• Histoire de l’armée libanaise contemporaine ; Colonel BEM Sami Rihana ; Tome 1 : les origines : la légion d’Orient et les troupes auxiliaires du Levant : 1916-1926 :

    1) Citations diverses :

    -La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. (Clausewitz).

    -La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, à savoir par la violence. (Théorie marxiste –léniniste).

    Titre Premier : Historique, cadre général, règlements :

    Chapitre 1 : La première guerre mondiale au Moyen-Orient :

    -L’intention politique est la fin, tandis que la guerre est le moyen, et l’on ne peut concevoir le moyen indépendamment de la fin. (Clausewitz).

    -Le début et la fin de la guerre sont l’affaire de l’homme politique et la stratégie de la guerre se développe de façon autonome. (Moltke).

    -L’objectif politique, comme mobile initial de la guerre, fournira la mesure du but a atteindre par l’action militaire, autant que des efforts nécessaires. (Raymond Aron).

    Section 1.1 : Extension de la guerre jusqu’au Moyen-Orient :

    -L’empire ottoman n’était plus qu’un champ clos ou se joue l’équilibre de l’Europe. (Edmond Rabbath).

    -La France, vu ses traditionnelles amitiés, poursuivait la politique d’aide fraternelle et d’influence culturelle et civilisatrice vis-à-vis des peuples de l’empire ottoman et notamment de ceux de la Syrie et du Liban.

    -Apres la défaite de la première bataille de la Marne en 1914, l’Allemagne voulut ouvrir un nouveau théâtre d’opérations au Moyen-Orient par l’intermédiaire des troupes ottomanes, en vue d’immobiliser une partie de l’armée britannique et de l’éloigner du théâtre européen. Les troupes ottomanes, basées sur la Mésopotamie, espéraient frapper le canal de Suez à travers le Liban et la Palestine.

    -Le 2 novembre 1914, la guerre fut déclarée entre l’empire ottoman et les Allies. Mais l’Egypte, la Syrie, le Liban et le Hedjaz se rangèrent aux cotes des Allies afin de s’affranchir de la domination ottomane.

    -Des actes militaires furent pris, surtout le blocus naval des détroits par l’Escadre Anglaise de Malte et la Division Navale Française de Syrie DNC, a partir du 23 août 1915 jusqu’au 25 décembre 1918.

    Section 1.2 : Les accords secrets interalliés :

    -Les accords Sykes –Picot du 16 mai 1916 divisaient l’empire ottoman en trois zones :
    1) Zones dans lesquelles les puissances contractantes pourraient organiser une administration directe ou indirecte :
    .Elles comprenaient le littoral libanais et syrien depuis Tyr jusqu’au Taurus avec la moitie du Kurdistan et de l’Arménie avec Diarbekir, Kharpout et la Cilicie jusqu'à Sivas. Elles étaient divisées entre :
    a)La France : la zone bleue formée de la Syrie de l’Ouest, le Liban, la Cilicie, le Kurdistan et la haute vallée du Tigre.

    Section 1.3 : Le désaccord entre arabes et ottomans au début de la première guerre mondiale :

    -La situation intérieure des pays arabes, surtout de la Syrie, et du Liban rendait l’état plus lamentable. Un mouvement des Nationalistes Arabes s’organisa depuis le 19e siècle, parmi les populations syro-libanaises. Ce mouvement, guide par les chrétiens, gagna le soutien des musulmans après 1908, ce qui lui procura un nouvel élan. Il mit l’accent sur l’histoire, la langue, la littérature et l’héritage arabe comme éléments d’unité et de regroupement.

    -L’opposition arabe s’accentua de jour en jour contre l’occupation étrangère. Des organisations se formèrent, notamment en Egypte et a Paris. La première réunion générale se tint a Paris entre le 18 et le 23 juin 1913 groupant des représentants de plusieurs organisations et des ressortissants libanais et syriens venus du Mexique, de la France et des Etats-Unis. Les assemblées demandèrent leur participation à la direction de l’empire.

    -En 1916, la situation s’aggrava encore. Les ottomans abrogèrent les privilèges du Mont Liban et l’envahirent. La situation intérieure de la Syrie devenait plus alarmante : famine, typhus, réquisitions de toute nature, levée des hommes rachetés antérieurement par le paiement de la taxe militaire et déportations des familles libanaises en Anatolie.

    -Section 1.4 : Les armées en présence sur le théâtre d’opérations du Moyen-Orient :

    a)Les armées alliées :

    b) Les armées ottomanes :

    Section 1.5 : Supériorité des armées alliées :

    -Nous préférons mille fois voir l’influence française rester chez nous que de voir s’y glisser celle des allemands. (Djemal Pacha).

    -Falkenhayn et Djemal Pacha ne purent se mettre d’accord et la question du Commandement fut renvoyée aux chefs politiques. (Von Papen).

    -Le modeste soldat turc doit vivre sans manger. (Major allemand Kubel).

    -Depuis deux ans environ, on n’a pas laisse aux troupes le temps indispensable a leur instruction. On les a constamment disloquées avant que les petites ou les grandes unités aient acquis de la solidité et de la cohésion. (Général Sanders).

    -Le soldat turc, affaibli par une nourriture insuffisante, arrivait à manger les épluchures d’oranges jetées sur le sol et offrait peu de résistance à l’épidémie. (Chamoun).

    -Les problèmes que nous allions avoir a résoudre en juin 1917 étaient singulièrement épineux : l’énormité des distances, l’insuffisance tragique des moyens de transport. (Von Papen).










    Chapitre 2 : Formation de la Légion d’Orient :

    Section 2.1 : Le Détachement français de Palestine –Syrie :

    -Conformément aux accords Sykes –Picot, et se referant a ses traditions et intérêts, la France eut été fondée a réclamer le commandement du théâtre d’opérations de Palestine –Syrie. Mais ses charges sur les fronts principaux ne lui permettaient pas d’exclure les forces suffisantes pour ouvrir un nouveau front. C’est pourquoi elle chargea la Division Navale de l’Orient de se diriger en hâte vers la Méditerranée et de stationner à Rouad, afin de surveiller et de rendre compte.

    -Le 23 août 1915, le blocus naval des cotes du Liban, de la Syrie et de l’Asie Mineure fut établi officiellement, et l’Ile de Rouad occupée, sans coup férir, le 1er septembre 1915 par les compagnies de débarquement du Jeanne d’Arc et du Jaurequiberry. Le commandant Trabaud fut nomme gouverneur de l’île. Sur le rocher de Rouad flottait le drapeau français, que les populations libanaises pouvaient contempler a l’horizon comme le symbole de l’attention française a leur égard.

    -Il n’entrait pas dans les vues de la France, ni dans ses moyens, de prendre une part active dans les opérations du Levant. Mais, par un cote soi-disant sentimental, moral et traditionnel, elle estimait qu’une escorte de drapeau devait être envoyée au Levant. C’est ainsi que fut constitue le Détachement Français de Palestine (DFP) en 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel Philipin de Piepape, comprenant deux bataillons du 115e régiment d’infanterie territorial et un escadron de cavalerie. Il reçut la mission d’escorter le commissaire français et son pavillon et de symboliser l’alliance franco-britannique. Il n’avait à jouer en Palestine que le rôle de troupes de garnisons et d’étapes et non celui de troupes combattantes.

    -Le 27 mars 1918, le DFP changea d’appellation pour prendre celui de Détachement Français de Palestine –Syrie (DFPS).

    -Le DFPS joua un rôle efficace dans l’offensive alliée du 19 septembre 1918 et dans l’occupation de la Palestine, du Liban et de la Syrie, ce qui lui valut les félicitations du général Allenby.

    -En novembre 1918, le colonel De Piepape céda le commandement du DFPS au général Hamelin qui réarticula cette troupe en vue de l’occupation du pays et des services administratifs afin d’organiser des colonnes mobiles de propagande pour l’armée française dans la zone bleue.

    -Dans le premier semestre de 1919 et, en vue d’une relève des troupes anglaises en Syrie et en Cilicie, le DFPS fut porte a :
    *4 Régiments d’infanterie plus un Bataillon (Légion arménienne et Légion syrienne comprise).
    *2 Régiments de cavalerie a 4 escadrons chacun.
    *4 batteries d’artillerie.
    *1 escadrille d’aviation (575).
    *Des services.
    Ces troupes prirent alors la nomination de Troupes Françaises du Levant (TFL) le 10 janvier 1919.

    -Les TFL furent chargées de l’occupation du Liban, du pays des Alaouites et de la Cilicie. Mission très vaste par rapport a leurs moyens, vu l’état d’insécurité qui y régnait. Pour s’acquitter efficacement de cette mission, le général Hamelin articula les TFL en deux brigades mixtes, une en Syrie et l’autre en Cilicie et leur donna la nomination de l’Armée du Levant (AL) a partir du 27 octobre 1919.

    -Le 15 octobre 1919, une décision fut prise a Paris pour organiser l’AL en trois divisions. Le 8 octobre, le général Gouraud fut nomme haut-commissaire en Syrie et Cilicie et commandant en chef de l’AL. Il débarqua à Beyrouth le 12 novembre 1919. Suite a sa demande, l’AL fut portée a 52 bataillons constituant 4 fortes divisions.

    Section 2.2 : Décision de création de la Légion d’Orient :

    -La Légion d’Orient groupait des soldats auxiliaires originaires des pays du Moyen-Orient et notamment des arméniens, des syriens et des libanais.

    -Donner la possibilité aux arméniens, libanais et syriens de collaborer à la libération de leurs pays, occupes par les ottomans.

    -De nouveaux renseignements ayant signale le désir de nombreux libanais et syriens de combattre sous le commandement français, le commandant Romieu reçut l’ordre d’étendre son étude pour l’utilisation éventuelle de ces derniers qui résidaient en Egypte, en France et en Amérique, dans le cadre de la LO.
    -L’instruction sur l’organisation de la LO parut le 26 novembre 1916 avec un tableau d’effectifs. Le 1er décembre, un camp d’entraînement fut installe a Monarga (24 Km au Nord de Famagouste a Chypre).

    Section 2.3 : Circonstances de création de la LO :

    Paragraphe A : Choix de la France :

    1. Les traditions françaises au Levant :

    Les relations amicales entre la France et les peuples du Moyen-Orient datent depuis longtemps. Le choix de la France incarnait en fait le reflet des traditions françaises implantées dans l’histoire. Le Roi Saint Louis, après sa bataille de Saint Jean –d’Acre, écrivait a l’Emir du Liban, le 21 mai 1250, une lettre dans laquelle il proclama : « Quant a nous et a ceux qui vont nous suivre sur le trône, nous serons dans le droit de procurer a votre peuple la même protection procurée pour les français ».
    Louis 14, Louis 15 et Louis 16 suivirent la même politique vis-à-vis du peuple libanais.

    -M. Guizot, ministre français des Affaires Etrangeres, écrivit au consul de France a Beyrouth, M. Bourrée, en 1841, que : « Vous deviez éviter tout ce qui pouvait blesser sans nécessite les susceptibilités des turcs, que pour eux comme pour leurs sujets, nous devions être autant que possible des amis, des protecteurs, des conciliateurs, et cette double position, plus difficile aujourd’hui qu’a d’autres époques, doit pourtant être maintenue avec d’autant plus de soin que de tout temps, elle a été le principe et la base de notre influence en Orient ».

    -En 1860, c’est la France qui reçut des Puissances européennes, la mission de rétablir l’ordre en Syrie et au Liban et d’exiger du Sultan ottoman une administration plus équitable du pays. A cet effet, un corps expéditionnaire français débarqua à Beyrouth et rétablit la tranquillité dans la région.

    -Ces traditions d’assistance militaire, culturelle et sentimentale avaient fait du Moyen-Orient en général et du Liban en particulier « la France d’outre-mer », décrite éloquemment dans la déclaration de M. Poincaré, président de la République, a la tribune du Sénat français, le 21 décembre 1912 : « Je n’ai pas besoin de dire qu’au Liban et en Syrie, nous avions des intérêts traditionnels et que nous entendons les faire respecter. Nous n’y abandonnerons aucune de nos traditions ».
    Effectivement, la France jouissait dans toutes les provinces de l’Empire, Syrie, Liban, Irak, Palestine et Yémen, d’un immense prestige.

    -C’est surtout au 18e siècle, durant la période cruciale ou le sort de la Turquie pouvait dépendre de l’appui diplomatique qu’elle trouvait auprès du Roi très chrétien, que ces efforts portent leurs premiers fruits. L’ambassadeur de France auprès du Grand –Seigneur tient les fils du réseau politique et économique qui s’étend sur le Levant. (Edmond Rabbath).

    -En 1842, le consul de France protesta le premier contre la politique suivie par Omar Pacha al –Namsawi, nomme gouverneur au Liban. Le consul de France, Poujade, s’attribua le succès de l’élection de l’évêque Youssef al –Khazen, en 1845, comme Patriarche maronite ; en réalité, elle fut surtout l’œuvre des jésuites avec lesquels Poujade entretenait des relations cordiales. (Dominique Chevallier).

    -Dans un passe plus récent, l’idée d’envoyer une force internationale au Liban était née à Paris. Le premier contingent de la Force Multinationale qui débarqua a Beyrouth le 21 août 1982, pour s’interposer entre les troupes israéliennes et palestiniennes, était français. Le Figaro du 13 septembre 1982 écrivit en grandes lettres : « La France doit aider le Liban ». Plusieurs militaires français payèrent de leur sang, le prix de ces traditions a Beyrouth. Bien sur, les traditions continuent a exister.

    2. Distribution des zones d’influence par accords secrets :

    -La Cilicie, pays des arméniens et la Syrie, pays des syriens, échouèrent dans la zone française. Il était nécessaire que la France soit chargée de l’organisation militaire de ces populations.
    Effectivement, « en décembre 1912, un échange de télégramme entre Paul Cambon et Edward Gray, fait adopter pour la Syrie la formule suivante : l’Angleterre affirme son désintéressement politique en ce qui concerne la Syrie » (Dominique Chevallier).


    3. Symbolisation de l’alliance franco-britannique :

    -Le commandement anglais fit connaître officiellement son intention d’attaquer les positions ottomanes au début de janvier 1917. Il demanda au gouvernement français s’il désirait participer à cette offensive en favorisant un soulèvement en Syrie sous n’importe quelle forme.
    Cette proposition se concrétisa par la formation de la Légion d’Orient.






    Paragraphe B : Rôle du commandant Romieu et du capitaine Coulondre :

    -Le chef de bataillon Romieu, désigné comme responsable de l’organisation de la Légion d’Orient par la décision ministérielle du 21 septembre 1916, débarqua a Port Saïd le 11 octobre. Il se dévoua entièrement à sa tache qu’il accomplissait avec beaucoup de délicatesse et d’attention. Il avait su communiquer aux unités de la Légion d’Orient un esprit excellent, malgré leur composition disparate et le manque de cohésion dans leur formation. Il était l’âme de la Légion d’Orient.

    -Le capitaine Robert Coulondre appartenait à la carrière diplomatique avec le grade de consul de France. Il avait été nomme adjoint du haut-commissaire, M. Georges Picot, et assumait, en son absence, l’intérim du haut-commissaire. Il avait occupe, de 1912 a 1914, un poste au Consulat de France a Beyrouth, d’où son influence prépondérante sur les libanais.

    -M. Youssef Hakim, ancien secrétaire général du gouvernement du Mont Liban, en décrivant une entrevue qu’il avait eue avec M. Coulondre, fit son éloge et exprima de l’estime pour sa personnalité.
    L’influence du capitaine Coulondre avait été marquante surtout pour le recrutement des légionnaires libanais qui entraient le plus souvent en contact avec lui à cet effet.

    Paragraphe C : Visées françaises dans le projet :

    Les raisons qui avaient amené le gouvernement français à accepter la tache difficile de grouper les réfugiés arméniens et syriens dans une organisation militaire, en leur fournissant les armes et le matériel nécessaires, étaient multiples et variées et pourraient être classées en raisons politiques, militaires et humanitaires.

    1. Affirmation des droits français en Syrie et Cilicie :

    -Le gouvernement français voulut faire sentir sa présence militaire dans sa zone d’influence et avoir sous la main, au cas ou la rébellion arabe s’étendait jusqu’en Syrie, un corps militaire discipline lui permettant d’organiser les pays occupes. Cette volonté était bien décrite dans la lettre de M. Defrance, ministre français en Egypte qui écrivit : « Nous avons le plus grand intérêt a avoir dans la légion des syriens quelle que soit leur valeur au point de vue militaire ; c’est leur présence qui justifie surtout la création de la Légion d’Orient. C’est elle qui affirme nos vues sur la Syrie. C’est elle qui, autorisée et encouragée par les Etats-Unis, en ce qui concerne les volontaires syriens d’Amérique, et par d’autres, constitue une reconnaissance avant la lettre de nos projets et de nos droits ».

    -Le recrutement des syriens et des libanais avait une signification politique importante pour l’avenir de la présence française dans la zone bleue, ainsi que l’avait si bien mentionne le général Hamelin dans son rapport du 29 mars 1919 : « Il y a un intérêt politique a utiliser en Syrie, quelques bataillons syriens ».

    2. Secours aux populations arméniennes, libanaises et syriennes pour secouer le joug ottoman :

    -L’état-major français au Caire songeait a former avec des éléments locaux un corps de partisans afin de pouvoir les réunir en temps voulu, les semant un peu partout : arméniens a Alexandrette, Noucairies a Lattaquié et libanais a Jounieh, pour faire lever, comme un ferment, toute la région contre les ottomans.
    Le ministre français en Egypte écrivit le 9 septembre 1916 dans le même sens que : « Les libanais sont les seuls sur lesquels la France pourrait compter. En tout cas, ils sont voues aux massacres s’ils n’ont pas derrière eux un appui militaire efficace de notre part et une base sur la cote nous permettant de les ravitailler en armes et en vivres ».

    3. Réponses aux demandes de recrutement des populations :

    Le gouvernement français, en formant la Légion d’Orient, répondait aux milliers de demandes présentées par les arméniens, les syriens et les libanais. Depuis le début de la guerre, les syriens et les libanais résidant en Egypte, en France, en Amérique et surtout aux Etats-Unis et au Brésil, avaient exprime a plusieurs reprises le désir de combattre sous la direction française.
    M. Georges Vayssie, directeur du journal « Le Caire » qui se trouvait a Beyrouth pour un certain temps écrivait : « Le peuple de la montagne, comme en 1870, vint a nous, suppliant de lui donner des armes et des bateaux pour rejoindre nos soldats ».

    -Dans tous les pays d’émigration et partout ou se trouvaient des libanais et des syriens, existaient des comites qui ne rêvaient que d’une action contre l’empire ottoman. A New York, un ancien officier libanais prit l’initiative d’un comite d’enrôlement. Au Brésil, un autre, qui avait commande la révolution militaire de 1913, accourut jusqu'à Paris offrir ses services et ceux de son groupe. Il proposa la centralisation des efforts des volontaires libanais et syriens en vue d’une action en Syrie.

    4. Procuration des renforts au DFPS :

    -A la demande du gouvernement britannique, l’état-major français voulut participer activement aux opérations de l’EEF au Levant et surtout dans la zone bleue. Mais, étant bien chargée sur les autres fronts, la France ne pouvait pas organiser un corps expéditionnaire assez important pour l’envoyer en Egypte. Ceci l’amena a recruter des soldats auxiliaires parmi les populations du Moyen-Orient, surtout des arméniens, des syriens et des libanais, en les groupant dans des unités de combat pour renforcer le DFPS.

    5. Emploi de la Légion d’Orient dans des actions d’intervention française en Syrie ou en Cilicie :

    Les Allies projetaient depuis 1916 des plans d’intervention en Syrie et Cilicie sous plusieurs formes, notamment un débarquement des troupes françaises appuyées par un soulèvement général contre les ottomans. La Légion d’Orient constituait ainsi une partie des troupes débarquées, en vue de faire la jonction avec les insurgés par des soldats de leur pays.

    Paragraphe D : Rôle des autorités britanniques au Moyen-Orient :

    -Le DFPS était subordonne au commandement britannique au Moyen-Orient, et le général Hamelin ne détenait pas de pouvoirs suffisants pour prendre des initiatives. C’est pourquoi les britanniques purent jouer un rôle important dans l’histoire de la Légion d’Orient.

    -En 1916, les autorités anglaises favorisèrent le projet de création de la Légion qui fut organisée après la suggestion du général Clayton et a laquelle elles fournissaient les armes et les provisions. Mais cette politique ne dura pas longtemps et des malentendus commencèrent à se faire sentir, surtout après l’occupation de la zone bleue par les troupes alliées.

    -Nous saurions dégoûter la France de la Syrie et la Syrie de la France. (Sir Mark Sykes).

    -Les autorités anglaises proclamèrent, après l’occupation du Liban et de la Syrie, la caducité des accords de 1916, hypothéqués a l’avance par un engagement avec le Chérif Hussein. C’est ainsi qu’elles purent détacher Mossoul de la zone française.

    -Le général Allenby considérait que Beyrouth devait rester sous son contrôle malgré les accords de 1916 et n’avait pas consenti, en octobre 1918, à l’établissement d’une ligne de communication séparée pour le DFPS passant par ce port. Ceci amena M. Clemenceau a déclarer au Quai d’Orsay devant les représentants de 5 puissances, le 18 juillet 1919 : « Le général Allenby avait agi en Syrie en anglais et non pas en commandant en chef des troupes alliées. Il interdit les troupes françaises de pénétrer en Syrie ».
    Dans le même  sens, le capitaine William Yale écrivit dans son rapport : « Les anglais voulaient mettre la main sur la Palestine et la Syrie. Ils ne voulaient pas voir les français, même au Mont Liban ».

    -L’attache militaire français auprès du commandement anglais fit savoir le 19 janvier 1919 que ce dernier s’était déclaré oppose a l’envoi des renforts français en Syrie par crainte de provoquer le mécontentement des syriens et notamment des musulmans.

    -Quant au recrutement des soldats auxiliaires pour la Légion d’Orient, les anglais s’étaient toujours déclarés contre l’enrôlement des musulmans de la Syrie, par crainte de déplaire au chérif Hussein.

    -Les britanniques créèrent toutes sortes d’embarras pour le débarquement et l’emmagasinage sur les quais de Beyrouth, des céréales destinées aux populations libanaises.

    Paragraphe E : Motifs d’enrôlement des légionnaires :

    -Les motifs d’enrôlement des arméniens, des libanais et des syriens étaient très divers et varies. Chaque légionnaire avait sans doute des raisons personnelles qui se concrétisaient par son acte d’engagement.

    1. Contribution des légionnaires a la libération de leur pays du joug ottoman :

    -La cause la plus prononcée qui avait pousse les arméniens, les syriens et les libanais à s’enrôler dans l’armée française était le reflet de leur volonté de secouer le joug ottoman et de se mettre, d’une façon ou d’une autre, sous la protection de la France.

    -Les ottomans se livraient depuis 1915 à de terribles exactions contre les populations libanaise, syrienne et palestinienne, coupables d’intelligence avec la France et l’Angleterre. Le tiers de la population libanaise périt de la famine qui augmentait de jour en jour.
    Ils procédèrent en décembre 1916 à l’abrogation des privilèges et de la constitution du Mont Liban reconnus par les Puissances européennes. Les libanais chrétiens, druzes et metwalis, qui n’étaient pas soumis aux charges du service militaire obligatoire, devaient l’être à partir de cette date. Les troupes ottomanes envahirent la montagne. Les premiers contingents y pénétrèrent par le col du Baidar et par ceux du Sannine.

    -Apres les troubles confessionnaux de 1860, le Mont Liban sortit avec un statut administratif international contrôle par les 5 puissances européennes, élaboré a Constantinople (1861-1864) et qui lui assura jusqu’en 1914, une autonomie paisible. Il reconnaît aux libanais la parfaite égalité devant la loi. Le Mont Liban n’envoyait pas de représentants à la Chambre ottomane, ce qui fut le signal de son indépendance. Le gouverneur (moutassarrif) était chrétien ottoman mais non libanais.
    « La position privilégiée du Mont Liban, renforcée par l’intérêt que lui portaient les grandes puissances européennes était par la soulignée ». (Dominique Chevallier).
    « Le gouverneur du Mont Liban avait le rang de Vizir. Les libanais n’étaient pas astreints au service militaire ». (Chamoun).
    Mais par contre, le plan ottoman de Djemal Pacha visait la réduction du Liban au rang d’une province ottomane. Il nomma trois députés et les envoya à Constantinople à cet effet.

    -Les navires français en Méditerranée, l’occupation de Rouad par la Marine française, la menace d’un débarquement sur la cote libanaise, tous ces facteurs devaient inévitablement inciter Djemal Pacha a prendre des mesures de plus en plus sévères en vue d’arrêter la montée de cette psychose.
    Ces abus étaient surtout dirigés contre les chrétiens. Une note de la Division Navale de Syrie (DNS), écrite le 15 avril 1916 et résumant la situation en Syrie et au Liban, donne une idée claire de la terreur des populations chrétiennes : « Au début de l’année 1916, les turcs ont exile de Beyrouth 150 familles en majorité chrétiennes. Le curé Youssef el Haich a été pendu à Damas pour avoir reçu une lettre de son fils, soldat français en Algérie. Les soldats turcs des garnisons ont eux-mêmes annoncé que les chrétiens ne sont actuellement tolérés que pour le travail de la terre et des que la récolte sera prête, les chrétiens seraient massacres ».
    Ceci explique la majorité chrétienne parmi les recrutes syriens dans la Légion d’Orient.
    Les musulmans aussi étaient exaspérés. 12 de leurs notables venaient d’être pendus sur la place publique de Beyrouth, justement pour avoir pensé à se débarrasser des ottomans. Ceci coïncidait avec le désir des Nationalistes Arabes de revivifier la gloire arabe et de renouveler la civilisation et même l’indépendance arabe.

    2. Attachement de la population a la France :

    -L’attachement des syriens en général et des libanais en particulier a la France avait atteint son apogée durant l’année 1916. Les libanais lui étaient restes entièrement fidèles. L’autonomie qu’ils lui devaient leur avait permis de développer leur instruction et leur civilisation et ils aspiraient vivement à leur annexion par ce pays. Le rapport du comite King-Krane de 1919 avait en effet mis l’accent sur cette vérité en énonçant que : « Des organisations libanaises très puissantes demandent le détachement du Liban de l’Etat Arabe et la coopération avec la France ».

    -Camille Chamoun, ancien president de la Republique libanaise, note a ce sujet : « Nes dans un pays officiellement ottoman, sans avoir quoi que ce soit de commun avec le reste de l’Empire. Isoles de ces populations et de leurs idees, nous nous tournons vers l’Occident, principalement vers la France dont nous admirions les traditions et nous assimilions la culture. Pour nous, elle devint le modele dont il fallait suivre l’exemple ».

    -Plusieurs sectes musulmanes aussi, notamment les Noucairies, les Metwalis et les Druzes, firent savoir au contre-amiral, Commandant de la DNS, qu’ils etaient disposes a prendre les armes contre les ottomans, a condition que les Allies leur procurent le ravitaillement en armes, munitions et vivre.

    -Meme en Amerique, les deux principaux groupes, representant a New-York des syriens et libanais de toutes races et croyances, inviterent, en octobre 1918, le Consul general francais a deux reunions au cours desquelles ils manifesterent avec unanimite leur attachement a la France et l’espoir de voir la destinee de leurs pays confiee a cette grande puissace alliee.

    2.4 :Valeur de la Legion d’Orient :

    La Legion d’Orient avait combattu a cote des armees alliees qui avaient une experience assez importante au combat et une valeur militaire incontestable. Son role etait proportionnel a sa composition et a ses effectifs. Le commandement britannique apprecia la Legion d’Orient malgre les difficultes de toutes natures qui entravaient sa constitution et le bon deroulement de ses services.

    Paragraphe A : Valeur militaire des recrutes :

    -La valeur militaire des recrutes variait suivant leur origine. En general, les libanais et les syriens etaient d’un amour propre tres impressionnable, energiques, mais d’une valeur militaire moyenne. Ils n’avaient pas l’esprit militaire ou guerrier et pouvaient tenir les postes secondaires ou le gout du travail n’est pas indispensable. Ils n’avaient pas a ce stade l’ideal national assez ardent pour dissiper les jalousies qui les divisaient et surtout pour faire naitre en eux l’esprit guerrier.

    Paragraphe B : Valeur generale de la Legions d’Orient :

    -C’etait surtout durant la grande offensive contre Naplouse du 19 septembre 1918 que la Legion d’Orient, au sein du DFPS, avait mene le combat le plus dur face aux positions allemandes bien preparees. La droite francaise etait tenue par la Legion d’Orient et le centre par un detachement de cavalerie renforce par la compagnie libanaise. Les legionnaires armeniens qui recevaient ce jour-la le bapteme du feu, ne broncherent pas sous la violence du bombardement, s’accrocherent au terrain et, faisant charniere, permirent aux legionnaires libanais et aux spahis de continuer leur attaque et de conquerir leurs objectifs.

    Paragraphe C : Religions, ethnies des recrutes et leurs categories sociales :

    -La Legion d’Orient etait alimentee par des legionnaires appartenant a trois ethnies differentes : armenienne, syrienne et libanaise. Ils etaient repartis dans les unites d’apres leurs ethnies et leurs religions.
    Le premier contingent groupait les armeniens du Djebel Moussa.
    A la fin de 1916, le commandant Romieu resumait la situation de ses unites comme suit :
    « Effectifs armeniens : une compagnie.
    *Syriens non musulmans : Mgr. Darien promet 500 hommes d’Egypte et 1500 d’Amerique. Donc prevoir cadres d’une compagnie libanaise.
    Lieutenant Coulondre et Sergent Boustany tres utiles dans le premier cadre.
    *Syriens musulmans : question reservee ».

    -A partir de fevrier 1917, Romieu commencait a constituer le noyau de la premiere compagnie syrienne avec 50 deserteurs chretiens choisis parmi ceux recueillis a Rouad par la DNS et desireux de servir dans la Legion d’Orient.

    -La 23e compagnie libanaise fut formee de 250 libanais chretiens, le 1er mars 1917.
    De la liste des noms des engages libanais, on pourra remarquer qu’ils etaient chretiens. Ceci amena le Commandant Romieu a noter dans son rapport du 1er janvier 1917 : « Pour les syriens, on ne peut compter encore que sur les libanais chretiens ».

    -Les chretiens et surtout les maronites, resterent majoritaires a la Legion d’Orient. Ils sentaient le besoin de la protection francaise face aux mouvements nationalistes arabes grandissants, au Moyen-Orient.

    -Le Sergent Boustany, qui avait aide le Commandant Romieu dans le projet, etait le fils d’un membre tres influent de l’Union Syrienne et appartenait a une des familles les plus nombreuses au Liban.

    -Le soldat auxiliaire Michel Choueiry s’etait enrole au cours d’un sejour en Egypte pour des affaires commerciales.

    Section 2.5 : Role de la Division navale de Syrie (DNS) :

    -La DNS avait joue un role important dans l’histoire de la Legion d’Orient et de la guerre au Moyen-Orient. C’est elle qui avait transporte les unites de la Legion d’Orient de Chypre en Egypte puis au Liban. En plus, elle avait monte le fameux blocus naval des cotes de Syrie, du Liban et de la Cilicie et organise l’approvisionnement du DFPS.

    -La DNS avait deux missions principales au Moyen-Orient :
    1-Le blocus des cotes.
    2-La guerre sous-marine dans la Mediterranee.

    Le blocus naval, monte a partir du 23 aout 1915 jusqu’au 25 decembre 1918, isolant le Liban et la Syrie, crea de serieux problemes d’approvisionnement aux armees ottomanes en Palestine et en Syrie et mit les autorites francaises en contact avec la population libanaise hostile aux ottomans.

    -Le 1er septembre 1915, la DNS, commandee par l’Amiral Dartige du Fournet, occupa l’ile de Rouad en signe de represailles contre la pendaison des notables libanais.

    -Le 7 octobre 1918, et par un ordre du ministre de la Marine, la DNS prit possession du port de Beyrouth. Le contre-amiral Varney y debarqua le premier sans escorte, suivi le deuxieme jour du general Allenby et du colonel de Piepape. Ceci avait convaincu l’Emir Faycal de retirer son representant de Beyrouth. A partir de decembre, la DNS organisa le ravitaillement de la population civile du Liban, en installant des centres de distribution de vivres. Elle perfectionna la base militaire et maritime de Beyrouth et celle d’Alexandrette en vue du soutien logistique et administratif de l’Armee du Levant.

    Chapitre 3 : Reglements des auxiliaires de la Legion d’Orient :

    Section 3.1 : Principes d’organisation :

    L’instruction sur l’organisation de la Legion d’Orient parut le 26 novembre 1916 et regla son administration, ses services et le recrutement de ses elements.
    Les recrutes devaient etre d’origine ottomane (armeniens, libanais, syriens ou arabes), enroles par voie d’engagement volontaire pour la duree de la guerre et desireux de combattre contre les ottomans. Ils etaient a la solde du gouvernement francais, sans etre incorpores dans le cadre actif et n’avaient pas le droit, en cas d’inaptitude au service resultant de blessure, maladie ou accident, a aucune pension de retraite.
    Aux cadres, choisis parmi les officiers et les sous-officiers de l’armee active ou servant a titre d’etrangers, pouvaient s’ajouter des cadres auxiliaires choisis parmi les legionnaires. Les cadres francais et auxiliaires touchaient les memes traitements.

    Section 3.2 : Conditions de recrutement des legionnaires en Orient :

    -Le lieutenant-colonel Michel Choueiry (retraite en 1940), decrivait son engagement en Egypte comme suit : « En mars 1917, j’etais en Egypte pour des affaires commerciales. Je rencontrais un officier francais qui s’appelait Coulondre. Il m’avisa qu’il recrutait des libanais et des syriens pour l’Armee du Levant. Je m’y engageais avec Edouard Chiniara, Maurice Sabbagh, Georges Darazi et d’autres.
    A Port Said nous suivions des cours sur l’armement, le combat et l’organisation du terrain. Notre instruction terminee, nous fumes envoyes a Rouad, pour nous joindre a beaucoup d’autres venant de l’Amerique et de l’Europe ».

