• Bref apercu des activites des services de renseignements libanais avant la guerre de 1975

    Moukhabarat : les services secrets arabes ; Stanke :

    -Les services de renseignement jordaniens luttent clandestinement contre les terroristes du Liban. Le 31 mars 1973, une charge d’explosif fit sauter une voiture garee dans le parking d’un grand immeuble d’appartements de Beyrouth. L’enquete revela que l’un de ses habitants, Ziad el-Helou, faisait partie du groupe de 4 hommes de Septembre Noir qui avaient assassine au Caire le Premier ministre jordanien, Wasfi Tal, en novembre 1971. Les explosifs etaient destines a sa voiture mais avaient ete deposes par erreur dans un autre vehicule de meme marque. La Surete Generale ne doutait pas que les auteurs de l’attentat fussent des agents des services de renseignements jordaniens.
    Cet incident fut suivi peu apres, et sans relation apparente, par l’arrestation d’un ressortissant jordanien, Ali Hussein el-Taher, accuse d’avoir transmis a un pays etranger des informations secretes sur les organisations terroristes. Il avait ete implante a dessein par les services de renseignement jordaniens pour s’acquitter de cette tache.

    -Une evolution interessante se produisit dans l’attitude de la Syrie envers le Liban. Dans les premieres semaines de 1976, au plus fort de la guerre civile libanaise, quelque 230 officiers syriens des services de renseignements penetrerent dans le pays, afin d’aider au retablissement de l’ordre. Ils venaient egalement dans le but de reorganiser le Deuxieme Bureau libanais qui, durant des annees, avait ete leur principal rival de par ses tentatives pour faire echouer les operations menees contre les opposants au regime de Damas qui avaient trouve asile au Liban.

    -Au debut de l’annee 1973, 4 anciens officiers du Deuxieme Bureau de Beyrouth avaient obtenu l’asile politique en Syrie. Il semble raisonnable de supposer qu’ils ne se seraient pas enfuis dans ce pays s’ils n’avaient eu la certitude, a partir de contacts anterieurs, d’y trouver un accueil favorable. Il est moins evident de savoir s’ils avaient amorce ces contacts alors qu’ils etaient encore attaches aux services de renseignements militaires ou bien seulement apres qu’ils les eurent quittes.

    -C’est au cours de l’ete 1972 qu’un hold-up echoua a la banque du Credit Foncier de Beyrouth. Les auteurs n’avaient pas ete captures et l’action fut generalement consideree comme un crime normal sans contenu politique. Quelques mois plus tard, en novembre 1972, plusieurs hommes firent un raid sur la filiale a Beyrouth de la Banque de Syrie et du Liban et s’enfuirent avec plus de 30000LL. La encore, il n’y avait pas de raison de croire qu’il s’agissait d’autre chose que du travail d’un gang criminel quelconque, et l’enquete fut tout naturellement confiee aux services de police auxquels la routine veut que l’on fasse appel dans ce genre d’affaires. L’un des suspects, identifie au cours de l’enquete, etait un resident local, Mohammed Zabibi. Il fut pris en filature et finalement arrete a Beyrouth au volant d’une voiture, le 13 janvier 1973. Un uniforme de policier ainsi que de fausses plaques mineralogiques, sur lesquels il ne peut fournir d’explications satisfaisantes, se trouvaient dans le vehicule. Un clerc de la Banque de Syrie et du Liban l’identifia comme l’un des auteurs du hold-up. Au cours de l’interrogatoire qui s’ensuivit, il avoua etre membre d’une organisation secrete realisant des vols pour se procurer l’argent necessaire a l’achat d’armes au profit de la revolution, dont le but etait de liberer le Liban et d’y etablir un regime de gauche. L’uniforme trouve dans sa voiture devait servir de modele a ceux qui seraient portes comme deguisement dans des attaques terroristes a venir.
    A la suite des revelations de Zabibi, d’autres membres de l’organisation furent arretes ; des armes, des munitions et des tracts appelant a la revolution furent saisis. Il apparut que le groupe, qui s’etait d’abord appele la Garde libanaise revolutionnaire, avait change son nom en Marxistes arabes, puis avait finalement choisi de s’appeler Organisation Socialiste Revolutionnaire Libanaise. Celle-ci s’efforcait d’operer selon l’exemple des Tupamaros en Uruguay et du groupe Baader –Meinhof en Allemagne federale. Ainsi, les membres avaient projete d’enlever un industriel libanais et de demander une forte rancon pour sa liberation. Ils avaient egalement envisage de lancer des bombes dans les institutions americaines et dans les ambassades occidentales a Beyrouth et d’assassiner des dirigeants de partis politiques de droite libanais. Ils avaient essaye de rallier des partisans parmi les etudiants : un jeune membre de l’organisation se trouvait avoir en sa possession 13 fausses cartes universitaires qui permettaient aux adherents de passer pour etudiants et de prendre part a leurs manifestations.
    Les services de securite apprehenderent en tout 11 membres des Tupamaros libanais, comme les appelait la presse. Deux d’entre eux s’etant enfuis en Syrie, les autorites de Damas repondirent cette fois a la demande du Liban et extraderent les prevenus. Le chef du groupe, Murshed Ahmed Shebo, un professeur qui travaillait comme clerc dans une banque, parvint a echapper a ses gardiens et prit la fuite, sans doute a l’etranger.

    -La guerre civile qui n’a pas cesse de ravager le Liban depuis 1975 a fait couler toute l’organisation gouvernementale, y compris les services de renseignements et les services de securite, et il deviendra certainement necessaire de les reconstruire. Il est tres revelateur de noter que le Deuxieme Bureau, qui avait ete grandement affaibli au debut du mandat du president Frangie, ait fait l’objet d’une rehabilitation vers la fin de ce meme mandat. Les officiers renvoyes du bureau etaient sur le point d’etre reintegres dans l’armee. Ceux qui arrivent desormais pour aider a la reorganisation du Deuxieme Bureau sont ses rivaux d’hier, les officiers des services de renseignements syriens. Il reste a savoir s’ils vont egalement etre charges, eux, de definir ses nouveaux objectifs et ses methodes d’operation.
    C’est aussi une question qui interesse, a plus d’une grande echelle, le Liban tout entier.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :