• Jeudi 9 janvier 1975:

    Tripoli: Ahmed Kaddour se serait échappé des Dahaliz:

    Selon notre correspondant au Liban-Nord, Négib Iskandar, Ahmed Kaddour, le gangster qui dirigeait la "République des hors-la-loi" à Tripoli, et ses 4 lieutenants en fuite, auraient échappé à l'étau mis en place dans les souks intérieurs pour les capturer. Ils auraient réussi à quitter les souterrains (dahaliz) où ils s'étaient réfugiés.

    D'autre part, le juge d'instruction militaire, M. Elias Assaf, qui a pris en charge l'interrogatoire des personnes appréhendées au cours de l'opération de ratissage de la vieille ville de Tripoli, a délivré hier en soirée 8 nouveaux mandats d'arrêt.

    Par ailleurs, les tripolitains se plaignent du couvre-feu qui leur est imposé depuis 4 jours.

     


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  • Mercredi 8 janvier 1975:

    Le sommet de Chtaura a consacré le rapprochement Beyrouth-Damas:

    Identité de vues Frangié-Assad:

    Le président syrien souligne que son pays soutient le Liban inconditionnellement:

    La réunion entre les présidents Sleiman Frangié et Hafez el-Assad, hier, à Chtaura, le 1er sommet libano-syrien depuis 1947, marque l'amélioration considérable des rapports entre Damas et Beyrouth. L'identité de vues entre les deux présidents a été totale, comme le souligne d'ailleurs le texte du communiqué conjoint dont on pourra prendre connaissance par ailleurs. Premier résultat: des rencontres entre les deux présidents auront lieu régulièrement dorénavant, au moins une fois par mois. C'est le président Frangié lui-même qui l'a annoncé. Le chef de l'Etat a été invité en Syrie et il a accepté l'invitation.

    La rencontre d'hier consacre les liens des deux pays. La chaleur de l'accueil qui lui a été réservé a, d'ailleurs, ému le chef de l'Etat syrien qui a tenu à exprimer le "bonheur illimité" qu'il a ressenti.

    C'est, comme prévu, sur la situation régionale, les agressions répétées de l'ennemi contre le Liban-Sud et ses dernières menaces, ainsi que sur les dangers d'une nouvelle guerre que les entretiens entre les deux présidents ont essentiellement porté. Après un tête-à-tête entre les présidents Frangié et Assad, les membres des deux délégations se sont joints aux discussions, qui devaient porter également sur les relations bilatérales entre les deux pays.

    Offre d'aide:

    L'on a pu apprendre que le président Assad a souligné que le danger israélien contre la Syrie et le Liban, mais spécialement contre le Liban-Sud, était plus imminent que jamais. Il aurait mis en relief le fait que l'ennemi tente actuellement de provoquer un mouvement d'exode au Liban-Sud, d'une part afin de dépeupler la région et d'autre part pour tenter de créer des dissensions entre les libanais et les palestiniens. Il aurait ajouté que la faiblesse du Liban sur le plan défensif encourage l'ennemi à persévérer dans ses agressions sauvages et ses actes de terrorisme.

    Le président syrien a souligné que la Syrie était disposée à aider le Liban en lui fournissant les armes dont il a besoin et, s'il le désire, en lui envoyant des troupes qui stationneraient aux frontières et aideraient l'armée libanaise à repousser toute tentative de percée ennemie. Le chef de l'Etat syrien a rendu hommage, enfin, au rôle du Liban pendant la guerre d'Octobre et à l'aide qu'il avait fournie à la Syrie.


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  • Mardi 7 janvier 1975:

    Aujourd'hui à Chtaura, le 1er sommet libano-syrien depuis 1947:

    Liban-Sud et coordination militaire au centre des entretiens Frangié-Assad:

    La visite que le président Hafez el-Assad effectuera aujourd'hui au Liban et qui constitue le 1er sommet libano-syrien depuis 1947 intervient dans une conjoncture chargée. Le contexte régional, avec agressions sanglantes et quotidiennes d'Israël contre le Liban-Sud, est particulièrement lourd.

    C'est essentiellement du Liban-Sud et des possibilités de coordination militaire entre Beyrouth et Damas que les deux présidents s'entretiendront. La Syrie est disposée à fournir au Liban toute aide qu'il demanderait car elle considère que le renforcement du Liban la mettrait à l'abri d'une opération par laquelle Israël contournerait le Golan via la Bekaa-Ouest pour attaquer les arrières de ses troupes.

