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L'armee libanaise: eclatement ou destin national? (Les Cahiers de L'Orient, 1988)
L'armee libanaise: Eclatement ou destin national? (par Dominique Sigaud):
Affaiblie par un manque chronique de moyens materiels et financiers, relativement impuissante sur le terrain et politiquement divisee, l'armee libanaise n'en existe pas moins. Elle est aujourd'hui presente sur tout le territoire. Ses brigades sont implantees dans toutes les zones, qu'elles soient controlees par les armees syrienne et israelienne, ou parallelement tenues par les milices chretiennes, musulmanes ou druzes. Le role de l'armee ne se reduit pas, comme voudraient le faire croire certains, a la simple "defense de ce reduit chretien de 1000 Km2 dont elle a la charge". Plus encore, qu'ils soient chiites, sunnites, druzes ou maronites, la plupart des officiers superieurs qui la commandent reaffirment aujourd'hui avec force leur volonte de la voir redevenir une armee nationale, independante et souveraine et de la servir en tant que telle.
Car l'armee libanaise incarne aujourd'hui une idee. Celle d'un renouveau nationaliste et unitaire. C'est pourquoi, elle represente pour beaucoup, en son sein et dans la population, l'un des symboles de la reunification et de la reconstruction du Liban, apres 13 ans de massacres intercommunautaires.
Utopie venant s'ajouter a la cohorte des mythes d'un "bon Liban" que la realite des antagonismes structurels desavoue? Ce serait juger un peu vite. Comme dans d'autres espaces de la societe libanaise aujourd'hui en reveil, les fils tenus du syncretisme ont ete maintenus au sein de cette institution, par ailleurs respectee pour son absence globale de corruption interne dans un pays ou le politique et l'economique ont, depuis longtemps, cede a l'amoralite civique. Et les bases d'une volonte commune de jouer un role national, des que l'ordre en sera donne, existent, renforcees par l'effort de reorganisation et de reunification engage dans ses rangs depuis 1984.
Armee nationale d'un territoire ou regnent en maitres armees etrangeres et milices "privees", armee a plusieurs reprises dechiree, regulierement menacee d'implosion, armee ridiculisee aussi parfois et pourtant plus que jamais desireuse de retrouver son role national de defense: en quoi la formation historique de l'armee libanaise peut-elle expliquer les bases consensuelles mais aussi les clivages qui la traversent actuellement? En quoi, depuis 1975, les crises internes qui l'ont faite chanceler, et les differents evenements politiques exterieurs libanais l'ont-elles modifiee? Enfin, comment se situent, reagissent et se positionnent aujourd'hui les differentes forces et sous-ensembles qui la composent?
A l'heure ou, pour la 2e fois dans l'histoire du pays, le commandant en chef de l'armee fait partie des candidats a la magistrature supreme, telles sont les questions qui permettent de tracer la monographie d'une institution qui peut, dans les prochaines annees, sinon les tous prochains mois, etre amenee a jouer un role politique et militaire determinant dans l'avenir du Liban.
1916-1945: Formation d'une armee nationale:
Le 1er aout 1945, deux ans apres la proclamation de l'independance, les autorites francaises transmettent definitivement le commandement de l'armee au colonel Fouad Chehab.
29 ans viennent de s'ecouler depuis la creation, en 1916, par la France, aux termes des accords inter-allies, de la Legion d'Orient. Cette troupe, composee de soldats libanais, syriens et armeniens, doit combattre l'Empire Ottoman alors que, dans la Palestine voisine, se constitue le Detachement Francais de Palestine-Syrie.
En 1919, la Legion est scindee en deux par les autorites, qui creent une legion specifiquement armenienne. Ces armees sont des armees de minorite. Cote syrien, les Alaouites dominent: ils forment 25% des hommes de troupe. Cote libanais, les chretiens sont majoritaires. C'est la strategie classique du colonialisme, privilegiant l'alliance avec les minorites; une alliance cependant plus "naturelle" avec les chretiens du Liban, qui partagent avec les francais la meme religion. Sans oublier que les maronites du Mont-Liban sont traditionnellement tournes vers l'Occident.
En 1920, les troupes armeniennes impliquees dans des massacres contre les populations musulmanes d'Alexandrette, en Cilicie, sont licenciees. La Legion Armenienne est dissoute. La Legion d'Orient devient alors Legion de Syrie, mais elle garde sa composition mixte libano-syrienne. Un an plus tard, elle se voit dotee, a Damas, d'une ecole militaire specifique, ou sont formes, ensemble, officiers, sous-officiers et traducteurs des deux pays.