    Section 3.3 : Recrutement dans les camps anglais par Commissions de recrutement :

    Section 3.4 : Conditions de reception en France des volontaires de la Legion d’Orient residant en France ou a l’etranger :

    Paragraphe A : Mise en route des volontaires vers Port-Said et Chypre :

    Paragraphe B : Compte rendu au ministre :

    Paragraphe C : Resiliation des engagements :

    Section 3.5 : Roles des ligues libanaises dans le recrutement :

    Avant l’adoption du projet de la Legion d’Orient, beaucoup de libanais et de syriens venant des pays d’emigration, rejoignirent la Legion etrangere. En plus ils adopterent depuis le commencement des hostilites, une attitude nettement defavorable aux ottomans et organiserent des Comites de secours nationaux, en vue de faire parvenir des subsides a leur patrie.
    Les francais sentirent la satisfaction des possibilites et de l’enthousiasme des comites libanais et syriens dans les deux Ameriques et surtout des comites de Paris.
    Le 11 aout 1916, une reunion generale des comites se tint a Sao-Paulo, des allocutions ardemment patriotiques furent prononcees et des articles dans la presse arabe parurent en faveur de la creation d’un corps de volontaires syriens pour combattre aux cotes des Allies. Les comites libanais se mirent en rapport avec les autres comites orientaux dans les deux Ameriques pour propager ce mouvement et avec le consul de France a Sao-Paulo pour les recommander au gouvernement francais.
    C’etait surtout apres le rapprochement entre la Grande-Bretagne et les nationalistes arabes, que les Comites libanais, a predominance chretienne et specialement maronite sentirent le besoin du soutien de la France dans leur combat d’influence. En plus, un comite central, a majorite chretienne du Mont-Liban, se forma a Paris dans le but d’unifier les activites des autres comites pour combattre les mouvements arabes favorables au cherif Hussein.
    Les comites des Ligues libanaises et de l’Union libanaise des deux Ameriques etaient tres dynamiques et actifs dans le recrutement des libanais, comme le montre la lettre adressee aux libanais et syriens d’Amerique.
    La Ligue libanaise de New York payait les frais de voyage des volontaires pour la Legion d’Orient et dressait les listes d’engages sur lesquelles figuraient les sommes d’argent avancees, pour le remboursement par le ministere de la guerre –section d’Afrique.
    Le Comite libanais de Sao-Paulo (au Bresil) fit connaître qu’il disposait de 200 volontaires pour la Legion d’Orient. L’Emir Arslan telephona de Buenos Aires qu’il etait prêt a faciliter les voyages des volontaires pour la France, aussitôt qu’on lui ferait savoir a quelle autorite il pourrait les adresser.
    Le Patriarche maronite Hoyek, chef de la deuxieme delegation libanaise a la Conference de paix, proclama dans son discours devant cette derniere en 1919 que : « Bien qu’au point de vue legal et international, le Liban n’ait pas ete en etat de guerre avec les Empires centraux, cet etat de guerre a existe en fait. Des le mois d’aout 1914, et malgre des difficultes de tous ordres, des contingents libanais, accourus du Liban et des pays des emigrations, s’enrolaient sous les drapeaux allies ; nombreux sont ceux qui, sur les fronts de France, de Dardanelles, de Salonique et de Palestine, payerent de leur sang leurs sympathies pour les Allies et leur amour de la liberte ! »
    Le president de la Republique libanaise, M. Bechara el-Khoury, se souvenait aussi du role des comites libanais en proclamant dans son discours aux emigres, le 20 octobre 1945 : « Nous nous souvenons tous de nos enfants qui avaient servi dans les armees alliees dans la premiere guerre, et qui avaient coopere dans les efforts de la guerre pecunierement et moralement ».
    Les autorites francaises, a leur tour, sentirent les capacites des emigres et leur role. Le general Gamelin, chef de la section d’Afrique a l’etat-major francais, ecrivit dans son rapport au ministre ce qui suit : « Les syriens, chretiens ou arabes, sont signales comme pouvant fournir de nombreux enrolements. Ils ont emigre en grand nombre dans les vingt dernieres annees pour echapper a la tyrannie arbitraire du gouvernement ottoman.
    Ceux qui se sont etablis en Amerique sont en majorite vigoureux et jeunes. Beaucoup d’entre eux ont laisse leur famille en Turquie et attendant l’occasion de combattre l’ennemi hereditaire ».

    Section 3.6 : Soldes et allocations :

    Paragraphe A : Solde :

    Paragraphe B : Allocations aux legionnaires :


    Section 3.7 : Ordinaire :

    -Les officiers pouvaient recevoir a titre remboursable, quand la situation des approvisionnements le permettait, une ration journaliere, par les soins de la Division Navale de Syrie ou le service d’intendance travaillant a la Legion.

    -Une indemnite representative en vivres, concretisee par un nombre variable de rations par jour, etait allouee aux officiers de la Legion d’Orient. Ces rations, fixees par le Commandement administratif, variaient entre deux et demi et un et demi.

    Section 3.8 : Tenue des legionnaires :

    -Les legionnaires etaient immediatement pourvus d’une tenue militaire de campagne d’Afrique des tirailleurs algeriens en couleur kaki comprenant :
    *capot, vareuse et culotte ample en drap.
    *vareuse et culotte ample en toile.
    *ceinture en laine rouge.
    *bande molettiere.
    *brodequin cloute.
    *manteau (gandoura).
    *bonnet de police.
    *linge de corps.

    -Les ecussons en drap rouge portaient une etoile en laine jaune a 5 branches.

    -Les grades recevaient les insignes de grades qu’ils posaient sur les manches.

    -La coiffure comprenait, pour les chretiens, le casque et le bonnet de police en couleur kaki et pour les musulmans le tarbouch.

    -C’est ainsi que l’unique tenue des legionnaires etait celle de travail, utilisee pour le combat et les sorties.

    -Pour le materiel de campement, il comprenait :
    *la toile de tente employee, en meme temps, comme impermeable individuel et comme tente par le groupement de 4 ou 5 toiles ensemble.
    *les outils portatifs individuels et collectifs employes pour l’organisation du terrain, recus par les legionnaires au moment du depart au combat.
    Section 3.9 : Armement :

    Les unites de la Legion d’Orient, vu leur composition, etaient dotees d’armement francais leger. Durant la periode 1916-1920, elles ne possedaient aucun armement lourd, mais pouvaient etres soutenues par les autres formations du DFPS dotees de differents genres d’armes lourdes et semi-lourdes, de canons, de chars et meme d’avions.
    C’est pourquoi les unites du DFPS s’articulaient suivant les situations tactiques.
    L’armement disponible dans l’armee francaise au Moyen-Orient pouvait etre classe comme suit :
    a) Armement individuel.
    b) Armement collectif.
    c) Armes d’appui.

    Paragraphe A : Armement individuel :

    Chaque combattant de la Legion d’Orient disposait d’une des armes suivantes :
    -pistolet Lebel modele 1892 de 8mm.
    -fusil modele 1886-1893 Lebel de 8mm, de magasin tubutaire a 8 cartouches.
    -fusil 1907-1915.
    -carabine modele 1892.
    -mousqueton modele 1892.
    -grenades : tromblon VB, lance grenade ; grenade F1 offensive, 1915 ; grenade 0F-defensive, 1915 ; grenade suffocante 0C3 et 0G6 ; grenade incendiaire.

    Paragraphe B : Armement collectif :

    L’armement collectif etait compose d’armes utilisees par une equipe, surtout par un tireur et un pourvoyeur :
    -fusil-mitrailleur modele 1886.
    -fusil-mitrailleur Chauchat, modele 1915, de 8 mm avec chargeur a 20 cartouches.
    Les fusils-mitrailleurs etaient distribues a raison de 8 par compagnie d’infanterie.
    -mitrailleuse Saint-Etienne, modele 1907 de 8 mm avec bandes metalliques a 30 cartouches.
    -mitrailleuse Hotchkiss, modele 1914 de 8 mm, avec bandes metalliques a 20 cartouches.

    Ces dernieres etaient distribuees a raison de 8 par compagnie de mitrailleuse.

    -canon de 37 mm anti-char, distribue aux sections de 37 mm.

    Paragraphe C : Armes d’appui :

    Ces armes constituaient l’armement des unites specialisees : artillerie, blindes, aviations, et etaient chargees de l’appui general des unites du DFPS.

    Armes d’artillerie :
    -canon de 65 mm de montagne.
    -canon de 75 mm
    -canon de 77 mm
    -canon de 80 mm
    -canon de 105 mm L. Schneider.
    -canon anti-aerien de 75 mm.

    Chars : les chars utilises dans l’armee francaise etaient :

     
    Appelation    Schneider 1917    Saint-Chamond 1917    Renault FT 1918       
    Poids en tonnes    13.5    23    6.5       
    Moteur en chevaux    55    85    35       
    Vitesse en Km/h    6    8.5    7.7       
    Armement    Un canon de 75 mm, deux mitrailleuses.    Un canon de 75 mm, quatre mitrailleuses.    Un canon de 37 mm, une mitrailleuse.       
    Equipage    6 hommes    9 hommes    2 hommes    

    Avions : En plus de l’escadrille d’hydravions francaise qui contribuait d’une maniere efficace a la defense du Canal de Suez et a la reconnaissance au profit des troupes alliees, le DFPS disposait au Moyen-Orient de l’escadrille 575 qui appuyait les operations du detachement et de l’Armee du Levant. Cette escadrille fut formee, en 1918 pour l’appui du DFPS, de 18 avions G6.


    Chapitre 4 : Administration et services :

    Section 4.1 : Cadre francais :

     
    Unite :    Nombre de cadres :(1916)       
    Unite :    Officiers :    Sous-Officiers :    Caporaux :    Soldats :    Total :       
    Etat-major de la Legion d’Orient
    :    4 a 6    1    1    13    19 a 21       
    Etat-major d’un bataillon d’infanterie :    3 dont 1 medecin    2    1    8    14       
    Une compagnie d’infanterie :    3    11    16    7    37    

    Ce nombre s’eleva, le 9 mars 1918, a cause du dedoublement de la Legion d’Orient en Legion Armenienne et Legion Syrienne aux chiffres suivants :
    -Un lieutenant-colonel, deux chefs de bataillon, 29 capitaines et lieutenants, 56 sous-officiers, 10 caporaux et 36 soldats.

    Les effectifs francais prevus pour les annees 1922 et 1923 etaient repartis comme suit :

     
    Annee :    1922 :    1923 :       
    Officiers :    298    133       
    Sous-officiers :    624    347       
    Caporaux et Brigadiers :    309    157       
    Hommes de troupe :    436    133       
    Total :    1667    770    





    Section 4.2 : Rattachement administratif :

    Le 16 octobre 1918, une base independante fut creee a Beyrouth pour desservir le DFPS avec une sous-intendance, une gestion de subsistance et un bureau payeur. Cette base gera administrativement la Legion d’Orient a partir de cette date.

    Section 4.3 : Logistique :

    -Apres le renforcement du DFPS et sa participation aux combats et des le 28 septembre 1918, le colonel de Piepape, prevoyant la prochaine entree en Syrie et au Liban, proposa a Paris un ravitaillement de ses unites par l’emploi d’une ligne maritime independante des services britanniques. Mais le commandement britannique s’opposait toujours a la creation de cette ligne, parce que la dependance du DFPS de ses services de ravitaillement etait la raison, maintes fois evoquee par le general Allenby, pour s’opposer a tout renforcement des effectifs francais au Moyen-Orient, si opportun qu’il put etre. Les autorites francaises, par contre, avaient interet a affranchir leurs troupes de la tutelle britannique en organisant leur ravitaillement d’une maniere independante. C’est ainsi que le ministre de la guerre donna l’ordre de « créer une base independante a Beyrouth, dont le ravitaillement sera assure directement par la metropole jusqu'à concurrence 3000 tonnes par mois », a partir du 28 novembre 1918, malgre l’opposition du commandement anglais.
    Apres la suppression de la base de Port-Said, en decembre 1919, deux bases furent creees a Alexandrette et Mersine, en plus de celle de Beyrouth. Par l’intermediaire de ces trois bases passaient les echanges en materiels avec la metropole, l’Afrique du Nord et l’Armee d’Orient.
    En 1920, et afin d’economiser du personnel, le commandement de la base de Beyrouth fut supprime. Mais le port de cette ville continuait a etre le centre ou aboutissaient et d’où partaient tous les courants qui alimentaient les Troupes Francaises du Levant. En plus, et a la suite des lecons tirees des operations, des centres de livraisons logistiques furent crees a Lattaquie, Tripoli et Nabatiye pour l’approvisionnement des troupes.






    Section 4.4 : Services :

    A partir de 1918, les services des Troupes Francaises du Levant furent organises de la facon suivante :
    A-Le service de sante :
    Il etait forme :
    -du centre hospitalier de Beyrouth qui comprenait l’hopital de campagne et d’evacuation, l’ambulance 3L, l’infirmerie-ambulance de Souk el-Gharb (12 Km au Sud-Est de Beyrouth) et le depot de convalescence de Broummana (10 Km a l’Est de Beyrouth).
    -des infirmeries-ambulances d’Alexandrette, de Mersine et de Port-Said.
    -de l’hopital de campagne et l’ambulance d’Adana.
    -du depot de materiels sanitaires et de medicaments de Beyrouth avec annexes a Mersine et Alexandrette.
    B-Le service de tresor et de poste :
    Il comprenait :
    -A Beyrouth : le poste 600 jouant le role de regulateur et desservant la cote jusqu'à Lattaquie.
    -A Mersine : Le poste 606 avec annexes a Adana et Alexandrette.
    C-Le service d’artillerie :
    Un parc a Beyrouth avec des annexes a Alexandrette, Mersine et Adana, un depot avance a Katma avec annexe comptable a Port-Said.
    D-Le service du genir :
    Un parc a Beyrouth avec annexes a Mersine et Alexandrette.
    Ainsi se developpaient peu les services francais du Levant mis a la disposition de la Legion d’Orient, malgre les difficultes provenant du manque de personnel adequat, du peu de routes carrossables et de la rarete des moyens de transport. Ces services assuraient le transit, la livraison et la prise en charge du personnel et du materiel de la Legion d’Orient.

    Chapitre 5 : Effectifs de la Legion d’Orient (1916-1920) :

    Section 5.1 : Generalites :

    En 1916, l’enrolement des libanais et des syriens d’Egypte dans la Legion d’Orient etait tres limite.




    Section 5.2 : Effectifs durant l’annee 1916 :

    La 1e Compagnie de la Legion d’Orient fut formee le 14 decembre 1916, par l’enrolement de 37 legionnaires ajoutes aux 69 de Monarga. A cette date la Legion d’Orient comprenait :
    -Le commandant Romieu, le capitaine Nanse commandant de la compagnie et du camp et l’officier interprete de Jerphanion.
    -Deux sergents, deux soldats, un quartier maitre et deux matelots francais.
    -Cent six soldats auxiliaires et deux matelots libanais.
    Avec un total de trois officiers et cent quinze sous-officiers et hommes de troupe.
    A la fin de l’annee 1916, le commandant Romieu resumait la situation de son corps comme suit : « Environ 150 armeniens et 130 libanais, inscrits par leurs comites, sont en attente au Caire. Besoin urgent de second echelon de cadre et materiel pour noyaux de deux nouvelles compagnies ».

    Section 5.3 : Effectifs durant l’annee 1917 :

    Section 5.4 : Effectifs durant l’annee 1918 :

    Section 5.5 : Effectifs durant l’annee 1919 :

    La Legion conserva sa valeur disciplinaire, la cohesion de ses unites et manifestement ses effectifs jusqu’au mois d’avril 1919, durant lequel elle comprenait :
    -La legion armenienne : 4100 homme ;
    -La legion syrienne : 700 hommes ;
    -Un escadron syrien de cavalerie : 130 hommes.
    Le total s’elevait a 4900 hommes.
    A partir de cette date, les effectifs de la Legion Armenienne diminuerent progressivement par resiliations de contrats ou liberations anticipees. En revanche, la Legion Syrienne s’accrut en nombre.

    Diminution progressive des effectifs de la Legion d’Orient :

    Section 5.6 : Effectifs a partir de 1920 :

    -Des son arrivee a Beyrouth, le 21 novembre 1919, le general Gouraud ordonna la reprise des engagements afin de completer les trois bataillons armeniens existants.
    -Le 1er octobre 1919, commenca d’une facon efficace et serieuse l’organisation et l’extension de la Legion syrienne.
    Le recrutement des auxiliaires libanais et syriens fut pousse jusqu'à atteindre 226 en avril, 230 en mai et 119 en novembre. Ceci permit a la Legion Syrienne de se developper rapidement et de s’organiser en septembre 1920 en deux bataillons atteignant l’effectif suivant :
    *23 officiers francais.
    *11 officiers libanais et syriens dont 3 medecins.
    *146 sous-officiers et hommes de troupe francais.
    *1287 legionnaires libanais et syriens.

    Chapitre 6 : Composition, articulation et stationnement des unites de la Legion d’Orient (1916-1920) :

    Section 6.1 : Integration de la Legion d’Orient dans les troupes francaises du Levant :

    -« Chaque homme de la Legion etrangere avait deux patries, la sienne et la France. Les polonais, les tcheques, les armeniens et les libanais esperaient que, victorieuse, la France obtiendrait l’independance de leur nation. C’etait donc leur patrie qu’ils venaient defendre sous le drapeau francais ».

    -Le DFPS possedait, au moment de son debarquement a Port-Said, deux bataillons de tirailleurs algeriens et un escadron de Spahis qui pouvaient s’entendre facilement avec les auxiliaires de la Legion d’Orient.

    -Les officiers et sous-officiers, envoyes pour encadrer les unites de la Legion d’Orient, furent choisis parmi ceux qui possedaient de l’experience dans les affaires coloniales ou parmi les officiers indigenes des autres formations de l’armee (Sergent Boustany, Capitaine Azan, Veterinaire Neuman, Medecin Abbas,…). Le Commandant Romieu et le Capitaine Coulondre jouerent un grand role dans ce rapprochement.

    -Le general Hamelin, responsable de la section d’Afrique au sein du Ministere de la Guerre depuis 7 ans, fut choisi pour commander le DFPS a partir de novembre 1918. Le capitaine Bouffe fut aussi choisi pour le poste de commandant du camp de Chypre grace a « son anciennete dans le grade de capitaine, ses campagnes coloniales et ses services de guerre ». Mais c’etait la premiere fois que les officiers francais traitaient avec des soldats auxiliaires chretiens, d’où la difficulte de leur tache.
    Le role joue par les legionnaires eux-memes dans l’integration etait aussi primordial. Une partie d’eux etaient d’anciens soldats de l’armee ottomane evades ou pris comme prisonniers de guerre. Ils avaient, de ce fait, vecu une experience analogue avant leur enrolement. De plus, les libanais cultivaient, depuis longtemps, des sympathies pour la France et pouvaient s’adapter facilement au sein de son armee.

    Section 6.2 : L’annee 1916 :

    Section 6.3 : Composition et changements durant l’annee 1917 :

    Au 1er janvier, les unites formees etaient :
    a)A Port-Said :
    -le commandement de la Legion ;
    -le depot commande par le capitaine Bouffee.
    b)A Monarga :
    -la 1e Compagnie commandee par le capitaine Nanse.
    c)A Rouad :
    -un groupe de 19 syriens sous le commandement du sergent Boustany.

    Au mois de fevrier, 2 Compagnies armeniennes furent constituees : la 2e a Monarga commandee par le sous-lieutenant Fensch et la 3e a Port-Said sous les ordres du sous-lieutenant Albouy.

    Le 1er mars, fut articulee a Port-Said, sous les ordres du lieutenant Coulondre, une compagnie de libanais venant d’Amerique. Elle se dirigea vers Chypre en juin 1917 et devint la 6e Compagnie commandee par le capitaine Beuscher.

    Section 6.4 : Composition et articulation durant l’annee 1918 :

    Paragraphe A : Envoi de la Legion d’Orient en Orient :

    Paragraphe B : Constitution du 3e Bataillon de Marche :

    -Le 17 octobre 1918, et apres la chute de Damas, le 3e Bataillon debarqua a Beyrouth et fut le premier detachement allie assez important qui defilait dans les rues de la ville. Il s’installa au College de l’Apparition et fournit les premiers elements de securite dans la ville.

    -Vers la fin d’octobre, les 1er et 2e Bataillons arriverent a Beyrouth par voie de terre en meme temps que les premiers detachements anglais et francais ayant pris part a l’offensive generale.

    -Durant le mois d’octobre, il restait 800 armeniens a Chypre et 2000 autres a Damas et Beyrouth attendant leur engagement. Le general Hamelin proposa alors de constituer les 4e et 5e Bataillons de la Legion d’Orient. C’est ainsi que la 10e Compagnie, amorce du futur 4e Bataillon armenien fut formee, avec 750 nouveaux engages, a la date du 10 novembre.

    Paragraphe C : Constitution de la Compagnie de Depot Syrienne :

    Paragraph D : Formation du 5e Bataillon syrien :

    Le 16 decembre 1918 et en application au telegramme ministeriel, le Bataillon syrien formant le 5e Bataillon de la Legion d’Orient fut cree a Beyrouth. Il comprenait :
    -un etat-major et une section hors rang.
    -4 Compagnies de fusiliers (20e, 23e et deux autres formees de l’excedent de la 23e Compagnie et des ressources de recrutement).
    Durant la meme periode, le depot comprenait les 10e, 21e et 22e Compagnies venant respectivement de Beyrouth, Castelorizo et Chypre.

    Paragraphe E : Formation du 4e Bataillon :

    A la fin de l’annee 1918, le 4e Bataillon fut constitue a Beyrouth avec un millier de prisonniers armeniens provenant de Damas. Mais faute de cadres et d’instruction, ce bataillon ne formait qu’une masse non utilisable dans les missions operationnelles.

    Section 6.5 : Occupation de la Cilicie par la Legion Armenienne :

    -Le 20 decembre 1918, le 1er Bataillon s’embarqua a Beyrouth pour Alexandrette suivi du depot de Chypre et de la 10e Compagnie. Les 2e et 3e Bataillons s’embarquerent pour Mersine (Cilicie). Ces trois bataillons constituaient les seules troupes francaises poussees vers la Cilicie, en attendant l’arrivee de renforts a partir de juin 1919.



    Risques de l’occupation de la Cilicie par la Legion Armenienne :

    Section 6.6 : Composition et articulation durant l’annee 1919 :

    Paragraphe A : Dedoublement de la Legion d’Orient en Legion Armenienne et Legion Syrienne :

    -Le contrat d’engagement des legionnaires prevoyait qu’ils ne devaient etre employes qu’a la delivrance de leur propre pays. C’est ainsi qu’au moment ou la zone d’action francaise se rapprochait de l’Armenie, ces contingents allaient, en outre, se trouver de plus en plus separes par leur zone naturelle d’operations, Liban et Syrie pour les uns et Armenie pour les autres.

    Paragraphe B : Dissolution du 4e Bataillon armenien :

    Paragraphe C : Formation des unites libanaises et syriennes :

    Les 21e et 23e Compagnies libano –syriennes devinrent respectivement les 1e et 3e Compagnies. Les autres unites furent formees comme suit :
    a)La 2e Compagnie au 1er mars commandee par le capitaine Faugeron a Djeble.
    b)L’Escadron au 1er mai commande par le capitaine d’Exea a Beyrouth.
    c)La 4e Compagnie a la date du 16 mai sous le commandement du capitaine Canton a Baabda.
    Le lieutenant-colonel Romieu fut rapatrie au mois de mars 1919 et passa le commandement du regiment au chef de bataillon Pauget, commandant du 2e Bataillon armenien.
    Les 3 bataillons armeniens furent diriges, apres les incidents de Cilicie, vers des camps d’ete, loin des villes. Le 1er a Kurk Kulak, le 2e dans la region d’Airan et le 3e au Nord de Tarsous.

    Section 6.7 : Reorganisation de l’Armee du Levant par le general Gouraud :

    -La division de Syrie, quarier general a Zahle (Liban), sous les ordres du general Lamothe. Elle comprenait : 2 brigades d’infanterie ; 3 regiments de spahis (cavalerie) ; 5 batteries d’artillerie.
    Elle comptait la Legion Syrienne dans ses unites.


    Titre Deuxieme :
    Les operations de la Legion d’Orient : (1916-1920) :

    Chapitre 7 : Description du milieu :

    Section 7.1 : Description geographique :

    Paragraphe A : Regions naturelles :

    -Le Liban et la Syrie se decoupent en regions paralleles a l’axe de progression des troupes venant du Sud.
    Au Liban, des chaines de montagnes allant du Sud vers le Nord et notamment :
    a)Le Mont –Liban, large voute profonde de 30 a 40 Km d’Est en Ouest, atteignant 160 Km de longueur entre le Litani et le Nahr el-Kebir. Son plus haut sommet qui se dresse au Nord des Cedres du Liban, s’eleve a 3088 m d’altitude. Il est decoupe par des vallees profondes en compartiments perpendiculaires a la mer.
    b)A l’Est, l’Anti –Liban se deploie de l’Hermon au Sud (2814 m) jusqu’au Nord de Baalbeck.
    Entre les deux chaines se situe une plaine tres fertile (la Bekaa) dont la largeur varie entre 4 et 20 Km et qui se prolonge vers le Nord par les plaines de Homs et d’Alep.

    -Les chaines des montagnes libanaises sont tres difficiles a penetrer a cause des vallees tres profondes qui s’etendent perpendiculairement a l’axe de progression.

    Paragraphe B : Voies de communication :

    Les voies de communication avaient canalise les operations militaires dans la region moyen-orientale. Les voies maritimes, liees aux ports, se repartissaient comme suit :
    Au Liban : Port de Beyrouth.
    En Syrie : Ports d’Alexandrette et de Jaffa.
    En Egypte : Port-Said.
    En Jordanie : Port d’Akaba.

    Les voies ferrees constituaient le moyen de communication ideal, surtout pour le ravitaillement et le deplacement des unites.
    Au Liban, une voie etroite reliant Beyrouth a Damas etait coupee par la neige durant l’hiver. De Rayack, cette ligne, prolongee a partir de 1902 vers Homs, Hama et Alep, rejoignait le Bagdad Bahn a Muslimie (15 Km au Nord d’Alep). Les lignes Homs-Tripoli et Alexandrette-Toprak Kale furent construites durant la guerre.

    Les meilleures routes etaient au Liban et en Syrie :
    La route du littoral : Tyr –Saida –Tripoli –Toprak Kale et Tripoli –Tell Kalack ;
    Les routes : Saida –Nabatiye, Rayack –Baalbeck –Alep avec embranchement vers Antioche et vers Toprak Kale.

    Paragraphe C : Population :

    -La population du Liban et de la Syrie etait plus differenciee par ses religions que par ses ethnies. En 1914, ces pays groupaient une federation de communautes religieuses dont 27 principales formaient deux grands mouvements :
    *Les chretiens, proteges par les puissances europeennes et notamment par la France.
    *Les musulmans dont les Jeunes Turcs tentaient de gagner le soutien.

    Section 7.2 : Importance strategique du Moyen-Orient :

    Chapitre 8 : Les operations au Moyen-Orient (cadre general) :

    Section 8.1 : Plans allies et ottomans :

    -Les ottomans voyaient dans la defense cotiere de la Syrie, du Liban, de la Cilicie et des detroits du Bosphore et des Dardanelles, une importance primordiale afin de garder leurs communications ouvertes avec les deux armees chargees d’executer les plans visant a occuper la Palestine et a reprendre la Mesopotamie et le Golfe Persique.

    -Les britanniques inviterent la France a favoriser un soulevement general au Liban et en Syrie contre les ottomans et organiserent a leur tour une campagne diplomatique poussee aupres des chefs arabes pour les amener a monter des actes de subversion contre les occupants.


    Section 8.2 : Les offensives ottomanes :

    L’etat de guerre fut proclame le 2 novembre 1914 et les hostilites entamees par les Allies. Le blocus naval des cotes turques, syriennes et libanaises commenca.

    Paragraphe A : Les attaques du Canal de Suez :

    Paragraphe B : L’offensive ottomane en Mesopotamie :

    Section 8.3 : Les offensives alliees :

    Paragraphe A : Les offensives alliees en Mesopotamie :

    Paragraphe B : Les offensives alliees en Palestine :

    -Les troupes du general Allenby reussirent a submerger les positions ottomanes des 12e et 13e Corps d’Armee et les 20000 cavaliers d’Allenby qui, jusqu’au soir du 19 septembre 1918, avaient franchi 30 Km, filaient sur la route de Damas.

    -Le 23 septembre 1918, Acre et Haifa tomberent et a la fin de ce mois, les Allies atteignirent le Sud de la Syrie.

    Paragraphe C : Les operations en Transjordanie :

    Paragraphe D : La poursuite des ottomans vers le Nord de la Syrie :

    -Le 26 septembre 1918, le general Sanders ordonna la formation d’une nouvelle ligne defensive entre Rayack et Qouneitra afin de maintenir la route Baalbeck-Homs ouverte aux troupes en retraite. Il donna l’ordre a la 8e Armee de se replier sur Constantinople.

    -A partir du 29 septembre 1918, les troupes cherifiennes commencerent a deferler sur Damas ou ils entrerent le 1er octobre avec le corps monte du desert qui poussa vers Rayack.

    -Pendant ce temps, l’escadre francaise occupa le port de Beyrouth ou la 7e Division et le DFPS entrerent le 8 octobre.

    -Sanders confia a Mustapha Kemal la defense de Rayack afin de ralentir la poussee ennemie avant de se retirer pour amenager une ligne de defense au Sud d’Alep.

    -Le 5 octobre 1918, Rayack fut occupe par le corps monte du desert. Allenby ordonna l’occupation du Liban et de la Syrie du Nord par une approche sur deux axes :
    *le corps monte suivant la vallee de la Bekaa vers Baalbeck, Homs, Hama et Alep.
    *Le 21e Corps continuant sa marche sur la route cotiere vers Tripoli.
    Cette operation se deroula comme prevu. Baalbeck fut occupee le 11 octobre, Tripoli et Homs le 13, Hama le 20. Le 25 octobre, une division de cavalerie arriva avec un detachement de l’armee arabe, devant les lignes ennemies, au Sud d’Alep, que ce dernier penetra la nuit.

    Section 8.4 : Role de l’armee arabe :

    Section 8.5 : Le detachement francais du Hedjaz :

    Section 8.6 : Synthese des operations au Moyen-Orient :

    Chapitre 9 : Role de la Legion d’Orient dans les operations (1916-1920) :

    Section 9.1 : La Legion d’Orient dans les operations contre les troupes ottomanes :

    -Le 20 fevrier 1917, le gouvernement francais prit une decision tres importante qui allait se faire sentir en Palestine et changer le role du contingent francais dans les operations qui s’y deroulaient. Ce gouvernement, avise du volume et des possibilites de la Legion d’Orient et, afin de prendre une part active dans la prochaine campagne qui s’annoncait au Moyen-Orient en vue d’entrer en Syrie et au Liban, zones d’influence francaise, decida de renforcer ses troupes en Palestine et de changer leur mission statique en une mission active. Un regiment de cavalerie et le regiment de marche de la Legion d’Orient furent mis en route pour Port-Said. Le 25 fevrier, la 23e Compagnie Libanaise, premier element de la Legion d’Orient, rejoignit le DFP a Ramle. Durant le mois de mai, les deux premiers bataillons armeniens rejoignirent aussi le DFP a Mejdel. A partir de cette date, le role de la Legion d’Orient dans les operations actives contre les forces ottomanes commenca.

    Paragraphe A : La Legion d’Orient dans la rupture du front ennemi :

    -Conformement aux ordres prescrits, le 1er Bataillon de la Legion d’Orient commande par le chef de corps Le Jolly, fut garde comme reserve generale du DFPS. Le 2e Bataillon du capitaine Azan executa des le 18 septembre 1918, des mouvements preparatoires en silence afin de prendre les dispositions d’attaque. La 23e Compagnie Libanaise stationnait a Rafat, prete a faire mouvement.

    Paragraphe B : La Legion d’Orient dans les operations en Syrie :

    Apres l’arrivee des premiers cavaliers anglais et francais au Sud de Damas, le general Allenby decida d’entamer la marche sur la Syrie et l’occupation de Beyrouth par deux divisions britanniques renforcees du DFPS. L’approche devait s’effectuer par etapes le long de la cote en passant par Haifa et Saint-Jean-d’Acre. La 7e Division se lanca en premiere ligne, suivie du DFPS puis de la 54e Division. La mission de la Legion d’Orient consistait a progresser a droite de la formation pour nettoyer le terrain de tout ennemi. Ce mouvement s’executa comme prevu sans incidents et, le 8 octobre, le DFPS qui avait atteint Saint-Jean-d’Acre, quitta cette ville pour le Nord. Choueiry, de la 23e Compagnie Libanaise, decrivit cette approche comme suit : « Nous marchames vers notre pays. La route etait dangereuse, l’eau tres rare et nous etions heureux et bien decides. Nous essuyames des coups d’artillerie qui causerent quelques pertes ».

    Durant cette periode, la Division Navale de Syrie entra a Beyrouth le 6 octobre suivie le 8 octobre de la 7e Division Britannique. Le colonel de Piepape, nomme gouverneur militaire de la ville, s’y rendit afin d’installer un detachement mixte, compose d’elements de chasseurs d’Afrique, d’un bataillon territorial et de la 23e Compagnie Libanaise de la Legion d’Orient. Ces unites, amenees le 11 octobre a bord d’un torpilleur et d’un patrouilleur, et chargees du maintien de l’ordre, defilerent dans la ville. Le 17 octobre, le 3e Bataillon venant de Chypre, rejoignit la Legion d’Orient a Beyrouth. Le DFPS arriva a Beyrouth le 20 octobre 1918, laissant une compagnie d’infanterie dans chacune des villes de Tyr et de Saida. L’etat-major francais decida alors d’occuper Alexandrette par des elements armeniens de la Legion d’Orient. Mais la signature de l’armistice de Moudros le 31 octobre 1918 mit fin a toutes les operations dans la region.
    C’est ainsi qu’au debut de novembre 1918, le gros de la Legion d’Orient (les 3 bataillons armeniens et la 23e Compagnie Libanaise) stationna a Beyrouth.

    Section 9.2 : La Legion d’Orient dans le secours a la population libanaise :

    Le secours a la population libanaise en difficulte etait devenu traditionnel dans la politique exterieure de la France. Depuis le 16e siecle, les autorites francaises s’etaient interessees au sort des habitants de cette region et surtout aux chretiens maronites qu’elles consideraient comme les proteges de la France. C’etait avec cet esprit que le roi Louis 14 envoya le 28 juin 1702 mille livres au Patriarche maronite pour l’aider a s’acquitter de ses dettes et qu’au debut de 1841, le gouvernement francais alloua 10000 francs pour etre employes a distribuer du ble aux necessiteux du Kusruwan, puis 30000 francs pour la reparation des eglises et enfin 75000 francs pour l’œuvre de la propagation de la Foi. « Les secours publics et prives, ecrivit PF Chevallier, que la communaute maronite avait recus de la France depuis le debut de 1841 s’elevaient donc a 205000 francs ».
    Quant a Napoleon III, il envoya en 1860 un corps expeditionnaire commande par le general De Beaufort d’Hautpoul, pour secourir la population libanaise.

    Paragraphe A : Secours sous l’occupation ottomane :

    A partir de 1914, les libanais se trouvaient dans leurs arides montagnes, coupes du monde exterieur du cote de la Syrie et de la mer et domines par une armee ottomane qui confisquait les moissons au fur et a mesure des recoltes. La famine regnait au Mont –Liban « coupe de ses debouches et de ses sources d’approvisionnement ».
    Les libanais se tournerent alors vers la France pour les aider a sortir de cette crise. Le gouvernement francais continua a faire parvenir au Patriarche maronite des sommes d’argent destinees a l’achat des vivres pour la population du Liban et en particulier, un million de francs fut mis a la disposition du gouverneur de Rouad, intermediaire entre la Division Navale de Syrie et le Liban.
    Mais suite a l’occupation des cotes libanaises par les troupes ottomanes, il etait difficile d’acheminer les sommes d’argent et les vivres, en plein jour, a bord de grands bateaux. Devant cette realite, la decision fut prise d’envoyer les aides, pendant la nuit, a bord de chaloupes pouvant s’infiltrer entre les postes ottomans qui surveillaient la cote. Cette mission devait etre confiee aux auxiliaires libanais de la Legion d’Orient connaissant la region et la population. C’est ainsi que ces legionnaires quittaient Rouad a bord des chalutiers pleins de ravitaillement, naviguant jusqu’aux abords de Tripoli peu garde et proche de Rouad. [Le Service de Renseignement de la DNS faisait connaître dans son rapport d’aout 1916 que « cette region semble etre en ce moment celle qui parait la plus accessible a notre influence a cause de la proximite de Rouad et du caractere des habitants des montagnes avoisinantes. Jusqu'à present, les turcs ont renonce a fortifier serieusement Tripoli qui est adossee a la partie la plus haute du Liban ou les montagnards de Zghorta et de Becharre ont toujours inspire une crainte serieuse par leur caractere guerrier. Ces montagnards n’ont pas ete desarmes par les turcs »].
    Le colonel retraite Choueiry, ancien legionnaire de la 23e Compagnie Libanaise, racontant ses souvenirs de cette periode, disait : « A Rouad et durant 9 mois, notre mission fur reduite a l’approvisionnement de nos concitoyens. Nous arrivions dans de petites chaloupes. Nous avions des agents sur la cote que nous contactions a l’aide des signaux lumineux. J’avais contribue dans plusieurs de ces missions ».
    De cette facon, la Legion d’Orient avait contribue a la reduction des effets de la famine sur la population. Cet effort n’etait pas enorme, bien sur, mais il se faisait sentir dans les villages avoisinants Tripoli, aux dires de M. Habib Rihana, citoyen du village de Kousba (16 Km a l’Est de Tripoli) qui declara : « Nous recevions de temps a autre des ravitaillements venant de la France ».
    Les legionnaires revenaient de la cote munis de lettres des habitants de la region a leurs parents dans les pays d’emigration, leur demandant de l’argent qui ne se faisait pas attendre. De plus, ils transmettaient parfois des rapports ecrits decrivant la situation des ottomans dans le pays.
    Ce role humanitaire, tres modeste et limite, joue par les elements de la Legion d’Orient, lui avait valu l’attachement de la population libanaise sinistree.

