Un incident d’un cynisme inqualifiable s’est produit hier à la frontière syro-libanaise. Un topographe travaillant pour le compte de l’armée, Mohammad Ismail, a été tué hier par les tirs « d’hommes armés » postés dans la localité de Haloua (Bekaa), près de la frontière syrienne.
Selon un communiqué militaire, « une équipe technique de l’armée libanaise, en mission à la frontière dans la région de la Bekaa, a été la cible de tirs d’hommes armés déployés dans le périmètre de Haloua ».
« Le technicien civil, Mohammad Ismail, a été tué », précise le texte, qui ajoute que « des poursuites ont été engagées pour arrêter les malfaiteurs ».
Un porte-parole de l’armée parlant sous le couvert de l’anonymat avait indiqué auparavant à l’AFP que « le topographe, Mohammad Ismail, contractuel de l’armée libanaise, a été blessé au ventre et transporté dans un hôpital de Zahlé, où il a succombé ».
« Mohammad Ismail effectuait une mission pour le département des affaires géographiques de l’armée lorsqu’il a été atteint par des tirs en provenance de l’autre côté de la frontière », avait-il précisé.
La localité de Haloua est située à 3 Km de la frontière avec la Syrie, dans une région où la frontière libano-syrienne n’est pas délimitée.
Des palestiniens prosyriens :
Des sources de sécurité ont accusé des éléments armés du Fath-Intifada d’être à l’ origine des tirs qui ont tué le topographe.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole de Fath-Intifada, Abou Fadi Hammad, « a nié tout lien de ses hommes avec cet incident ». « Nous tenons à avoir de bonnes relations avec l’armée et avec les autorités libanaises », a-t-il dit, ajoutant que « la région grouille de contrebandiers et de hors-la-loi ».
« Hier, c’était l’incident à al-Taamir, aujourd’hui, cet incident, a dit Abou Fadi Hamad. Les palestiniens n’ont rien à voir avec ces actes. Nous sommes pris pour cible aujourd’hui, tout comme le rapport Mehlis a pris pour cible le FPLP –Commandement General. Nous ne sommes absolument pas concernés ».
Début octobre, le groupe prosyrien avait été accusé par les mêmes sources de sécurité d’avoir fait entrer 2 camions d’armes et de munitions en provenance de Syrie dans ses bases militaires à Haloua.
La frontière entre le Liban et la Syrie a été tracée sous le mandat français après la création du Grand Liban en 1920, rappelle-t-on. Des endroits de cette frontière sont restés toutefois à délimiter.
La question du tracé de la frontière a été soulevée après le départ des troupes syriennes du Liban fin avril, au bout de 29 ans de présence, sous la pression de la communauté internationale et de la rue libanaise.
Cette frontière est devenue ces derniers mois une véritable passoire pour les trafics en tous genres et l’infiltration au Liban de combattants palestiniens prosyriens et d’une main-d’œuvre arabe clandestine.
L’armée a dernièrement renforcé ses contrôles sur une vingtaine de pistes empruntées par les contrebandiers dans les vallées de la cordillère de l’Anti-Liban, barrière naturelle entre le Liban et la Syrie.
Le Premier ministre Fouad Siniora a récemment indiqué que le Liban et la Syrie avaient entamé des discussions sur la délimitation de leurs frontières, à travers le Conseil Supérieur libano-syrien en charge des questions qui concernent les deux pays.
Selon Siniora, la frontière n’est pas « délimitée à certains endroits. Nous discutons à nouveau de ce sujet maintenant. La délimitation des frontières est nécessaire et importante pour les 2 pays ».