En 1925, les autorites creent un nouveau corps de police, les "Troupes Suppletives", constituees des Compagnies de Chasseurs du Liban et des Escadrons Legers du Levant. Tres bien formees, beneficiant d'une grande mobilite tactique, ces troupes deviennent une force de maintien de l'ordre, maniable et efficace. Syriens et libanais sont donc utilises a la fois dans la defense des frontieres et le maintien de l'ordre. Il faut attendre 9 ans, avec la creation, en 1930, des Troupes Speciales, pour voir une premiere distinction operationnelle entre les deux contingents. Et, en 1939, alors que les campagnes de la Deuxieme Guerre mondiale s'annoncent dans la region, les Bataillons de Chasseurs et les Escadrons de Cavalerie Libanais, auparavant specialises dans le maintien de l'ordre, sont reorganises, dotes d'armements lourds et integres dans l'Armee du Levant, forte de 35000 hommes, qui doit combattre les puissances allemandes et italiennes.
1940 et l'armistice voient apparaitre les premiers clivages politiques au sein des troupes libanaises dont certains responsables desertent, avec hommes et bagages, pour rejoindre Catroux et l'armee de De Gaulle en Palestine. Le 25 avril 1943, la 5e Brigade Libanaise de Montagne est creee, pour prendre sous son controle toutes les unites libanaises. Quelques mois plus tard, c'est l'independance. Le transfert de l'armee aux autorites libanaises commence. Il s'achevera definitivement 3 ans plus tard, avec le depart, le 31 decembre 1946, du dernier contingent francais. Ces annees d'ebauche et de constitution de ce qui devient, en 1945, l'armee libanaise, ont ete determinantes. Elles sont a l'origine de 3 des principales caracteristiques de cette armee:
-Une tres forte influence occidentale et notamment francaise dans l'organisation, la discipline, l'esprit et les reglements internes de l'armee. Cette influence est encore notable aujourd'hui. Elle est notamment perpetuee par l'envoi, chaque annee, de plusieurs dizaines d'officiers dans les ecoles militaires occidentales, surtout en France et aux USA, pour des periodes de 6 mois ou plus, et par la presence reguliere de conseillers militaires francais et americains aupres du commandement libanais.
-Le multi-confessionnalisme des troupes: formes ensemble, ayant combattu ensemble des l'origine, des libanais de toutes les communautes forment l'armee nationale. En 1944, les soldats ont les origines suivantes: 57.8% de chretiens (dont maronites: 26.7%; grec-arthodoxes: 18.5%; armeniens libanais: 8.2%) et 38.6% de musulmans (dont sunnites: 20.4%; chiites: 9.7% et druzes: 8.5%). Aujourd'hui ces proportions ont change. Les soldats musulmans forment 51% de la troupe dont pres de 30% sont chiites. Le commandement de l'armee qui compte, aujourd'hui, pres de 35000 hommes, est confronte a de serieux problemes de recrutement parmi la population chretienne, pour qui l'armee, singulierement appauvrie, n'offre plus de reconnaissance sociale suffisante; il a meme ete oblige d'arreter son recrutement, pour eviter un trop grand desequilibre. Mais le multi-confessionnalisme des troupes n'est pas remis en cause pour autant.
-Des liens historiques avec la Syrie. L'influence de la mixite libano-syrienne de Troupes du Levant, leur formation dans une meme ecole militaire et leur participation commune aux combats, expliquent en partie les liens etroits qui unissent encore aujourd'hui, par-dela les simples considerations politiques ou religieuses, un certain nombre d'officiers libanais et syriens. Certes, ce facteur a ete important parmi la generation des officiers ayant fait leurs classes avant l'independance du Liban dans les academies militaires de Homs et d'Alep. La persistance et la transmission de ces liens inter-personnels a travers les generations suivantes s'est affaiblie aujourd'hui, alors que les deux Etats ont des conceptions differentes quant au role de l'armee dans la vie nationale et suite a la formation militaire distincte que les officiers des deux armees recoivent.
1945-1975: Un role politique moderateur:
Des les premieres annees de son existence, la jeune armee nationale va etre confrontee, lors de crises politiques successives, a des choix politiques qui vont lui permettre, sous l'influence determinante de la personnalite de Fouad Chehab, de faire la preuve de son independance et, surtout, de son role de soutien aux institutions legales et a la democratie.
1952-1958: l'histoire se repete. Les presidents Bechara el-Khoury et Camille Chamoun, confrontes a de graves troubles politiques, font appel a l'armee pour endiguer le mecontentement de la population. Dans chaque cas, ils se heurteront au refus categorique de Fouad Chehab. Ce dernier assume, en 1952, pendant quelques jours, l'interim du gouvernement, apres la demission du president el-Khoury, et remet le pouvoir a Camille Chamoun. Six ans plus tard, alors que le mecontentement s'est transforme en une veritable revolte populaire, Fouad Chehab, devenu general, adoptera meme une position tres clairement "politique", en faisant comprendre que le role de son armee est de soutenir le libre jeu democratique et ses institutions, et non l'inverse. C'est cette attitude qui le conduira finalement a la tete de l'Etat en 1958. Sous son influence, l'armee entre dans la conduite des affaires du pays, notamment par l'intermediaire du Deuxieme Bureau de l'armee qui s'arrogera des prerogatives tres importantes.
Le chehabisme constitue une page importante de l'histoire du Liban. Le general qui herite, a son arrivee a la tete du pays, d'une situation proche de la guerre civile et confessionnelle, reussit a calmer les esprits. La formation d'un nouveau gouvernement de coalition qui donne une place a chacun des chefs des insurges, selon la fameuse formule "ni vainqueur, ni vaincu", apaise les tensions. Et le gouvernement, qui obtient de la Chambre les pleins pouvoirs, se lance dans une oeuvre legislative de grande envergure, qui portera le nom de fifty-fifty, allusion faite a la nouvelle volonte politique d'equilibre politique et confessionnel. Parallelement, les politiques sociales avancees rallient la population au regime et au general et les bases d'un Etat moderne, central et fort sont jetees.
En 1962, le gouvernement chehabiste etouffe avec succes un coup d'Etat de jeunes officiers appartenant au PPS "pour qui la construction d'un Etat fort au Liban signifiait la fin du reve unitaire syrien". Le regime entre alors dans sa 2e phase, au cours de laquelle l'influence de l'armee et du Deuxieme Bureau diviennent explicites. L'armee protege le pays, mais le soumet aussi parfois. Les libertes politiques sont reduites. Le Deuxieme Bureau a son mot a dire dans le choix des ministres.
Les critiques se multiplient. La vieille classe politique et les fromagistes condamnent de plus en plus violemment ce qu'ils considerent desormais comme une main mise de l'armee sur les affaires du pays, qu'ils n'hesitent plus a qualifier de coup d'Etat militaire.
Fouad Chehab joue, en effet, sur une ambiguite: sa politique sociale, economique et politique est democratique et egalitaire. Elle permet a de nombreux jeunes gens dont l'origine, sous les anciens regimes, ne leur aurait pas permis d'acceder a des postes de responsabilite, de se faire une place. Mais dans le meme temps, meme s'il la freine, il laisse se developper la militarisation du pouvoir. En 1964, son mandat prend fin, les coups de butoir de ses adversaires auront finalement en raison de lui.
Sous la presidence de Charles Helou, qui a peu d'autorite sur lui, le Deuxieme Bureau, competant et puissant, agit comme un Etat dans l'Etat, alors que le gouvernement sera gravement affaibli par une crise declenchee par le probleme des palestiniens refugies au Liban.
Le 28 decembre 1968, un commando israelien detruit, en represailles pour une action menee par les fedayin a Athenes, des aeronefs civils sur le tarmac de l'AIB. Le 23 avril 1969, les forces de securite dispersent violemment des manifestations de palestiniens et de leurs allies libanais. L'unite nationale menace de rompre encore une fois. Jusqu'au 2 novembre de la meme annee -date a laquelle le general Emile Boustany, commandant en chef de l'armee, est depeche au Caire pour signer, avec Yasser Arafat, les fameux accords, jamais publies, qui accordent aux palestiniens la liberte de circuler et d'operer- le Liban restera sans gouvernement. Quand, en 1970, Sleiman Frangie est elu a la tete de l'Etat, un de ses premiers gestes sera de traduire en justice tous les officiers du Deuxieme Bureau, dont la moitie ont fini en Syrie, comme d'ailleurs Emile Boustany lui-meme. Le controle des frontieres et des camps palestiniens, jusque-la assure par l'armee, est confie a la Surete Generale. Mal preparee pour cette mission, celle-ci prouvera, des les premiers evenements, son manque de conpetence.
Le 12 avril 1973, un commando israelien penetre sur le territoire libanais et assassine trois militants palestiniens. Saeb Salam demande alors la demission du chef de l'armee pour n'avoir pas defendu les frontieres. Quelques semaines plus tard, le chef de l'armee, Iskandar Ghanem, demissionnera effectivement, pour avoir lance ses chars contre le deploiement dans plusieurs regions de palestiniens armes, et ses avions contre les camps palestiniens a Beyrouth. L'armee sera brutalement retenue par les responsables politiques.
Les elements qui conduiront peu a peu le pays a la guerre civile sont en place.
1975-1984: L'eclatement:
13 avril 1975, soudaine acceleration de l'histoire. Des cette date, une ligne d'affrontement sanglant se dresse entre, d'une part les palestiniens et partis de gauche, reunis au sein du Mouvement National, et, d'autre part, les milices chretiennes.
Aux premieres heures des combats, l'armee, qui compte alors environ 15000 hommes, est cantonnee dans les casernes, de peur, deja, que son intervention sur le terrain n'entraine sa dislocation. Mais il est trop tard. Des soldats musulmans ont deja rejoint la resistance palestinienne et ses allies avec armes et bagages. Et le commandement general, impuissant, entre dans le jeu des alliances politico-militaires christiano-syriennes. Fouad Chehab n'est plus la pour refuser de se plier aux ordres des feodaux. Et la crainte d'une main-mise palestinienne armee sur le pays fait le reste.
La desintegration de l'institution militaire commence. Elle sera jalonee, jusqu'en 1984, d'une serie de scissions internes. La premiere d'entre elles, qui a entraine l'eclatement de l'armee et la creation en chaine d'une serie de mini-armees secessionnistes dans les camps chretiens et musulmans, est celle, en 1975, du lieutenant sunnite Ahmad el-Khatib. Responsable d'un peloton dans la Bekaa, ce dernier chasse les chretiens de sa troupe, se rend a Ablah ou il se range aux cotes des palestiniens et se declare commandant de l'Armee Arabe du Liban. L'annee suivante, pas moins de 6 officiers suivront son exemple. Sont ainsi crees:
-L'Avant-Garde de l'Armee Libanaise Arabe, constituee le 1er juin 1976, stationnee dans la Bekaa; elle est dirigee par le major Fahim al-Hajj. Elle comporte des soldats chretiens originaires de la plaine libanaise peripherique de la Syrie.
-Les Avants-Gardes de l'Armee Maani, appelee aussi Mouvement du Jihad druze. Opposee a Kamal Joumblatt, elle fut dirigee par Raouf et Wahib Abdel-Salam.
-Dans la capitale, le general Ahdab, commandant responsable de la place de Beyrouth, appuye par les palestiniens, fait, en mars 1976, une tentative de coup d'Etat militaire qui reste toutefois sans lendemain.
-Dans le Sud, le major chretien Saad Haddad fait secession. Il regroupe autour de lui les soldats et les officiers qui refusent de se joindre au mouvement de Ahmad el-Khatib. Il cree l'Armee de Defense du Liban Sud qui deviendra par la suite l'ALS. Encadree et ravitaillee par l'armee israelienne, l'ALS sera dirigee a la mort de Haddad, en 1984, par le general Antoine Lahd.
-Dans le Nord, le colonel Antoine Barakat organise dans la region de Zghorta les elements des forces armees qui continuent de soutenir le president Frangieh.
-Enfin, dans la banlieue-Est de Beyrouth, le major Fouad Malek organise la defense de la zone chretienne de Beyrouth et constitue l'Armee du Liban. Le major Malek est aujourd'hui commandant de la milice chretienne des FL.
L'armee s'effondre, le 1/4 des hommes environ ont deja quitte ses rangs. La dislocation, qui arrange nombre de forces politico-miliciennes, est quasi complete. Les militaires se divisent entre, d'un cote, les partisans du camp palestino-progressiste et, de l'autre, les pro-chretiens, eux-memes dechires, comme nous l'avons vu, entre diverses factions. Ces secessions successives et le contexte de la guerre civile ont acheve leur oeuvre.
En 1978, pourtant, alors que les combats semblent etre apaises, le general Victor Khoury, nouveau commandant en chef, tente de reunifier l'armee, non sans succes. De nouveaux bataillons mixtes, formes dans les camps de la fraternite, sont mis en place. Mais la guerre, declenchee en 1978 pour le controle de la zone chretienne par l'armee syrienne, immobilise a nouveau l'armee. Quatre ans plus tard, l'entree des troupes israeliennes va marquer une nouvelle phase de flottement de l'institution militaire, due essentiellement a l'absence d'opposition de la majeure partie du commandement general a cette invasion. D'autres facteurs favoriseront la desintegration: accords israelo-chretiens, massacres perpetres par l'armee israelienne et expulsion des combattants palestiniens dans des conditions peu honorables. Sans oublier la montee des milices islamistes et, notamment celle du Hezbollah, qui vont creer un nouveau champ de tensions qui rejailliront a nouveau sur l'armee.
La presence de la Force Multinationale occidentale a Beyrouth favorisera un debut de reconstitution de l'armee. L'entrainement reprend, une reorganisation s'opere. Des achats massifs d'armement sont effectues. Les USA et la France sont associes a l'effort de restructuration de l'armee nationale. Mais les evenements evoluent vers le pire. Le retrait israelien de la montagne du Chouf, en septembre 1983, va donner le signal d'un nouvel eclatement. L'armee se heurte aux milices druzes du PSP qui, appuyees par les forces syriennes, entreprennent de reinvestir la region du Chouf. Le front se stabilise au niveau de la localite de Souk el-Gharb. La 8e Brigade, commandee par Michel Aoun, sera soutenue de la mer par la flotte americaine qui bombarde la montagne. Mais le resultat est la: l'armee est a nouveau divisee. Les officiers et les troupes druzes rejoignent le camp de Walid Joumblatt.
