour la libération de Haddad sous peine de « violentes représailles ». Passé ce délai, des musulmans sont enlevés dans les régions de l’Est puis des chrétiens à l’Ouest. Les Kataeb appellent le 20 à la grève générale.<o:p></o:p>

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    -21 septembre 1958 :<o:p></o:p>

    Couvre-feu permanent à Beyrouth.<o:p></o:p>

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    -23 septembre 1958 : Chéhab entame son mandat dans un climat explosif :<o:p></o:p>

    Le président-élu Fouad Chéhab entame son mandat dans un climat explosif, les Kataeb ayant lancé le 20 un appel à la grève ouverte, après l’assassinat du journaliste Fouad Haddad. Des rapts sont signalés et le couvre-feu est imposé sine die à Beyrouth, de nuit et de jour. Les journaux ne pourront pas paraître avant le 27.<o:p></o:p>

    Le 22, les souks sont fermés et la grève paralyse le pays et notamment les centres de la montagne. Des barricades ont refait leur apparition, cette fois dans les régions de l’Est chrétien, des fusillades éclatent et les enlèvements sur base confessionnelle se multiplient.<o:p></o:p>

    C’est dans ce contexte que le président-élu prete serment à la Chambre devant 55 députés. Sont absents Sami el-Solh, Charles Malek, Albert Moukheiber, Magid Arslane, Kahtan Hamadé, Henri Traboulsi, Edouard Honein, Chafic Nassif, Salim Daoud, Elia Abou Jaoudé, Hamid Frangié. A travers une capitale sans vie, Chéhab se rend ensuite avec le président de la Chambre Osseirane au palais de Kantari où se déroule la passation des pouvoirs. Chamoun part ensuite à Ain el-Abou puis s’installe au Bois de Boulogne où affluent par milliers ses partisans.<o:p></o:p>

    Des engagements éclatent entre Kataeb et ex-insurgés à Nasra, Mazraa, Furn el-Chebback, Hadath…tandis que 3000 personnes manifestent à Bkerké contre le Patriarche Méouchy.<o:p></o:p>

    La crise avait rebondi dès le début du mois. Le 1er, alors que Pierre Gemayel, dans une lettre ouverte à Chéhab, estime la lutte terminée sur la base de « ni vainqueurs ni vaincus », le président-élu reçoit Saeb Salam à Jounié. C’est la première sortie de ce dernier de Basta depuis le 12 mai et il profitera de ce déplacement protégé pour rendre visite au Patriarche Méouchy à Bkerké. Salam réclame un cabinet composé d’opposants et de neutres, présidé par Karamé, et Joumblatt lui fait écho le 8. Mais les ex-loyalistes exigent un gouvernement d’union nationale présidé par un neutre. Les positions des deux camps se figent encore plus après l’élection le 16 de Charles Malek à la présidence de l’Assemblée de l’ONU, élection considérée comme une défaite des nassériens.<o:p></o:p>

    C’est dans ce climat chargé qu’est enlevé le 19 le journaliste du Amal Fouad Haddad. Le 20, les Kataeb lancent l’appel à la grève et Solh qui a présenté sa démission quitte le Liban. Des incidents éclatent. Le 21, un couvre-feu total est imposé dans la capitale dont l’Est s’érige de barricades.<o:p></o:p>

    Le 23, Fouad Chéhab, entré en fonctions, charge Karamé de former le cabinet. La grève dans les régions chrétiennes tourne alors à l’insurrection. C’est le début de la contre-révolution.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -25 septembre 1958 : Les Kataeb déclenchent la contre-insurrection :<o:p></o:p>

    La crise qu’on espérait en voie de solution avec l’entrée en fonctions du président Chéhab rebondit. Le meurtre du journaliste opposant Nassib Metni avait donné le coup d’envoi de l’insurrection, celui du loyaliste Fouad Haddad déclenche la contre-insurrection. Mais cette fois, ce sont les régions de l’Est de la capitale et la Montagne chrétienne qui se soulèvent.<o:p></o:p>

    Le 20, les Kataeb appelaient à la grève générale et le 21 au soir, suite à des rapts, le couvre-feu est imposé sine die de nuit et de jour à Beyrouth. Chéhab étant entré en fonctions le 23, le couvre-feu est levé le lendemain. Mais alors que des magasins commencent à ouvrir, des coups de feu éclatent et la violence est vite générale. On tire des toits, des barricades, d’Est sur l’Ouest, d’Ouest sur l’Est. Le couvre-feu est rétabli et l’armée a ordre d’abattre sans sommation tout porteur d’arme.<o:p></o:p>

    Dans l’après-midi, des manifestants venant de Basta se heurtent rues de l’émir Béchir et de Damas aux Kataeb. L’armée finit par s’interposer et on signale 40 tués. « La plus terrible journée depuis le début des événements » écrira la presse. Les barricades se multiplient à l’Est, l’armée renforce ses positions dans la capitale et place aux points stratégiques des chars dont les canons sont pointés sur les quartiers Est.<o:p></o:p>

    L’annonce le 24 au soir du cabinet Karamé satisfait l’ex-opposition mais suscite l’hostilité des Kataeb dont une délégation dénonce auprès de Chéhab son caractère partisan. Sans résultats. L’insurrection dès lors se généralise.<o:p></o:p>

    Beyrouth sous blocus :<o:p></o:p>

    Le 25, les cloches sonnent le glas et la grève est totale à Beyrouth-Est, à Zahlé, en montagne. Les routes du Kesrouane et du Metn sont coupées. Pour que la grève soit complète, on empeche les voitures de se rendre en ville. On asperge de mazout la chaussée pour la rendre glissante, on la parsème de clous, on crève des pneus. A peine l’armée a-t-elle dégagé une route que la barricade renait, une fois les soldats partis. Il faut l’intervention des blindés pour dégager la voiture d’un ministre, pris à partie par la foule, et qui doit rebrousser chemin.<o:p></o:p>

    Le 26, Karamé rend visite à Méouchy et à Béchara el-Khoury alors que Kataeb, PPS, PNL et BN se consultent pour faire front contre le cabinet. On continue à creuser des tranchées à l’Est.<o:p></o:p>

    Le 28, de violentes fusillades éclatent place Debbas et rue Gouraud. Il y a de nombreux blessés. Les barricades sont renforcées à Gemmayzé, le couvre-feu total est maintenu. Explosions et tirs secouent la ville où se pose le problème du ravitaillement, rendu aigu par le blocus que lui impose la montagne.<o:p></o:p>

    Karamé se heurte au meme problème que son prédécesseur : la sécurité. La capitale s’est divisée en trois zones : celle tenue par les nouveaux insurgés, celle des ex-rebelles où la vie revient à la normale mais où des contrôles d’identité sont opérés par des civils armés et, entre ces deux zones, un no man’s land, réservé en principe à l’autorité de l’Etat dont l’absence en fait le theatre de rapts qui multiplient les innocentes victimes. On retrouve des corps torturés, jetés ou enterrés dans des terrains vagues.<o:p></o:p>

    Vaines médiations :<o:p></o:p>

    Dans ce climat de guerre civile larvée, commerçants et industriels, alarmés par les conséquences économiques de la crise, multiplient en vain les navettes entre les chefs des deux camps. Vaines aussi sont les tentatives de médiation de Adel Osseirane, Henri Pharaon, Ghassan Tuéni et Pierre Eddé. Le 30, l’ambassadeur des Etats-Unis, Robert McClintock, propose l’élargissement du cabinet après le vote de confiance. Les nouveaux loyalistes l’accusent « d’ingérence dans les affaires intérieures du Liban » et son plan est rejeté aussi pas Gemayel qui exige la démission du cabinet. Chamoun, devenu le rival non déclaré de Chéhab, annonce que ses partisans à la Chambre refuseront la confiance à Karamé.<o:p></o:p>

    Ce dernier accepte d’élargir le cabinet mais après le vote de confiance. Avant, insiste l’opposition. Depuis son investiture, Chéhab n’est pas revenu à Beyrouth et suit l’évolution de la crise de sa villa de Jounié. Il preche à tous ses visiteurs la modération mais ne se prononce pas sur le sort du cabinet.<o:p></o:p>


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