    Paragraphe B : Secours apres l’occupation du Liban par les troupes alliees :

    Cette œuvre d’assistance humanitaire allait se generaliser pour englober toute la population du Liban a partir de son occupation par les armees alliees. Devant les aspects de la famine, les marins francais qui debarquerent le 7 octobre, s’etaient trouves touches jusqu’au plus profond de leur cœur.
    Le contre-amiral Varnay fit distribuer les premiers sacs de grains, et demanda au ministre de la Guerre de faire diriger sur Beyrouth les vivres et les medicaments necessaires aux 150000 habitants.
    Mais l’organisation du service de ravitaillement de la population devait commencer a fonctionner methodiquement apres le debarquement du colonel de Piepape et du detachement francais mixte, le 8 octobre 1918. Un premier secours anglais de 100 tonnes de farine et de riz fut mis a sa disposition afin de le distribuer aux habitants de Beyrouth.
    La 23e Compagnie Libanaise contribua largement aux services d’approvisionnement. Le capitaine Coulondre chargea le pere Remy, alors sergent au DFPS, d’amener des vivres achetes en Egypte et de les faire distribuer.
    A partir du 15 octobre, le ravitaillement du Liban fut confie aux peres Martimprey, ancien chancelier de la Faculte de Medecine a Beyrouth et Sarlouette, ancien superieur du College des lazaristes d’Antoura, ainsi qu’au libanais Antoine Edde, tous trois encore officiers de marine detaches au DFPS. Ces trois responsables allaient assurer le ravitaillement d’une population de 200000 ames repartie dans tout le Liban. Ils etaient aides par des officiers et des hommes de troupes du DFPS et notamment de la 23e Compagnie Libanaise constituant les services administratifs.
    Dans les petits ports de la cote et dans les villages de la montagne, on installa des postes militaires, composes chacun d’un sergent et de deux hommes, servant d’entrepots et de centres de distribution. Le personnel des postes etait fourni en grande partie par les 21e et 23e Compagnies libano –syriennes. Le lieutenant Goutaudier, commandant de cette derniere, fur charge du service administratif de ravitaillement. Il fut oblige de changer frequemment les elements des postes qui cedaient vite a la nonchalance et a l’indiscipline.
    C’est ainsi que le contingent libanais de la Legion d’Orient aida d’une maniere efficace a la distribution de vivres et d’aides a la population libanaise durant cette periode, profitant de sa connaissance de la langue et du pays.
    830 villages et 175000 habitants avaient pu profiter de cette aide francaise qui donna ses fruits apres 2 mois, si bien que, lorsque M. Georges Picot revint de France, il trouva la situation encourageante et a partir du 1er janvier 1919, la famine ne fit plus de victimes au Liban. Suite a cette amelioration, le service de ravitaillement fut a peu pres supprime durant l’ete 1919.
    L’aide a la population en detresse ne se limitait pas au ravitaillement mais englobait aussi les services de sante, d’hygiene et d’assistance publique qui etaient diriges par le Dr. Chatinieres, seconde par les Dr. Bonan et Bellama. 10000 enfants avaient ete rassembles par les soins des autorites francaises. Des asiles, des infirmeries, des hopitaux et des groupes sanitaires mobiles furent organises. Un millier de femmes, jeunes pour la plupart, furent hebergees et sauvees de la debauche.
    A cette œuvre colossale d’assistance humanitaire restent graves les noms du contre-amiral Varney, du colonel de Piepape, du capitaine Coulondre, des ]/>< Compagnie Libanaise et Ruffat, des lieutenants Clinchant et Chignac, des Peres Remy, Martimprey et Sarlouette, des deux libanais Charles Corm et Alexandre Issa, des services du DFPS et des legionnaires libanais des 21e et 23e Compagnies de la Legion d’Orient.

    Section 9.3 : La Legion d’Orient dans la releve des troupes anglaises et l’occupation de la Zone Bleue :

    Paragraphe A : » Releve des troupes britanniques :

    -La releve conclue entre Lloyd George et Clemenceau, et qui allait etre executee d’une maniere rapide et subite, crea de graves problemes au commandement des troupes francaises au Levant. Les anglais, en fait, occupaient la region avec une armee puissante comprenant 34 bataillons d’infanterie, 15 regiments et demi de cavalerie, 5 bataillons et demi de genie et 13 batteries d’artillerie, tandis que les francais ne disposaient au Levant que de 13 bataillons d’infanterie dont 3 armeniens et un syro –libanais, de 3 escadrons de cavalerie et de 4 batteries d’artillerie.
    C’est ainsi que l’etat-major francais, presse par la vitesse de la releve qui s’effectua encore plus rapidement que prevu, s’etait vu oblige d’employer la Legion Armenienne et la Legion Syrienne dans cette operation.

    -Un plan de releve fut planifie en 5 periodes :
    *1e periode : regions d’Alep et de Killis.
    *2e periode : regions de Homs et de Tripoli.
    *3e periode : region de Baalbeck.
    *4e periode : region de Damas.
    *5e periode : Mersine.

    -La releve allait soulever deux genres de problemes :
    *un probleme d’ordre militaire lie a la faiblesse des moyens mis en œuvre.
    *un probleme d’ordre politique souleve dans les districts de Hasbaya, Rachaya, Baalbeck et de la Bekaa qui etaient a la fois des zones d’interet francaises et cherifiennes, ainsi que dans la region de Tyr, jusqu’au cours inferieur du Litani que les autorites britanniques consideraient comme faisant partie de la Palestine.
    Le premier probleme fur resolu par l’emploi des Legions armenienne et syrienne dans la releve, en plus de l’emploi de quelques unites francaises, prelevees a l’Armee d’Orient, a l’Afrique du Nord et a la Metropole.
    Quant au probleme politique, des pourparlers s’organiserent entre M. Clemenceau et l’Emir Faycal a Paris, pour le resoudre. En attendant les resultats, des instructions du commandant en chef, datees du 22 octobre, avaient stipule que les districts de Hasbaya, Rachaya, la Bekaa et Baalbeck devaient etre maintenus provisoirement dans la mouvance de Damas et sous l’administration du gouvernement cherifien. Le general Gouraud accepta d’ajourner la releve dans cette region jusqu’au 6 decembre. Mais, apres plusieurs incidents causes par les cherifiens, il envoya une colonne qui entra a Baalbeck le 18 decembre. L’occupation de la Syrie interieure devait attendre le resultat de la bataille de Meissaloun en juillet 1920. C’est a ce moment que Gouraud ecrivit : « Notre renoncement a l’occupation de la Bekaa avait ete en novembre 1919 la premiere et la plus grave atteinte a notre prestige au Levant. Il avait ete la cause du mouvement de desaffection envers la France, tres accentue de la part de notre clientele libanaise dont une partie avait fini par preter oreille aux manifestations de propagande cherifienne ».
    Quant au litige sur la region de Tyr, le general Allenby s’etait declare contre l’occupation de cette region par l’armee francaise, declarant avoir recu des instructions du gouvernement britannique a ce sujet. Ce n’est qu’apres l’intervention de M. Clemenceau aupres du gouvernement britannique que cette question fut resolue. Mais le caza de Safad devait rester en zone anglaise.

    -Au Liban, il ne s’agissait pas vraiment d’une releve, puisque les forces francaises etaient deja dans la region. L’evacuation du pays par les troupes britanniques se termina a la fin du mois de decembre. Les forces qui se trouvaient a Damas quitterent la ville, la laissant entre les mains des troupes cherifiennes qui ne devaient en etre delogees qu’apres la bataille de Meissaloun.

    Paragraphe B : Role de la Legion d’Orient dans la releve :

    Les Legions armenienne et syrienne devaient faire partie des forces francaises relevant l’armee britannique et occupant les zones reservees a la France. L’emploi des contingents libanais de la Legion Syrienne au Liban ne posait pas de problemes.
    La Legion Syrienne, constituee en 1919 d’un bataillon a 4 compagnies, elle prit part a la releve et a l’occupation du Liban et de la zone Ouest. Ses unites stationnerent a la fin du mois d’octobre 1919 dans cette zone comme suit :
    -A Beyrouth : etat-major du bataillon ; 3e Compagnie.
    -A Baabda : 4e Compagnie.
    -A Tartous : 1e Compagnie.
    -A Djeble : 2e Compagnie moins une section.
    -A Banias : Une section de la 2e Compagnie.
    C’est ainsi que les Legions Armenienne et Syrienne prirent une part active dans la releve des troupes britanniques et dans l’occupation de la Zone Bleue. Certes, ce role etait modeste et limite, surtout dans une region tres etendue. Mais, vu le manque en troupe francaises disponibles et la promptitude de la releve, ce role etait important. Les Legions contribuerent, a cote des autres unites de l’Armee du Levant durant cette periode, au maintien du calme, de la securite et de l’ordre dans ce Moyen-Orient accable par une occupation ottomane de 4 siecles et ravage par la famine, les maladies et la guerre sans merci qui se deroulait sur son territoire et dans laquelle il n’avait ni interets, ni ambitions, ni influences.

    Deuxieme Paritie :
    La Legion d’Orient et les Troupes Auxiliaires du Levant (1920-1926) :

    Troisieme Titre :
    Historique, effectifs, compositions (1920-1926) :

    Chapitre 10 : La Legion Syrienne :

    -L’annee 1919 connut un changement qui marqua l’histoire de la Legion Syrienne et son avenir. C’est durant cette annee que cette Legion fut separee de la Legion Armenienne. Des lors, la Legion Syrienne, formee de libanais et de syriens, allait se developper d’une maniere continue et dynamique pour devenir une force assez importante et jouer un role preponderant dans les operations de maintien de l’ordre dans la zone francaise. Ce role devenait de plus en plus efficace avec un recrutement de plus en plus vaste de soldats auxiliaires de tous rites, surtout de musulmans, d’alaouites et memes de druzes qui venaient s’ajouter aux chretiens. Avec ces nouveaux elements, le maintien de l’ordre dans les zones habitees par leurs coreligionnaires. Les autorites francaises comprirent en fait cette realite et employerent les unites de la Legion Syrienne dans des operations en Syrie, amalgamees avec les autres unites de l’Armee du Levant.
    Section 10.1 : Dissolution de la Legion Armenienne :

    Section 10.2 : Organisation de la Legion Syrienne :

    A la veille de la dissolution de la Legion Armenienne, la Legion Syrienne continuait a exister dans de nouvelles circonstances et avec le meme reglement. Malgre la cessation des hostilites, la pacification de la region francaise n’etait qu’a ses debuts. Il fallait monter des colonnes mobiles d’une facon reguliere et parfois occasionnelle afin de remettre de l’ordre dans cette zone troublee et habitee par differentes populations qui profitaient de toutes les circonstances pour manifester des signes d’independance.
    En plus, les autorites francaises, en acceptant la mission du mandat sur la Syrie et le Liban, s’engagerent devant la Societe Des Nations a former progressivement les forces armees de ces deux pays, ainsi que leur gendarmerie, police et services administratifs. La Legion Syrienne devait constituer de ce fait, le noyau de ces forces militaires.
    Les officiers et sous-officiers francais detaches a ce corps avaient le merite de contribuer aux efforts qui aboutirent a la realisation de ce but. Ils lutterent contre des difficultes enormes qui entravaient le recrutement, l’instruction et le service des militaires auxiliaires.

    Paragraphe A : Principe d’organisation :

    Le 5 aout 1920, l’Armee du Levant edicta une note de service organisant la Legion Syrienne formee de libanais et syriens sur de nouvelles bases.
    Cette derniere devait faire partie des Troupes Auxiliaires du Levant et suivre leurs reglements a partir de cette date. Elle devait comprendre un bureau administratif et des unites combattantes qui se groupaient en plusieurs armes :
    -Dans l’infanterie : des regiments comprenant chacun un etat-major et plusieurs bataillons ainsi que des compagnies de depot.
    -Dans la cavalerie : des regiments comprenant chacun un etat-major et un nombre variable d’escadrons ; des escadrons autonomes et des escadrons de depot.
    -Dans les autres armes : des compagnies de genie (sapeurs-demineurs), de train d’equipage et de meharistes.
    Le general commandant l’Armee du Levant decidait de la formation de nouvelles unites.
    Les soldes des auxiliaires, attribuees aussi aux miliciens, variaient suivant les armes.
    Paragraphe B : Difficultes d’organisation et de developpement :

    Les difficultes qui entravaient le bon deroulement du service dans les unites de la Legion Syrienne, a partir de sa formation, pouvaient se resumer comme suit :
    a) La propagande cherifienne.

    b) Besoin en cadres.

    c) Manque d’armes d’appui :
    Les armes d’appui, surtout les chars, l’artillerie et les auto-blindes faisaient defaut dans les rangs de la Legion Syrienne, la rendant tres fragile face aux missions de maintien d’ordre montees contre des rebelles bien armes et tres bien impregnes du sens du terrain, du camouflage individuel, de la mobilite et de la vitesse de groupement et de dispersion.

    Paragraphe C : Recrutement et effectifs :

    Le recrutement des legionnaires libanais et syriens paraissait si prometteur en 1920 que le commandement francais envisagea d’augmenter considerablement l’effectif de la Legion Syrienne. Le procede employe consistait a accepter tout individu satisfaisant a une visite medicale peu rigoureuse. La plupart des recrutes etaient des gens de la basse classe et la majorite des engagements se contractaient pour un an ou deux. Le recrutement en ville ne donnait que des resultats mediocres.
    C’est pourquoi le capitaine Grancamp, commandant du depot de la 13e Compagnie chargee du recrutement et de l’instruction, demanda de tenir compte des propositions suivantes, afin de parer aux inconvenients mentionnes :
    -Recruter en dehors des villes avec le concours du service de renseignement.
    -Imposer une visite medicale tres rigoureuse.
    -Exiger un certificat de moralite.
    -N’accepter que des engagements d’au moins deux ans.
    -Doter la compagnie d’agents recruteurs a la hauteur de leur tache et en nombre suffisant.
    -Ameliorer l’etat des installations.

    Ces propositions furent prises en consideration, ce qui favorisa le recrutement et rehaussa le niveau.

    Apres la dissolution de l’armee cherifienne en aout 1920 et sa transformation en forces de police, une partie limitee de ses elements s’enrola dans les unites de la Legion Syrienne, surtout des officiers diplomes de l’ecole militaire ottomane de Constantinople.
    Les effectifs de la Legion Syrienne se developperent vite. De 1400 en septembre 1920, ils atteignirent 5300, le 1er juin 1921 (dont 4600 dans l’infanterie, 505 dans la cavalerie et 140 dans le genie) et 6680 en decembre.
    Suite a ce succes de recrutement, le commandant en chef envisagea de porter l’effectif des auxiliaires de la Legion Syrienne a 13000. Mais le projet de budget de 1922 ne permit pas d’atteindre ce nombre. En plus, le ministre fit savoir qu’une augmentation des unites libanaises et syriennes ne pouvait etre admise qu’en la compensant par une reduction des troupes regulieres et il prescrivit la reduction progressive de l’effectif de la Legion Syrienne qui baissa de ce fait jusqu'à atteindre 5403 hommes en janvier et 5173 en juillet 1926.

    Paragraphe D : Instruction :

    La formation de nouveaux legionnaires se deroulait au sein des compagnies de depot, surtout les 13e, 14e et 17e Compagnies. Des cadres francais ayant une certaine connaissance de la langue arabe, assuraient la tache d’instructeurs. Chaque compagnie d’instruction etait divisee en 3 parties correspondant a l’anciennete d’incorporation des legionnaires, la premiere comprenant les engages ayant plus d’un mois de presence, la deuxieme ceux ayant entre 15 jours et trois semaines et la troisieme les nouveaux arrives. Des cadres auxiliaires assuraient parfois le role de traducteurs. Cette instruction etait toujours poussee dans le sens de combat, tir, marche et service en campagne.
    Les difficultes des compagnies d’instruction provenaient des exigences suivantes :
    -mande de cadres francais et leur ignorance relative de la langue arabe.
    -difficultes de maintenir les fractions d’instruction separees.
    -services de place et corvees urgentes auxquelles participaient les compagnies d’instruction.
    -changement de casernement des unites durant les periodes d’instruction.
    Mais en general, l’instruction donnee aux legionnaires libanais et syriens etait suffisante pour en faire de bons soldats.



    Paragraphe E : Etat d’esprit, moral et discipline :

    Le moral des legionnaires se maintenait a un niveau relativement eleve malgre quelques incidents montrant qu’ils devaient etre toujours surveilles et stimules. La tenue etait brillante. Le legionnaire libanais surtout, fier de son uniforme, le soignait meme a ses frais.
    Quant a la discipline, elle etait en general moyenne. Le legionnaire avait une conception personnelle de la discipline. Au debut de son incorporation, il se resignait difficilement a coucher au quartier et les absences irregulieres etaient frequentes mais devenaient de plus en plus rares avec l’anciennete en service.
    La dissipation des effets etait aussi tres en vogue, dissipation qui n’avait d’autres buts que l’interet. Les punitions et la menace de remboursement contribuerent a la disparition de ce malaise.

    Paragraphe F : Composition de la Legion Syrienne :

    Apres le dedoublement de la Legion Armenienne et au debut de l’annee 1920, la situation des unites de la Legion Syrienne etait la suivante :
    a)Unites formees :

    Commandement de la Legion Syrienne :
    -Lieutenant-colonel Jean a Beyrouth.

    1er Bataillon :
    -Commandant Four.
    -Adjoint : capitaine Aweng.
    -Etat-major et section hors rang a Beyrouth.
    -1e Compagnie, capitaine Pietri a Tartous.
    -2e Compagnie, capitaine Faugeron a Djeble.
    -3e Compagnie, capitaine Maure a Beyrouth.
    -4e Compagnie, capitaine Canton a Baabda.

    Groupe de cavalerie :
    -Commandant : chef d’escadron Cremaud.
    -Adjoint : capitaine d’Exea.

    Premier escadron :
    -Lieutenant Crollier a Beyrouth.

    b)Unites en voie de formation :
    -2e Bataillon : 2 compagnies.
    -2e Escadron de cavalerie.

    A la date du 16 aout 1920, la Legion Syrienne etait formee comme suit :
    -un etat-major de regiment ;
    -une compagnie de depot ;
    -deux bataillons mixtes.

    Les differentes unites du regiment etaient reparties et stationnees de la facon suivante :

    -Regiment :
    *etat-major du regiment : Beyrouth.
    *compagnie de depot : Beyrouth.

    -1er Bataillon :
    *etat-major du bataillon : Tripoli.
    *1e Compagnie : Tartous.
    *2e Compagnie : Djeble –Banias.
    *3e Compagnie : Tell –Kalack.
    *4e Compagnie (en formation) : Tripoli.

    -2e Bataillon :
    *etat-major en formation : Saida.
    *5e Compagnie : Nabatiye –Djedeide.
    *6e Compagnie : Tyr.
    *Escadron : Saida.

    Les previsions pour l’annee 1921 envisageaient l’extension de la Legion Syrienne jusqu'à un total de 6 bataillons d’infanterie et 4 escadrons de cavalerie repartis dans les differents Etats du Levant comme suit :
    -Etat du Grand –Liban : un bataillon d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
    -Etat de Damas : deux bataillons d’infanterie (un a Homs et un a Hama) ; un escadron de cavalerie.
    -Etat d’Alep : deux bataillons d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
    -Etat des Alaouites : un bataillon d’infanterie ; un escadron de cavalerie.



    Reorganisation de la Legion Syrienne :

    En juin 1921, le commandant en chef de l’Armee du Levant articula la Legion Syrienne comme suit :
    -deux regiments d’infanterie a trois bataillons et une compagnie de depot chacun.
    -un regiment de cavalerie a quatre escadrons et un escadron de depot.
    -une compagnie montee sur mulets.
    -deux compagnies meharistes : comprenant 288 meharistes et 5 officiers francais, groupes en 4 sections, une section de mitrailleuses, une section de 37 mm et 2 equipes de fusiliers.
    -une compagnie assyro-chaldeenne (qui n’etait pas prevue dans les tableaux organiques de la Legion Syrienne).
    -une compagnie mixte de genie (sapeurs-mineurs et sapeurs-telegraphistes).

    Le 1er Regiment d’Infanterie dont toutes les unites existaient a cette date etait implante dans le territoire des Alaouites. Au 2e Regiment stationnant dans les Etats de Damas et d’Alep, etaient rattachees les differentes unites autonomes de la Legion Syrienne qui tenaient garnisons dans les territoires de ces deux Etats et specialement :
    -l’ecole militaire de Damas qui faisait partie des Troupes Auxiliaires du Levant, la compagnie assyro-chaldeenne, la compagnie de genie, une des deux compagnies meharistes ainsi que les auxiliaires detaches momentanement aux Troupes Francaises du Levant et encadres dans les unites d’artillerie, de transport et des services veterinaires.
    -l’equipe de musique qui portait le drapeau de la Legion Syrienne.

    Le Regiment de cavalerie stationnait au Liban et dans l’Etat des Alaouites.
    L’organisation projetee pour l’annee 1922 inclut 12 bataillons d’infanterie formant quatre regiments, huit escadrons formant deux regiments de cavalerie, deux compagnies meharistes, une compagnie montee, deux compagnies de genie et une compagnie de train d’equipage.

    Quant a l’organisation de la Legion Syrienne pour l’annee 1923, elle fut planifiee et executee comme suit :
    -Dans le territoire des Alaouites : le 1er Regiment mixte syrien comprenant deux bataillons d’infanterie et un escadron de cavalerie. Une compagnie de genie lui etait rattachee.
    -Dans le territoire de l’Etat de Damas : le 2e Regiment mixte syrien comprenant deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et une compagnie de meharistes.
    -Dans le territoire de l’Etat d’Alep : le 3e Regiment mixte syrien.
    -Dans l’Etat du Grand –Liban : deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie, une compagnie mehariste et une compagnie montee.

    Chapitre 11 : Les autres formations auxiliaires des Troupes du Levant :

    Section 11.1 : Les Troupes Auxiliaires du Levant :

    La puissance mandataire, projetant la creation future des armees nationales des Etats sous mandat dont elle etait responsable devant la SDN, devait former leurs cadres, surtout les officiers, sous-officiers, specialistes et techniciens de toutes les categories, tout en les preparant a devenir des armees autonomes.
    La Legion Syrienne ne pouvait pas, dans sa composition en unites combattantes et ses cadres a majorite francaise, faire face a cette nouvelle charge creee par l’enonce des droits et des obligations du mandataire. D’autre part, il fallait conserver les unites de la Legion Syrienne qui donnaient satisfaction aux autorites francaises du Levant.
    Le commandement francais projeta alors la mise en œuvre d’une nouvelle formation militaire, de constitution moins disparate, plus maniable et a base de recrutement et de stationnement regionaux. C’est ainsi que prirent naissance les Troupes Auxiliaires du Levant qui englobaient, outre la Legion Syrienne, les organes et services necessaires au bon fonctionnement des unites.
    Ces troupes, futurs noyaux des armees libanaise et syrienne, furent creees par l’arrete 318 du haut-commissaire, date du 31 aout 1920 qui prit effet a partir du 5 juillet et donna lieu aux bataillons et escadrons du Levant ainsi qu’aux compagnies et pelotons auxiliaires.

    Paragraphe A : Principe d’organisation :

    Il etait organise, dans les Etats sous mandat francais, des corps de troupes de differentes armes, groupant des militaires auxiliaires originaires des anciennes provinces ottomanes d’Asie et recrutes par voie d’engagement volontaire.
    Ces corps etaient a la solde du gouvernement francais et places sous les ordres du general commandant en chef de l’Armee du Levant. Ils etaient encadres par des officiers et sous-officiers francais ou servant a titre d’etrangers et par des officiers et grades auxiliaires.
    A partir de 1924, les Etats du Liban et de la Syrie contribuerent aux depenses des Troupes Auxiliaires a cote de la France.
    En 1926, les contributions des Etats sous mandat atteignirent 10 millions pour une depense totale d’environ 40 millions de francs francais.
    La mission de ces troupes consistait a maintenir l’ordre et defendre les Etats du Levant et les voies de communication de l’Armee du Levant.

    Paragraphe B : Reglement des soldats auxiliaires :

    Les militaires indigenes, recrutes en Orient et servant dans les Troupes Auxiliaires du Levant, pouvaient avoir acces a tous les grades jusqu'à celui de lieutenant dans l’infanterie et de capitaine dans la cavalerie. Ils jouissaient des memes prerogatives de commandement et assumaient les memes responsabilites que les militaires francais de memes grades.

    Paragraphe C : Composition des Troupes Auxiliaires du Levant :

    Les Troupes Auxiliaires du Levant comprenaient :
    1.Une section d’organisation, faisant partie de l’Armee du Levant.
    2.Un bureau de comptabilite a Beyrouth.
    3.Des corps de troupe de differentes armes :
    -Dans l’infanterie : des regiments de marche comprenant un nombre variable de bataillons, de compagnies independantes et de compagnies de depot.
    -Dans la cavalerie : des regiments de marche formes d’escadrons de marche et de depot.
    -Autres armes : eventuellement des compagnies de sapeurs-mineurs et de conducteurs de train d’equipage.
    Cette composition fut maintenue jusqu’en 1926 quand les regiments de marche furent dissouts et remplaces par des bataillons autonomes (les bataillons du Levant) et des compagnies de chasseurs originaires du Liban.
    La composition des diverses unites etait definie par des tableaux d’effectifs.
    4.Une ecole militaire ouverte a partie du 12 mai 1921 a Damas, en vue de former les officiers necessaires a l’encadrement des nouvelles unites.
    Elle formait :
    -les eleves officiers des Troupes Auxiliaires du Levant ;
    -les eleves sous-officiers et les specialistes pour les Troupes Auxiliaires du Levant ;
    -les traducteurs pour l’Armee du Levant.
    Au moment de son ouverture, l’effectif de l’ecole militaire atteignit 9 officiers instructeurs, 13 sous-officiers, 20 eleves officiers de commandement, 30 eleves officiers traducteurs et 53 caporaux et soldats.
    Le candidat au concours d’admission devait :
    -etre libanais ou syrien et fils de pere libanais ou syrien.
    -avoir au moins 18 ans et au plus 25 ans au 31 decembre de l’annee d’incorporation.
    A la premiere promotion de cette ecole figurait le nom de Fouad Chehab qui fut, plus tard, president de la Republique libanaise (1958-1964), ainsi que ceux de Jamil Lahoud, Aziz Ghazi et Mohammed Yafi et a la deuxieme, ceux de Adel Chehab, Fouad Houbeich et Louis Chehab, tous fils de familles notables du Liban.
    Quant a Hosni Zaim, ancien president de la Republique syrienne, il fut nomme sous-lieutenant suite a un stage de 3 mois, juste avant l’ouverture de l’ecole militaire de Damas. [Les officiers formes par l’ecole militaire jouerent des roles importants et preponderants dans l’histoire du Liban et de la Syrie. Ils reorganiserent les armees nationales des deux pays. Quelques uns jouerent des roles dans la politique de leur pays, notamment Fouad Chehab de caractere calme, travailleur, droit et qui ne revele pas sa pensee facilement et Hosni Zaim, beau, courageux au feu, joueur et de forte personnalite. Il savait se faire aimer de son entourage. Le brigadier Aziz Ghazi, de forte personnalite, courageux et penseur, etait major de sa promotion (de 1922-1923). Decore de la colonne Michaud du Djebel Druze, il joua un role important dans l’organisation et l’instruction de l’armee libanaise de l’independance. Le general Jamil Lahoud, depute du Metn de 1960 a 1968 et ministre des Affaires Sociales et du Travail en 1966 au sein du ministere d’Abdallah Yafi, joua un role tres important dans la direction politique du Liban en plus de son role militaire.].
    L’ecole militaire fonctionna efficacement durant les premieres annees de son histoire. Elle fournit, depuis sa creation jusqu'à l’annee 1926, 49 officiers aux troupes libanaises et syriennes et 23 interpretes a l’Armee du Levant.
    Le nombre des candidats s’eleva :
    -en 1925 a 59.
    -en 1926 a 30 dont 13 admis.
    -en 1927 a 30 dont 22 admis.
    -en 1928 a 147 dont 26 admis.
    -en 1930 a 171 dont 13 admis.
    -en 1931 a 171 dont 15 admis.
    -en 1932 a 349 dont 27 admis.
    C’est ainsi qu’en mars 1921, les Troupes Auxiliaires du Levant etaient reparties comme suit :
    Groupement du Grand –Liban : une compagnie d’infanterie ; deux escadrons de cavalerie.
    Groupement du Nord –Syrie : cinq compagnies d’infanterie.
    Groupement des Alaouites : trois compagnies auxiliaires alaouites ; un escadron auxiliaire alaouite.
    Groupement de Damas : trois compagnies d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
    Groupement de Homs : trois compagnies d’infanterie.
    Groupement d’Alexandrette : une compagnie d’infanterie.
    Durant l’annee 1923, l’effectif de ces troupes atteignit un total de 6282 hommes repartis comme suit :

     
    Grade :    Français :    Auxiliaires :    Total :       
    Officiers :    133    58    191       
    Sous-officiers :    347    241    588       
    Caporaux :    137    174    311       
    Brigadiers :    21    70    91       
    Hommes de troupe :    133    4968    5101       
    Total :    771    5511    6282    

    Animaux : 970 chevaux, 841 mulets et 500 chameaux. Cet effectif etait reparti en :
    -Une inspection des Troupes Auxiliaires du Levant.
    -Six bataillons du Levant formant corps.
    -Quatre escadrons du Levant.
    -Deux compagnies meharistes.
    -Une compagnie de genie.
    -Sept sections autonomes mises a la disposition des differents services de l’Armee du Levant.
    -Une ecole militaire.





    Durant les annees suivantes, le nombre total des Auxiliaires variait suite aux transformations successives des unites, ce qui permet de dresser le tableau suivant :

     
    Date :    Officiers francais :    Officiers auxiliaires :    Total :    Hommes de troupe francais :    Hommes de troupe auxiliaires :    Total :    Total general :       
    31-12-1925 :    164    48    212    309    4945    5254    5466       
    31-8-1926 :    147    50    197    556    4881    5437    5634       
    31-12-1926 :    150    55    205    570    5707    6277    6482    

    NB : 1.On remarque que le nombre des officiers auxiliaires augmentait progressivement.
    2.L’augmentation considerable de l’effectif en 1926 etait provoquee par les besoins en troupes pour la pacification de la region de Damas et du Djebel Druze.

    Section 11.2 : Les Troupes Suppletives du Levant :

    Les troupes suppletives du Levant furent creees en 1925, suite a l’insurrection du Djebel Druze, pour etre reparties sur tous les territoires des Etats sous mandat et principalement dans les villes frontalieres. Elles beneficiaient d’une certaine mobilite et maniabilite qui devaient permettre la formation rapide des unites ainsi que la reduction des effectifs selon les besoins et dans des delais peu eleves. Elles pouvaient s’adapter facilement aux exigences des situations et constituaient, en temps de paix, une force de police assez importante qui assurait les liaisons entre les differents corps militaires, la garde des frontieres et des lignes de communications des pays ainsi qu’une premiere resistance contre les bandes rebelles. [Les autorites francaises formaient les troupes indigenes pour faire face aux menaces interieures et en vue du maintien de l’ordre, de pacification et de stabilite du pays. C’etait en fait, une vieille habitude coloniale francaise que d’organiser les forces armees des pays colonises, orientees vers les operations de police interieure. Les francais suivirent cette politique au Liban, en Syrie et en Tunisie, mais pas au Senegal et en Algerie. Les autorites belges suivirent aussi cette meme politique au Zaire et au Rwanda. Au Zaire, elles creerent La Force Publique pour assurer le maintien de l’ordre. Au Rwanda, elles organiserent seulement une police locale. Mais, deuz ans avant l’independance de ce pays, elles commencerent la preparation de l’armee nationale. Quant aux britanniques, par contre, ils recruterent dans leurs colonies, des divisions pour etre employees sur des theatres d’operations lointains (par exemple aux Indes, au Zimbabwe, en Australie et a la Nouvelle Zelande).].
    Constituees des escadrons legers du Levant et des bataillons des chasseurs du Liban, les Troupes Suppletives dependaient du general commandant de l’Armee du Levant et etaient entretenues par les budgets locaux sans intervention du ministere de la Guerre francais.

    Paragraphe A : Reglement :

    1.Encadrement :
    Le commandement des differentes unites des Troupes Suppletives etait exerce par des officiers et des sous-officiers detaches a ces troupes. Les cadres jouissaient de toutes les prerogatives et droits et assumaient les memes responsabilites que les cadres des autres formations du Levant.

    2.Recrutement et licenciement :
    Le recrutement s’organisait dans les bataillons et les escadrons, par voie d’engagement volontaire pour une duree de 6 mois pour les cavaliers et allant de 6 mois a 2 ans pour les fantassins.
    Le candidat volontaire pouvait etre libanais, syrien, tcherkess, armenien ou provenant d’autres minorites du Moyen-Orient. Il devait etre sujet de l’un des Etats sous mandat francais, age de 18 a 40 ans, reconnu apte au service apres une visite medicale et presenter des references permettant de se rendre compte des services qu’il pouvait assurer. Il signait un acte d’engagement.
    Les engagements pouvaient etre resilies sans preavis, pour mauvaise conduite et a la suite d’un preavis de 15 jours en cas de dissolution de l’unite. Le licenciement pour mauvaise conduite relevait :
    -Pour les officiers, adjudants et aspirants, du general commandant superieur des troupes.
    -Pour les sous-officiers et hommes de troupe, de l’Inspecteur des Troupes Auxiliaires du Levant.
    En aucun cas, la resiliation ne donnait droit aux indemnites revenant aux autres militaires.
    3.Promotions, punitions et recompenses :
    Les promotions des officiers etaient du ressort du general commandant superieur des Troupes du Levant. Celles des officiers des bataillons des chasseurs du Liban etaient soumises a l’approbation du president de la Republique libanaise. Celles des sous-officiers et des hommes de troupe etaient signees par l’inspecteur general des Troupes Auxiliaires du Levant.
    Les mesures disciplinaires contre les officiers variaient de l’arret simple, prononce par les commandants de corps, a l’arret de rigueur, prononce par l’inspecteur general. Les punitions des sous-officiers faisaient partie des prerogatives des chefs de corps.
    Quant aux gratifications pour bonne conduite, elles groupaient les felicitations, les permissions, les recompenses pecunieres, les decorations et les promotions exceptionnelles.

    Paragraphe B : Compositions :

    La formation des compagnies et des escadrons des Troupes Suppletives se deroulait d’une facon plus rapide et mieux que prevu. Ces troupes qui, au debut de 1924, etaient constituees de huit escadrons de gardes mobiles, voyaient sa composition renforcee a la fin de cette annee pour comprendre :
    -8 compagnies de chasseurs du Liban.
    -36 escadrons de gardes mobiles dont 9 tcherkess, 3 kurdes, 6 druzes et 18 libanais et syriens.
    -Une compagnie libanaise de pionniers (genie).

    Leur effectif qui atteignit durant cette periode 5689 hommes se repartissait comme suit :
    -18 officiers francais
    -75 officiers libanais et syriens
    -96 hommes de troupe francais
    -5500 hommes de troupe indigenes.