En 1983, apres une serie d'accrochages dans la capitale entre, d'une part, l'armee libanaise et, d'autre part, les milices musulmanes, le ministere de la Defense a Yarze donne l'ordre de bombarder la banlieue-Sud de Beyrouth. Des officiers superieurs, parmi lesquels des responsables des toutes nouvelles brigades, sortant de leur devoir de reserve, font alors de violentes declarations publiques contre ce pilonnement de civils par l'armee nationale. Et meme si un responsable chiite de la 1er Brigade reconnait aujourd'hui que ces declarations ont parfois ete le resultat de fortes pressions politiques, il maintient neanmoins qu'elles refletaient bien la condamnation sans equivoque, tres explicite dans les regions musulmanes, de ce role meurtrier de l'armee.
Quelques officiers superieurs ont alors quitte leurs postes d'affectation avec troupes et armes pour rejoindre leur region d'origine. Quelques mois plus tard, en 1984, l'armee se heurte a nouveau a la milice chiite Amal et au PSP de Walid Joumblatt, qui prennent possession de Beyrouth-Ouest. La majeure partie de la 6e Brigade passe volontairement sous controle de Nabih Berri.
Le vocable d'armee libanaise ne regroupe plus, des lors, que des sous-ensembles politico-communautaires, organises en fonction de leurs regions d'origine, meme si une relative mixite est encore maintenue dans les brigades, a l'exception de la 6e, a majorite chiite, de Beyrouth-Ouest, de la 11e druze de Hammana et de la 12e, essentiellement sunnite, de Saida. Le service militaire instaure en 1982 prend fin. Et la promotion des officiers est bloquee. Les evenements entrainent le depart du commandant en chef, Ibrahim Tannous, remplace par le general Michel Aoun. Une autre phase commence dans l'histoire de l'armee.
1984-1987: Reorganisation et reunification de l'armee:
Le general Aoun herite donc en 1984 d'une situation materielle, organisationnelle et psychologique globale tres critique. Les brigades, creees en 1982-1983 selon le modele de l'OTAN, en remplacement de l'ancien dispositif des bataillons, dependent souvent plus des autorites politiques et religieuses regionales, des milices, et des armees etrangeres que du commandement general de Yarze. A l'interieur meme de ces brigades, l'autorite des responsables est affaiblie et la discipline tout a fait relative. Par ailleurs, une part importante des equipements militaires a ete pillee, volee ou transferee, et de nombreux batiments detruits. L'une des premieres initiatives de Michel Aoun, dont l'atout majeur est d'avoir, aupres de la plupart de ses officiers superieurs, toutes origines confondues, la reputation d'etre un homme fidele a l'unite du pays, un vrai militaire (non pas un homme infeode au politique), qui travaille pour tout le Liban, est de confier au colonel Elias Khalil, sous-chef d'etat-major charge de la planification, la reorganisation de l'armee.
Quelques semaines plus tard, un programme en trois points est etabli: reprise en main du personnel, du materiel et de l'autorite. Les registres du personnel sont remis a jour. Plus de 170 officiers sont mutes et de nouveaux commandants de brigade designes. Le materiel est lui aussi localise, repertorie. Les officiers recoivent comme consigne de reprendre en main discipline et autorite. L'ordre doit a nouveau regner sur la Grande Muette, comme l'appellent les officiers libanais eux-memes.
Mais cet effort de reorganisation va se heurter au refus des autorites politiques, deputes et ministres, de donner a l'armee les moyens financiers de son developpement.
Alors qu'en 1982, un plan de modernisation avait recu l'aval du gouvernement -qui avait degage un budget de 3 milliards de LL- et le soutien des gouvernements americain et francais -qui s'etaient engages reciproquement dans des prets de 90 millions de $ et 1 milliard de Francs- et alors que le recrutement avait fait passer le nombre de soldats de 20000 a 35000 hommes, a partir de 1984, les autorites font machine arriere. Malgre la grave devaluation que subit la livre des 1984, le Parlement refuse de voter le budget additif que lui demande Yarze pour mener a bien son plan de reorganisation. Fin 1985, le dernier Conseil des ministres adoptera meme un decret interdisant desormais tout achat de nouveau materiel.
Les soldats sont devenus insignifiants. Le materiel le plus rudimentaire et l'essence commencent a manquer. Le general Aoun fera meme appel a des organisations humanitaires internationales (Caritas, Save the Children) pour assurer la nourriture des familles des soldats. Il faudra attendre 1988 pour que l'armee obtienne, enfin, un budget additif de 7 milliards de LL qui lui permettra, notamment, d'augmenter les soldes, les indemnites des retraites et des familles des martyrs, et de regler les 500 millions de LL de dettes contractees aupres des hopitaux civils qui, faute de reglement, commencent a refuser de recevoir les soldats et leurs familles.