    Mais quelle sera la forme de cette aide? C'est précisément ce qui sera discuté à Chtaura. Beyrouth ne demanderait que du matériel militaire et une assistance financière, et non des troupes.

    D'autres pays arabes, la Libye, le Koweït et l'Arabie Saoudite, seraient eux aussi disposés à fournir au Liban l'aide qu'il désire. On sait qu'une délégation militaire libyenne avait fait des offres précises la semaine dernière au ministre de la Défense. Le Koweït avait également pris des engagements dans ce sens, tandis que le roi Fayçal aurait fourni au ministre de la Défense, M. Joseph Skaff, rentré hier d'Arabie Saoudite, des assurances à ce sujet.

    Hier, le ministre syrien de l'Information a déclaré que la Syrie était "particulièrement soucieuse de répondre à toute demande du Liban dans le cadre de ses possibilités et accorde la plus grande importance à la question de la sécurité des frontières du Liban". "Nous sommes disposés, a-t-il dit, à aller avec le Liban jusqu'au point qu'il désire, sans condition, ni restriction aucune, car le moindre pouce de territoire libanais a la même importance que n'importe quelle partie du territoire syrien".

    Ces problèmes de défense prennent d'autant plus de relief, qu'outre la visite du président Assad, les commissions parlementaires des AE et de la Défense sont convoquées pour demain afin de poursuivre l'examen de la politique militaire du Liban. On sait qu'au cours de leur réunion conjointe, elles avaient recommandé au gouvernement de demander la convocation d'une conférence interarabe consacrée au problème de la défense du Liban.

    Les mesures de Peres:

    A la veille du sommet de Chtaura, Tel-Aviv s'est rappelé au souvenir des deux chefs d'Etat.

    "Israël ne saurait rester indifférent à l'entrée sur le territoire libanais de forces étrangères à ce pays", a déclaré en effet lundi le ministre israélien de la Défense, Shimon Peres. Le ministre répondait à la tribune de la Knesset (Parlement) à une question posée par un député de son parti.

    Le ministre a révélé que ces derniers jours, des Fedayin étaient passés de Syrie au Liban-Sud, équipés d'armes contre avions et de roquettes antitanks.

    "Le Liban, a souligné M. Peres, est prisonnier d'un conglomérat de 9 organisations terroristes, qui menacent sa souveraineté en même temps qu'elles s'attaquent à la sécurité israélienne. La Jordanie, dans le passé, avait fort bien compris ce danger, et nous voulons croire que les dirigeants libanais en prendront conscience".

    "Tout le Liban-Sud, a encore précisé le ministre de la Défense, est devenu un Fathland. Et l'on ne saurait oublier que la Syrie a des visées expansionnistes qui constituent un véritable danger pour le Liban".

    "Quoi qu'il en soit, a conclu M. Peres, les forces de défense d'Israël ne laisseront pas le pays et ses habitants devenir la cible des Fedayin ou de forces étrangères postées au Liban".


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  • Mardi 7 janvier 1975:

    La prise du Vieux-Tripoli: 50000 LL pour qui aiderait à retrouver Ahmed Kaddour ainsi que ses 4 lieutenants:

    Une prime de 10000 LL per capita a été offerte hier par les responsables pour qui aiderait à retrouver Ahmed Kaddour, Fayçal Attrache, Albert Hélou, Abdel Ghani Kamoun et Mazhar Chami. Les 5 hors-la-loi, dont le groupe est classé "ennemi public numéro 1", sont maintenant, selon les informations que communique notre correspondant au Nord, Négib Iskandar, traqués dans les dédales des souterrains médiévaux qui relient les vieux souks de Tripoli à la Citadelle. Avant de plonger dans ce labyrinthe qu'ils connaissent mieux que personne, les 5 hommes ont abattu, hier au petit matin, un jeune gendarme, Mohammed Rifai, qui aurait eu la malchance de les débusquer alors qu'il se trouvait seul. Son corps a été retrouvé, la tête éclatée, par ses camarades, dans une ruelle étroite.