    Gardes ruraux :

    En plus des troupes regulieres, il etait constitue, dans de nombreuses regions, des gardes ruraux, dependants des Troupes Suppletives et qui collaboraient surtout dans la surveillance des voies ferrees et des localites. Ils etaient designes par les Moukhtars des villages, armes par leurs soins, ne recevaient pas de retributions et n’etaient appeles a veiller a la securite, en quittant leurs occupations ordinaires, qu’en cas de danger. Ils constituaient, de ce fait, les elements les plus rapides pour la lutte contre les bandes armees.
    L’idee de ces gardes, semblable a l’actuelle garde frontaliere dans plusieurs pays, s’etait rendue realisable a cause du degout ressenti par les paysans des insurrections et des bandes. Ils etaient disposes a empecher leurs villages de devenir des theatres d’hostilites et de brigandage et rendirent, de ce fait, des services appreciables a l’administration francaise dans les Etats du Levant.

    Paragraphe C : Evolution des Troupes Suppletives :

    Les Troupes Suppletives evoluerent, a partir de janvier 1926, pour donner naissance aux bataillons des chasseurs du Liban, futures unites de l’armee libanaise mises a la disposition du gouvernement libanais a partir du 1er aout 1945. [Les bataillons des chasseurs du Liban devaient conserver cette nomination jusqu’en 1967. L’auteur fut, en fait, affecte a ces bataillons comme suit : 1963 au 6e Bataillon, de 1963 a 1964 au 2e Bataillon et de 1964 jusqu’en 1967 au 3e Bataillon des chasseurs du Liban].

    1.Les bataillons des chasseurs du Liban :
    Au debut de l’annee 1927, les huit compagnies des chasseurs furent reorganisees comme suit :
    -etat-major de bataillon
    -sept compagnies d’infanterie de 125 hommes chacune
    -une compagnie de pionniers.
    Elles etaient encadrees par deux capitaines et trois lieutenants commandants d’unites, huit sous-lieutenants, trois adjudants-chefs, cinq sergents major et quinze sergents.
    En avril 1929, les huit compagnies furent reparties en deux groupements :
    -un groupement au Nord du Liban, commande par le capitaine Carrez.
    -un groupement au Sud, commande par le commandant Denis.
    Le premier avril 1930, chaque groupement donna naissance a un bataillon des chasseurs du Liban (BCL). Le premier stationna a Marjeyoun et le deuxieme a Fayadieh (4 Km a l’Est de Beyrouth).

    2.Les escadrons legers :
    Les escadrons, crees sous la denomination d’escadrons de gardes mobiles en 1926, prirent a partir du 1er janvier 1927, le nom d’escadrons legers. Leurs missions consistaient a surveiller les frontieres Nord de la Syrie et a veiller au maintien de l’ordre, souvent trouble, au Djezireh et dans la zone montagneuse a l’Ouest d’Alep, ou le banditisme etait en vogue.
    Les escadrons les plus fameux, au sein des Troupes Suppletives du Levant, etaient ceux groupant des Tcherkess ou des druzes.
    Ces escadrons, dont le nombre et les appellations successives variaient souvent, survecurent jusqu'à la Deuxieme Guerre mondiale. Le nombre s’elevait en 1927 et 1928 a 22 et en 1932 a 21 escadrons.

    Section 11.3 : Les Troupes Speciales du Levant :

    Ces troupes, formees par un decret du haut-commissaire a partir du 20 mars 1930, remplacerent toutes les autres formations : Troupes Auxiliaires et Suppletives en englobant leurs differentes unites.
    De plus, de nouvelles unites furent rattachees aux Troupes Speciales, et notamment :
    -Des unites d’artillerie, une compagnie speciale telegraphiste, une direction de service de transmission et des unites de genie, de train, de service automobile, de chemins de fer.
    Le reglement des Troupes Speciales ne differa pas trop de celui des Troupes Auxiliaires. Leur composition variait au fil des annees pour voir augmenter considerablement le nombre des unites. C’est ainsi qu’en 1933, les Troupes Speciales etaient constituees comme suit :
    a)Les Troupes anciennement denommees auxiliaires :
    -Une inspection generale
    -8 bataillons
    -4 escadrons de ligne
    -3 compagnies meharistes
    -1 escadron d’auto-mitrailleuses legeres
    -3 compagnies de genie (sapeurs –mineurs, telegraphistes et chemin de fer)
    -2 compagnies de train
    -Un etat-major de groupe d’artillerie
    -2 batteries de 75 mm portees
    -Une batterie de 65 mm sur bat
    -Une section d’artillerie a pied
    -6 sections autonomes de divers services.

    b)Les Troupes anciennement appelees suppletives :
    -2 bataillons de chasseurs du Liban
    -21 escadrons legers.

    En 1936, elles comprenaient 10 bataillons d’infanterie, 3 compagnies meharistes, 2 compagnies de transport (autos et mulets), 3 compagnies de genie (sapeurs –mineurs, sapeurs –telegraphistes et de chemin de fer), 2 sections d’auto –mitrailleuses et 6 sections autonomes de services.
    Ces troupes, estimees a 22000 hommes en 1942, et constituees en totalite de libanais et syriens, prirent part aux cotes des troupes francaises a la bataille de Bir Hakim.
    Ce n’est qu’a partir du 1er juin 1943 que les Troupes Speciales Libanaises se separerent des formations syriennes et constituerent la 5e Brigade Speciale de Montagne sous le commandement du colonel Fouad Chehab.
    Elles comprenaient en ce temps : 3 bataillons de chasseurs (Quannaca -1e, 2e et 3e), 2 escadrons blindes, 1 bataillon d’artillerie (de campagne et anti-aerien), 1 compagnie de genie, 1 compagnie de communications et de pompiers et 1 detachement medical.
    C’est ainsi que les Troupes du Levant, de differentes nominations, donnerent naissance aux formations des armees libanaise et syrienne de l’independance.

    Section 11.4 : Les escadrons druzes :

    Section 11.5 : La gendarmerie et les milices :

    Paragraphe A : La gendarmerie :

    La gendarmerie libanaise fut organisee des la periode du Mutassarrifiya. « Durant cette periode, ecrivit le professeur Chevalier, un corps regulier de gendarmerie qui etait recrute par engagement volontaire sur une base communautaire, etait place sous les ordres du gouverneur pour assurer le maintien de l’ordre et l’execution des lois. Il comprenait 200 hommes en 1865, 750 en 1867 ».
    La gendarmerie libanaise fut reformee en 1908 par les autorites ottomanes. Suite aux evenements de mutinerie de 1912 qui avait pour but d’imposer une augmentation des soldes, un officier francais, le capitaine Bouvet, fut designe en 1914 pour la reorganiser. Mais il dut rentrer en France. Il fallait attendre juillet 1920 pour que la gendarmerie des Etats sous mandat soit reorganisee.
    A partir de cette date, elle dependait de la Legion Syrienne puis des Troupes Auxiliaires du Levant. Elle constituait un organisme d’Etat, travaillant sous la direction des gouverneurs militaires, sauf pendant le temps de la guerre quand elle rejoignait les troupes regulieres pour etre employee comme unite de combat.
    Les missions de la gendarmerie etaient tres variees. Outre le maintien de l’ordre, elle s’occupait des services de douanes et des prisons, du monopole du tabac, du maintien des forces mobiles et de la regularisation de la circulation en dehors des villes.
    Sa composition changeait suivant les Etats et s’articulait par district et caza. Les compagnies de gendarmerie mobile du Grand –Liban, rearticulees en mars 1921, se transformerent en deux escadrons libanais relevant du commandant de la Legion Syrienne. Ils etaient commandes et encadres par des officiers et des sous-officiers libanais avec quelques grades francais dont la mission se limitait a donner des conseils techniques.
    La gendarmerie s’etait vu augmenter en nombre pour devenir une force effective de maintien de l’ordre et de la repression du brigandage. Ses effectifs, repartis sur la totalite du territoire sous mandat, atteignirent, au 1er janvier 1924, les nombres suivants :

     
    Etat :    Officiers :    Gendarmes :    Total :       
    Grand –Liban :    44    1070    1114       
    Damas :    86    900    986       
    Alep :    24    629    653       
    Alexandrette:    4    151    155       
    Alaouites :    11    197    208       
    Djebel Druze :    9    227    236       
    Total :    178    3174    3352    

    La gendarmerie du Grand –Liban joua, en fait, le role le plus important. D’où l’importance de son effectif.

    En 1926, elle se composait comme suit :

     
    Etat :    Officier de gendarmerie sedentaire :    Troupes de gendarmerie sedentaire :    Officier de gendarmerie mobile :    Troupes de gendarmerie mobile :    Observations :       
    Etat du Liban :    40    1022    10    252    Non compris : 6 officiers et 3 sous-officiers francais.       
    Etat des Alaouites :    12    224    -    -    Non compris : 1 officier francais.       
    Etat de la Syrie :    61    1651    5    125    Non compris : 10 officiers et 15 sous-officiers francais.       
    Sandjak d’Alexandrette :    3    215    1    25    Rattache a la Syrie au point de vue commandement avec budget autonome.    

    NB : La gendarmerie du Djebel Druze, passee aux insurges en aout 1925, n’etait pas encore reconstituee en 1926.
    Le service de gendarmerie fut assure par les escadrons des Troupes Suppletives.

    Paragraphe B : Les milices :

    Les milices constituaient des forces para-militaires organisees au Liban depuis 1864. Apres les regrettables evenements de 1860, le statut politique du Mont –Liban fut approuve en 1864. Ce statut interdisait l’acces de la montagne aux troupes ottomanes, sauf dans certaines circonstences exceptionnelles et sur requisition du Mutassarrif.
    Les officiers etaient recrutes directement parmi les fils des familles notables. En souvenir de l’intervention francaise de 1860, l’uniforme des Zouaves fut adopte.
    En 1915, les milices, placees sous le commandement d’un colonel de la 4e Armee ottomane, furent decomposees et offrirent plutot l’aspect d’une bande que d’une troupe reguliere.
    Les autorites mandataires reorganiserent les milices a partir de fevrier 1920 afin de leur procurer la force necessaire pour participer, aux cotes des autres troupes du Levant, a la pacification des territoires sous mandat. Afin de leur donner le statut legal, le mandat pour la Syrie et le Liban mentionna dans son article numero 2 ce qui suit : « Le mandataire pourra, jusqu'à la mise en vigueur du statut organique et du retablissement de la securite publique, organiser les milices locales necessaires a la defense de ces territoires et les employer a cette defense ainsi qu’au maintien de l’ordre. Ces forces locales ne seront recrutees que parmi les habitants des dits territoires. Elles ne pourront etre utilisees a d’autres fins que celles enoncees ci-dessus, a moins que le mandataire ne l’autorise ».



    Principes d’organisation :

    1.Missions : Les milices libanaises et syriennes, constituees de fantassins et de cavaliers, etaient destinees au maintien de l’ordre hors des agglomerations urbaines, a la securite des voies de communication et a l’escorte des convois de prisonniers. Elles aidaient aussi a la perception des impots.
    En general, les milices assuraient toutes les missions qui incombaient a la gendarmerie et que cette derniere ne pouvait pas remplir. Elles cooperaient enfin avec les troupes de la Legion Syrienne dans des operations militaires conventionnelles.
    Les milices etaient a la solde des budgets locaux.

    2.Organisation generale : Les milices etaient organisees comme suit :
    a)Un etat-major residant a Beyrouth et commande par un officier francais, inspecteur des milices.
    b)Par Sandjak : une formation, commandee par un officier francais et portant le nom du Sandjak, stationnait dans les differents cazas.

    Les effectifs des milices se repartissaient de la facon suivante :
    -a Lattaquie, 150 fantassins et 400 cavaliers.
    -a Tripoli, 150 fantassins et 400 cavaliers.
    -a Alexandrette, 100 fantassins et 400 cavaliers.
    -a Saida, 200 cavaliers.
    -les commandements de groupements : 120.
    -les commandements de sections : 45.
    -les commandants adjoints : 14.
    Le total des milices s’elevait a 1979 miliciens.

    3.Recrutement : Les miliciens s’enrolaient, sans aucune condition de duree d’engagement, parmi les vonlontaires civils, les legionnaires et les gendarmes liberes. Les candidats pour la milice a cheval amenaient eux-memes leur monture.

    4.Encadrement et armement : Des officiers et sous-officiers, detaches des services administratifs et auxquels se joignaient parfois quelques grades auxiliaires, assuraient l’encadrement des milices. Les miliciens portaient un insigne distinctif, mais des tenues differentes.
    Le mousqueton et la carabine constituaient l’armement des cavaliers et le fusil, celui des fantassins.
    En conclusion, les unites de milices contribuerent a partir de 1920, aux cotes de la gendarmerie, au maintien de l’ordre. Mais, a partir de 1921, elles commencerent a disparaître progressivement au fur et a mesure de l’organisation de la Legion Syrienne et de la gendarmerie des Etats sous mandat.

    Section 11.6 : Valeur militaire des Troupes du Levant :

    La difficulte de motiver les legionnaires et les auxiliaires libanais et syriens se repercutait aussi sur leurs valeurs respectives. Les elements des escadrons druzes, bien convaincus de la necessite de mettre fin a la revolte du Djebel qui durait depuis longtemps et qui ne faisait que ruiner les villages et les recoltes, donnerent pleine satisfaction aux officiers francais qui les commandaient ainsi qu’au commandement francais du Djebel.
    Les bataillons des chasseurs du Liban, acquis a la bonne cause, etaient d’une valeur militaire incontestable.

    Paragraphe A : La Legion Syrienne et les Troupes Auxiliaires :

    La valeur generale de la Legion Syrienne et des Troupes Auxiliaires du Levant etait bonne surtout pour mener des operations face a un ennemi bien organise. Les unites de la Legion Syrienne etaient moins solides au combat que les troupes francaises et que les Troupes Suppletives dont la formation repondait plus aux exigences de maintien de l’ordre et a la nature des terrains d’operation de la region.

    Paragraphe B : Les Troupes Suppletives :

    Les Troupes Suppletives formaient le moyen de repression le plus energique parce qu’elles employaient les memes methodes de combat que les bandes qu’elles devaient reduire.
    Formees de plusieurs ethnies, armeniens, libanais, tcherkess, kurdes, druzes et d’autres minorites de la region, elles constituaient, au sein de l’Armee du Levant, des unites d’elites poussees en avant-garde dans les operations menees. C’est ainsi que le rapport du mandataire de l’annee 1926, a la SDN, statua que : « Les Forces Suppletives sont des formations de volontaires. Leur organisation, amorcee en 1925, a ete tres activement poussee. On leur doit une action tres brillante et tres utile au cours des operations de l’armee en 1926 ».
    Le general Andrea sentit, lui aussi, la satisfaction des Troupes Suppletives, qu’il decrivit comme suit : « Troupes d’elite qu’il faut juger sur les resultats obtenus, sans chercher a analyser les moyens employes, lesquels ne sont d’ailleurs que la replique de ceux en usage chez un adversaire brutal et san pitie ».
    En fait, la plupart des unites de ces troupes, chasseurs du Liban et escadrons legers du Levant, avaient ete decorees suite a leur distinction au combat.

    Paragraphe C : Les Troupes Speciales :

    La qualite et la valeur des Troupes Speciales du Levant etaient, dans l’ensemble, satisfaisantes malgre le grand nombre des officiers et sous-officiers indigenes qui assuraient leur encadrement. Les officiers avaient une bonne formation militaire grace aux efforts de l’ecole militaire. Les sous-officiers commencerent, a partir de 1930, a mieux s’adapter dans les unites de l’Armee du Levant et a s’impregner des traditions militaires francaises.

    Paragraphe D : La gendarmerie :

    La gendarmerie, en contact direct avec la population d’où elle provenait, paraissait des 1920, comme une force d’une valeur moyenne qu’il fallait appuyer par les autres unites de l’Armee du Levant en cas de troubles un peu etendus. Elle etait tres liee a la population et posait des problemes de loyaute aux autorites francaises.
    C’est ainsi que la gendarmerie du Djebel Druze, passee aux insurges en aout 1925, fut remplacee, a partir de cette date, par les escadrons druzes dans les operations de police.
    A partir de 1926, d’appreciables progres furent realises dans le domaine du maintien de l’ordre. La repression se faisait mieux et le brigandage plus efficacement reprime. L’action preventive et repressive de la gendarmerie se traduisit par de bons resultats.

    Conclusion :

    En conclusion, la valeur des Troupes du Levant etait satisfaisante et en voie d’amelioration, comme le resumait le rapport des autorites mandataires de 1926, transmis a la SDN : « Les Troupes indigenes dans l’ensemble ont deja fait leurs preuves et montre qu’elles etaient adaptees aux besoins de la situation. Il reste, dans l’avenir, a developper leur organisation, augmenter leur nombre, constituer des cadres indigenes plus nombreux, enfin a leur donner la cohesion et les traditions militaires necessaires ».



    Quatrieme Titre :
    Les operations de la Legion d’Orient et des Troupes Auxiliaires (1920-1926) :

    -Les effectifs de l’Armee du Levant diminuerent progressivement apres 1920 pour atteindre le nombre de 15000 combattants en 1925. Durant cette meme periode, les troupes locales augmenterent pour atteindre 7000 en 1924.
    Les contingents locaux, connaissant le terrain ainsi que la mentalite des insurges et pouvant s’adapter facilement aux circonstances climatiques de la region, etaient appeles a jouer un role de plus en plus important dans les operations de pacification et de maintien de l’ordre dans leurs pays.

    Chapitre 12 : Les Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans les territoires sous mandat :

    Section 12.1 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat du Grand –Liban :

    Paragraphe A : Generalites :

    L’Etat du Grand-Liban fut cree par l’arrete du 1er septembre 1920 et proclame a Beyrouth au cours d’une ceremonie solennelle. C’est le general Gouraud qui declara sa creation en presence du Patriarche maronite et du Mufti, seuls assis a ses cotes, ainsi que d’autres chefs religieux et d’une foule enorme, sur le perron de sa residence dans la foret des pins a Beyrouth. Il annonca cet evenement historique comme suit : « Au pied de ces montagnes majestueuses qui ont fait la force de votre pays, en demeurant le rempart inexpugnable de sa foi et de ses libertes.
    Au bord de la mer legendaire qui vit les triremes de la Phenicie, de la Grece et de Rome, qui porta par le monde vos peres a l’esprit subtil, habiles au negoce et a l’eloquence et qui, par un heureux retour, vous apporte la consecration d’une grande et vieille amitie et le bienfait de la paix francaise.
    Par devant tous ces temoins de vos espoirs, de vos luttes et de votre victoire, c’est en partageant votre fierte que je proclame solennellement le Grand –Liban, et qu’au nom de la Republique francaise, je le salue, dans sa grandeur et dans sa force, du Nahr el –Kebir, aux portes de la Palestine, et aux cretes de l’Anti –Liban ».
    Le Grand –Liban avait pour capitale Beyrouth et etait divise en 4 sandjaks, gouvernes par des Moutessarifs [Les 4 sandjaks couvraient respectivement le Liban Nord avec Zghorta, le Liban Sud avec Saida, le Mont-Liban avec Baabda, la Bekaa avec Zahle, pour chefs-lieux] et forme de 11 cazas, de 35 Moudiriehs, respectivement diriges par des Caimacams et des Moudirs et de deux municipalites autonomes a Beyrouth et a Tripoli. La population s’elevait en 1925-1926 a 597789 habitants.
    Un conseil representatif, de composition communautaire, fut elu en mars 1922. Il groupait parmi ses 15 membres, des representants de 6 communautes dirigeantes : 6 maronites, 3 grecs-orthodoxes, 1 grec-catholique, 2 sunnites, 2 chiites et 1 druze.
    Le 25 mai de la meme annee, Habib Pacha Saad fut elu president du conseil. Le nouveau haut-commissaire, le general Sarrail, proceda a de nouvelles elections en juillet 1925. Le nouveau conseil donna naissance a la premiere chambre de deputes du Liban en assistant a la creation de la Republique Libanaise, le 23 mai 1926 et en choisissant Charles Debbas comme premier president de cette republique.
    Le Liban fut l’Etat du Levant le plus souple aux conseils de la puissance mandataire et qui, en 8 ans, avait presque atteint l’autonomie sous l’egide du mandat.

    Paragraphe B : Les foyers troubles :

    Le Liban qui vecut des evenements confessionnels notamment en 1860 et dont une grande partie favorisa la collaboration avec la France comme puissance mandataire, conserva aussi plusieurs voies d’objection. A cote des chretiens du Liban et surtout des maronites, favorables a la France, des mouvements contre le mandat s’esquisserent a l’etranger et particulierement au Caire ou les anciens collaborateurs de l’Emir Faycal, musulmans et chretiens, poursuivaient leur reve, brise a Meisseloun, de l’arabite unifiante. D’autres mouvements se manifesterent en Europe et en Amerique. La masse musulmane du Liban s’etait installee dans son negativisme absolu a l’egard du mandat.
    Les Nationalistes arabes manifesterent contre la creation du Grand-Liban par l’annexion des 4 Cazas et des villes cotieres [Les territoires rattaches au Grand-Liban etaient (par arretes numero 299 et 318) :
    a)Les cazas de Baalbeck, Bekaa, Rachaya, Hasbaya.
    b)Les parties du Wilayet de Beyrouth ci-dessous indiquees :
    -le sandjak de Saida, moins la partie attribuee a la Palestine (Safad).
    -le sandjak de Beyrouth.
    -La partie du Sandjak de Tripoli comprenant les cazas du Akkar, de Tripoli et la partie du caza de Hosn al-Akrad, situee au Sud des limites Nord du pays], de peur que leur adherence a un Etat libanais, domine par les chretiens, ne puisse les isoler pour toujours du monde arabe islamique. Ils resisterent a la presence militaire francaise et revendiquerent leur rattachement a l’Etat de Syrie.
    En plus, la lutte pour l’independance, menee en Syrie, entraina quelques remous a Beyrouth et a Tripoli. Les leaders sunnites, a part quelques figures, refuserent la collaboration avec les autorites mandataires au sein du gouvernement libanais durant la periode du mandat.
    « Seule Tripoli, ecrivit Edmond Rabbath, s’animait de temps en temps a l’occasion d’un incident, sous la conduite de ses chefs locaux, Abdul Hamid Karame et le Docteur Abdul Latif Bissar. Le mandat etait passe maitre de l’art qu’il avait mis en pratique d’en detacher quelques figures, plus ou moins representatives, a qui il confiait des fonctions de gouvernement ou de postes dans l’administration ».
    Cette attitude de refus collectif crea au Liban et surtout dans les regions nouvellement jointes un climat de tension qui se transformait parfois en troubles.
    Un autre foyer de perturbation fut cree par les repercussions des evenements et des insurrections syriennes et druzes sur le pays, vu le rapprochement et les parentes des populations des deux Etats. Camille Chamoun ecrivit a ce propos : « Des bandes armees, payees par Damas, se mirent a parcourir le Chouf. Les passants etaient devalises ou assassines pour la simple raison qu’ils appartenaient a une communaute religieuse differente. L’enjeu etait clair : créer dans la Zone Ouest un etat chaotique. Un des moyens d’y parvenir etait d’exciter les rivalites et les passions confessionnelles toujours prets a s’enflammer. Dans les provinces du Nord qui longent les frontieres syriennes, des incidents de meme nature troublaient la paix des citoyens ».
    C’est ainsi que le territoire du Grand-Liban connut quelques evenements et troubles, notamment en 1925. Mais les operations qui seront traitees dans ce chapitre auxquelles prirent part les troupes libanaises.
    Dans le cadre du maintien de l’ordre, la 23e Compagnie Libanaise stationna, des 1918, a Baabda et detacha une section de 30 hommes a Beiteddine pour surveiller ces regions. La 20e Compagnie detacha aussi, a partir de decembre, un poste a Batroun afin d’y tenir garnison et y executer les missions de police.
    Des 1918, des operations de police furent effectuees egalement dans les regions de Zahle, Saida et plus specialement au Sud du Liban ou la securite des villages chretiens etait menacee.
    Pour mener ces operations, le general Hamelin constituait des colonnes mobiles, en rassemblant tous les elements dont il pouvait disposer, afin de montrer a la population l’uniforme francais.
    Les plus fameuses colonnes auxquelles participerent les unites libanaises furent celles du Liban-Sud.


    Paragraphe C : Colonne du Liban Sud :

    La colonne du Liban-Sud, organisee durant les premiers jours de 1919, recut la mission d’exhiber la presence francaise dans la region et d’y combattre l’action cherifienne. Sous les ordres du capitaine Recoura, elle groupait :
    -4 sections d’infanterie dont une du bataillon syrien.
    -1 peloton de cavalerie.
    Partie de Beyrouth, le 11 janvier, elle traversa Aley, Deir el-Kamar, Baakline, Djedeide Marjayoun et revint par Nabatiyeh, Tyr, Saida pour rentrer a Beyrouth le 3 fevrier.
    Cette colonne fut acceuillie avec enthousiasme et chaleur dans les villages maronites [en fait, plusieurs villages chretiens du Sud et du Chouf manifesterent le desir de voir les troupes francaises stationner dans leur village] et avec hospitalite mais froideur dans les villages druzes. Elle obtint un resultat beaucoup plus important que son volume, surtout dans le domaine du rapprochement entre les autorites francaises et la population du Liban Sud.

    Paragraphe D : Defense du Houleh et du Liban Sud :

    Le 17 octobre 1919, et suite aux incursions druzes venant du Hauran a travers l’Hermon et menacant les habitants du Houleh et de Marjayoun, un village fut pille. L’escadron libanais de Djedeide ainsi que la gendarmerie locale procederent a la defense des autres villages que les insurges tenterent de piller, en attendant l’arrivee d’une demi-compagnie du 415e Regiment d’infanterie. Ces unites, groupees, chasserent les bandes de la region.
    Durant les mois de mai-juin 1920, des troubles confessionnels anti-chretiens, provoques par des bandes bedouines venues du territoire de l’Est, eclaterent dans les regions de Saida, Tyr et Marjayoun. Bent-Jbeil, Houleh et beaucoup d’autres villages furent menaces.
    Deux colonnes, ne comprenant aucune unite locale, furent organisees et envoyees.
    Le 15 juin, une attaque de bandes, estimees a 7000 combattants, se declencha contre les villages de Djedeide, el Khirbeh, el Kleat et Deir Mimas. Les gendarmes libanais, aides par la population locale, resisterent jusqu'à l’arrivee des renforts francais le 20 juin 1920.
    Mais a partir de juillet, la situation se calma au Liban Sud dans l’attente du resultat de la campagne menee contre le gouvernement cherifien de Damas. Apres le delogement de ce dernier, le service de police fut organise dans cette partie du pays, a partir du mois d’aout, comme suit :
    -a Rachaya : 80 miliciens et un escadron du Levant ;
    -a Tyr : la premiere compagnie de la Legion Syrienne (composee de libanais) ;
    -a Saida : la 3e Compagnie et l’escadron libanais.

    Paragraphe E : Desarmement de la population :

    Durant l’annee 1921, les operations au Liban se bornerent au maintien de l’ordre limite et aux missions journalieres de police, chaque unite travaillant dans sa region de stationnement, sans aucune operation d’envergure. Cette annee-la, les foyers de troubles et d’insurrections s’etaient deplaces vers l’Etat des Alaouites.
    A la fin de cette annee, les zones de responsabilites de la Legion Syrienne furent reparties comme suit :
    -a Beyrouth : Une compagnie plus trois sections. Un escadron.
    -a Tripoli : Un demi-escadron.
    -a Baalbeck : Un demi-escadron.
    -a Tyr : Une section d’infanterie.
    -a Marjeyoun –Hasbaya : Un escadron.

    Les troupes libanaises participerent aussi aux operations qui aboutirent au desarmement des villages du Liban en 1923 et 1924, chacune dans son secteur de responsabilite. Pendant ces operations, 18626 fusils, 6674 revolvers et 647484 cartouches furent confisquees a la population.

    Paragraphe F : Defense de Rachaya :

    En novembre 1925, un danger imminent surgit dans la partie Est de l’Etat du Liban et surtout contre la population chretienne et les troupes francaises. La rebellion du Djebel Druze s’etendit a la region du Mont-Hermon, de Rachaya et de Hasbaya, menacant le Chouf, theatre des massacres de 1860.
    Hasbaya tomba entre les mains des druzes qui assiegerent avec 4000 combattants la garnison de Rachaya, tenue par 2 escadrons de spahis et 1 detachement de 100 gendarmes libanais. Cette garnison resista heroiquement, en infligeant 400 tues a l’ennemi jusqu'à l’arrivee des 3 colonnes francaises qui, le 24 novembre, debloquerent le siege, reconquirent Hasbaya, chasserent les insurges et delivrerent la region Sud-Est du Liban.



    Paragraphe G : Operations de maintien de l’ordre en 1926 :

    Au mois de fevrier 1926, 53 gendarmes libanais prirent part dans une operation de nettoyage des villages de Habite, Zeboud, Khrabite, Herbeta et Leboueh, situes au Nord de Baalbeck, ainsi que dans la destruction d’une bande armee qui menacait la voie ferree Rayack-Homs.
    Durant ce meme mois, le 1er Bataillon des chasseurs du Liban, forme le 25 janvier 1926, participa, apres une breve periode d’instruction, a la colonne Lefort, chargee de nettoyer la region de Rachaya, Yenta et Sultan Yaacoub, terrorisee par la bande druze de Chekib Wahab.
    Le 23 fevrier, la 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban, escortant un convoi pour Rachaya, fut attaquee pres de Jib-Jannine. Apres un violent combat qui dura 4h, le convoi fut sauve et la bande ennemie mise en fuite. La jeune unite, a son bapteme du feu, se comporta comme une vieille troupe aguerrie.
    Au mois de mars, un detachement francais escortant vers Rachaya le commandant Roussel qui devait prendre le commandement du 3e Bataillon du 4e Regiment de tirailleurs, fut attaque et massacre a Nedoha. Une operation fur organisee afin de pacifier la region et de reduire la bande rebelle. Elle groupait :
    -Un bataillon et deux compagnies de tirailleurs.
    -Un escadron de la Legion etrangere.
    -Un groupe d’escadrons Tcherkess.
    -La 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban.
    Ces elements accrocherent la bande et la disperserent pres de Jib-Jannine en lui infligeant 40 tues et 50 blesses.

    Pacification de Mejdel Chems :

    Au debut d’avril, deux colonnes, sous les ordres du colonel Clermont-Grancourt, recurent la mission de nettoyer l’Hermon-Sud, dans la region de Mejdel-Chems. La 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban y prit part. Le 2 avril, apres de violents combats pousses jusqu’au corps a corps, cette compagnie enleva son objectif, contribuant ainsi au succes de l’attaque finale qui aboutit a la prise de Mejdel Chems et a la pacification de la region. Cette attitude lui avait valu une citation avec croix de guerre.
    Au mois de mai, une grande operation d’envergure fur projetee afin de detruire la bande Jaffar et ses partisans qui menacaient les lignes de communication Homs-Tripoli en s’installant sur les collines d’Akroum (au Nord du Liban et pres des frontieres syriennes).
    A cette operation, montee par deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie, une section d’artillerie et quelques vehicules blindes, se joignit le 2e Bataillon des chasseurs du Liban, ainsi que les partisans, les gardes mobiles de la region et les gendarmes du Liban-Nord.
    Le bataillon libanais, venant du Hermel, fut attaque par une bande d’environ 1000 fusils. Se trouvant dans une situation critique, il riposta violemment et parvint a se replier en bon ordre, apres un combat de plusieurs heures.
    Le mois suivant, la 5e Compagnie prit part avec la colonne Marty, aux operations qui aboutirent a la pacification de la region.

    Le combat de Falouze :

    Durant le meme mois, un detachement de 65 soldats des 2e et 6e Compagnies du 1er Bataillon des chasseurs du Liban, escortant sous les ordres du lieutenant Bairben, un convoi qui se rendait de Mejdel Anjar a Rachaya, fut attaque, a l’entree des gorges de Falouze, par une force estimee a 250 rebelles qui essaya de l’encercler. Le detachement recut l’ordre de se retirer. Ses echelons successifs tinrent l’ennemi en respect et parvinrent a se degager avec des pertes minimes (un caporal et un chasseur tues).

    Paragraphe H : Conclusion des operations au Liban :

    Les operations de maintien de l’ordre au Liban se deroulerent, de 1920 a 1926, parfois contre des insurges locaux ou des bandes libanaises, mais souvent contre un ennemi venant de la Syrie ou du Djebel Druze.
    Vers la fin de l’annee 1926, et suite aux echecs des insurges du Djebel Druze, les operations d’envergure cesserent au Liban pour donner place a celles de police, confiees au gouvernement local, avec la possibilite d’intervention d’unites de l’armee. Mais malgre les tentatives des rebelles pour dissimuler les succes remportes par les troupes francaises, l’autorite du mandataire semblait s’affermir vers la fin de l’annee 1926.
    En plus des manœuvres militaires, les bataillons des chasseurs du Liban participerent aux activites de travaux publics et specilament a l’entretien du reseau routier, la construction de routes [Les routes construites etaient les suivantes : -1er Bataillon : Hasbaya-Rachaya, Nakoura-Adeisseh, Djezzine-Machgara.
    -2e Bataillon : Baalbeck-Sergaya, Rachaya-Karaoun, Andket-Tel Kalakh] et de pistes et l’etablissement de lignes telephoniques, notamment entre Dahr e-Baidar –Damas et Saida –Kuneitra, rendant au sein de l’Armee du Levant d’importants services a la jeune Republique Libanaise. Ils tracerent par leur travail une tradition qui jalonnait l’histoire de l’armee libanaise contemporaine jusqu'à nos jours ; la participation aux œuvres humanitaires et d’assistance publique. Cette armee participa a beaucoup de projets de constructions de routes, de chemin de fer et d’utilite generale. En plus, elle fut presente dans toutes les regions sinistrees du pays, aidant aux operations de sauvetage et a la reconstruction.

    Section 12.2 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat des Alaouites :

    Paragraphe A : Description de l’Etat des Alaouites :

    Paragraphe B : Les colonnes mobiles :

    Paragraphe C : Les operations de pacification :

    Section 12.3 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat de Syrie :

    Paragraphe A : Le contexte politique et militaire :

    -Le contexte politique de la Syrie, a la fin de la Premiere Guerre mondiale, etait defavorable a l’occupation et au mandat francais et domine par un desir ardent d’independance et d’unite avec le Grand Liban et la Palestine.

    Paragraphe B : Les difficultes d’occupation de la Syrie :

    Paragraphe C : Colonne de Kuneitra :

    Paragraphe D : Extension de l’implantation vers le desert :

    Paragraphe E : Operations au Nord de la Syrie :

    Couverture de la voie ferree Alep-Hama :

    Colonne mobile de l’Oronte :

    Paragraphe F : Insurrection de Damas :

    Paragraphe G : Role des escadrons legers au Nord de la Syrie :
    Section 12.4 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre et la pacification du Djebel Druze :

    Paragraphe A : Le pays et les habitants :

    Paragraphe B : Causes des troubles :

    Paragraphe C : Debut de la revolte de 1925-1926 :

    Paragraphe D : Massacre du detachement Normand :

    Paragraphe E : La colonne du general Michaud :

    -« Soultan al-Atrache, ecrivit Chamoun, devint le chef de guerre inconteste dont le nom allait rallier aux druzes du Djebel les syriens de Damas et d’Alep et meme certains secteurs du Liban, notamment les montagnes du Akkar et de Tripoli dans le Nord, les regions de Hasbaya et de Rachaya dans le Sud ».

    Paragraphe F : La colonne Gamelin et le degagement de Soueida :

    Paragraphe G : La pacification du Djebel Druze :

    Conclusion generale :

    -L’histoire de l’armee libanaise contemporaine fut liee etroitement aux efforts des autorites francaises du Levant qui se concretiserent par la formation de la Legion d’Orient en 1916. En fait, la necessite de former cette Legion s’etait faite sentir pares l’extension de la Premiere Guerre mondiale au Moyen-Orient. A partir de ce moment, les puissances europeennes se mirent d’accord sur les modalites de morcellement de l’Empire ottoman. Le Liban, la Cilicie et une partie de la Syrie echouerent dans la Zone Bleue d’influence francaise.