L'armee reussira ainsi a maintenir, bon an, mal an, sa fonction sociale (elle assure actuellement la couverture sociale a 100% d'environ 25000 personnes) et les salaires des militaires, condition indispensable au maintien de troupes qui, sinon risqueraient, dans un certain nombre de cas, de quitter l'auberge. Mais la reorganisation passe aussi et surtout, par les priorites accordees a trois axes militaires:
-Un effort tout particulier en direction de l'entrainement des soldats. Les cours reprennent a l'ecole militaire en 1986 pour l'etat-major, les chefs de bataillon et commandants de compagnies. Dans les brigades, l'instruction et l'entrainement deviennent la principale activite de soldats que la situation politique cantonne dans les casernes.
-La discipline: comme le note ce responsable de la 11e Brigade de Hammana, "l'une de nos taches essentielles est aujourd'hui de reprendre, de fond en comble, la formation des soldats et de refaire a nouveau de la caserne un foyer de la vie militaire dans lequel la discipline tient une place essentielle". Ces efforts de discipline et d'entrainement, parce qu'ils sont egalement poursuivis dans toutes les brigades et compagnies de l'armee, font partie, bien sur, de l'objectif de reorganisation, mais aussi de reunification.
-La reparation et la maintenance du materiel. Economies obligent, l'armee ne peut compter que sur son vieux materiel, aujourd'hui renove a 75%. Mais cet effort de rehabilitation du materiel a aussi, comme les precedents, un objectif psychologique: faire participer tous les soldats a la remise en etat de leur armee.
Resultat: le 1er aout 1988, pour la premiere fois, toutes les brigades, sans exception, se sont rendues a Yarze pour participer a la fete de l'armee.
Les condition sont-elles reunies pour que l'armee reprenne vraiment son role national, ou risque-t-elle encore d'imploser si de nouvelles tensions politiques se font jour a l'occasion des elections presidentielles de 1988?
C'est ce que nous avons cherche a savoir, notamment en rencontrant, du Nord au Sud, et de l'Est a l'Ouest, les officiers et leurs superieurs dans les differentes brigades de l'armee, lors d'une serie d'interviews realises entre le 10 juillet et le 10 aout 1988.
Lignes de clivage, lignes de convergence:
Meme si sa reunification est en oeuvre, l'armee issue des 13 annees de guerre civile n'est pas encore homogeneisee, loin s'en faut. Pourtant, la volonte de jouer un role actif dans l'independance, l'integrite et la coexistence nationale apparait clairement chez la plupart de ses cadres. En fait, les lignes de clivage et/ou de convergence qui la traversent recouvrent 3 facteurs:
-Le niveau de formation et de responsabilite des militaires.
-Leur origine communautaire.
-Le contexte militaro-politico-religieux des regions dans lesquelles ils sont implantes.
Des cadres nationalistes:
Il faut distinguer, au sein de l'institution militaire, quatre niveaux hierarchiques, eux-memes representatifs de quatre types d'attitudes face a l'ethique nationaliste.
En tant qu'institution, l'armee, profondement penetree par la deontologie des armees americaine et francaise, est patriote et nationale. En son sein, l'entente inter-communautaire, bien que mise a rude epreuve, a toujours existe, de meme que la probite. Si certains officiers ont fait secession pour des raisons politiques, aucun d'entre eux n'a ete mele a des affaires de corruption politique et/ou financiere, pourtant tres communes dans la classe dirigeante.
Depuis la loi votee en 1979 pour reduire le pouvoir du chef de l'armee, le commandement general est collegial. Toutes les communautes y sont representees de facon equilibree. Seul le commandant en chef est toujours un maronite, ce qui ne manque d'ailleurs pas de creer chez certains officiers musulmans des ressentiments qui alimentent les clivages internes.
A plusieurs reprises dans l'histoire, le commandement general a prouve son attachement aux theses nationalistes et son soutien aux institutions democratiques. Mais il est vrai que la guerre civile a eloigne certains responsables, notamment chretiens, de l'etat-major, de ces theses.
Tous formes dans la meme ecole militaire et dans les centres d'enseignement militaire francais et americains, les officiers superieurs sont un groupe relativement homogene, fidele a l'idee d'une armee nationaliste, forte et structuree, au service du Liban. Ils n'en ont pas moins, eux aussi, subi les contre-coups des affrontements inter-communautaires et des injustices perpetrees de part et d'autre.
Les soldats, eux, sont comme nous le verrons plus loin, beaucoup plus dependants de leurs attaches communautaires politico-religieuses. Mais la reprise en main actuelle semble prouver que dans un cadre restructure, ils peuvent, dans leur majorite, etre fideles a la direction insufflee par leurs responsables.
Des brigades sans influence:
Difficile d'aller jusqu'a dire, comme cet officier superieur de la 6e Brigade de Beyrouth-Ouest, que "les brigades de l'armee sont des brigades politiques". En revanche, il est indeniable que les 10 brigades operationnelles restent relativement liees et, jusqu'a un certain point, dependantes du contexte politico-religieux regional dans lequel elles sont implantees. Deux exemples caricaturaux suffisent a la prouver:
-L'intervention militaire de la 6e Brigade aux cotes de la milice chiite Amal lors de la guerre des camps menee contre les palestiniens en 1985 et 1986.
