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Barricades a Beyrouth (L'Orient-Le Jour du 1er mars 1975)
Samedi 1er mars 1975 :
Après les troubles consécutifs aux événements de Saida, normalisation aujourd’hui :
Barricades et désordres hier matin à Beyrouth et en province, mais retour au calme l’après-midi :
Le Conseil des ministres donne un congé forcé à Henri Lahoud, mohafez du Liban Sud :
La situation devrait se normaliser aujourd’hui à Beyrouth et en province après les troubles survenus ces derniers jours. La Gauche, satisfaite par les décisions du Conseil des ministres, n’a lancé aucun mot d’ordre de grève ou de manifestation. Aussi, à moins que des individus ou des groupes isolés ne commettent de nouveaux actes de violence, le calme ne devrait pas être troublé.
Hier, pour la 3e journée consécutive, le Liban a été le théâtre de désordres. Ils sont la conséquence de la répression sanglante de la manifestation organisée par les marins-pêcheurs de Saida en signe de protestation contre l’octroi à la société Protéine d’une licence d’exploitation de la faune marine. Au cours des troubles qui avaient marqué cette marche, un sous-officier de l’armée (Mohammed Moussaoui) et un palestinien avaient été tués, tandis que l’ancien député de Saida, Maarouf Saad, et 5 autres personnes avaient été blessées. La nouvelle faisant état de blessures (très graves) de Saad avait mis le feu aux poudres.
Après l’appel à la grève générale à Beyrouth, Tripoli et Saida, lancée par la Gauche pour vendredi, la journée avait mal commencé et les troubles survenus le matin laissaient craindre une détérioration rapide de la situation. C’est qu’à Beyrouth, des barricades avaient été dressées aux entrées de la capitale et dans les quartiers Ouest, tandis qu’à Saida et à Tyr la fermeture des souks était quasi-totale, que des éléments armés circulaient dans les rues et que des explosions se faisaient entendre en divers points de la ville et enfin, qu’à Tripoli, deux manifestations se déroulaient et que les marins-pêcheurs continuaient de bloquer le port, pour la 2e journée consécutive.
Mais l’escalade redoutée ne s’est plus produite. D’une part, le Conseil des ministres, réuni à titre extraordinaire, a donné satisfaction aux partis de Gauche en décidant de mettre en congé administratif M. Henri Lahoud, mohafez du Liban Sud, et de saisir la Cour de Justice des incidents de Saida, d’autre part, l’Etat a évité toute mesure susceptible de jeter de l’huile sur le feu ; enfin, l’amélioration de l’état de santé de Saad a contribué à calmer les esprits, que de fausses rumeurs avaient surexcité plutôt.
La manifestation de l’après-midi :
Apres les actes de défoulement auxquels on avait assisté le matin, la grande manifestation organisée l’après-midi par la Gauche s’est déroulée dans le calme et l’ordre.
Outre les partis progressistes, le Mouvement des Déshérites de l’Imam Moussa Sadr a participé à la manifestation, qui devait, dès le début, se scinder en deux groupes distincts totalisant environ 7000 personnes.
Dans le premier groupement on retrouvait les deux Baath syrien et irakien, le PPS, les partisans de Sadr et le FNE. Le deuxième groupe était forme du PCL, de l’OACL, du parti arabe socialiste du travail et des Nassériens. Entre les deux le PSP, l’emblème du parti en tête, a tenu, pour la première fois, à faire bande à part.
C’est à partir de 15h30 que les manifestants ont commencé à se rassembler Place du 23 Avril (Barbir). La manifestation s’est ébranlée à 16h30. Aucun agent de l’ordre n’est en vue. Il en sera de même tout au long de la manifestation. Cependant, dans les milieux des partis progressistes, on soutient que plusieurs agents de la Sûreté en civil s’étaient mêlés aux manifestants.
De la Place du 23 Avril, la manifestation a suivi l’itinéraire suivant :
Mazraa, Basta Fawka, Basta Tahta, Bachoura, Place Riad Solh, Maarad, Place de l’Etoile.
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