    -L’organisation des Troupes Auxiliaires du Levant composees des libanais et syriens continua. Malgre les difficultes ressenties, entre autre la propagande des Nationalistes arabes, ces troupes avaient pu etendre leur composition pour devenir une force militaire de valeur.

    -Les unites les plus fameuses etaient les Troupes Suppletives organisees a partir de 1925 et qui groupaient les bataillons des chasseurs du Liban et les escadrons legers. Ce sont les unites qui donnerent la plus grande satisfaction aux autorites francaise du Levant.

    -Les bataillons des chasseurs du Liban et les escadrons druzes, bien motives et prepares, possedaient une certaine discipline militaire, leur procurant l’immunite necessaire pour permettre au commandement francais de les employer dans toutes les operations projetees et meme dans la neutralisation des insurrections de leurs coreligionnaires et dans la pacification des regions d’où ils provenaient.
    C’etait dans ce domaine que les Chasseurs du Liban donnerent le plus grand rendement. D’ailleurs, leur composition en troupes legeres et mobiles leur procura une nette superiorite dans la lutte contre les bandes des insurges reputees par leur vitesse d’intervention et de dispersion. Leur connaissance du terrain, de la population et des methodes de combat des rebelles, invita le commandement francais a profiter de leur superiorite dans ces domaines pour les melanger aux autres troupes du Levant dans toutes les colonnes planifiees et executees dans la region. Ces troupes dites suppletives, etaient toujours envoyees en avant-garde des colonnes de pacification et d’intervention.
    C’etait de cette facon qu’elles donnerent le plus grand rendement dans leur emploi.

    Epilogue :

    L’organisation des armees nationales et notamment au Liban qui refletait l’image francaise, attribua a la France une influence militaire marquante.
    Des specialistes francais furent charges de contribuer a la reorganisation de l’armee libanaise en 1977 et en 1982 et toutes les fois que le cas s’etait presente. Ceci procura a l’industrie francaise d’armement des marches stables, fixes et surs pendant une longue periode, contribuant ainsi au developpement de l’economie du pays.
    L’influence et l’amitie francaise continuerent enfin a regir les relations franco-libanaises grace aux officiers bien impregnes des traditions militaires et qui jouerent des roles parfois politiques sur la scene libanaise.
    Pour le Liban, l’œuvre militaire du mandat etait tres importante pour son developpement.
    Ses resultats peuvent etre consideres sur deux plans :
    -les resultats directs.
    -les resultats a long terme.
    A court et moyen terme, le commandement francais contribua a la formation et a l’organisation des unites de l’armee libanaise si bien qu’en 1945, l’armee de l’independance etait composee de :
    -l’ecole militaire ;
    -3 bataillons des chasseurs du Liban ;
    -1 bataillon de cavalerie comprenant 1 escadron leger et 1 escadron de chars et d’auto-blindes ;
    -1 compagnie de genie et de transmission ;
    -1 compagnie de transport ;
    -1 compagnie de pompiers.

    Le colonel Fouad Chehab, nomme commandant en chef de l’armee, continua la tache avec beaucoup de devouement, de loyaute et de courage. Il fut guide par son souci personnel de l’equilibre interieur communautaire au sein de l’armee et, plus tard, de l’Etat. Il se heurta, durant les premieres annees, a des difficultes provenant du fait que la plupart des officiers superieurs libanais etaient d’origine chretienne et surtout maronite [En fait, la plupart des officiers musulmans formes par les Troupes du Levant etaient d’origine syrienne. Ils rejoignirent, apres l’independance, les formations militaires syriennes].
    L’influence francaise etait marquante dans l’histoire de l’armee libanaise dans les domaines suivants :
    a)La langue francaise qui demeura la langue officielle de l’armee durant une longue periode transitoire.
    b)Les reglements des services interieurs, de garnison et de campagne qui sont toujours en vigueur au sein de l’armee.
    c)Les systemes de promotion, de decoration et de mutation.
    d)Les doctrines strategiques, tactiques et logistiques.
    e)Les tenues et les insignes.
    f)Toute l’infrastructure et les casernes du Liban, construites par les francais.
    g)La culture, les traditions, la formation, l’instruction et les methodes de travail et de pensee qui furent profondement implantees dans les esprits des officiers libanais.
    En plus des realisations purement militaires, le Liban profita du dynamisme et des possibilites des contingents militaires du Levant pour la propagation de la civilisation, de la culture et des œuvres d’assistances publiques et humanitaires vers des regions tres eloignees.

    L’influence francaise etait durable et profonde. Les traditions militaires qui s’etaient implantees dans l’armee, regissent toujours ses rangs et ses cadres. Les officiers libanais sont formes jusqu'à aujourd’hui a l’image francaise. Chaque annee, plusieurs d’entre eux poursuivent leurs etudes de specialisation dans les ecoles francaises. En 1982, 120 sous-lieutenants libanais furent envoyes en France pour suivre des cours dans les ecoles militaires d’application a Montpellier, Saumur, Chalons-Sur-Marne, Tours,… D’autres sont detaches actuellement pour suivre des cours d’etat-major, d’intendance militaire et des hautes etudes strategiques a Paris.
    Dans la meme politique de formation et d’instruction, plusieurs officiers francais enseignent toujours dans les ecoles militaires libanaises et surtout dans l’ecole des officiers et le college de commandement et d’etat-major. Des specialistes mettent leurs experiences et connaissances a la disposition de l’armee libanaise pour resoudre les problemes de reorganisation.
    Dans le domaine de l’armement, cette armee etait equipee depuis toujours par des armes francaises. En plus de la gamme d’armes legeres, des canons de 105 mm et de 155 mm, des auto-mitrailleuses Panhard, des missiles antichars SS-10, SS-11, ENTAC et MILAN, les premiers chars de combat qui debarquerent a Beyrouth en 1982, destines a l’armee libanaise, etaient les AMX-13 francais.

    -En conclusion, l’armee libanaise, amorcee par le commandement francais durant la periode du mandat, descendante de la Legion d’Orient, de la Legion Syrienne, des Troupes Auxiliaires, Suppletives et Speciales du Levant et reorganisee plusieurs fois, apres l’independance, avec le concours des specialistes francais, joua un role marquant dans l’histoire recente du pays.
    Jusqu’en 1958, cette armee fut eloignee de la politique grace aux soins du general Fouad Chehab. A partir de cette date, elle commenca a jouer un role tres efficace dans le developpement du Liban. En 1962, elle avorta facilement une tentative de coup d’Etat. En 1969 et 1973, elle domina les situations de troubles et d’emeutes generalisees. Mais, face a un ennemi superieur en nombre et tres bien equipe, elle s’etait trouvee incapable de stopper les invasions venant de l’exterieur. En fait, l’armee libanaise avait ete formee par les francais, puis par les responsables libanais pour assurer la stabilite et l’equilibre interieur du pays en plus de sa mission frontaliere.
    Elle avait accompli cette mission avec succes jusqu’au jour ou les pressions et les interventions exterieures introduisirent un nouveau facteur dans les troubles internes, facteur devant lequel cette armee s’etait trouvee neutralisee.
    Aujourd’hui, elle continue a lutter avec acharnement, dynamisme et loyaute sous le commandement du dynamique general Ibrahim Tannous et aux cotes des armees amies, pour redresser la situation au profit de la legalite et liberer le pays de la presence des armees etrangeres.

    Annexe 1 : Texte de proclamation de la Guerre Sainte :

    Annexe 2 : Les armees en presence sur le theatre d’operations du canal de Suez-Palestine :

    Annexe 3 : Tableau de stationnement des grandes unites ottomanes a la mobilisation :

    Annexe 4 : Effort militaire germano-autrichien en Turquie (chronologie) :

    Annexe 5 : Armees ottomanes d’Egypte et de l’Arabie :

    Annexe 6 : Ordre de mission du commandant du Detachement Français de Palestine (DFP) :

    Annexe 7 : Changement de denomination du DFP :

    Annexe 8 : Composition du DFPS :

    Annexe 9 : Composition des TFL (fevrier 1919) :

    Annexe 10 : Accord du gouvernement anglais :

    Annexe 11 : Creation de la Legion d’Orient :

    Annexe 12 : Noms des libanais de la Legion d’Orient :

    Annexe 13 : Role glorieux joue par le contingent armenien :

    Annexe 14 : Tableaux indiquant les compositions de la Legion Syrienne par ethnies et par religions en 1924-1926 :

    -1/1/1924 : 390 libanais.
    -1/7/1924 : 355 libanais.
    -31/12/1924 : 291 libanais.
    -1/1/1926 : 291 libanais.
    -1/7/1926 : 290 libanais.
    -31/12/1926 : 228 libanais.

    Annexe 15 : Tableau d’effectifs de la Legion d’Orient :

    Annexe 16 : Acte d’engagement pour la Legion d’Orient :

    Annexe 17 : Engages volontaires armeniens (janvier 1917) :

    Annexe 18 : Modele du certificat de resiliation d’engagement a la Legion d’Orient :

    Annexe 19 : Legion d’Orient, recrutement :

    Section musulmane numero 214 :
    Affaires musulmanes :

    Al Ittihad al-Lobnany (L’Union Libanaise) numero 259-Buenos Aires, le 23 avril 1918.

    A ceux qui desireraient s’engager. Le Comite de l’Union Libanaise avise tous ceux qui lui avaient ecrit par le passe pour demander a s’engager, qu’il a commence a envoyer, a ses frais, des volontaires a la Legion Orientale a Chypre.
    Il les prie de lui faire savoir s’ils sont toujours decides a s’engager et demande aux syriens-libanais qui resident a l’interieur de l’en prevenir au prealable afin que le Comite s’occupe de leur transfert a Buenos Aires et prepare ce qu’il leur faut pour leur depart.
    Chaque volontaire sejournera ici aux frais du Comite jusqu’au jour de son depart et rien ne sera neglige a son arrivee pour pourvoir a ses besoins materiels.
    Il y a deja un groupe de jeunes volontaires qui attendent de partir et nous sommes convaincus qu’un grand nombre d’autres volontaires ne tarderont pas a venir grossir ce groupe.
    Le nombre des volontaires syriens-libanais du Bresil et des Etats-Unis se trouvant actuellement a Chypre s’eleve a plusieurs centaines ; celui des volontaires armeniens atteint des milliers. Ce serait donc une honte, pour nous, syriens-libanais de la Republique Argentine que de montrer dans l’accomplissement de ce devoir patriotique, un zele et un devouement inferieurs a ceux des autres republiques.
    Annexe 20 : Solde et indemnites des legionnaires :

    Annexe 21 : Les bases logistiques francaises:

    2e Division : -Beyrouth.

    3e Division : -Beyrouth.
                         -Bases secondaires : Tripoli, Nabatiye.

    Annexe 22 : Effectifs de la Legion au 1er decembre 1917 :

    Annexe 23 : Situation d’effectif a la date du 1er mai 1918 :

    Annexe 24 : Effectifs et composition :

    Annexe 25 : Composition au mois de septembre 1917 :

    Annexe 26 : Graphique de variation des effectifs de la Legion d’Orient (1916-1920) :

    Annexe 27 : Effectifs a la date du 1er aout 1917 :

    Annexe 28 : Constitution des bataillons en 1917 :

    Annexe 29 : Tableau d’effectifs du peloton de 37 mm :

    Annexe 30 : Envoi des troupes francaises dans la zone du littoral syrien :

    Annexe 31 : Tableau de stationnement de la Legion d’Orient en 1919 :

    -5 juillet 1919 : Legion Syrienne : etat-major+section hors rang+1e Compagnie : Beyrouth.

    -5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 3e Compagnie, 1e Section : Beyrouth.

    -5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 1e Section de la 3e Compagnie : Beiteddine.

    -5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.

    -23 octobre 1919 : Legion Syrienne : etat-major+3e Compagnie : Beyrouth.

    -23 octobre 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.

    -Fin 1919 : Legion Syrienne (lieutenant-colonel Jean) : Section hors rang : Beyrouth.

    -Fin 1919 : Legion Syrienne : 3e Compagnie : Beyrouth.

    -Fin 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.

    Annexe 32 : Composition de la Legion d’Orient (1916-1920) :

    Annexe 33 : Population des Etats sous mandat en 1925-1926 :

    Etat du Grand-Liban :

    -musulmans sunnites : 122678.
    -musulmans dissidents : 142090.
    -chretiens catholiques : 220203.
    -chretiens non catholiques : 73828.
    -Total : 558799.
    -Beyrouth : 150000 habitants.

    Annexe 34 : Les regions strategiques au Moyen-Orient :

    -Liban : 3e rang d’importance strategique.
    -Caracteristiques : *regions de montagnes separees par une vallee (Bekaa).
                                  *cote favorable au debarquement.
    -Points capitaux : *ports.
                                 *Mont-Liban.
                                 *Anti-Liban.
                                 *Passage de la Bekaa.
    -Interets pour les ottomans : *ligne de defense constituant une 2e ligne.
                                                  *pression sur les Allies (asservissement des chretiens).
                                                  *voies de communications.
    -Interets pour les allies : *s’emparer des hauteurs strategiques et du passage de la Bekaa.
                                            *s’emparer du port de Beyrouth.
                                            *favoriser des actes de subversion.

    Annexe 35 : La dynastie hachemite :

    Annexe 36 : Ordre d’operations numero 65 du 10 septembre 1918 :

    Annexe 37 : Plainte de Gouraud contre les anglais :

    Annexe 38 : Etat des soldes des auxiliaires de la Legion Syrienne :

    Annexe 39 : Composition et stationnement des regiments d’infanterie libanais et syrien en juin 1921 :

    -2e Regiment d’Infanterie : -Compagnie de depot de la Legion Syrienne : Beyrouth.

    -2e Regiment d’Infanterie : 1er Bataillon : 1e Compagnie : Beyrouth.

    -2e Regiment d’Infanterie : 1er Bataillon : 2e Compagnie : Beyrouth.

    Annexe 40 : Tableaux d’effectifs des troupes auxiliaires du Levant :

    Annexe 41 : Tableau d’effectifs de l’Ecole Militaire de Damas :

    Annexe 42 : Composition des groupements d’unites auxiliaires au 24 novembre 1920 :

    Groupement du Grand-Liban : -6e Compagnie.
                                                      -1er escadron auxiliaire du Grand-Liban
                                                      -2e escadron auxiliaire du Grand-Liban

    Annexe 43 : Historique type du 25e Escadron Leger :

    Annexe 44 : Historique type du 1er Escadron Druze :

    Annexe 45 : Composition par ethnies et religions de la gendarmerie libanaise et syrienne au 1er janvier 1924 :

    -Officiers du Grand-Liban : 1 turc, 1 armenien, 42 libanais=44 officiers.

    -Troupes libanaises : 13 turcs, 1057 libanais=1070 hommes.

    Annexe 46 : Population des Etats sous mandat en 1926 :

    Liban :
    -musulmans sunnites : 122678.
    -musulmans chiites : 101737.
    -chretiens maronites : 178257.
    -chretiens grecs catholiques : 40414.
    -chretiens syriaques : 622.
    -chretiens chaldeens : 50.
    -chretiens latins : 860.
    -chretiens grecs orthodoxes : 69539.
    -chretiens jacobites : 213.
    -chretiens nestoriens : 90.
    -chretiens protestants : 3986.
    -chretiens catholiques et gregoriens : 32859.
    -alaouites : 1413.
    -druzes : 38940.
    -israelites : 3372.
    -divers : 2759.
    -Total : 597789.

    Annexe 47 : Liste des haut-commissaires francais :

    Annexe 48 : Traduction de la lettre envoyee du village de Obeiy au general Gouraud :

    A son Excellence le general Gouraud, commandant en chef.
    « Nous venons par la presente, en notre nom et celui de nos concitoyens, vous informer de l’etat du pays en general et de notre region en particulier ou les parties se sont multipliees et les interets entremeles. Dieu vous avait inspire l’envoi a notre village Obeiy, de l’unite francaise connue sous le numero 242, de la 21e Division, reputee par la gentillesse, la prevoyance et l’experience de ses chefs. Ce dont son commandant et ses elements avaient fait preuve de sagesse, de courage et les diverses patrouilles envoyees, avait laisse un excellent effet dans nos cœurs et amena la tranquillite aux habitants et le repos a tout le monde. Aucun malheureux incident ne s’etait produit.
    Nous avons appris que cette unite allait nous quitter bientôt, ce qui nous a pousse a envoyer la presente, vous conjurant de la laisser parmi nous, ou, s’il le faut, envoyer une autre unite francaise a notre village a la date et le lieu propice. La decision reste a vous.
    Recevez nos respects les meilleurs,
    13 fevrier 1920.
    Signe par : le pretre Genadius Halaby, le cure Nehmet-Allah Khoury, Alexandre, Suleiman Kanaan et Youssef Kanaan, Rachid et Alexandre Khoury, Alexandre Azar et Ibrahim Charib.
    Avec le tampon de la municipalite d’Obeiy.

    Annexe 49 : Resultats du desarmement du Liban :

    Annexe 50 : Requete presentee par la Delegation druze du Hauran a M. Tommy-Martin, gouverneur par interim du Djebel Druze :

    Bibliographie :

    -Les armees francaises dans la Grande Guerre ; AFGG ; avec un volume d’annexes et un volume de cartes ; Paris ; Imprimerie Nationale ; 1934.

    -Les armees francaises au Levant (1919-1939) ; Tomes 1 et 2 ; De Hays ; SHAT ; Vincennes ; 1978-1979.

    -Revue des Troupes Francaises du Levant (TFL) ; revue trimestrielle editee a l’atelier Typo des TFL a Beyrouth, les annees 1936 a 1939.

    -General Andrea, ancien commandant de la region de Damas et ancien gouverneur du Djebel Druze ; La revolte druze et l’insurrection de Damas ; 1925-1926 ; Paris ; Editions Payot ; 1937.

    -Raymond Aron ; Penser la guerre, Clausewitz ; Paris ; Editions Gallimard ; 1976.

    -General Catroux ; Dans la bataille de Mediterranee, 1940-1944 ; Paris ; Rene Julliard ; 1949.

    -Camille Chamoun ; Crise au Moyen-Orient ; Paris ; Editions Gallimard ; 1963.

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    -Antoine Fattal ; Le statut legal des non-musulmans en pays d’Islam ; Beyrouth ; Imprimerie Catholique ; 1958.

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    -Revue de la defense nationale ; Paris VII ; Berger Levrault.


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  • Chronique d’une occupation et d’une resistance : Faillite syrienne au Liban (1975-1982) ; Tome I : 1975-1978 :

    -Lors de la formation, au 1er juillet 1975, du gouvernement des Six, le Premier ministre Rachid Karame qui detenait aussi le portefeuille de la Defense, s’opposa obstinement au recours a l’armee libanaise, l’empechant par la de defendre les citoyens et de reduire les palestiniens a la raison.

    -En 1976, Assem Kanso, secretaire general du Baath libanais d’obedience syrienne, s’attaque au coup d’Etat televise du brigadier Aziz Ahdab, qui utilisait, dit-il, l’armee musulmane, pour diviser le pays.

    -Lors du 2e affrontement entre l’armee libanaise et les organisations palestiniennes, en 1973, Damas avait masse ses troupes le long de ses frontieres libanaises, et menaca d’intervenir militairement au Liban, pour soutenir les palestiniens.

    -Printemps 1976 : La situation venait de prendre des dimensions alarmantes, apres que le lieutenant deserteur Ahmad Khatib, agent libyen de premiere classe, a pris en charge, a partir de janvier 1976, de diviser l’armee libanaise, en fondant ce qu’il a appale l’ALA, entendre par la l’armee de certaines capitales arabes, rien de plus ou de moins. La scission definitive de l’armee libanaise a ete consacree par le putsch manque du brigadier Aziz Ahdab (11 mars), qui se serait propose de sauver et l’armee libanaise et le pays. Damas orchestra alors une virulente campagne contre l’armee confessionnelle de Khatib, le coup d’Etat televise de Ahdab, contre les aventuriers palestiniens.

    -Le 4 novembre 1976, le president Sarkis nomme le colonel Ahmad Hajj (libanais) commandant en chef de la FAD.

    -Le coup le plus dur porte contre l’Etat libanais par le front palestinien pendant la guerre de 1975-1976 a ete la desintegration des forces armees nationales, armee et FSI. L’apparition des pretendues ALA et Gendarmerie du Liban Arabe, sous les puissantes pressions politico-financieres de certains pays arabes, aura ete l’une des reussites les plus importantes des ennemis du Liban.

    -La tache la plus urgente qui attendait le president Sarkis des son accession au pouvoir le 23 septembre 1976 etait la reconstitution des forces armees nationales, afin qu’elles puissent au plus tot prendre la releve de la force arabe, et surtout, a long terme, tenir d’une main de fer la securite, de maniere a soustraire le pays a une tutelle palestino-arabe de fait, dont les origines remontent a novembre 1969, ou Nasser avait en quelque sorte impose au Liban l’accord militaire libano-palestinien du Caire.

    -Le 1er novembre 1978, le Conseil de la Ligue arabe a demande au gouvernement libanais de presenter un rapport detaille sur l’etape franchie dans la reorganisation de l’armee libanaise.

    -Sur le plan des FSI, les effectifs etaient largement reformes, fin 1977. En effet, le colonel Ahmad Hajj, qui en a pris la direction generale le 11 avril 1977, a fait œuvre utile.

    -Au niveau de l’armee libanaise, les realisations ont ete plus lentes, plus modestes. Neanmoins, un pas serieux a ete fait, et un solide noyau de la nouvelle armee a ainsi pu voir le jour. Le 28 mars 1977, le general Victor Khoury a ete nomme commandant en chef, en remplacement du general Hanna Said, qui d’ailleurs avait declare, fin 1976, que l’armee libanaise etait plus forte que jamais, parce que liberee des conspirateurs a gages. Nouvelles nominations, le 30 avril, aux postes directeurs : le general Mounir Torbey chef de l’etat-major, le capitaine Johnny Abdo chef du Deuxieme Bureau. Puis tout au long des 8 derniers mois de 1977, un effort a ete deploye, pour insuffler aux nouvelles troupes le sens national. Des centaines de nouvelles recrues ont pu ainsi etre soumises a une formation serree, a des entrainements massifs, tout ceci accompagne de l’acquisition d’un nouveau materiel militaire, modeste jusqu’aux premiers mois de 1978.
    Entre-temps, le commandement de l’armee libanaise avait repris aux deserteurs Ahmad Khatib et consorts les casernes tombees dans leurs mains en 1976, a Beyrouth Ouest, Tripoli, Saida, Ablah et partout ailleurs. Et la caserne Chukri Ghanem de Fayadiyeh, situee sur l’autoroute de Damas, a quelques centaines de metres du ministere de la Defense, commandee depuis 1976 par le colonel Antoine Barakat, etait, au debut de fevrier 1978, la caserne la plus importante par le nombre de ses effectifs et la plus nationale par la diversite regionale et confessionnelle de ses elements. On y trouvait, a titre d’exemple, les officiers musulmans suivants : le capitaine Abdallah Daher, Mohammad Ajouz, Abdel-Halim Mikati, Yasser Khatib, Hicham Serhal, Jamal Hajj, Ali Farhat, Hassanein Hajjar, Ghassan Moukhtar, Farouk Maaliki, Bassem Abdel-Mouna, Moustafa Fayad, Mohammad Beydoun, Souhail Zahreddine. Elle abritait aussi 387 soldats mahometans.

    -Le 1er accrochage entre la caserne de Fayadiyeh et la FAD syrienne du mardi 7 fevrier 1978 est ne d’un defi insense et inconcevable des troupes syriennes, qui se sont octroye le droit ou le caprice de dresser un barrage devant l’entree de la caserne, de soumettre ses soldats et officiers a des verifications d’identite et les vehicules militaires nationaux a un contrôle systematique, ce qui a provoque, comme cela se comprend, la profonde indignation des militaires libanais.

    -Le lundi 6 fevrier 1978, la FAD syrienne avait installe un barrage devant la porte de la caserne. Des contacts rapides avaient abouti a son demantelement. Le lendemain, les troupes syriennes reinstallent un autre barrage devant la porte exterieure. Les soldats libanais etaient soumis au contrôle et le trafic en devenait intense. Alors, le capitaine Samir Achkar intervient et demande aux elements syriens de s’eloigner de la caserne et d’etablir leur barrage plus loin, d’autant que la caserne est situee a un dangereux virage. Au debut ils accedent a la demande. Mais d’autres elements syriens, accourus des environs, interviennent pour retablir le barrage et le renforcer. Ils chargent leurs armes, les braquent sur les cadets, qui ne sont pas armes, et font feu dans leur direction. Ils etaient soutenus par d’autres renforts, qui avaient pris position le long de l’autoroute. Les cadets se retirent et regagnent leur caserne. Quelques-uns sont blesses. Les militaires libanais repondent aux coups de feu, pour se defendre et defendre leur caserne. Des morts et des blesses des deux cotes.
    Neanmoins, est diffuse le soir un communique conjoint des commandements de l’armee libanaise et de la FAD, proclamant en substance : « Ce matin, il y a eu, devant la caserne des cadets a Fayadiyeh, une altercation, pour des raisons personnelles, entre certaines nouvelles recrues et les elements de l’un des barrages de la FAD. Il s’en est suivi des tirs de feu. L’incident a pu etre circonscrit sur-le-champ. Nos deux commandements prendront les mesures disciplinaires severes a l’encontre des responsables de cet incident ». Une commission mixte a ete formee a cet effet.
    Les deux jours suivants, une guerre en regle devait engager aux differentes armes les militaires de Fayadiyeh et les troupes syriennes, qui ont encercle la caserne avec de nouveaux renforts. Chose incomprehensible, les bombardements massifs des syriens allaient indistinctement pleuvoir et sur la caserne et sur les populations civiles de tout Beyrouth Est et banlieue, et les obus de tout calibre allaient detruire aveuglement les quartiers residentiels et decimer des innocents, qui dans leurs domiciles, qui dans la rue. Achrafieh, Badaro, Furn el-Chebback, Tahouita, Ain el-Remmaneh, Hazmieh, Hadath, Sinn el-Fil, meme le palais de la presidence a Baabda ont eu leur part du gateau meurtrier.
    Le mercredi 8, de bon matin, les positions syriennes mettent intensivement en action leur artillerie lourde, leurs orgues de Staline et tout leur arsenal semi-lourd et leger, pour des raisons inconnues. D’aucuns ont explique ce dechainement subit par l’ampleur des pertes humaines subies par les forces syriennes, lors de l’incident de la veille devant la caserne, ou, dit-on, les 19 elements du barrage auraient ete abattus par les militaires libanais.
    Des 5h30, la FAD syrienne opere un retrait tactique de Ain el-Remmaneh, et commence l’occupation des maisons proches de la maison des Kataeb a Hazmieh. Les bombardements intensifs atteignent leur paroxysme vers 10h. Entre-temps, la FAD avait adresse un ultimatum, exigeant la capitulation pure et simple de la caserne et la livraison de ses occupants pour jugement. Contre-avertissement du colonel Antoine Barakat, sommant les forces syriennes d’evacuer les toits des maisons voisines. L’apres-midi, c’est le pilonnage des maisons des Kataeb a Hazmieh et Furn el-Chebback. Envoi de 77 fusees sur la Maison Centrale du PNL a Achrafieh. Trois obus tombent sur l’Hotel –Dieu, trois autres aux alentours. Legalite oblige, le Palais de Baabda est touche, ses environs recoivent 12 projectiles.
    Selon certains organes d’information, le bilan de cette premiere journee aurait ete de 100 morts, dont 8 libanais : 4 civils et 4 militaires, plus 300 blesses des deux cotes. Les militaires libanais tombes au champ d’honneur : le lieutenant Abdallah Hadchiti, victime, avec deux autres soldats, d’un obus. Le 4e a ete touche devant le ministere de la Defense. Deux chars syriens ont ete detruits, 4 tanks et 2 jeeps munies de canons de 107 mis hors d’usage.
    Apres une soiree et une nuit relativement calmes, les combats reprennent le lendemain avec plus de virulence. Devant le silence total des deux commandements de l’armee libanaise et de la FAD, silence qui s’est perpetue depuis le commencement des combats jusqu'à leur terme, il n’etait pas possible de connaître les pertes reelles des deux cotes, en cette seconde journee. Selon certains milieux, le bilan aurait ete de 43 morts, dont 40 soldats syriens et 3 civils libanais. 400 blesses des deux cotes.
    Le vendredi 10 fevrier marque la cessation des affrontements, mais l’action des francs-tireurs demeurera sporadique et la mefiance reciproque, jusqu'à la fin de la semaine suivante, veille de la reprise de la vie normale. Un communique de la FAD annonce le soir que l’incident de Fayadieh sera circonscrit dans son cadre militaire et qu’une commission FAD –Armee libanaise a ete formee, pour chatier les coupables, constituee, entre autres, du colonel Georges Kazzi (libanais) et du general Ali Arslane, commandant de la FAD syrienne.
    Sur le plan des contacts au plus haut niveau, signalons l’arrivee au Palais de Baabda, le mercredi 8 fevrier, d’une delegation militaire syrienne, comprenant les generaux Nagi Jamil, Hekmat Chehabi et Ali Arslane, le lieutenant-colonel Mohammad Ghanem, venue reclamer tout bonnement la livraison de la caserne de Fayadieh et de ses elements aux troupes syriennes assaillantes, et proclamer le droit inconditionnel de la FAD d’etablir, quand bon lui semble, un barrage devant la caserne, ce qui a amene le general Victor Khoury, commandant en chef de l’armee libanaise, a interrompre les negociations, en signe de protestation.
    La FAD syrienne n’a leve le blocus de la caserne de Fayadieh que le 24, ou le trafic a pu reprendre sur l’autoroute de Damas.
    Sur le plan proprement militaire, ce premier bapteme de sang de la nouvelle armee libanaise a resserre ses rangs et son unite, devant l’hostilite arrogante d’une armee etrangere. Par le fait meme, les syriens ont devoile au grand jour leur plan de domination et d’obstruction a la renaissance des forces armees libanaises.
    Selon des sources militaires libanaises, les troupes syriennes auraient eu dans leurs rangs plus de 400 morts et 1000 blesses.

    -En 1975-1976, le triangle Saida –Tyr –Nabatiyeh etait une zone d’occupation palestinienne en bonne et due forme. Seules les enclaves chiito-chretiennes, limitrophes des frontieres israeliennes et tenues par les commandants de l’armee libanaise Saad Haddad et Sami Chidiac, ainsi que le caza de Jezzine et une partie des villages chretiens du caza de Saida, ont pu etre soustraites a la domination palestinienne.

    -Le premier contingent de la FINUL arrive le 22 mars 1978 au Liban Sud, a travers les frontieres israeliennes : 52 officiers francais, suedois et iraniens, 50 soldats iraniens. Des unites de la gendarmerie libanaise se joignent, le 5 avril 1978, a la FINUL, a titre de guides sur les barrages.

    -Le 1er juin 1978, les FSI et l’armee libanaise s’etaient deployes sur la cote entre Jounieh et Chekka. Mais quelques jours apres, elles n’allaient pas tarder a se retirer du Nord, pour laisser cette region entierement aux mains des troupes syriennes.

    -Le 13 juin 1978, l’aviation libanaise serait intervenue aux dernieres heures de la bataille d’Ehden (au cours de laquelle Tony Frangie est tue avec sa femme et sa fille), sous l’ordre du commandement de l’armee libanaise, sous des pressions syriennes, pour pilonner les bosquets avoisinants, ou se seraient enfuis les assaillants.

    -Le 13 juin 1978, foudroye par la nouvelle de la mort de son fils Tony, Soleimane Frangie se rend dans l’avant-midi de Naccache a Ehden, dans un helicoptere de l’armee libanaise.

    -Le 14 juin 1978, la FAD perpetre des massacres au Nord. Mansour Chitt, sergent de l’armee libanaise, fusille, tombe raide mort. Des jeunes gens ainsi que les gendarmes des villages sont arretes et maltraites. Les armes des postes de gendarmerie sont saisies.

    -Le 28 juin 1978, a Kaa, le soldat libanais Georges Fares Awad et son pere ont ete maltraites, battus, alors qu’ils irriguaient leurs plantations, par des elements de la FAD.

    -Le mardi 11 juillet 1978, 30 elements de la Police de Beyrouth prennent position sur le Pont de la Quarantaine, la FAD syrienne s’installant a une vingtaine de metres, dans les immeubles avoisinants.

    -Le 13 juillet 1978, des gendarmes libanais prennent, en deux points, la releve des soldats syriens au centre d’Achrafieh : a la place de l’eglise Notre –Dame et a la montee de l’Hopital Karam. La FAD syrienne occupe les gratte-ciels proches.

    -Le 14 juillet 1978, des elements des FSI s’installent sur la Place des Martyrs Kataeb. La FAD syrienne se retire des rues, n’ayant plus aucune mission de securite a accomplir, et grimpe sur les hauteurs, guettant la premiere occasion pour reprendre les bombardements sauvages, avec plus d’efficacite cette fois.

    -Le 17 juillet 1978, l’armee libanaise, que tout Beyrouth Est voulait voir remplacer la FAD syrienne, debarque au Port de Beyrouth, pour proteger l’arrivee d’on ne sait quel bateau. Le lendemain, ses effectifs s’elevent jusqu'à 160 elements.

    -Le 27 juillet 1978, des gendarmes s’installent au centre-ville : Place des Canons, Port, rue Riyad el-Solh.

    -Le 28 juillet 1978, trois patrouilles de gendarmes libanais penetrent dans la localite de Hadeth et prennent en main l’ancienne route de Saida, longeant son flanc Ouest. Ils se deploient sur le troncon reliant la station Mechaalani a la Galerie Semaan. Neanmoins, le deploiement des FSI ne se fait pas sans difficulte, les syriens jouant a l’obstructionnisme et renforcant par ailleurs leurs positions fortifiees.

    -La zone frontaliere etait tenue depuis 1976, en collaboration avec les Forces Libanaises, par une unite de l’armee libanaise, demeuree loyale au gouvernement central de Beyrouth. Il y regnait l’ordre et la paix.

    -Le 13 juin, le commandant Sami Chidiac declare avoir recu du commandant de l’armee libanaise, le general Victor Khoury, l’ordre de se maintenir dans la region qu’il contrôle. « Il n’y a plus d’enclaves chretiennes au Sud, ajoute-t-il. Mes troupes controlent a present le front israelo-libanais sur toute sa longueur. Ma region s’etend sur une longueur de 40 Km, a partir de Ras –Nakoura sur la mer. Le troncon restant est sous le contrôle de Saad Haddad ». Il precise qu’il y a une proportion importante de soldats musulmans chiites parmi ses hommes.

    -Kurt Waldheim, secretaire general de l’ONU, confirme le 14 juin 1978 que le commandant Haddad a ete reconnu par le gouvernement libanais comme commandant de facto des forces libanaises dans la region, « et ce, afin de faciliter la mission de la FINUL, en attendant l’envoi prochain de nouvelles unites de l’armee libanaise ».

    -Les officiers libanais de la frontiere se montrent disposes a cooperer avec la force onusienne, mais les habitants et les milices des villages frontaliers considerent par contre que cette cooperation ouvre le chemin a des infiltrations palestiniennes.
    Le 19 juin 1978, Haddad et Chidiac sont mis en residence forcee par les milices, parce qu’ils sont consideres avoir consenti trop de concessions a la FINUL. Un des auteurs de ce coup d’Etat, le milicien Louis Hasrouni, est categorique dans ses exigences. « La FINUL et l’armee libanaise, proclame-t-il, n’entreront ici qu’a la double condition que les syriens de la FAD et les palestiniens quittent le Liban ».