-L'allegeance de la 11e Brigade du Chouf de Walid Joumblatt. Allegeance tres explicitement symbolisee par la presence de portraits de l'ancien leader Kamal Joumblatt dans les locaux militaires de la caserne, a Hammana. Dans les autres casernes, seuls les portraits du president de la Republique ou du chef de l'armee sont presents. Allegeance enfin materialisee par le fait que, comme il le reconnait lui-meme, "malgre les ordres", le commandant de la brigade est parfois "oblige de parler a la radio du PSP". Curieusement d'ailleurs, dans l'Est chretien, ce n'est pas la coordination, mais l'opposition qui, le plus souvent, l'emporte entre l'armee et les milices, et les accrochages entre ces deux forces sont relativement frequents. Cela dit, de nombreuses relations persistent, sur le plan individuel, entre militaires et miliciens, que ce soit au niveau des soldats ou des officiers.
Dans l'ensemble, l'expression de cet officier superieur de la 1e Brigade, selon lequel "dans chaque region ou elle est implantee, l'armee est habillee du tissu local", reflete donc bien la realite. Consequence de la guerre civile, confortee par la politique actuelle du commandement general qui consiste a maintenir, pour le moment, dans chaque brigade, des hommes relativement "en symbiose" avec le milieu qui les entoure, cette situation a deux effets principaux. D'une part, elle facilite le dialogue et la concertation des responsables de brigade avec les autorites politiques, religieuses, militaires et miliciennes qui les entourent, dans les operations de maintien de l'ordre et/ou de la securite des populations. Mais, parallelement, elle a pour inconvenient de renforcer l'influence de ces memes forces sur les soldats.
Il est notoire qu'un certain nombre d'entre eux travaillent en meme temps dans l'armee et dans les milices. Le commandement general en est parfaitement conscient. Un de ses responsables n'a pas hesite a nous dire que sur les 38000 hommes actuels, seuls 30000 sont vraiment fiables. Mais pour l'instant, il ne peut rien faire, pour au moins deux raisons: comment, d'une part, sanctionner des soldats alors que des brigades entieres ont soutenu certaines milices et, d'autre part, Yarze craint que des sanctions eventuelles, tant que la situation generale ne sera pas assainie, n'apparaissent comme des mesures vexatoires prises a l'encontre non d'un soldat mais du representant d'une communaute. Cette volonte de maintenir le gel d'une armee cameleon fondue dans son milieu a un objectif: celui de developper et de maintenir la presence effective (moins efficace) de l'armee dans toutes les regions du pays en attendant de meilleurs augures. Cette politique a par ailleurs eu pour effet de stabiliser les differentes composantes de l'institution militaire. C'est sans doute ce qui a permis aux officiers de retrouver aujourd'hui leur volonte, sans equivoque, de jouer a nouveau un role national, meme si deux questions, celle des liens avec la Syrie et celle de l'opportunite d'un coup de force militaire, explicitement envisage par nos interlocuteurs les divisent encore.
Attitude ambigue vis-a-vis de la Syrie:
Si tous les responsables militaires qualifient la presence israelienne au Liban comme une occupation a combattre, en revanche, la presence de l'armee syrienne n'est pas percue de facon uniforme. Les responsables chretiens, meme s'ils reconnaissent qu'elle a pu avoir des effets maderateurs et positifs pour la securite des populations dans les zones ou elle est implantee (c'est-a-dire tout le territoire a l'exception de la "zone de securite israelienne" et de la region chretienne de l'Est), la considerent pourtant, la plupart du temps, comme une armee etrangere qui doit quitter le territoire libanais.
Les officiers superieurs musulmans, eux, sont moins categoriques, meme si, en dernier ressort, leurs reflexes nationalistes l'emportent. Ces officiers considerent que la presence syrienne a agi positivement comme une force-tampon entre les differentes milices, l'armee libanaise et les populations.
"Dans la Bekaa, note par exemple l'un d'eux, de nombreuses provocations, enlevements et assassinats y compris, avaient commence a entrainer un exode d'officiers, de soldats puis de la population chretienne. Les syriens ont fini par intervenir, et cela a permis de sauvegarder le reste".
Cette analyse d'ordre objectif ne peut etre separee des liens fraternels historiques qui unissent un certain nombre d'officiers libanais, et notamment musulmans, a l'armee syrienne. Et si tous ne disent pas, comme cet officier de la 6e Brigade, "nous sommes, syriens et libanais, un seul peuple de la nation arabe; une harmonie politique, culturelle et militaire est necessaire entre nos deux pays", la notion de liens fraternels n'en est pas moins importante". Pourtant, en dernier ressort, a l'exception de cet officier chiite de Beyrouth-Ouest, partisan declare du maintien a moyen terme de quelques forces de securite syriennes dans le pays "pour ecarter tout nouveau debordement", les officiers superieurs libanais se prononcent tous en faveur de l'autonomie nationale. "Notre but final est l'independance de l'armee. Ce que nous voulons offrir a nos enfants, c'est une patrie et un Etat digne de ce nom", affirme un des responsables de la 11e Brigade du Chouf.