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  • Lundi 6 janvier 1975:

    Tripoli: l'armée donne l'assaut à la République des Hors-la-loi:

    La vieille ville investie:

    Bilan de l'opération: 2 tués, 12 blessés et 75 arrestations:

    (De notre correspondant permanent au Liban-Nord, Négib Iskandar):

    L'opération tant promise, attendue depuis 6 mois et à maintes fois ajournée, a enfin eu lieu hier, lorsque les forces de l'ordre ont réussi, après une journée de tension, entrecoupée d'échanges de coups de feu, à investir et à contrôler entièrement la vieille ville de Tripoli où s'étaient refugiés depuis 6 mois de nombreux hors-la-loi qui y faisaient régner le désordre et la terreur. En définitive, le bilan de l'opération est moins lourd qu'on ne l'escomptait: 2 tués, dont un agent des FSI, 12 blessés civils et militaires, un blindé Panhard endommagé, 75 personnes arrêtées et saisie d'un important lot d'armes de tout calibre, de grenades, d'explosifs et de munitions.

    C'est dimanche, à l'aube, que 40 blindés de l'armée et des FSI ont encerclé la vieille ville dont ils ont bloqué toutes les issues. Une fois le dispositif bien en place, l'assaut a été donné aux environs de 4h du matin. Les habitants des quartiers ont été réveillés en sursaut par le vrombissement des blindés. Aussitôt après, des haut-parleurs, montés sur les voitures de police, ordonnaient à la population de ne pas sortir des immeubles. Le couvre-feu a été également institué, l'électricité et le téléphone coupés, isolant la vieille ville du reste de Tripoli.

    C'est en 3 points de la vieille ville que l'assaut a été donné simultanément: Souk el-Attarin, Place Defterdar et Montée Rifahiyé. Le premier accrochage a eu lieu à Rihaniyé. L'échange de coups de feu a fait 1 tué civil, Ali al-Mir (non recherché par la police), et 6 blessés dont le capitaine Nassif Toubia, le conscrit Henri Moussa (dont l'état est assez grave), Wafa Halabi et Nada Azil. Au cours de la bataille, une charge de dynamite a été lancée par les hors-la-loi sur un blindé Panhard qui a été endommagé.

    Le second affrontement s'est déroulé un peu plus loin au lieu-dit "Hammam el-Makloub". Les forces de police ont réussi à blesser et à arrêter Ali Zohbi, un hors-la-loi, tandis que ses camarades réussissaient à prendre la fuite laissant sur les lieux une mitrailleuse et des explosifs.

    A 8h du matin, un calme relatif est revenu sur la vieille ville. Les coups de feu ont cessé et des commandos de l'armée et des FSI ont entrepris de fouiller une à une les maisons. C'est alors que le directeur général des FSI, le commandant de la gendarmerie et le Procureur général de la Cour d'appel sont arrivés sur les lieux et ont supervisé l'opération, que le ministre de l'Intérieur, le président Rachid Solh, a tenu à diriger lui-même.

    Comment les hors-la-loi ont réussi à s'enfuir:

    Lorsque les blindés ont commencé à ceinturer à l'aube la vieille ville, les repris de justice ont flairé le piège et la plupart d'entre eux ont quitté leur cachette pour se réfugier à l'intérieur de la Mosquée al-Moallak avant de s'abriter à l'intérieur de plusieurs immeubles où ils sont restés cachés durant toute la journée.

    Au cours de la fouille de la vieille ville, et notamment des domiciles d'Ahmed Kaddour et de Fayçal Attrache, les FSI ont mis la main sur plusieurs fusils mitrailleurs de divers types, des mines antichars, des explosifs de tout genre, des grenades, et du haschisch. Chez Kaddour, les commandos ont arrêté Mahmoud Hanach, Abdelrahman Ghannoum et une jeune femme, Khadra Ahmed Selman, qui a déclaré être l'épouse de Kaddour depuis 2 mois. L'opération-fouille s'est poursuivie jusqu'à 15h sans incidents.

    Mitrailleuses et bazookas:

    A 15h30, les FSI ont été prises sous un feu nourri d'armes automatiques place Defterdar. Le gendarme Ali Mohammed Nassereddine a été tué sur-le-champ. Les sergents Jaoudat Ibrahim et Assaad Ibrahim, le conscrit Saliba Rizk, le gendarme Georges Bazergi et les civils Khaled Cheikh et Khodr Bakkour ont été blessés. Au cours de l'engagement, qui a duré 3h, on a utilisé de part et d'autre des mitrailleuses, des bazookas, des grenades, des projectiles Energa et RPG.

     


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