    -Depuis 1976 jusqu'à l’arrivee de la force onusienne au Sud, des affrontements periodiques opposaient, aux differentes armes, d’une part les forces libanaises officielles et populaires, a partir de leurs positions etablies notamment dans les casernes de Marjeyoun et de Koleya, d’autre part les forces palestiniennes concentrees a Nabatiyeh, Tyr et Hasbaya.
    Devant cette situation critique, qui empirait de jour en jour, les Casques Bleus, pris entre deux feux, allaient demander au gouvernement de Beyrouth d’envoyer une nouvelle unite de l’armee libanaise, pour faciliter la mission de ses soldats.
    Tolle des palestiniens et de leurs allies, par crainte de voir les troupes libanaises mettre fin a leur occupation. Motif invoque : l’armee libanaise n’est pas reconstituee sur des bases equilibrees.
    Sur le plan libanais, intense controverse sur le principe de l’envoi de l’armee libanaise et sur l’itineraire qu’elle doit suivre pour se rendre dans la zone frontaliere.
    La question de l’envoi d’une nouvelle unite de l’armee libanaise au Sud avait ete evoquee lors du sommet Assad –Sarkis, a Lattaquie, les 31 mai –1er juin 1978.
    Le 9 juin 1978, une reunion groupe, au ministere de la Defense libanais, le general Ensio Siilasceno Erskine, commandant de la FINUL, le general Jean Cucq, commandant adjoint et le general Victor Khoury, commandant de l’armee libanaise.
    Le lendemain, seconde reunion a Yarze, a laquelle prennent part le general Khoury, le colonel Mounir Torbey, chef de l’etat-major, le colonel Sami Khatib, commandant de la FAD, le general Ali Arslane, commandant de la FAD syrienne, le commandant Mohammed Ghanem, chef du Renseignement de la FAD syrienne. L’appui de l’armee syrienne a l’armee libanaise aurait ete evoque.

    -Le lundi 31 juillet 1978, une unite de l’armee libanaise, stationnee a la caserne de Ablah, dans la Bekaa, bouge vers le Liban Sud, a 6h du matin. Ses 650 elements prennent le chemin de la Bekaa Ouest, en suivant l’itineraire suivant : Forzol –Zahle –Chtaura –Barr Elias –Masnaa. Ils sont equipes d’armes individuelles, de blindes et de chars legers. A 10h30, l’unite arrive a Kawkaba, caza de Hasbaya, situe a quelques Km de Marjeyoun, principale place forte des troupes de Saad Haddad.
    Il etait prevu que les soldats de Ablah, commandes par le lieutenant-colonel Adib Saad et son adjoint le commandant Ibrahim Chahine, poursuivent leur chemin jusqu’au village de Tebnine, caza de Bint-Jbeil, l’un des forts des forces de facto, limitrophe d’Israel, et qu’ils passent, pour y parvenir non par la voie de Nabatiyeh, la plus facilement praticable mais occupee par les palestiniens, mais plutot par Marjeyoun. Stop ! Israel pilonne la force de Kawkaba a l’artillerie lourde, arrete son avance. Celle-ci sera bloquee la et ne pourra aller plus loin. Le pilonnage se poursuit les jours suivants. Quelques morts, quelques blesses, et du materiel militaire detruit. Les forces de Haddad devaient plus tard se joindre au pilonnage. Elles voulaient a tout prix empecher le transit de la nouvelle unite de l’armee libanaise par Marjeyoun et son entree dans la zone frontaliere.

    -On accusait, a Beyrouth aussi bien que dans les villages frontaliers, la nouvelle unite de l’armee libanaise d’etre, dans la majorite de ses elements, formee de repentis de l’ex-ALA ou de l’Avant-Garde d’obedience syrienne, deux formations rebelles accusees de haute trahison, pour avoir deserte pendant la guerre des Deux Ans les rangs de l’armee legale.
    L’objectif final des hommes de Adib Saad etait, tel que l’avaient concu les syriens, de prendre en main la zone tenue par Haddad et Chidiac, ce qui aurait permis le retour en masse des palestiniens dans les villages frontaliers. Par ailleurs, le chemin suivi par l’unite, la Bekaa, au lieu de celui de Beyrouth –Damour –Saida –Tyr, montrait clairement qu’on voulait eviter toute tentative de s’en prendre a l’occupation palestinienne.

    -Apres des massacres perpetres durant la journee du 24 aout 1978, les deux deputes de Becharre, Joubrane Tok et Habib Kayrouz, reclament l’armee libanaise et les FSI, a la place de l’armee syrienne.

    -Le vendredi 25 aout 1978, la FAD arrete le soldat libanais Hanna Rahme.

    -Lundi 28 aout 1978, trois militaires libanais en uniforme sont massacres dans leur jeep imatriculee Armee Libanaise, entre Ain-Ayate et Bejdarfel : Tanios Maroun de Kour, Youssef Elias de Assia, Hanna Sarkis de Zeine. Le 4e, Hanna Farah, est porte disparu.
    La caserne de l’armee libanaise aux Cedres est bombardee par les syriens. Ses occupants sont sommes de se rendre avec leurs armes. Un officier syrien adresse un ultimatum aux lieutenants Lahoud Gerges et Nabil Hassoune. « Nous ne nous rendrons jamais, nous combattrons jusqu’au dernier homme », repliquent ceux-ci. Bataille. Les syriens sont repousses.
    Pour venger leur echec, les envahisseurs se tournent contre le poste de la gendarmerie, l’encerclent, arretent ses hommes, les desarment et s’y installent ainsi que dans les chalets environnants.

    -Le 1er septembre 1978, la FAD installe des missiles Sam-6 dans les deux aeroports militaires libanais de Rayack et de Koleyaate.

    -Le 2 septembre 1978, des militaires libanais, relevant des casernes de Batroun et des Cedres, subissent leur propre lot d’humilitation. Quatre soldats et un officier sont arretes sur un barrage de la FAD, desarmes, sommes de se tenir les mains levees contre un mur et maltraites. A l’entree de Thoum, un soldat syrien, quelque peu maniaque et arrogant, gifle un officier libanais.

    -Le 13 septembre 1978, les gens de Frangieh massacrent, a Dahr el-Ain, dans sa maison, l’inspecteur a la Surete Generale Nasri Daher.

    -Le 3 septembre 1978, la FAD bombarde les postes de la Garde Presidentielle autour du Palais de Baabda : le soldat Sami Akoury est tue, 9 autres son blesses.

    -Le lundi 11 septembre 1978, le poste de la gendarmerie a Ain el-Remmaneh a droit a 50 obus, qui blessent deux agents, et detruisent une jeep.

    -Le 22 septembre 1978, a Badaro, un militaire libanais est tue dans sa voiture.

    -Le lundi 2 octobre 1978, des officiers de l’armee libanaise, ahuris par le spectacle infernal, dont leurs familles et leurs quartiers faisaient les frais, tentent vainement de promouvoir un large mouvement contestataire dans le commandement, visant a entrainer les forces armees nationales dans la lutte contre les forces syriennes.
    On lit dans un communique lance au nom du Commandement Revolutionnaire de l’Armee Libanaise : « La coupe a deborde. Il est temps que la dignite soit defendue. Nous refusons de demeurer de faux temoins. Ces crimes ont ete commis, alors que nous nous contentions de regarder dans la passivite, que le pouvoir et le commandement etaient inexistants. C’est pourquoi le Commandement Revolutionnaire de l’Armee Libanaise a decide de porter les armes, pour exercer ses droits, pour defendre nos familles et notre patrie ».

    -Le mercredi 4 octobre 1978, trois obus syriens s’abattent sur le Palais de Baabda, ou 3 soldats de la Garde Presidentielle sont blesses et des voitures detruites.

    -Le jeudi 5 octobre 1978, de nouveaux obus blessent 7 soldats libanais devant le Palais de Baabda.

    -Le 12 octobre 1978, une unite de l’armee libanaise, estimee a 1000 elements, se deploie a l’interieur de Hadeth et de Baabda, ainsi que sur l’ancienne route de Saida jusqu'à Choueifate. Sa mission principale consiste a separer les Forces Libanaises et la FAD syrienne, qui garde toutes ses positions anterieures. Le commandement de l’armee libanaise forme une commission, chargee d’organiser le retour des refugies de Hadeth dans leurs foyers.

    -Dans le secteur de Hadeth –Baabda, ou une unite de l’armee libanaise s’etait tout simplement interposee, les 12 et 13 octobre 1978, entre la population civile et la FAD syrienne, demeuree dans les positions anterieures de la ceinture de feu, on se sentait toujours enferme dans une grande prison.

    -Le 10 octobre 1978, les francs-tireurs syriens tuent le sergent de l’armee libanaise Elias al-Naboute.

    -Le 12 octobre 1978, trente vehicules, immatricules FSI, transportant 200 gendarmes libanais, sous les ordres du commandant de la Gendarmerie, le colonel Nakhle Moughabghabe, sont empeches par la FAD syrienne de traverser le pont de Jisr el-Wati : Moughabghab, refusant de se plier a la verification traditionnelle des cartes d’identite, a laquelle on voulait imposer ses hommes, se voit oblige, avec ses troupes bien legales, celles-la, de rebrousser chemin.

    -Le 27 octobre 1978, deux soldats libanais de la Garde Presidentielle sont touches par les francs-tireurs syriens a Sinn el-Fil, rue Salome. L’un d’eux, Adib Rizk, succombe a ses blessures. Ce qui a amene le lendemain le commandant de l’armee libanaise a donner aux militaires l’ordre de ne traverser cette localite qu’en tenue civile.

    -Le mouvement du Commandement Revolutionnaire de l’Armee Libanaise ne en octobre 1978 n’a pas reussi, parce qu’il etait mene par un groupe tres restreint d’officiers et de soldats, dont le capitaine Samir Achkar. Le commandement de l’armee libanaise allait sevir contre les elements rebelles et les deferer devant le Tribunal Militaire. Le capitane Achkar allait trouver la mort le 1er novembre 1978, lors d’une attaque de la Force d’Intervention, qui se proposait initialement de l’arreter, a l’endroit ou il s’etait retranche avec ses hommes au Metn Nord.
    Au lendemain du siege precite, c’est-a-dire le jeudi 2 novembre 1978, les partisans (200 elements armes) du Mouvement rebelle devaient s’en prendre, a Achrafieh, a une patrouille de l’armee libanaise, escortant le ministre Fouad Boutros.


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  • La reconstruction de l’armee :



    En novembre 1989, le Premier ministre Salim el-Hoss nomme le general Emile Lahoud a la tete des forces armees. Pourtant, d’autre part, le general Michel Aoun se trouve toujours a la tete du gouvernement et de l’armee de Beyrouth Est. De fait, il est impossible pour Lahoud d’entamer le processus de reconstruction de l’armee nationale. D’abord pour des moyens financiers, car l’economie libanaise est esquintee par les longues annees de guerre. Ensuite parce que l’armee de l’Est detient un arsenal de qualite. En effet, lorsque l’institution militaire tombe en 1984, la plupart du materiel souvent recemment offert par les Etats-Unis reste entre les mains des brigades chretiennes autour desquelles Aoun construit son armee. De la sorte, le nouveau commandant en chef ne peut pas se permettre d’attaquer une armee mieux equipee que la sienne. Il est interessant de faire une comparaison entre les forces des deux hommes pour avoir une idee du desequilibre. Ainsi, le tableau ci-dessous nous indique clairement la superiorite militaire du general Aoun, tout en prenant en consideration toutes les desertions qui commencent deja a se faire parmi ses troupes a la fin de l’ete 1990.



     


    Equipement :    Forces aounistes :    Forces de Lahoud :       


    Chars :    89    96       


    Vehicules blindes lourds :    26    0       


    Vehicules blindes legers :    257    76       


    Canons :    98, longue portee et grand calibre.    42, courte portee et petit calibre.       


    Missiles :    35    7       


    Bataillons d’infanterie :    21    22    



    En outre, il realise qu’il a besoin des anciens aounistes et de leurs armes pour parvenir a mettre sur pieds une institution nationale. D’autant plus que cette tache est irrealisable sans son contrôle du territoire libanais. Mais entre-temps, il commence deja a restructurer et renforcer certains bataillons, a transferer des munitions entre les differents escadrons, et d’une place a l’autre afin de construire des unites operationnelles. De plus, il elargit son armee (celle de Beyrouth Ouest) d’environ 1600 hommes a cette periode. Il cree egalement plusieurs corps qui ont pour mission de coordonner la cooperation entre l’armee et les Forces de Securite Interieure, et aussi entre les diverses parties responsables de la securite de l’aeroport. Il faut ajouter a cela qu’il entame la consolidation de la position de l’armee dans les regions relativement calmes du Sud, en deployant des bataillons a Tyr, Nabatieh, et Zahrani. Neanmoins, toutes ces demarches ne changent rien a la situation. Il est donc contraint, sous pression de Damas, et avec le soutien et la participation de l’armee syrienne, de mettre le general Aoun hors du palais de Baabda, par le biais d’une operation menee le 13 octobre 1990, et qui donne la mort a 375 officiers et fait 500 blesses parmi les libanais. Aoun est force de prendre refuge a l’ambassade de France puis contraint a l’exil. Desormais, Lahoud peut debuter le processus de reunification et de reconstruction comme convenu dans les Accords de Taef. En effet, ces accords ne se sont pas uniquement interesses a la reforme politique, mais a tout ce qui assure le bon fonctionnement de la Seconde Republique. Aussi, invite-t-il au renforcement, a l’unification, a l’equipement, et a l’entrainement des forces armees afin qu’elles puissent accomplir leur mission de base : « La defense de la partie, et le cas echeant, la defense de l’ordre public lorsque le peril est hors de mesure avec les moyens des Forces de Securite Interieure ». De la sorte, le role essentiel de l’armee est avant tout d’ordre externe dans la mesure ou elle se doit de defendre le Liban de toute agression exterieure. Puis dans un deuxieme temps, elle se doit aussi d’intervenir a l’interieur, et « les circonstances du recours aux forces armees pour soutenir les FSI dans leur tache de maintient de l’ordre relevent du Conseil des Ministres. On constate que non seulement le role interne de l’armee est reduit, mais qu’en plus ce n’est plus le president, ou le chef de l’armee, qui lui donne cette responsabilite, comme il en etait techniquement le cas en 1975.


    Lahoud a donc certes eu du mal a cause du mauvais souvenir de la confrontation du 13 octobre 1990, mais toutes les mesures sont prises pour assurer l’egalite entre tous les soldats, allant du principe de « ni vainqueur ni vaincu ». Ceci dit, aucune discrimination n’est commise a l’egard des ex-aounistes et de leur evolution au sein de l’institution. Le processus de reconstruction debute enfin.


    D’abord, il faut legaliser le statut des membres de l’armee de Beyrouth Est, ainsi que celui des volontaires aux troupes dirigees apr Lahoud. Le desarmement des milices est egalement un imperatif majeur. En effet, l’Accord de Taef stipule « la proclamation de la dissolution de toutes les milices, libanaises ou non, et la remise de leurs armes a l’Etat libanais dans un delai de 6 mois, delai qui entre en vigueur apres la ratification du Document d’Entente Nationale, et l’adoption des reformes politiques par la voie constitutionnelle ». Ce desarmement constitue le premier pas vers le retour a la paix, vers le regain de la souverainete par l’Etat, ainsi que vers le regain du monopole de l’usage de la force. Comme il est de coutume a la fin des guerres civiles, les miliciens sont integres dans l’armee reguliere. Il s’agit la d’une question tant sociale que militaire. En effet, la plupart des miliciens sont des gens qui ont grandi durant la guerre et qui ont rejoint les milices a un tres jeune age. Ils ne maitrisent par consequent aucun savoir faire, si ce n’est que le combat arme. Il faut donc leur offrir une carriere alternative et la chance de recommencer une nouvelle vie. Parallelement a cela, un elargissement du corps militaire est prevu jusqu'à compter 60000 hommes. Pour cela, le 28 mars 1991, le Conseil des ministres donne a ces groupes jusqu’au 30 avril 1991 pour fermer leurs quartiers generaux, leurs centres d’entrainement et leurs casernes. Le 13 juin 1991, le Parlement vote la loi 88 specifiant l’integration d’environ 6000 miliciens lors d’une premiere vague. Il faut dire qu’au sein meme de l’institution militaire, les points de vue sont partages a l’egard de cette integration. Pour certains, l’absorption de ces hommes dans l’armee est un facteur d’affaiblissement. Ils doivent en consequence etre places a des postes civils, dans les ministeres et municipalites. Pour d’autres, dont l’avis a prevalu, si l’armee doit traiter tous les citoyens de maniere egale, il ne faut pas faire de discrimination, ni tenir compte des vieilles allegeances. Ainsi, les ex-miliciens sont integres dans toutes les unites. En 1991, les principales milices sont les Forces Libanaises, le Mouvement National et l’Armee du Liban Sud. Un seul groupe arme non etatique demeure : le Hezbollah, symbolisant la resistance contre l’occupation israelienne. Les Forces Libanaises (extreme droite chretienne), ravivees par la defaite de Aoun qui avait mene une guerre d’elimination contre eux en 1989-1990, compte encore 20000 membres. Le Mouvement National, qui comprend des forces musulmanes ou gauchistes, entre autres le Parti Socialiste Progressiste (PSP) de Joumblatt et la milice chiite Amal de Berri compte 12000 membres.


    En octobre 1993, les resultats de cette incorporation sont mis au grand jour : moins de 6000 ex-miliciens (3075) ont rejoint les rangs reguliers, ainsi que quelques douzaines d’officiers seulement qui regagnent leurs postes. On peut dire que l’operation en tant que telle represente une reussite generale, en depit de quelques points critiques qui demeurent. La preuve en est par exemple que, en 1994, precisement apres les attentats qui eurent lieu a Zouk durant le mois de fevrier, des munitions sont retrouvees dans les locaux ou centres politiques et sociaux appartenant aux Forces Libanaises. De meme en 1998, l’armee se rend compte que le groupe chiite Amal a effectivement les moyens lui permettant de participer a la resistance contre l’occupation israelienne au Sud du pays. Par ailleurs, il est interessant de signaler qu’une differenciation est faite entre les milices au moment de leur integration et quant a l’entree en politique de leurs chefs. De la sorte, le PSP, Amal, et meme les dissidents des FL de Hobeika sont apprivoises sans probleme. Au contraire, les FL sont traitees avec plus de rigueur, peut-etre parce que ce groupe en particulier a mis a mal la superiorite de l’armee durant la guerre d’elimination. C’est probablement une maniere pour l’institution militaire de regagner son honneur. D’autre part, le Hezbollah a une situation speciale dans la mesure ou il est considere comme etant une resistance legitime. Reste alors l’ALS, milice pro-israelienne d’Antoine Lahd qui n’a pas ete dissoute, tout simplement parce qu’elle est localisee dans une region ou l’Etat libanais n’a pas deploye sa strategie. Mais l’integration des anciens miliciens dans l’armee nationale ne constitue que l’un des facteurs necessaires a l’unification et a la reconstruction. D’autre part, une nouvelle etape « avait pour but d’effacer les consequences de la guerre sur l’etat des troupes que ce soit au niveau humain ou au niveau de l’infrastructure ». Il est primordial de batir une armee unie pour un peuple uni. Pour ce faire, on procede dans un premier temps au transfert d’hommes, parfois meme de bataillons entiers d’une brigade a l’autre, notamment entre celles des deux vieilles armees, afin de former de nouvelles brigades plus uniformes. A titre d’exemple, la 7e et la 2e Brigades sont unifiees ; la 8e et la 6e Brigade son unifiees ; la 10e et la 11e Brigade sont unifiees ; la 1e et la 5e Brigade sont unifiees. De meme, les bataillons 87 et 107 sont dissous et integres a la 6e Brigade a laquelle ils apportent leur materiel. Il est ensuite essentiel de changer la numerotation attribuee aux differents bataillons et brigades, car les chiffres qu’ils avaient coutume de porter indiquaient leur appartenance confessionnelle ou meme politique. Desormais, les nouveaux chiffres sont purement symboliques. Par exemple, le 67e Bataillon devient 61e. Enfin, lorsque les diverses unites sont mixees pour n’en former qu’une seule, d’autres sont automatiquement creees dans le but de maintenir la taille et l’efficacite de l’armee. Aussi, assiste-t-on a l’etablissement de la 3e Brigade, formee a partir des bataillons 31, 32, 37 et 98, des tanks de la 6e Brigade, et de l’essentiel des bataillons de l’ancienne armee de Lahoud, qui est bien evidemment dissoute. Cette 3e Brigade est deployee dans les zones non occupees du Sud du pays. Parallelement a ces mesures, on assiste a la distribution de materiel aux brigades, en provenance de camps militaires comme Rayack, Hammana ou Beyrouth. D’ailleurs, il faut bien preciser que l’essentiel de l’œuvre de Lahoud repose sur la question de l’equilibre confessionnel au sein de l’appareil militaire, afin d’en faire une institution purement nationale, ou la notion de citoyennete prime sur toutes les allegeances non etatiques. Ainsi, il n’a jamais ete accuse par quiconque, ni meme par ses adversaires de communautarisme. Comme nous l’avons deja mentionne, avant la guerre, chaque brigade avait une identite confessionnelle bien definie. Par exemple, la 4e Brigade etait druze, la 6e Brigade chiite, la 10e Brigade maronite,… La guerre n’a fait qu’accentuer ces clivages, dans la mesure ou les soldats qui forment une minorite au sein de leur groupe desertent en masse. De la sorte, lorsque les affrontements prennent fin en octobre 1990, cinq brigades ont une majorite chretienne depassant les 85% : ce sont les 5e, 7e, 9e et 10e. D’autre part, 5 autres brigades sont formees quasi-exclusivement de musulmans (95 a 100% ; ce sont les 1e, 2e, 6e, 11e et 12e). La encore, il procede a un transfert d’hommes entre les diverses unites et brigades pour realiser un equilibre entre les differentes communautes. Il faut ajouter que l’armee a ce stade recrute environ 3100 chretiens pour assurer la balance. Car, rappelons que les chretiens ont quitte leurs rangs au cours des derniers mois du commandement de Aoun a Beyrouth Est. Ce n’est qu’en 1992 que des resultats satisfaisants sont acquis. Et encore que 6 brigades gardent toujours une majorite musulmane refletant la preponderance de cette communaute au sein de l’armee. Le tableau suivant indique explicitement la balance confessionnelle a la fin du processus d’unification.



     


    Avant le 20 mars 1992 :    Apres le 5 juin 1992 :       


    Unites :    Chretiens :    Musulmans :    Chretiens :    Musulmans :       


    1e Brigade :    9.7%    90.3%    29.6%    70.4%       


    2e Brigade :    14.2%    85.8%    27.1%    72.9%       


    3e Brigade :    2.6%    97.4%    31.3%    68.7%       


    5e Brigade :    64.6%    35.4%    50.2%    49.8%       


    6e Brigade :    7.8%    92.2%    29.1%    70.9%       


    7e Brigade :    55.1%    44.9%    50.1%    49.9%       


    8e Brigade :    62.2%    37.8%    50.3%    49.7%       


    9e Brigade :    63.6%    36.4%    49.8%    50.2%       


    10e Brigade :    61.6%    38.4%    50.1%    49.9%       


    11e Brigade :    11.2%    88.8%    31.3%    68.7%       


    12e Brigade :    5.6%    94.4%    31.5%    68.5%       


    Garde Presidentielle :    70.4%    29.6%    54.7%    45.3%       


    1e Brigade d’intervention :    35.2%    64.8%    49.8%    50.2%       


    2e Brigade d’intervention :    56%    44%    49.8%    50.2%       


    Commandos :    60.9%    39.1%    50.2%    49.8%       


    Police Militaire :    68.3%    31.7%    49.9%    50.1%    



    Vu ces chiffres, nous pouvons dire qu’apres juin 1992, la minorite dans chaque brigade est inferieure au quart des hommes qui la composent. Ajoutons que 5 brigades sur 12, en plus de la garde presidentielle, des forces d’intervention, des commandos et de la police militaire, le proportion entre les chretiens et les musulmans varie de 60 a 40%. A part le deplacement des soldats, Lahoud place egalement des officiers issus de certaines communautes a la tete de certaines brigades. C’est-a-dire, un sunnite au lieu d’un chretien au commandement de la 8e Brigade, un chretien plutot qu’un chiite au devant de la 6e.


    Meme en ce qui concerne les promotions d’officiers, l’ancien systeme de recrutement base sur les quotas confessionnels est abandonne. On procede dorenavant a des recrutements selectifs completement bases sur des questions de merites, par le biais d’examens et de concours. De la sorte, une armee composee de membres qualifies est forgee. Les principaux elements inculques sont le sens de la responsabilite, l’expertise et l’esprit de corps. Des formations intensives ont lieu a Fayadieh, et dans les ecoles de guerre amies telle que Saint-Cyr en France, West Point aux Etats-Unis, Homs et Alep en Syrie. Cette operation est essentielle a des troupes qui ont oublie l’ethique militaire en participant aux differentes batailles de la guerre civile. De cette maniere l’armee devient la seule institution de l’Etat libanais qui applique les principes d’unite, de rigueur, de discipline et qui s’oppose a la fois a l’attitude clienteliste de l’Etat et au fonctionnement communautaire de la societe.


    Un autre element de cette reforme que connaît l’armee, est la mise en œuvre du service militaire obligatoire, sur une base de conscription generale. Deja, avant la guerre civile, c’est-a-dire en 1974, on decide d’introduire le service militaire pour une duree de 18 mois. Mais les affrontements meurtriers du conflit libanais empechent la realisation de ce projet. En 1983, avec les efforts de reconstruction de l’administration du president Amine Gemayel, quelques 2000 recrues repondent a l’appel du drapeau. Mais il est evident qu’une telle operation est impossible a realiser en temps de guerre. Pour cela, une fois la paix revenue, ce projet est a nouveau a l’ordre du jour. Dans un premier temps, ceux qui sont directement concernes sont les hommes nes entre 1966 et 1973, c’est-a-dire ages de 18 a 25 ans en 1991. Mais il s’agit la d’une masse importante equivalent a environ 260000 personnes. Il est donc evident que l’armee qui avant la guerre ne comptait pas plus de 21000 hommes, et qui a prevu d’atteindre les 60000 hommes apres sa reconstruction, ne peut pas absorber toutes ces recrues. En effet, cela est non seulement impossible d’un point de vue logistique, mais aussi parce que l’institution militaire doit garder une certaine balance entre les soldats de metier et ces jeunes qui effectuent leur service militaire. Il est de coutume dans ce genre de situation d’offrir une possibilite de rachat, contre une somme d’argent. Au Liban, la loi 97 du 21 septembre 1991 retablissant le service offre cette possibilite de badal, contre un montant de 1500000 livres libanaises, soit 1000$. Mais tres vite, on se rend compte que cette methode est inadequate dans la mesure ou elle n’encourage pas la formation d’une armee nationale uniforme. Effectivement, seuls les gens issus de familles pauvres serviraient, pendant que les autres, riches, en seraient exemptes. De la sorte, la situation est tres vite modifiee par la loi 245 du 12 juillet 1997 qui supprime definitivement cette option, et impose le service militaire a tous les hommes a partir de 18 ans, et ce pour la duree d’un an. Ainsi, environ 25000 jeunes sont recrutes chaque annee, equivalent dans un premier temps a 40 ou 50% de l’armee, puis diminuant ensuite a 30%. Cette etape si necessaire a la reconstruction de l’armee suscite les mecontentements de la majorite de la population dans la mesure ou elle represente une entrave a leur progression sociale. De la sorte, il est prevu de supprimer le service militaire au cours de l’annee 2007. Mais il est interessant de se demander si cette suppression ne causera pas de vide au sein de l’institution. Et s’il en est le cas, de quelle maniere y remedier.


    Dans tous les cas, il faut dire que pour mener ce processus de reconstruction a bout, le ministere de la Defense a privilegie d’un budget souvent superieur a celui accorde par l’Etat aux autres secteurs. Ainsi le budget de cette institution equivaut a 13.5% du budget national en 1991, puis a 24% et 14% respectivement en 1992 et 1993. C’est alors le premier poste de depenses avant l’education qui compte pour environ 13.5% et 10.2% en 1992 et 1993. En 1994 et 1995, le militaire touche 12% et 10% du budget national. On constate une certaine baisse du budget octroye a la defense. En effet, en 1996 et 1997, egalement, la defense emploie respectivement 10% et 11% du budget de l’Etat. C’est alors la 2e source de depenses, passant apres le service de la dette publique qui fait alors 40.26% et 42.16%. Enfin, en 1998, le militaire compte pour 10% du budget national. Il faut dire que meme si l’Etat accorde une part importante de son budget a la defense, cette part reste neanmoins limitee. De la sorte, pour etre plus concrets, les sommes en millions de dollars americains destines a la defense sont de 163 en 1991 ; 233.9 en 1992 ; 273.5 en 1993 ; 321.1 en 1994 ; 410.3 en 1995 ; 419.1 en 1996 ; 479.4 en 1997 ; et 494.6 en 1998. Ces sommes sont minimes a comparer avec celles du ministere de la defense jordanien. Toujours en millions de dollars americains : 404 en 1991 ; 434.8 en 1992 ; 435 en 1993 ; 564.2 en 1994 ; 589 en 1995 ; et 627 en 1996. Il est en plus utile de mentionner que la population et le PIB du Royaume Hachemite depassent de peu ceux du Liban. Amman depense environ 30 a 50% davantage que le Liban dans ce secteur, sans pour autant vivre un processus de reconstruction de son armee. D’autre part, il faut dire que la majorite du budget accorde au ministere de la Defense est destine aux salaires. Pres du tiers des salaries libanais, soit un demi million de personnes, sont employes par ce secteur. Ils profitent d’un ensemble de services sociaux, medicaux, de retraites, qui font des officiers des fonctionnaires privilegies dans tous les aspects de la vie quotidienne, y compris dans leurs loisirs. Ils ont par exemple droit a des credits de logement sans limites, avec la fondation de l’Iskan el Askari en 1994, et profitent de clubs sportifs, plages, et autres lieux de divertissements prives. A titre d’exemple, en 1991, les salaires font 50.2% du budget militaire ; 76.8% en 1992 ; 68.4% en 1993 ; 64.6% en 1994 ; 70.6% en 1995 ; 71.3% en 1996 ; 84.2% en 1997 et 84.5% en 1998. A part les salaires, l’armee doit bien evidemment se procurer du materiel. Mais la plupart de son arsenal provient d’une aide etrangere. Les Etats-Unis lui vendent des milliers de jeeps, de camions, de l’artillerie et quelques helicopteres a des prix symboliques. La Grande-Bretagne, la France, l’Italie, la Syrie, l’Egypte offrent des vehicules tactiques, des munitions, de l’artillerie et du support logistique. Parallelement, le desarmement des milices permet a l’armee de mettre la main sur leur modeste equipement. De la sorte, Lahoud reequipe l’institution militaire a moindre cout. Finalement, il faut dire en ce qui concerne le cas libanais, que les depenses liees a l’armement donnent du poids a l’economie nationale qui est tres largement privatisee. La defense est donc un agent tres important qui est loin d’engendrer des depenses improductives dans le mesure ou elle cree des milliers d’emplois et satisfait un besoin de securite nationale et de paix.


    Apres le retrait israelien  du Sud Liban, l’institution militaire n’est toujours pas en mesure de remplir sa mission externe stipulee par les Accords de Taef. Un debat s’ouvre alors sur la question du deploiement de l’armee dans les regions liberees. Pour certains, cette demarche est necessaire afin de restaurer la souverainete de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Mais l’Etat lui-meme a une autre vision de la situation. Il considere que le positionnement de ses troupes au Sud nourrit les interets israeliens. En effet, la mission de l’armee est de garantir la paix sur les frontieres, et a l’interieur du pays. Or, cela est impossible dans la mesure ou le corps militaire ne peut pas empecher les operations de la resistance, a un moment ou certaines zones sont encore occupees, les eaux nationales detournees, et la souverainete constamment bafouee par les incursions israeliennes. L’armee libanaise ne veut pas alors jouer les gardes frontieres pour assurer la securite de l’Etat hebreu. Ceci etant, il faut garder a l’esprit que l’armee libanaise ne possede pas les moyens materiels et les equipements requis pour faire face a la superiorite de Tsahal. De la sorte, elle ne peut empecher aucune offensive, parallelement au fait que tout accrochage est susceptible de la mettre en danger, et constitue une menace pour le Liban tout entier car il s’agit d’une institution officielle qui represente l’Etat. A cette epoque, le gouvernement considere que le deploiement des troupes nationales au Sud est une premiere etape vers la normalisation des relations avec Tel-aviv. Il ne compte en aucun cas abandonner la resistance car l’histoire a montre que ce ne sont pas les resolutions internationales qui ont delivre les regions occupees du joug d’Israel, mais les pressions de la resistance. La, il faut mentionner qu’une armee reguliere aussi puissante que Tsahal ne peut etre vaincue que par des combats de guerillas. D’ailleurs, la derniere guerre de l’ete 2006 l’a prouve. A present, le deploiement de l’armee au Sud devient une realite. Est-ce a dire qu’elle est prete a affronter Tsahal ? Et quel est le but de ce deploiement si le Hezbollah contrôle toujours cette region ? Cette coordination entre la resistance et l’armee dans la defense du pays, constitue-t-il une premiere etape vers l’integration du Hezbollah dans les rangs reguliers ?


    En depit de son role limite dans le Sud du pays, pour les raisons que nous venons d’evoquer, certaines unites specialisees dans le deminage se mettent a l’œuvre en localisant les zones touchees, en deminant, et en portant assistance aux populations. D’ailleurs, un soutien particulier est apporte aux deplaces afin de regagner leurs villages dont les diverses infrastructures sont rehabilitees par l’armee. De la sorte, elle a egalement un role social. Elle se charge des operations d’assistance humanitaire notamment lors des catastrophes naturelles comme les inondations, les violentes tempetes de neige, et aussi durant les incendies. De meme, elle s’occupe de la rehabilitation des sites culturels et historiques ainsi que la reforestation du pays. D’autre part, la marine a certaines missions particulieres, outre la protection du littoral et des eaux territoriales contre les agressions israeliennes. Par exemple, elle lutte contre le trafic d’alcool, de tabac, et surtout de drogue. Contre la contrebande de personnes et de cargaisons, en assurant des missions instantanees de Search & Rescue pour venir en aide aux bateaux menaces. Contre l’immigration illegale qui prend le Liban comme point de depart, surtout vers la Grece, l’Italie, l’Allemagne, notamment de la part de familles irakiennes kurdes. Contre la peche illegale et la nuisance a l’ecosysteme marin par l’utilisation de poisons et de dynamites. Contre la pollution marine que provoque le deversement des eaux des egouts, des dechets petroliers et chimiques de la part des usines, des bateaux et des raffineries directement dans la mer. Elle se charge egalement de la securite des ports qui sont souvent sujets a des operations illegales. Elle veille a l’application des lois marines conformement aux traites internationaux par les bateaux commerciaux.


    Finalement, on peut dire que le succes de la reconstruction de l’armee contraste avec les autres secteurs de la vie publique libanaise, notamment la politique et l’economie. Cette institution devient donc un tremplin sur lequel l’Etat peut compter ainsi qu’une source de pouvoir pour lui. De la sorte, l’armee etablit un reseau de relations politiques dont l’apogee se manifeste par l’election du general Emile Lahoud a la presidence de la Republique. Il faut savoir que pour rendre cela possible, la loi de defense nationale 102/83 est modifiee, permettant a cet homme de rester a son poste de commandant en chef des forces armees, jusqu'à l’avenement des elections presidentielles de 1998. Pourtant, il aurait du se retirer en 1997, a l’age de 59 ans, comme convenu a l’origine dans cette meme loi. L’annee suivante, l’article 49 de la Constitution est revise lui permettant d’acceder a la tete de l’Etat directement a la suite de son mandat militaire. Par exemple, suite a une demande du gouvernement, l’armee reprime les manifestants contre les accords d’Oslo en septembre 1993 et fait 13 morts parmi leurs rangs. De meme, deux ans plus tard, le president du Conseil, Rafic Hariri, charge l’appareil militaire et non la police de la securite de certaines regions apres l’interdiction de mnifestations suscitees par l’appel a la greve generale de la CGTL. En outre, cela ne signifie pas que l’armee est subordonnee a l’Etat. En effet, en 1996, il semble que l’armee ait conjointement avec la CGTL choisi d’eviter la confrontation en imposant un couvre-feu. Ainsi, on voit qu’elle partage les revendications sociales des masses a l’egard de la classe politique. Dans tous les cas, l’armee suit les grandes orientations du pays, sa principale menace et son seul ennemi etant Israel. Elle fonctionne donc en tant qu’institution neutre a l’egard de toutes factions internes et c’est en grande partie ce qui fait sa force et sa solidite.