Du cote des soldats, notre reportage nous a permis, a plusieurs reprises, de constater que l'autorite des jeunes appeles syriens, postes sur toutes les routes du territoire (Est chretien et zone de securite israelienne exceptes), etait souvent tres mal vecue par les soldats musulmans.
L'armee, recours legal:
Avant les elections et afin de restaurer la situation, un certain nombre de grades libanais n'ecartaient plus l'idee du coup de force. Face a l'impuissance militaire et financiere, dans laquelle se trouve aujourd'hui l'armee, un certain nombre d'entre eux n'hesitaient plus a evoquer explicitement la possibilite d'intervenir sur la scene politique. "Pour sauvegarder un pays, il faut un regime digne de ce nom, explique un officier. Si la classe politique continue a jouer en faveur de l'affaiblissement et de la partition du pays, nous, nous reagirons". "Il faut cependant attendre pour cela que l'unite regne a nouveau entierement dans nos rangs, repond un autre. Sinon, nous risquons soit d'etre recuperes, soit de voir notre action interpretee comme un coup des chretiens ou un coup des musulmans, ce qui va totalement a l'encontre de notre projet".
D'autres pensaient qu'il fallait, en tout etat de cause, attendre le resultat des elections presidentielles, qui representent pour l'ensemble du pays, un dernier espoir de voir la situation s'ameliorer. Si ces elections devaient s'achever sur la nomination d'un president sans envergure, certains officiers envisageraient serieusement de quitter le pays. Quelques uns s'y sont deja prepares activement depuis plusieurs mois. D'autres prefereraient peut-etre la force. A moins que l'armee libanaise ne s'impose, une fois encore dans l'histoire libanaise, comme un recours legal. Cette hypothese a cours depuis plusieurs mois, dans les rangs de l'armee et au sein de la population comme un des meilleurs denouements possibles de la crise libanaise.
Michel Aoun, s'il n'a jamais fait acte officiel de candidature, a toutefois fait savoir qu'il etait pret, si on le lui demendait, a "assumer ses responsabilites". En juillet et aout derniers, ses violentes attaques contre les milices chretiennes puis ses fermes prises de position sur le role qu'il entendait faire jouer a l'armee, au moment des elections, dans le maintien de la securite a Beyrouth, ne semblaient pas avoir d'autre but que d'accrediter cette these.
Les evenements de l'ete semblaient toutefois donner raison a ceux de ses officiers superieurs qui le considerent comme un "homme qui reflechit trop a ce qui pourrait l'empecher d'agir", ou encore critiquent son manque de courage politique: "il n'a pas ose clamer haut et fort ce qu'il nous dit a nous sur son effort de reunification de l'armee", disent-ils. En aout, il lui a notamment ete reproche de ne pas avoir, comme il l'avait promis, suffisamment assure la securite des deputes, dont certains ont ete physiquement empeches par diverses milices, notamment chretiennes, de se rendre au Parlement pour elire le nouveau president.
Michel Aoun n'est pas Fouad Chehab. Il en a, certes, les qualites de nationaliste et partage les memes idees de democratie egalitaire. Mais, dans les circonstances actuelles, il ne peut s'appuyer sur une armee totalement rangee a ses cotes. Il doit compter avec les luttes de pouvoir au sein du camp chretien, sachant qu'un certain nombre de ses officiers superieurs sont tres proches des milices chretiennes.
Ainsi, avant l'annonce de la candidature de Sleiman Frangieh, c'est plus dans le camp chretien plutot que parmi les responsables musulmans que Michel Aoun rencontrait le plus d'opposition. Mais, depuis la candidature de l'ancien president Frangieh, les evenements se sont acceleres.
Des rencontres ont eu lieu entre le president de la Republique, Samir Geagea, chef des Forces Libanaises, et Michel Aoun. Mais, quand bien meme, ces nouvelles alliances de circonstances aboutiraient-elles, elles pourraient avoir pour effet d'affaiblir les chances du chef de l'armee, du cote musulman cette fois. [Dominique Sigaud; fin aout 1988].
NDLR:
Le 23 septembre, devenu chef du gouvernement, a la fin du mandat du president Amine Gemayel, Michel Aoun n'a pu convaincre les trois officiers musulmans, designes comme ministres, a rejoindre son equipe. Sans doute la pression syrienne etait-elle forte. Mais si le sentiment nationaliste etait encore plus fort, l'armee aurait deja pu etre au rendez-vous de l'histoire.
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