    Bibliographie :


    -Taqi al-Din, R. (1994) : Ihya al-jaysh 1988-1994 ; Beyrouth.


    -Karim Pakradouni (2004) : Le lahoudisme et le chehabisme : de l’armee neutre a l’armee resistante ; La Revue du Liban ; 10-17 juillet.


    -A. Messara (1994) : l’armee libanais : servitude ou partenariat ; Fadia Kiwan : Le Liban aujourd’hui, CNRS Editions.


    -R. Habib (2002) : La vocation des militaires au sein de l’exception democratique libanaise, memoire en DEA de sciences politiques ; Beyrouth ; USJ.


    -P. koekenbier (2005) : Multi-Ethnic armies : Lebanese Lessons & Iraqi Implications ; Camberley ; Conflict Studies Research Centre ; CSRC.


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  • Le combat du Liban : pour qui, pourquoi ?; Henri Conchon, editeur –imprimeur :

    -L’armee libanaise etait restee neutre jusqu'au debut de 1976. Elle n’a pu echapper a l’eclatement, encore que beaucoup d’unites maintiennent la fraternisation des chretiens et des musulmans.

    -En automne 1969, la situation s’etait tellement degradee que le Liban n’avait plus de choix qu’entre se resoudre au pourrissement ou sevir avec efficacite contre les Fedayin en employant toute la force necessaire pour defendre sa propre existence.
    Theoriquement, le second choix etait possible, car l’armee libanaise en avait largement les moyens. Si la decision avait ete prise, l’affrontement inevitable n’aurait fait qu’un nombre limite de victimes.

    -Le 18 decembre 1975, des musulmans sont arrives armes au poste de gendarmerie de Nabha, dans la Bekaa Nord, et ont exige que le Raib aille a Beyrouth avec l’un d’entre eux pour savoir ce qui s’est passe au juste au quartier ou vivent les Amhez.
    A peine de Raib parti, les arrivants ont descendu le drapeau et exige les armes du poste.

    -Le 14 janvier 1976, des troupes furent envoyees a Damour pour empecher l’infiltration d’elements armes. Mais en vain. Elles ne firent rien. Les soldats desobeissaient aux ordres de leur chef. Au bout d’une semaine, voyant les soldats fuir, les gens ont suivi… C’est ainsi que l’exil commenca sans que personne ait pu revenir chez soi.

    -Le mercredi 21 janvier 1976, a Baalbeck, l’armee libanaise se bat contre les musulmans. Ils veulent lui prendre les armes, comme ils ont pris celles de la gendarmerie.

    -Le jeudi 22 janvier 1976, les musulmans, avec les canons voles a l’armee libanaise, bombardent Deir el-Ahmar depuis Maqueh.

    -Les musulmans ont des canons et les doutchka, et les mitrailleuses volees a l’armee libanaise.

    -Le matin du 2 avril 1976, quelques membres de l’armee libanaise vinrent nous demander d’abandonner l’institut pour handicapes Kortbawi, car une nouvelle attaque se preparait. Sou un feu nourri, et grace au courage des membres de l’armee libanaise, nous pumes arriver au college de Notre Dame de Jamhour.

    -Le dimanche 18 janvier 1976, plusieurs elements armes en uniforme militaire libanais et utilisant des vehicules et des jeeps de l’armee libanaise, penetrent dans le village de Deir Janine, au Liban Nord, a midi et demi. Ils surprennent les habitants inoffensifs, executent en place publique deux pretres du Couvent de Saint Georges, tuent a tort et a travers toute personne qu’ils rencontrent en chemin, pillent puis incendient les maison du village. Bilan : 12 morts, 7 blesses, 16 maisons entierement detruites, 20 maisons partiellement detruites, vol de tout ce qui peut etre emporte.

    -Lors du declenchement des hostilites contre Kobeyat, en janvier 1976, les militaires disperses dans les differentes casernes du pays, se sont regroupes a Jounieh et ont voulu reintegrer leur village pour le defendre contre les agresseurs. Mais les nombreuses barricades musulmanes armees installees entre Tripoli et le Akkar firent obstacle a l’avance de ces elements vers leur village. Ceci aura, surtout lors de la derniere attaque contre Kobeyat (25 mai 1976) des consequences importantes. En effet, ces jeunes qui apprenaient avec frayeur les nouvelles de massacres collectifs, parmi les leurs, ne purent par moments se controler et envahirent certains villages musulmans du caza de Batroun sans toutefois proceder a aucun massacre individuel ou collectif ni a aucun vol ou pillage.

    -Le 19 janvier 1976, vers 13h30, le village de Hoche Barada, dans la Bekaa, fut l’objet d’une vive attaque menee d’abord contre une quinzaine de militaires charges de la securite. Le lieutenant responsable de la troupe fut immediatement tue, ainsi que deux de ses soldats (tous chretiens). Quelques soldats musulmans s’emparerent alors des vehicules et commencerent une attaque generalisee contre les civils. Les agresseurs etaient des musulmans de la region environnante, soutenus par des elements palestiniens.

    -Les agressions contre les militaires chretiens se situent presque toutes au cours du mois de fevrier 1976. La scission definitive de l’armee libanaise en mars 1976 n’est que la resultante de ces donnees et le but a atteindre a travers toutes ces agressions.
    Les agressions contre les militaires chretiens restent assez inconnues. Nous en citons ici quelques exemples :
    1)Dans un communique, le Groupement Kesrouanais attire l’attention sur l’enlevement et la detention de militaires chretiens au camp palestinien de Baddawi (au Nord de Tripoli). On avait en effet retrouve la veille (2 fevrier 1976) un jeune reserviste chretien assassine a Tripoli.
    2)Le 6 fevrier 1976, un barrage arme a proximite de Arsal (Bekaa) execute deux militaires chretiens de Kaa qui etaient de passage.
    3)Le 17 fevrier 1976, le lieutenant Naoum a ete libere apres une longue detention durant laquelle il a subi interrogatoires et tortures de toutes sortes. Il affirme que 7 de ses soldats sont encore detenus et maltraites.
    4)Le 23 fevrier 1976, 5 militaires chretiens ont ete retrouves assassines aux environs de la ville de Zahle (Bekaa).
    5)Vers la mi –fevrier 1976, 11 militaires chretiens de Kobeyat (Akkar) rentrant chez eux pour le week-end furent arretes et executes en groupe.
    6)Le 21 fevrier 1976, un adjudant chretien de l’armee libanaise a ete enleve et sa jeep volee.
    7)Une nouvelle du 3 mars 1976 mentionne l’enlevement, quelques jours plus tot, du lieutenant Joseph Abou Faycal a Nabatiyeh (ville musulmane du Liban Sud).
    8)Dans la premiere semaine du mois de mars 1976, une serie de crimes est commise a l’interieur des casernes de l’armee libanaise. La presse n’en souffle mot, mais nous avons appris de source sure que plusieurs militaires chretiens ont ete assassines lors de ces attaques confessionnelles barbares ; dans les casernes de Araman, de Kobbe (Tripoli), de Baalbeck, de l’Emir Bechir (Beyrouth), de Fakhreddine (Beyrouth).
    Par suite de cette flambee de violence, l’armee libanaise, qui etait restee unie jusque la, se desagrege et se disperse.

    -Dimanche 6 avril 1975 : L’armee prise a partie par les progressistes a Saida apres la mort de Maarouf Saad. 4 journees d’affrontements. Les vehicules militaires attaques par des elements armes.

    -Jeudi 10 avril 1975 : Manifestation d’appui de la droite a l’armee. Les progressistes exasperes, accusent la grande muette de soutenir l’autre camp.

    -Jeudi 15 mai 1975 : Formation d’un gouvernement de militaires preside par Noureddine Rifai.

    -Lundi 1er septembre 1975 : L’armee prend position entre les forces antagonistes dans la Bekaa et au Liban Nord.

    -Mardi 9 decembre 1975 : Les combats font rage dans le centre-ville, en depit de l’intervention de l’armee.

    -Mardi 23 decembre 1975 : Regain de tension a Beyrouth, desertee par les FSI.

    -Lundi 5 janvier 1976 : Chamoun reclame une fois de plus l’intervention de l’armee.

    -Mardi 27 janvier 1976 : *Le camp de Dbaye remis aux FSI.
                                            *L’escorte de Khaddam attaquee a son retour de Masnaa par des deserteurs de l’armee ayant a leur tete le lieutenant Ahmad Khatib : 2 tues.

    -Mercredi 28 janvier 1976 : L’armee contrôle le centre commercial et le secteur des grands hotels.

    -Jeudi 29 janvier 1976 : Appel de Karame aux soldats qui ont abandonne leurs postes.

    -Mardi 3 fevrier 1976 : L’armee a Dbaye, Mkalles et Damour.

    -Vendredi 6 fevrier 1976 : Officiel : 850 militaires ont deserte leurs unites au cours des derniers evenements.

    -Jeudi 11 mars 1976 : Coup de force du brigadier general Aziz Ahdab, qui proclame l’etat d’urgence, reclame la demission du president de la Republique et invite l’Assemblee a elire un nouveau chef de l’Etat dans les 7 jours.

    -Vendredi 12 mars 1976 : *La situation sur le terrain se deteriore : trois nouvelles casernes se rallient au lieutenant Ahmad Khatib. Accrochages a Beyrouth dans le secteur des grands hotels. Bataille de blindes au Liban Nord : 20 tues, 100 blesses.
                                                  *Le commandement de l’armee exige qu’il soit donne suite dans les 48h aux trois exigences suivantes : formation d’un nouveau gouvernement ; amnistie des militaires insurges ; poursuite de la collaboration avec la Syrie et la Resistance palestinienne.

    -Dimanche 14 mars 1976 : Le Grand Serail occupe par les hommes du lieutenant Khatib. 11 tues, 17 blesses dans les affrontements a Beyrouth.

    -Mercredi 17 mars 1976 : Combats acharnes autour de Kobeyat (Nord) : 11 soldats originaires du village perissent dans une embuscade.

    -Jeudi 18 mars 1976 : Ahdab s’en remet a Damas pour denouer la crise.

    -Dimanche 21 mars 1976 : Le brigadier Ahdab presse les politiciens de trancher.

    -Mercredi 7 avril 1976 : La Surete Generale brule ses archives de crainte qu’elles ne tombent aux mains de certaines organisations.

    -Vendredi 9 avril 1976 : Deux detachements de l’armee syrienne occupent le poste frontalier de Masnaa et trois positions de l’ALA dans la Bekaa.

    -Lundi 19 avril 1976 : Les batiments de la Surete Generale ravages par un incendie. Bilan des combats : 50 tues, 90 blesses ; decouverte de 95 cadavres a Beyrouth.

    -Vendredi 7 mai 1976 : Kadhafi incite a la revolution les forces nationales libanaises qu’il invite a rallier l’ALA du lieutenant deserteur Ahmad Khatib.

    -Mardi 11 mai 1976 : Les progressistes assouplissent leur position : ils preconisent la reconstitution de l’armee sur une base non confessionnelle, et une table ronde.

    -Vendredi 21 mai 1976 : Le brigadier general Aziz Ahdab renonce a toutes ses fonctions militaires.

    -Vendredi 28 mai 1976 : Sur le terrain, c’est de nouveau l’escalade militaire : 81 tues, 141 blesses ; decouverte de 28 cadavres a Beyrouth. L’AIB bombarde : 45 obus tires par l’Armee du Liban causent d’importants degats aux batiments de l’aerogare. Le radar de la tour de contrôle mis hors d’usage.

    -Samedi 29 mai 1976 : Tous les fronts s’embrasent : 190 maisons detruites ou endommagees a Kobeyat et Andaket, villages chretiens du Akkar, a la suite d’un bombardement sauvage que Joumblatt et Abou Ayad (Fath) reprouvent et qui a ete perpetre par l’ALA.

    -Dimanche 15 aout 1976 : Tension a Saida a la suite de l’eviction du major Ahmed Boutari : ayant tente d’occuper la caserne Zogheib, celui-ci est arrete avec le lieutenant Sami Abdallah.

    -Dimanche 22 aout 1976 : Kfarchima proclamee zone militaire.

    -Samedi 9 octobre 1976 : Les miliciens conservateurs incendient la caserne de Nabatiyeh et bombardent la caserne de Marjeyoun.

    -Mardi 12 octobre 1976 : Le general Ghoneim, commandant de la force de paix arabe au Liban, menace de retirer les Casques Verts si les combats se poursuivent.


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  • Histoire de la guerre du Liban ; Perspectives internationales ; PUF :

    -On ne peut pas nous enlever nos droits parce que certains ont peur et que d’autres sont impuissants. (Général Michel Aoun ; 4 novembre 1989).

    -Des accrochages de plus en plus fréquents et de plus en plus violents opposent l’armée libanaise à la résistance palestinienne ai cours de l’année 1969.

    -Le 28 janvier et les 7 et 8 avril 1970, seront signes les textes d’application de l’accord du Caire entre le Deuxième Bureau de l’armée libanaise et l’OLP. L’accord ne mettra fin ni aux exactions de l’OLP en territoire libanais, ni aux accrochages tels que ceux qui eurent lieu du 18 au 31 mars 1970 au cours desquels interviendront des miliciens phalangistes aux cotes de l’armée.

    -Des le début de la guerre, et parce qu’une partie de la population libanaise fait délibérément le jeu de l’ennemi, les institutions sont paralysées et l’armée éclate.

    -Le 23 mai 1975, un gouvernement militaire se constitue mais, sous les critiques des musulmans sunnites, démissionne 3 jours après.

    -Le 25 novembre 1975, Rachid Karamé fait un constat d’impuissance devant le Parlement et prétend ne pas pouvoir faire intervenir l’armée qui est divisée. Suite aux bombardements, par deux avions Hawker Hunter de l’armée, des palestiniens et des islamo-progressistes qui assiègent Damour, Rachid Karamé démissionne le 18 janvier 1976 pour manifester son désaccord.

    -L’armée libanaise, forte de 15000 hommes en 1975-1976, subit le même sort que les institutions politiques. Soit elle n’intervient pas dans les événements et elle est paralysée, soit elle intervient et elle est divisée. Le fait que l’armée regroupe des éléments de confessions différentes contribue soit à la rendre inutile soit à la faire éclater. Ainsi, des la fin du mois de janvier 1976, le lieutenant Ahmed Khatib entre en rébellion contre l’armée libanaise et fonde l’ALA. Le lieutenant Khatib, sunnite pro-palestinien, détourne une part importante de matériel militaire et est suivi par bon nombre d’officiers musulmans. Ses troupes sont stationnées dans la Bekaa et mènent le combat aux cotes des palestiniens. Un peu plus tard, la brigade a majorité chrétienne de Sarba (Jounieh) se constitue en Armée de Libération Libanaise (ALL) a laquelle se rallieront plusieurs casernes. Le 11 mars 1976, le brigadier Aziz Ahdab également sunnite pro-palestinien réussira à s’emparer de la télévision tentant un coup d’Etat militaire qui échouera. Encore un peu plus tard, seront créées les Avant-Gardes de l’ALA par le major Fahim el-Hajj dont les troupes stationnées dans la Bekaa protègeront la prestation de serment d’Elias Sarkis à Chtaura. Certains officiers druzes se constituent en Avant-Garde de l’Armée Maan dit aussi Mouvement du Jihad Druze oppose a Kamal Joumblatt. Se constitue encore l’Armée de Défense du Liban Sud qui deviendra l’ALS a tendance pro-israélienne dirigée par le major Saad Haddad. Au Nord, le colonel Antoine Barakat rallie, dans la région de Zghorta, les forces armées favorables à Sleiman Frangié. Sous la pression des événements, l’armée libanaise éclata donc en une multitude de tendances sur la base des clivages confessionnels de la société civile.

    -Au terme de la période (1975-1976), on ne peut que constater que le Liban légal n’a pas résisté au choc de l’événement : les institutions sont malmenées et l’armée a éclaté selon des lignes de failles confessionnelles.

    -Je savais, et c’est nous qui savions par la nature des choses, que la Résistance et les partis nationaux possédaient plus d’armes et de munitions que l’armée du Liban tout entière, et pas seulement les partis tels que les Kataëb ou le PNL (Discours du 20 juillet 1976 de Hafez el-Assad).

    -La période qui nous intéresse se situe en 1978. Elle commence par un incident à la caserne de Fayadiyeh qui dégénère opposant  l’armée libanaise et les forces chrétiennes aux syriens de la FAD, elle rebondit en une guerre de 100 jours, elle se clôt par la conférence de Beiteddine. La caserne de Fayadiyeh est l’une des plus importantes de l’armée libanaise et est située à proximité du ministère de la Défense. Les syriens de la FAD avaient installe un barrage non loin de l’entrée de la caserne. Le 7 février 1978, un accrochage oppose un officier libanais, le capitaine Samir Achkar, et ses troupes, aux éléments de la FAD. L’incident dégénère. La caserne est bombardée durant plusieurs jours.
    Des éléments du PNL de Camille Chamoun se rangent aux cotes de l’armée tandis que les Forces Spéciales de Rifaat el-Assad, frère du président syrien, interviennent. Les bombardements s’étendent rapidement à l’ensemble du secteur Est de Beyrouth. Les divers assauts contre la caserne et contre Ain el-Remmaneh sont infructueux. Les syriens sortent humilies de l’épreuve enregistrant de très lourdes pertes.
    L’incident de Fayadiyeh a montré aux chrétiens qu’ils pouvaient résister en dépit de l’occupation syrienne : tant à Achrafieh qu’à Ain el-Remmaneh, les forces syriennes disséminées furent attaquées et éprouvèrent un sentiment de totale insécurité.

    -La conférence de Beiteddine se tient du 15 au 17 octobre 1978 sous les auspices de l’Arabie Saoudite. Elle fixe pour tache aux autorités libanaises de parvenir à l’entente nationale et de reconstruire l’armée.
    Suite a la conférence, le Conseil des ministres est appelé à se prononcer sur un programme de démantèlement de tous les aspects militaires ne relevant ni de l’armée, ni des FSI, ni de la FAD et de ramassage des armes des milices.

    -Simultanément a l’éclatement de l’armée, certaines unités stationnées au Sud, auxquelles s’étaient joints des volontaires, s’étaient regroupées autour du commandant Haddad qui contrôlait un certain nombre de villes et de villages partages en 3 zones situées a proximité de la frontière libano-israélienne (a l’Est : Marjeyoun ; au centre : Rmeich, Bent Jbeil, Ain Ebel, Yaroun ; a l’Ouest : Alma el-Chaab et Yarin).

    -Le 15 mars 1978, un communique militaire israélien insiste sur le caractère limité de l’opération qui ne vise ni l’armée, ni la FAD et annonce la reddition d’un nombre important de bases palestiniennes.

    -Le 27 mars 1978, le commandant Haddad annonce la formation de l’ALS.

    -Le 13 juin 1978, Israël confie la ceinture de sécurité qui borde sa frontière aux commandants Haddad et Chidiac. Ainsi, 1500 miliciens de l’ALS contrôleront une ceinture de sécurité entre la FINUL et la frontière Nord d’Israël. Le 16 juin 1978, les miliciens de l’ALS s’opposent a l’entrée de la FINUL dans la zone qu’ils contrôlent.
    Simultanément, au cours d’un sommet qui avait eu lieu le 13 mai 1978 entre les présidents Sarkis et Assad, il avait été décidé d’envoyer l’armée libanaise dans le Sud du pays. Le 31 juillet 1978, un détachement de 700 hommes de l’armée libanaise ne parvient pas a traverser Marjeyoun pour atteindre Tibnine ou il avait mission de s’installer ; l’ALS bloque sa progression en l’accusant d’être compose d’éléments syriens.

    -Une tentative d’envoi de l’armée au Liban Sud dans la zone occupée par la FINUL a lieu du 15 au 18 avril 1979 en vertu de la résolution 444 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui avait lie cette opération au renouvellement de la Force. L’ALS bombarde alors les villages situés dans la zone de la FINUL. Le 18 avril 1979, le commandant Haddad ne reconnaissant plus l’autorité centrale, proclame l’indépendance de la zone qu’il contrôle, ce qui signifie que l’armée libanaise n’a rien à faire dans cette zone.

    -Aux mois de mars et d’octobre 1980, de nouvelles tentatives de déploiement de l’armée libanaise auront lieu sans plus de succès. L’armée libanaise sera forcée de se retirer le 25 octobre 1980.

    -Au début de l’année 1979, des tractations portant sur la réorganisation de l’armée sont en cours et les retraits de la FAD pourraient s’expliquer comme autant de moyens de pressions destines à accélérer ce processus.
    Suite au retrait des contingents non syriens de la FAD, l’armée récupère leurs positions notamment celles qu’ils tenaient aux abords du quartier chrétien d’Achrafiyeh et sur les voies d’accès y conduisant.

    -Le 6 février 1980, le Conseil des ministres libanais annonce officiellement le retrait de la FAD de l’ensemble de Beyrouth et le remplacement des troupes syriennes par l’armée ce qui entraîne inévitablement une montée de la tension. Les 6 et 7 mars 1980 a lieu le retrait effectif des troupes syriennes de Beyrouth Est et de sa banlieue au profit de l’armée qui y est accueilli sous les acclamations.

    -Il est décidé, le 15 mai 1979, d’unifier les Kataëb et le PNL et de former un parti unique qui représente la quasi unanimité du camp chrétien. Les accrochages ne cessent pas pour autant, ainsi le 20 mai 1979, de nouveaux affrontements ont lieu a Akoura puis, du 14 au 17 juin 1979, entre Ain el-Remmaneh et Furn el-Chebbak ou deux bataillons de l’armée s’interposent afin de ramener le calme.

    -A Hadeth, quartier chrétien du Sud de Beyrouth, les miliciens du PNL livrèrent leurs permanences a l’armée les 8 et 9 juillet 1980, ce qui suscita de violents accrochages. La population manifesta publiquement sa désapprobation et demanda de retrait des combattants. Le désaccord initial entre armée et FL s’envenime à ce stade.
    L’hostilité entre FL et armée atteindra son paroxysme en 1990.

    -Dans une large mesure, l’alliance qui s’établira en 1990 entre l’armée commandée par le général Aoun et le PNL  de Dany Chamoun afin de lutter contre les FL sera bâtie sur les données de 1980. Le sort de l’armée va désormais être au cœur des discussions et des discours politiques.

    -Durant les années 1979 et 1980, l’armée libanaise, grâce a la pression internationale, se renforce, se restructure et se déploie dans des zones qu’elle avait du quitter au début des événements. Ce renouveau de l’armée n’est pas sans inquiéter les FL.
    L’institution militaire est en question, soutenue par les uns et combattue par les autres.

    -Lors de la visite a Paris effectuée par le président Sarkis au cours du mois de septembre 1978, il lui est clairement signifie que la France souhaiterait que l’armée soit redynamisée.
    Afin d’encourager ce processus de restauration de l’institution militaire, certains contingents participant a la FINUL font part de leur intention de se retirer et d’œuvrer en vue d’écourter le mandat de cette force.

    -Le Conseil des ministres adoptera, le 22 janvier 1981, le décret d’application de la nouvelle loi sur la Défense nationale et nommera Victor Khoury commandant en chef de l’armée.
    Grâce a ce texte, le contingent saoudien de la FAD qui stationnait a Achrafieh et contrôlait ses voies d’accès est remplace par l’armée. Il en est de même du contingent syrien qui se retire de Beyrouth Est et de sa banlieue cédant la place à l’armée accueillie triomphalement par les populations. Par ailleurs, l’armée va être envoyée à plusieurs reprises au Sud du pays pour tenter d’y restaurer la souveraineté libanaise. Enfin, dans les combats qui opposent les FL au PNL, l’armée interviendra à plusieurs reprises afin que le calme soit rétabli. Cet ensemble de constatations montre bien que, durant cette période, l’armée tente de récupérer la plénitude de son autorité sur le territoire libanais. Il faut aussi et surtout remarquer que l’armée est plus particulièrement présente dans les zones chrétiennes, c’est-à-dire sur le territoire ou les FL s’imposent par des démonstrations de puissance.
    BG ne peut qu’être contre le mouvement de restauration de l’armee.

    -Des le début des opérations, l’armée a éclaté selon les lignes de faille confessionnelles. En tant qu’institution, l’armée a beaucoup souffert de la faillite du système politique.
    Ce n’est que grâce au général  Aoun que l’armée redeviendra un instrument opérationnel.

    -Toute l’œuvre du mandat Elias Sarkis consiste à mettre sur pied l’armée envers et contre les syriens afin que son successeur puisse avoir les moyens de sa politique.
    Le discours de BG va encore se durcir lorsque le 13 août 1980, à la suite du conflit avec les FL, le PNL cède ses permanences à l’armée dans le Sud de Beyrouth, à Baabda, Hadeth et Hazmieh. La collusion notoire entre l’armee et le PNL provoque des affrontements entre les militaires et les miliciens des FL les 10 et 11 septembre 1980. Des lors, BG fulmine contre l’armee.
    Les éléments d’un conflit entre l’armée et les FL sont déjà là en 1980. Le conflit qui aura lieu entre ces deux formations au cours de l’année 1990 est en gestation des la première période de la guerre.

    -Les 7 et 8 juin 1981, se reunit a Beiteddine le Comite quadripartite de vigilance qui avait ete cree au mois d’octobre 1978 par la Ligue arabe. Ce Comite regroupe les ministres des AE de Syrie, d’Arabie Saoudite et du Koweit auxquels s’ajoute le secretaire general de la Ligue arabe sous la presidence d’Elias Sarkis assiste par le president du Conseil, Chafic Wazzan, et le ministre des AE, Fouad Boutros. Les discussions du Comite se deroulent dans une situation de guerre generalisee. Elles portent sur le role de la FAD et celui de l’armee libanaise ainsi que sur les liens entre les FL et Israel.

    -Le Document libanais, prepare par le ministre des AE libanais, Fouad Boutros, est construit autour de trois points : la rupture des relations avec Israel, l’application de l’accord du Caire ainsi que le retrait progressif de l’armee syrienne. Sur ce dernier point, il envisage le retrait de l’armee syrienne avant le 1er aout 1982 et le deploiement de l’armee libanaise par etapes.

    -Le 26 juin 1981 a Beyrouth, sur proposition saoudienne, syriens et libanais se mettent d’accord pour confier aux FSI le contrôle de Zahle. Le 30 juin 1981, l’accord se concretise : le siege de Zahle est leve, la FAD abandonne ses positions autour de la ville, 95 combattants des FL munis de leurs armes individuelles sont autorises a quitter la ville et rejoignent Beyrouth ou leur est reserve un accueil triomphal, enfin 600 FSI prennent position dans la cite.

    -Lors de l’invasion de 1982, Israel rejette les propositions palestiniennes de desengagement simultane avec deploiement de l’armee libanaise et retrait des combattants palestiniens dans 4 camps.

    -Le 27 juin 1982, Israel fait connaître ses propositions : 15 organisations palestiniennes devront remettre leurs armes a l’armee libanaise, les combattants partiront en Syrie par convoi special du CICR.

    -Sur le terrain, a la suite de l’evacuation des combattants palestiniens, l’armee libanaise et les FSI penetrent a Beyrouth Ouest au tout debut du mois de septembre 1982. Leur mission consiste a desarmer les milices, a recuperer les stocks d’armes et a prendre le contrôle des camps. C’est ainsi que, le 9 septembre 1982, l’armee libanaise entre dans Borj-Brajneh ce qui lui etait interdit depuis 1969 conformement aux accords du Caire.

    -Les 19 et 20 septembre 1982, l’armee libanaise est conduite a se deployer a l’interieur et aux alentours des camps de Sabra et Chatila, apres les massacres qui y ont ete commis.

    -Le 26 septembre 1982, l’armee israelienne se retire de Beyrouth Ouest, le 28, du port et le 29 de l’aeroport. Simultanement, l’armee libanaise entre dans cette partie de la ville ou elle se livre a de nombreuses arrestations.

    -Du 2 au 15 octobre 1982, suite au depart des israeliens, l’armee libanaise et les FSI se deploient dans Beyrouth Ouest. De gigantesques operations de police y sont menees avec l’appui des contingents italien et francais de la FM. Le 14 octobre 1982, l’armee libanaise prend position a Hadeth, Hazmieh, et Baabda. Le 15, sont annonces les chiffres de 1441 personnes apprehendees et de 972 arretes. Le 3 novembre 1982, elle commence a se deployer en secteur chretien, a Beyrouth Est, ou les FL manifestent leur opposition quant au ramassage des armes et aux perquisitions pratiquees.

    -Fin 1982, les americains fourniront a l’armee libanaise une aide en materiel militaire.

    -Le 5 mars 1982, conformement a sa decision de mettre fin a la mission de la FAD, le gouvernement libanais dissout le commandement de la force a compter du 31 mars 1982 a 24h. Simultanement, il confie a l’armee libanaise le soin de prendre possession des equipements et des locaux qui avaient ete mis a sa disposition.

    -Le 15 octobre 1982, afin de mettre fin a la presence des miliciens appartenant aux FL dans la zone, des notables druzes demandent qu’y soit deployee l’armee libanaise. A cet effet, l’armee israelienne effectue des retraits partiels et l’armee libanaise se deploie a sa place dans certains villages du Chouf a la fin du mois d’octobre.

    -Des incidents FL –druzes ont lieu en octobre et novembre 1982, mais les barrages israeliens empechent l’armee libanaise d’intervenir.
    -Afin de juguler le cycle de la violence, un comite de coordination regroupant l’ensemble des parties au conflit est cree des le 17 octobre 1982 et se reunit le 15 decembre 1982 a Baabda pour insister sur l’urgence du deploiement de l’armee libanaise dans la zone. Le 13 decembre 1982 sont egalement constituees des commissions mixtes PSP –FL –armee israelienne qui concluent que la securite de la region doit etre assuree par les armees israelienne et libanaise.

    -Au debut du mois de juillet 1983, un plan de redeploiement des forces israeliennes est mis au point par le ministre de la Defense Moshe Arens qui affirme que l’operation s’effectuera en coordination avec l’armee libanaise et qu’il n’y aura pas de place pour le vide ou l’anarchie.

    -Du 10 au 22 aout 1983, ont lieu des affrontements entre l’armee libanaise et le PSP. L’aeroport, les positions de l’armee a Kfarmatta et Aley, le ministere de la Defense et la mission israelienne de Yarze sont bombardes a partir du Chouf.

    -Le 25 aout 1983, a l’occasion d’un message a la nation, le president Amine Gemayel annonca l’entree progressive de l’armee libanaise dans le Chouf apres retrait des elements appartenant aux FL qui y stationnent.
    Le PSP refuse l’entree de l’armee libanaise dans le Chouf sans un accord prealable posant les fondements d’une entente nationale.

    -Le 9 septembre 1983, l’armee libanaise s’installe sur la route cotiere et l’axe Beyrouth –Damas jusqu'à Aley.

    -Du 15 au 25 septembre 1983, se deroula la bataille de Souk el-Gharb ou la 8e Brigade de l’armee libanaise, commandee par le colonel Michel Aoun, parvient a stabiliser le front tandis que la flotte americaine bombarde la Montagne a partir de la mer afin d’appuyer l’armee libanaise en aneantissant les batteries des adversaires.
    L’intervention americaine aux cotes de l’armee libanaise est vivement critiquee par la Syrie et l’Union Sovietique.

    -Un accord syro –saoudien avait ete adopte le 13 septembre 1983 a Damas. Il prevoyait un cessez-le-feu sous le contrôle d’observateurs neutres, le retour des refugies dans la Montagne, le remplacement de l’armee libanaise par les FSI, et la tenue d’une reunion de reconciliation nationale a laquelle participeraient la Syrie et l’Arabie Saoudite. Amine Gemayel refusa ces propositions et notamment exigea le maintien de l’armee dans la Montagne.

    -Le 31 septembre 1983, le general Hakim, chef d’etat-major druze de l’armee libanaise, rejoint la garnison druze de Hammana et fait part de sa volonte de demeurer dans la Montagne par devoir national.

    -En decembre 1983, Rachid Karame, leader sunnite de Tripoli, participe directement aux negociations ayant trait a l’evacuation d’Arafat et des loyalistes. Il tente de saisir l’occasion pour faire adopter un accord de pacification du Liban Nord ou prendraient position les FSI.
    Le 18 decembre 1983, 350 FSI arrivent a Tripoli pour surveiller l’evacuation qui a lieu le 20.

    -Le 5 fevrier 1984, Walid Joumblatt et Nabih Berri, dont les troupes s’emparent de Beyrouth Ouest et de la banlieue Sud apres de violents combats avec l’armee libanaise, exigent la demission du chef de l’Etat.

    -Au debut du mois de novembre 1983, de violents combats eclatent d’une part entre Amal et l’armee libanaise dans la banlieue Sud de Beyrouth et, d’autre part, entre les druzes du PSP et l’armee libanaise sur le front de Souk el-Gharb ou le colonel Michel Aoun avait jugule la progression des forces islamiques a la fin de la Guerre de la Montagne.
    A la mi-decembre 1983, les affrontements reprennent entre Amal et l’armee libanaise a Chyah et Borj –Brajneh.

    -Le 13 janvier 1984, des accrochages ont lieu entre Amal et l’armee libanaise au centre de Beyrouth. Le lendemain, Nabih Berri accuse l’armee libanaise de jouer la provocation et bombarde la montagne chretienne jusqu’au Kesrouan. Le palais presidentiel de Baabda est egalement pris pour cible du 20 au 23 janvier 1984.

    -Le 2 fevrier 1984, suite a des incidents qui eurent lieu a Ain el-Remmaneh, l’armee libanaise bombarde la banlieue chiite de Chyah et ses environs. Le 3 fevrier 1984, les combats s’etendent a l’ensemble de Beyrouth Ouest.

    -Le 6 fevrier 1984, alors que la FM fait preuve d’une inertie totale et que l’armee libanaise abandonne ses positions, Amal investit Beyrouth Ouest et proclame le couvre-feu.
    Amal et la 6e Brigade de l’armee libanaise, commandee par le general Chahine dans la Bekaa, se coalisent et empechent le colonel Michel Aoun de deployer ses troupes a Beyrouth Ouest.

    -Le 14 fevrier 1984, les combats de Beyrouth se deplacent au Sud Est de la capitale a la region de Chahhar el-Gharbi qui tombe entre les mains du PSP et d’Amal : le long de la cote, Khalde est prise par Amal et Damour par le PSP le 15 fevrier. La 4e Brigade de l’armee libanaise, qui tenait la zone, se disperse vers le Sud dans les regions encore occupees par Israel. Seul le verrou de Souk el-Gharb tient bon.

    -Le 23 juin 1984, alors que de nouveaux accrochages ont lieu, le gouvernement libanais adopte un plan de pacification pour Beyrouth ainsi que la grande banlieue.
    Afin de mener a bien cette tache, le colonel Michel Aoun est promu general et nomme commandant en chef et president d’un nouveau conseil militaire dont le vice-president est le general Hakim. Le general Aoun confiera au colonel Elias Khalil le soin de reorganiser l’armee libanaise selon un programme en trois points qui prevoit une reprise en main du personnel, du materiel et de l’autorite.
    Suivant ce plan, le general Aoun va muter plus de 170 officiers, nommer de nouveaux commandants de brigade, etablir un inventaire du materiel et renforcer la discipline. Mais le general Aoun ne sera pas suivi politiquement par le Parlement libanais qui ne votera pas les credits necessaires a la mise en œuvre de son plan. Ce n’est qu’en 1988 que l’armee libanaise aura les moyens materiels de realiser ses ambitions.
    Au debut du mois de juillet 1984, les armes lourdes commencent a etre retirees des deux parties de Beyrouth et remises aux forces legales sous le contrôle des observateurs francais. Enfin, la 3e Brigade de l’armee libanaise, composee a la fois de chretiens et de musulmans, se deploie sur la ligne separant les deux secteurs de Beyrouth. Le 1er aout 1984 a lieu la reunification officielle de Beyrouth, ce qui n’empechera pas que des affrontements aient lieu notamment du 28 octobre au 11 novembre 1984 a la suite desquels un plan de pacification prevoiera l’installation de la 5e Brigade (chretienne) a l’Est, de la 6e (chiite) a l’Ouest et la 3e (mixte) dans le centre-ville, reglant ainsi de desaccord entre milices sur les modalites de deploiement de l’armee a Beyrouth. En ce qui concerne la Montagne et la zone de Chahhar el-Gharbi, la situation est encore plus problematique qu’a Beyrouth malgre les projets de retour des chretiens dans le Chouf et les plans de deploiement de l’armee libanaise sur la route cotiere de Beyrouth a l’Awali. Walid Joumblatt fait obstruction a cet ensemble de perspectives remettant en cause son autorite sur la zone.

    -Sur le terrain, suite au retrait israelien d’une zone limitee a l’Est par le mont Barouk et au Sud par le fleuve Awali, les milices infeodees a Damas appuyees par les troupes syriennes l’emportent sur l’armee libanaise d’abord dans la Montagne, c’est-a-dire a l’Est de la zone evacuee, puis a Beyrouth Ouest et dans la banlieue Sud, c’est-a-dire au Nord de la zone evacuee enfin dans la region de Chahhar el-Gharbi, c’est-a-dire a l’Ouest de la zone evacuee (entre septembre 1983 et decembre 1984).

    -Cette periode a egalement forge l’homme qui incarnera la destinee du Liban de 1988 a 1990. Michel Aoun y enregistre ses premiers succes : il tient le verrou de Souk el-Gharb, il est nomme commandant en chef d’une armee libanaise qu’il s’efforce de batir. Il representera l’antithese de cette periode dont il est issu incarnant l’autorite, le volontarisme et la liberation comme une revanche sur l’evenement fondateur. Ainsi que l’ensemble des chefs d’Etat libanais qui eurent a gerer la guerre, il saura refuser en depit des abandons.

    -Du 22 au 26 fevrier 1984, le contingent US remet les positions qu’il occupait a Beyrouth Ouest et dans la banlieue Sud a la 6e Brigade de l’armee libanaise (chiite) et a Amal puis reembarque pour les USA.

    -A partir du 23 mars 1984, et jusqu'à la fin du mois, le contingent francais se retire progressivement en cedant ses positions soit a la 6e Brigade de l’armee libanaise, soit aux FSI.

    -La FM, prise au cœur des combats opposant l’armee libanaise a Amal a Beyrouth Ouest et remise en question par les mouvements terroristes, il n’y avait d’autres issues que l’evacuation ou l’engagement effectif. La 1e solution a prevalu, aucun Etat ne desirant s’impliquer durablement comme acteur du conflit.

    -Les negociations israelo-libanaises destinees a mettre en place l’organisation du retrait israelien du territoire libanais debutent a Naqoura dans le Sud du Liban du 8 novembre au 20 decembre 1984. Ces negociations sont engagees sous le patronage des USA. La delegation libanaise, placee sous l’autorite du general Mohammed el-Hajj, est composee de trois officiers chretiens et de 3 musulmans. Les positions israeliennes consistent a demander un redeploiement de la FINUL, le maintien de l’ALS et la reconnaissance d’un droit de represailles en cas d’agression conduite contre Israel a partir du territoire libanais.
    Les positions libanaises consistent, quant a elles, a revendiquer le retrait total d’Israel, le deploiement de l’armee libanaise a sa place, et le versement d’indemnites pour les torts causes.

    -Le 16 fevrier 1985, les troupes israeliennes evacuent Saida, principale ville de la zone. Le jour meme, les milices musulmanes penetrent dans la ville. Quelques jours plus tot, le president Gemayel et le Premier ministre Rachid Karame avaient recu le soutien de Damas pour le deploiement de l’armee libanaise dans la zone liberee. Le 21 fevrier, relayant cette position, Abdel-Halim Khaddam reaffirme l’appui syrien a l’instauration de l’autorite legale a Saida qui vient d’etre evacuee. Amal et le PSP sont hostiles au deploiement de l’armee.

    -Debut mars 1985, Abdel-Halim Khaddam, au cours de deux reunions de travail reunissant a Baabda les differentes tendances libanaises, elabore un programme de redeploiement de l’armee libanaise avec l’aide de la Syrie.

    -Un plan de paix prevoyant le deploiement de la 1e Brigade de l’armee libanaise, prosyrienne, et le retour des populations civiles chretiennes ayant fui les regions de Saida et de l’Iklim el-Kharroub est propose, le 1er mai 1985.
    Les zones evacuees tombent entre les mains des milices ou des brigades infeodees a Damas. C’est ainsi que le PSP recupere Jabal el-Barouk et que la 1e Brigade de l’armee libanaise (sous contrôle syrien) se deploie dans la Bekaa occidentale, du 13 au 24 avril 1985.

    -Au terme de l’annee 1982, les pasdarans sont si bien implantes au Liban qu’ils occupent l’hotel de ville de Baalbeck et s’emparent egalement de la caserne Cheikh Abdallah.

    -Le 8 janvier 1983, lors d’une visite du Premier ministre libanais Chafic Wazzan au president Assad, est elabore un plan de pacification de Tripoli prevoyant la releve des elements appartenant au Fath par des FSI.

    -Le 3 octobre 1985, la Syrie impose, a Damas, la signature d’un accord entre les 4 milices qui lui sont alliees a Tripoli (PSNS, PCL, Baath, PAD) et Cheikh Chaaban pour le Tawhid. Cet accord prevoit le contrôle militaire de la ville par l’armee syrienne et les FSI, la creation d’un comite de coordination preside par Rachid Karame, ainsi que le ramassage des armes lourdes.

    -La 1e guerre des camps commence le 19 mai 1985, date a laquelle Amal, la 6e Brigade chiite, et certains elements de la 3e Brigade de l’armee libanaise tentent de reduire les 3 camps palestiniens de Sabra, Chatila et Borj –Brajneh, situes dans la banlieue Sud de Beyrouth.
    Le 17 juin 1985, un accord est conclu a Damas entre Amal, le Front du Salut National palestinien et le Front National Democratique libanais. Il prevoit un cessez-le-feu, le retrait d’Amal et de la 6e Brigade de l’armee libanaise aux positions qu’elles occupaient avant le conflit, la liberation des prisonniers, l’organisation de la securite des camps qui sera confiee a des FSI ayant des postes de surveillance a l’interieur de leurs enceintes, le ramassage des armes lourdes et moyennes qui devront etre transferees hors des camps sous la surveillance d’un comite mixte de coordination compose de delegues des trois parties avec la participation d’un observateur syrien.

    -Au debut du mois d’aout 1985, les FSI se deploient simplement aux abords des camps de Sabra et Chatila a la place d’Amal mais l’apaisement est de courte duree.

    -Le 2 juin 1986, Amal et la 6e Brigade tentent d’investir Chatila et Borj –Brajneh.
    La fin du mois de juin 1986 est marquee par la reprise des combats particulierement le 27 juin ou Amal et la 6e Brigade tentent a nouveau d’investir les camps de Beyrouth et de Tyr.
    Le 28 juin, le 6e Brigade de l’armee libanaise se deploie a Beyrouth Ouest pour mettre un terme aux affrontements entre les milices et des observateurs syriens se positionnent autour des camps palestiniens afin de surveiller le cessez-le-feu qui avait ete conclu le 11 juin 1986.

    -Au debut du mois de juillet 1985, un 3e conflit entre milices islamiques opposa la milice chiite Amal au PSP druze a Beyrouth Ouest. Amal et le PSP ont en effet recupere les positions evacuees par l’armee libanaise et la FM et c’est desormais entre les 2 milices victorieuses qu’un conflit territorial et de leadership eclate.

    -Une des clauses de l’accord tripartite (28 decembre 1985) :
    l’armee libanaise sera principalement affectee a la lutte contre Israel. Il est prevu que : « Sa reconstruction s’effectuera sur la base d’une ideologie nationale de lutte. Cette ideologie trouvera son fondement dans les principes qui determinent l’identite du Liban et son appartenance a son environnement arabe. Cette reedification s’accomplira en harmonie avec les demarches deployees en vue de la coordination et de la complementarite strategique avec la Syrie ».
    En matiere de politique de defense : « Il y a lieu de s’entendre sur le stationnement d’unites de l’armee syrienne au Liban dans des points fixes par des commissions militaires conjointes, conformement aux imperatifs strategiques de securite du Liban et de la Syrie et cela, en attendant la reedification de l’armee libanaise et sa rehabilitation avec le concours de la Syrie.

    -Elie Hobeika passe a l’action contre Amine Gemayel en attaquant, le 13 janvier 1986, les milices Kataeb du Metn Nord ainsi qu’une brigade de l’armee libanaise a Sinn el-Fil, tandis que le president est a Damas ou il s’entretient avec Hafez el-Assad. Le lendemain, une treve s’instaure grace a l’intervention du general Michel Aoun, commandant en chef de l’armee libanaise.

    -Le 16 janvier 1986, Elie Hobeika est en tres mauvaise posture : assiege dans son PC de la Quarantaine, il est contraint de donner sa demission, il est ensuite evacue sous la protection de l’armee libanaise et du general Michel Aoun vers le ministere de la Defense puis quitte Beyrouth pour la France tandis que les bombardements syriens se poursuivent.

    -Des bombardements sur Souk el-Gharb visant egalement le palais presidentiel de Baabda ont lieu du 30 janvier au 6 fevrier 1986. Ils opposent la 5e Brigade de l’armee libanaise et le PSP. Les lignes s’embrasent le 9 fevrier, les 3 et 4, 20, 26 et 27 mars, les 24 et 29 avril, puis du 2 au 8 mai ainsi que les 21, 22, 23 et 30 mai, les 20 et 21 juin, le 27 juillet, les 12 et 18 octobre 1986.

    -A la fin du mois de juin 1986, afin de faire regner l’ordre dans le secteur musulman de la capitale, 250 hommes des Forces speciales syriennes, 80 officiers et des membres des services de securite places sous la direction du general syrien Ghazi Kanaan recoivent pour mission d’encadrer et d’appuyer une force speciale commandee par le colonel Farchoukh comprenant 900 hommes de l’armee libanaise appartenant a la 6e Brigade (chiite), a la 11e Brigade (druze) et a la 12e Brigade (sunnite) auxquels s’adjoignent des FSI. Cette force a pour mission d’organiser des patrouilles mixtes a Beyrouth Ouest et de mettre en application les nouvelles mesures de securite. Elle demantele les barrages, et se deploie, dans le courant du mois de juillet et au debut du mois d’aout, tant a Beyrouth Ouest que dans la banlieue Sud de la capitale malgre les vives reticences du Hezbollah.

    -Entre le reglement du conflit Amal –PSP et celui du conflit Amal –palestiniens, le 4 mars 1987, 350 soldats de la 12e Brigade (sunnite et chiite) de l’armee libanaise se deploient de l’AIB au pont sur le fleuve Awali a l’entree Nord de Saida. Le 14 avril 1987, les troupes syriennes appartenant aux Forces speciales se deploient dans la meme zone qui longe la route cotiere du Sud, s’ajoutant aux hommes de la 12e Brigade.

    -Un accord est signe le 20 janvier 1988 au siege des observateurs syriens a Beyrouth Ouest. Il prevoit le retrait d’Amal et de la 6e Brigade chiite de l’armee libanaise de la peripherie des camps de Chatila et Borj-Brajneh.

    -Les affrontements entre Amal et Hezbollah s’achevent officiellement le 5 novembre 1990 par la signature a Damas d’un accord entre Nabih Berri (Amal) et Sobhi Toufayli (Hezbollah) conclu sous le copatronage des ministres syrien et iranien des AE. L’accord prevoit un cessez-le-feu, le retour des deplaces dans leurs localites d’origine, le deploiement de l’armee libanaise au Sud du pays et un engagement des deux parties a appliquer le precedent accord qui avait ete conclu a Damas le 22 fevrier 1989.
    Cela n’empechera pas les combats de rebondir au mois d’octobre et dans la 1e quinzaine du mois de novembre 1991. L’armee libanaise interviendra le 18 novembre 1991 pour mettre un terme aux affrontements sporadiques. Le lendemain, les deux parties publieront un communique commun d’arret des combats.

    -Des le debut de l’annee 1988, le general Michel Aoun, commandant en chef de l’armee, se pose comme un recours afin que le processus constitutionnel soit respecte. Michel Aoun est un homme credible qui jouit d’un certain charisme non seulement pour avoir tenu le verrou de Souk el-Gharb lors du deferlement des milices islamiques vers Beyrouth au moment de la guerre de la Montagne sauvant ainsi le palais presidentiel de Baabda mais aussi parce qu’il s’agit d’un homme integre qui s’est efforce de reorganiser et d’equiper l’armee libanaise en depit des difficultes que l’entreprise presentait. Le raisonnement de Michel Aoun, bien qu’aux antipodes de celui de Damas, tend au contrôle des milices mais par la legalite libanaise et non par la Syrie et sous-entend leur inutilite non plus pour l’accession au pouvoir mais en vue de la restauration de celui-ci. La logique de respect de la legalite du general Aoun est donc, par essence, exclusive du fait milicien tantot simplement contrôle, tantot radicalement supprime. Des le debut de l’annee 1988, le general Aoun devait se heurter aux milices peu desireuses de lui ceder la place.
    La premiere initiative milicienne emane du PSP druze et de son chef Walid Joumblatt. Elle vise a demontrer l’inefficacite de l’armee libanaise par une provocation. Le 1er janvier 1988, en effet, un helicoptere de l’armee libanaise est detourne vers le Chouf par un officier druze. A titre de represailles, l’armee libanaise met en place, des le lendemain, un blocus des ports druzes de Khalde et de Jiye. Walid Joumblatt, tout en denoncant la totale allegeance de l’armee libanaise au president Amine Gemayel, accepte un compromis qui consiste a remettre l’helicoptere detourne a la 11e Brigade druze de l’armee libanaise stationnee a Hammana. Des lors, le blocus est leve le 15 janvier. Le PSP, qui a voulu tester les defenses du general, a pris conscience de sa determination a faire regner l’ordre, y compris en utilisant les moyens militaires dont il dispose.
    Un 2e axe de confrontation oppose l’armee libanaise aux FL. Le 4 mai 1988, alors que l’armee libanaise effectue une tentative de deploiement dans le secteur chretien, plusieurs incidents eclatent avec les FL peu desireuses de ceder le terrain. Pour faire comprendre leur determination, les FL mobilisent pres de 2000 hommes, si bien que le president Amine Gemayel, conscient du risque de conflit, rappelle aux militaires qu’ils sont lies par l’obligation de reserve, par ailleurs, celui-ci impose le remplacement des soldats par des FSI. Au cours de l’ete 1988, a l’occasion de la campagne presidentielle, le general Aoun fustige a plusieurs reprises dans ses discours les milices chretiennes.

    -Nous avions vu comment, avec Bechir Gemayel, les rapports entre l’armee libanaise et les FL etaient devenus conflictuels. Par ailleurs, lors de la bataille de Soul el-Gharb de septembre 1983, le colonel Aoun a la tete de la 8e Brigade de l’armee libanaise avait tenu bon face aux forces islamiques et plus particulierement aux druzes du PSP, cloturant ainsi leur avance lors de la guerre de la Montagne. Les deux axes de conflit sont donc traditionnels. Le fait qu’ils soient ravives denote la montee en puissance de l’armee libanaise et la volonte du general Michel Aoun d’imposer aux milices la solution de la legalite. Ce debut d’annee 1988 est egalement porteur des conflits ulterieurs qui marqueront le passage du general Aoun au pouvoir car la guerre de liberation commencera par le blocus des ports appartenant aux milices islamiques et parce que la periode s’achevera par une opposition irreductible entre l’armee libanaise et les FL.
    Le renforcement de la presence de l’armee libanaise est directement lie a la personnalite du general Aoun et a la periode electorale. Le general Aoun rappelle, d’une part, la vocation de l’armee libanaise a assurer la securite des elections et, d’autre part, affirmera le 11 aout 1988 qu’il a « pris ses dispositions pour remplir un vide constitutionnel ». Le general Aoun entend donc prendre part activement au processus electoral en tant que representant de la legalite.

    -L’atteinte a la souverainete libanaise a travers un accord syro-US designant Mikhael Daher president est refusee par le patriarche maronite, Mgr Sfeir, par le president de la Republique Amine Gemayel, par le chef des FL Samir Geagea et par le chef de l’armee libanaise, Michel Aoun.

    -Le 23 septembre 1988, le mandat du president Amine Gemayel arrive a expiration. Quelques minutes avant que celui-ci ne s’acheve, le president Gemayel nomme le general Aoun comme president du Conseil des ministres a la tete d’un cabinet restreint compose d’officiers chretiens et de confession islamique. Les officiers musulmans et druzes qui avaient ete pressentis se recusent.

    -Afin de faire acte d’autorite, Selim Hoss nomme le general Khatib chef de l’armee par interim et, le 22 novembre 1988, afin de feter le 45e anniversaire de l’Independance libanaise, deux defiles separes sont organises.

    -L’occupation syrienne a provoqué la partition de l’armée, des FSI et de la Sûreté Générale, ainsi que d’autres administrations publiques, de même qu’elle a imposé une tutelle sur la Banque Centrale.

    -Entre le général Aoun et Samir Geagea, entre l’armée et les FL, un facteur de médiation et de compromis a disparu avec l’éviction d’Amine Gemayel héritier et frère des chefs historiques et charismatiques du camp chrétien mais aussi ancien président de la République.

    -Le 13 fevrier 1989, des miliciens des FL refusent de se soumettre au contrôle des militaires a un barrage de l’AL. L’incident degenere et des accrochages ont lieu entre l’AL et les FL a Beyrouth Est, dans le Metn Nord et dans le Kesrouan. Le 14 fevrier, les affrontements sont particulierement violents et une cinquantaine de personnes sont tuees. Le general Aoun traite alors les FL de « mafia fasciste qui tente de se substituer a l’Etat de droit ». Le 15, un cessez-le-feu est conclu entre les deux formations mais la situation reste tres tendue.

    -Le 24 fevrier 1989, les FL cedent a l’AL quatre controles douaniers ainsi que celui du 5e bassin du port de Beyrouth. Ces concessions destinees a sacrifier a la legalite renaissante representent une perte de recettes importante pour les FL qui considerent que la paix et l’unite du secteur chretien est a ce prix.

    -Pour avoir combattu les FL, le general Aoun devient populaire dans le camp islamique tandis que, dans le camp chretien, il s’impose comme l’homme qui restaure la legalite face aux ecces reels ou supposes des FL.

    -Le peuple chretien est traumatise. Ses dirigeants se posent la question : comment en est-on arrive la ? On savait que l’AL et les FL avaient des projets differents et qu’il existait une tension entre les deux formations mais l’on pensait que la lucidite des dirigeants pourrait eviter le conflit. Le passage a l’acte a entraine un mouvement de stupeur, de crainte et de reprobation.

    -Au debut de 1989, la ligne qui separe l’AL des FL est devenue active sans pour autant conduire a l’explosion veritable. La ligne qui separe le camp chretien du camp islamique est aussi radicalisee puisque la separation est desormais absolue compte tenu de l’existence des deux appareils politiques et administratifs et que le veritable adversaire, celui qui manipule les forces islamiques, a ete clairement designe par le general Aoun comme etant la Syrie.

    -Le conflit entre l’AL et les FL avait trouve une solution rapide et definitive.
    Le 6 mars 1989, le general Aoun, fort de sa toute recente victoire sur les FL, decide d’appliquer le meme regime aux milices islamiques. Concretement, il constitue a cette date une chambre des operations maritimes et decrete d’une part le blocus du littoral libanais et d’autre part la fermeture des ports illegaux. La mesure vise en premier lieu les ports controles par le PSP druze de Walid Joumblatt qui lui procurent des rentrees plus que substantielles. L’interesse proteste energiquement et rechauffe le front de Souk el Gharb ou ses troupes sont en contact avec l’AL. Le general Aoun decide alors, le 11 mars, de fermer l’AIB. Du 6 au 13 mars, chaque matin, des bombardements ont lieu sur les ports situes en zone islamique afin de dissuader les navires d’y entrer.

    -Durant la nuit du 13 au 14 mars 1989, une activite febrile regne dans le secteur chretien. Une reunion entre les representants de l’AL et ceux des FL est particulierement tendue au point que l’on peut croire que le conflit de fevrier va reprendre. Le ciel est effectivement noir en ce 14 mars 1989 et la tension est perceptible dans les rues, les gens se pressent pour faire leurs courses et rentrer. En debut d’apres-midi, les rues sont pratiquement desertes. C’est dans cette atmosphere de fin du monde que les syriens bombardent massivement l’ensemble des secteurs tenus par l’AL en epargnant soigneusement ceux des FL. L’AL riposte immediatement, et le general Aoun declare : « La guerre de liberation vient de commencer…mon gouvernement a decide de prendre toutes les mesures pour chasser les syriens ».

    -La premiere periode de bombardements est particulierement dure. Les artilleurs syriens prennent pour cible les infrastructures economiques, politiques et de communication situees dans le secteur chretien. C’est ainsi que les reservoirs de carburant de Dora sont touches et explosent, la detonation est entendue jusqu'à Saida et les populations sont invitees a se proteger des gaz toxiques. Tres rapidement, les FL se mobilisent et menent le combat aux cotes de l’AL du general Aoun. Les brigades de l’AL situees dans le secteur islamique n’interviennent pas pour preserver l’unite de l’institution militaire.

    -Le 13 aout 1989 est une journee d’enfer. Ce jour-la, les forces syriennes et les miliciens druzes du PSP bombardent sauvagement le secteur chretien tentant d’effectuer un mouvement de percee sur le front traditionnel de Soul el Gharb. La tentative echoue lamentablement et le general Aoun, pour la 2e fois, remporte la bataille de Souk el Gharb.

    -Le 23 septembre 1989, le cessez-le-feu de la guerre de liberation est absolu. Le 24, le blocus est leve et le trafic reprend a l’AIB.

    -Le 2e point de l’accord de Taef prevoit la dissolution des milices dans les 6 mois a partir de l’adoption du document et le renforcement des FSI et de l’AL.

    -Le 28 novembre 1989, Selim Hoss demet le general Aoun de ses fonctions de commandant en chef de l’AL afin de le remplacer par Emile Lahoud.
    Le 15 decembre, il arrete le versement des soldes des 5 brigades de l’AL restees fideles au general Aoun.
    Ces mesures ne parviennent pas a faire ceder le general Aoun, dont les troupes ne desertent pas et dont les partisans sont toujours aussi nombreux a Baabda.

    -Au debut de la guerre de liberation, la situation etait tres tendue entre l’AL et les FL qui venaient de se battre au cours du mois de fevrier 1989.
    Prises de court par la decision de declencher la guerre de liberation, bon gre, mal gre, les FL s’engagerent aux cotes de l’AL pour combattre l’envahisseur syrien. Au tout debut du conflit, les artilleurs syriens prirent soin de ne pas bombarder les zones tenues par les FL pour tester la reaction. Ils s’apercurent tres vite que non seulement les FL intervenaient, mais que leur bombardement etait encore plus devastateur que celui de l’AL.

    -Le conflit ouvert entre l’AL et les FL commence le 30 janvier 1990 par une declaration musclee du general Aoun dans laquelle il fait part de sa decision de dissoudre la formation chretienne.
    La premiere phase du conflit est une phase d’operations militaires avec conquete de terrain.
    Du 4 au 6 fevrier, apres de rudes combats, le general Aoun parvient a prendre le contrôle du village de Dbaye et de la region du Metn, ce qui lui permet de couper les FL en deux zones : la region du Kesrouan au Nord, du Metn et l’implantation des forces a Beyrouth au Sud du Metn. Ce contrôle permet en fait de couper l’autoroute qui relie Beyrouth a Jounieh et qui constitue la colonne vertebrale du secteur chretien. Le 8, un cessez-le-feu est conclu mais ne tient pas. Le general Aoun propose a Samir Geagea d’integrer les FL au sein de l’AL et de rentrer dans son gouvernement. Le 15 fevrier, au prix de combats tres lourds, l’AL reussit a s’emparer du quartier populaire d’Ain el-Remmaneh prenant ainsi en tenaille le fief des FL, la zone residentielle d’Achrafieh.
    Les FL, au prix d’un siege sans merci, parviennent a s’emparer de la caserne de commandos, troupes d’elite de l’armee, situee a Adma. Les commandos sont remis a l’AL par l’intermediaire du CICR. Au terme de cette premiere phase, les zones d’influence des protagonistes se sont stabilisees et homogeneisees. Le pays chretien est divise en 3 regions : celle de l’AL, c’est-a-dire la zone allant du Musee a Furn el-Chebback et Ain el-Remmaneh, les regions de Baabda, Hazmieh, Jamhour ainsi que la montagne du Metn et son littoral jusqu'à Dbaye et les deux zones tenues par les FL, c’est-a-dire d’une part Achrafieh et d’autre part le Kesrouan, Jbeil compris, littoral et montagne (cette derniere zone est totalement coupee de Beyrouth par voie de terre). On estime que la zone occupee par les FL recouvre 600 Km2 et celle occupee par l’AL 400 Km2. Si les FL ont ete coupees en deux zones, l’AL ne dispose plus d’acces a la mer pour importer armement et munitions. Les protagonistes ne se sont pas departages.
    La 2e phase est une phase d’operations militaires sans conquete de terrain. Durant cette phase, les protagonistes tentent de faire bouger les nouvelles lignes au prix de violents combats. C’est ainsi que le 1er et le 2 mars, l’AL tente d’investir le QG des FL de la Quarantaine sans y parvenir tandis que le 29 mars les FL tentent un assaut infructueux sur les lignes qui separent le Metn du Kesrouan.
    La 3e phase est une phase de recherche d’appui du cote de la zone controlee par les syriens. Le 9 mars 1990, le general Aoun n’hesite pas a declarer au quotidien An-Nahar qu’il est prêt a « parler a ses freres syriens sur la base de la souverainete du Liban ». Il est d’ailleurs fourni en munitions par les milices infeodees a la Syrie qui a tout interet a entretenir le conflit interchretien ( les voies de passage sont ouvertes entre les zones controlees par l’AL et celles controlees par les milices prosyriennes afin d’y faire transiter des munitions).
    Samir Geagea, de son cote, invite le 4 avril 1990 Elias Hraoui a venir prendre possession des casernes recuperees sur l’AL sises dans les zones sous son contrôle. Elias Hraoui voudrait repondre a l’invitation de Samir Geagea, mais sent bien que la proposition est tactique. Il a peur de s’embourber dans le conflit et pretexte l’insuffisance numerique et de preparation des brigades sous son contrôle afin de ne pas intervenir.
    La 4e phase est une phase de blocus terrestre et maritime. Le general Aoun, desireux de pouvoir importer des armes et des munitions par la mer declare legal le petit port de plaisance du Golden Beach, dans la region du Metn. Au debut du mois de mai 1990, le general Aoun decrete le blocus maritime entre Beyrouth et Madfoun (soit l’ensemble du littoral chretien) avec interdiction aux navires de s’aventurer dans la limite d’une zone dite militaire situee a 45 Km des cotes libanaises. En depit des bombardements, les FL, grace a leur superiorite navale, ne respectent pas le blocus. Le blocus s’etend alors au domaine terrestre : les voies de passage internes aux regions chretiennes sont hermetiquement fermees. S’ouvrent alors, pour tourner le blocus terrestre, de nouvelles voies de passage entre les regions chretiennes et les regions controlees par la Syrie.
    Les chefs sont coinces dans leur logique et le reduit chretien est exsangue et asphyxie par les bouchons interminables que creent les controles aux multiples voies de passage entre les differentes zones tenues par l’AL ou les FL.

    -Le 27 septembre 1990, les unites commandees par Emile Lahoud relevent les miliciens des FL aux differents points de contrôle qui entourent le bastion du general. Il est vrai que cette releve n’en est pas une car ce sont, en realite, les unites commandees par Paul Fares (militaire qui, des le debut du conflit interchretien etait entre en dissidence pour se ranger aux cotes des FL) qui assurent la releve sur les barrages tandis que les hommes d’Emile Lahoud sont un peu en retrait. Il en est ainsi aux points de contrôle de Baskinta, Nahr el-Mott, Salome et Nahr el-Kalb ainsi qu’autour d’Achrafieh. A partir du 28 septembre 1990, c’est tout approvisionnement des zones controlees par le general Aoun qui est interdit.

    -Le 1er octobre 1990, un incident a Nahr el-Mott (banlieue Nord de Beyrouth) : des manifestants se trouvent pris au milieu de tirs dont on ignore l’origine (provocation ou tension des hommes qui tenaient le point de passage). La tuerie fait 25 morts et est unanimement condamnee.

    -Le 11 octobre, le general Aoun sonne le rappel de l’ensemble de ses partisans qui se massent a Baabda. Le lendemain, alors que le Departement d’Etat US laisse entendre qu’il n’y aura pas d’assaut contre le Metn affirmant que « davantage de violence n’est pas la reponse aux problemes du Liban », il apparaît certain que l’intervention aura lieu. L’heure est grave et, autour du general Aoun, se regroupent ceux qui sont prets a resister a ses cotes parmi lesquels bon nombre d’anciens compagnons d’armes de Bachir Gemayel qui ont mene le combat d’un bout a l’autre. Le 12 au soir, le general fait l’objet d’une tentative d’assassinat mais en sort indemne.

    -Le 13 octobre 1990, a 7h du matin, la bataille du Metn est engagee. L’aviation syrienne entre en scene, prenant pour cible le palais presidentiel de Baabda et le ministere de la Defense a Yarze. Les lignes sont enfoncees par les blindes syriens qui progressent rapidement dans le Metn. Les FL qui encerclaient la zone n’interviennent pas ni pour se battre aux cotes des troupes libanaises du general Emile Lahoud qui secondent les syriens, ni pour tenter de reconquerir du terrain en profitant de cette occasion. Le general Aoun comprend qu’il n’y a plus rien a faire si ce n’est d’epargner des vies humaines. Elias Hraoui exige alors qu’il se rende a l’ambassade de France pour negocier un cessez-le-feu. A la demande de l’ambassadeur Rene Ala, il se laisse convaincre et se rend a la chancellerie en compagnie de 3 de ses officiers et de 2 soldats.
    De l’ambassade de France, il appelle ses troupes, dans un communique pathetique, a se rallier aux brigades de l’AL commandees par Emile Lahoud. Elie Hobeika, dont le general avait assure l’evacuation lorsqu’il etait encercle par Samir Geagea a la Quarantaine, accompagnera Mme Aoun et ses enfants jusqu'à l’ambassade de France. Sur le terrain, pres d’une centaine de soldats appartenant aux brigades du general Aoun sont executes par les syriens en depit de leur reddition. Un peu partout, on signale des executions (Dahr el-Wahech, Baskinta, Kfarchima, Bsous). Le bilan de l’offensive du 13 octobre 1990 est particulierement lourd puisque l’on denombre plus de 200 morts et 600 blesses.

    -Le 21 octobre 1990, des inconnus dont irruption au domicile de Dany Chamoun, chef du PNL, rallie au general Aoun ; celui-ci est assassine ainsi que son epouse et 2 de ses 3 enfants.

    -Le sort des officiers et soldats libanais emprisonnes a Damas constitue une autre source de preoccupation.

    -Le general Aoun est inculpe de detournements de fonds et, le 1er novembre 1990, Elias Hraoui insiste sur le fait qu’il ne pourra sortir impunement de l’ambassade de France. A la mi-decembre, 5 de ses officiers pourront quitter l’ambassade, lui-meme ne sera autorise a sortir, apres de multiples tractations, qu’au mois d’aout 1991. Il s’installera en France sous reserve de diverses interdictions destinees a empecher un eventuel retour prochain sur la scene libanaise.
    Le general Aoun etant politiquement elimine, le plan de Taef peut continuer a s’executer en toute quietude.

    -Le 15 octobre 1990, Selim el Hoss rend public un plan de desengagement des milices du Grand Beyrouth, c’est-a-dire de Nahr el-Kalb au Nord a Damour au Sud et a Aley a l’Est. Dans cette zone, les milices devraient disparaître au profit d’un deploiement de l’AL.
    Des negociations sont engagees par les FL en vue de definir les compositions des brigades chargees de controler le quartier chretien d’Achrafieh.

    -Au cours du mois d’avril 1991, le ton monte entre les palestiniens et Elias Hraoui. L’opposition palestinienne fut reduite militairement. Les combats s’acheverent par un cessez-le-feu conclu le 4 juillet 1991. Les palestiniens devant soit remettre leurs armes aux autorites libanaises, soit les retirer du pays en contrepartie d’un engagement libanais a reconnaître leurs droits politiques et sociaux.

    -Le port de Beyrouth a ete recupere par l’AL le 22 fevrier 1991, et les ports illegaux le 11 mars 1991 (Dbaye, Golden Beach, Jamil Gemayel, Uzai, Khalde et le 5e bassin du port de Beyrouth).

    -En ce qui concerne le Hezbollah, la caserne Cheikh Abdallah a ete recuperee a Baalbeck.

    -En ce qui concerne les FL, l’AL a recupere l’immeuble de la LBC, le casino du Liban, et investi la Quarantaine, siege de Samir Geagea, ce qui a declenche un sentiment d’emotion generale, compte tenu du caractere pour le moins cavalier de l’operation.

    -Un 4e aspect de la normalisation concerne la tentative de deploiement de l’AL sur l’ensemble du territoire. Une premiere decision de deploiement de l’AL dans le Sud de la Bekaa Ouest a ete prise des le 1er fevrier 1991, mais celle-ci ne fut que partiellement executee au cours de l’annee apres d’apres combats avec les palestiniens. L’AL est d’abord parvenue a se deployer a Saida et jusqu'à Kfarfalous, puis a Mieh-Mieh et a Tyr jusqu'à la limite de la zone de stationnement de la FINUL. Le deploiement fut ensuite impossible compte tenu des mises en garde d’Israel et de l’ALS (Jezzine et Iqlim el-Touffah). L’AL parvint toutefois a se deployer dans deux villages de l’Iqlim (Zawter-Est et Ouest) dans le courant du mois d’aout 1991. Le 9 octobre 1991, une lettre du secretaire general de l’ONU informa clairement le gouvernement libanais de son refus du deploiement de l’AL dans la zone tenue par la FINUL. M. Goskel, porte-parole de la FINUL, dementit l’eventualite du retrait de la Force et son remplacement par l’AL. Le deploiement est donc encore inacheve et les incidents se multiplient a la frontiere Sud du pays.

    -L’AL a ete deployee dans la montagne pour favoriser le retour des refugies.

    -Le 31 octobre 1991, les USA octroient une aide militaire a l’AL.

    -Un accord de defense et de securite a ete signe entre le Liban et la Syrie a Damas le 1er septembre 1991. Cet accord interdit « tout acte, toute action, toute organisation susceptible de porter atteinte a la Syrie ». Il prevoit une obligation d’extradition de ceux qui menaceraient la securite de l’autre partie ainsi qu’une obligation d’information. Par ailleurs, les armees syrienne et libanaise sont invitees a se rapprocher et un Comite des affaires militaires est institue. Enfin, l’accord prevoit une collaboration dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le trafic de la drogue.

    -A l’occasion de la visite a Paris du president du Conseil libanais Rachid Solh le 29 juillet 1992, le ministre francais des AE, Roland Dumas, affirme : « Aujourd’hui plus que jamais, la souverainete libanaise semble a portee de main : l’AL etendra en septembre prochain son autorite sur le territoire libanais parallelement au retrait syrien ».


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