• La population rassuree par la presence de la troupe (L'Orient-Le Jour des 29-30 octobre 2005)

    La population rassuree par la presence de la troupe :

    L’armee allege sa presence autour de certains campements palestiniens de la Bekaa Ouest :

    L’armee semblait avoir allege sa presence hier apres-midi autour de certains campements palestiniens relevant du Front Populaire de Liberation de la Palestine-Commandement general (FPLP-CG) d’Ahmed Jibril et du Fateh-Intifada, d’Abou Moussa, dans la Bekaa Ouest.

    Ainsi, a Sultan Yacoub, des vivres ont ete achemines aux miliciens palestiniens et la troupe a demantele l’un de ses barrages dresses mardi. Mais les blindes et les chars barrant des chemins en terre battue menant au campement ont ete maintenus.

    A Haloua, a la frontiere libano-syrienne ou le topographe Mohammad Ismail avait ete abattu en debut de semaine par des tirs provenant d’un campement du Fath-Intifada, relevant d’Abou Moussa, l’armee avait pris position des mardi soir sur une route asphaltee jouxtant ce campement. Le chemin, bloque durant 4 jours par des blindes libanais, mene illegalement en Syrie et s’acheve par un autre poste du Fath-Intifada. Hier en fin d’apres-midi, l’armee libanaise avait evacue cette position.

    Non loin de la, a Yanta, village frontalier abritant 2 campements palestiniens du Fath-Intifada, ou l’armee s’etait deployee au debut du mois d’octobre, diverses positions ont ete renforcees, notamment a l’interrieur de la localite, la troupe compte desormais, selon les habitants, plusieurs centaines d’hommes. Hier en debut d’apres-midi, une cinquantaine de militaires, appartenant a la 8e Brigade, sont egalement arrives au village, renforcant des postes dresses loin des positions palestiniennes.

    En septembre dernier, l’armee avait intercepte 4 cargaisons d’armes a proximite de Yanta, qui comptait une vingtaine de chemins de contrebande entre la Syrie et le Liban.

    Avant le deploiement de la troupe, selon les habitants, des vehicules, des jeeps militaires et des berlines, portant des plaques d’immatriculation syriennes ou sans plaques, sillonnaient les rues du village la nuit. « Ce n’est plus le cas actuellement », declare Haitham, soulignant cependant que « les campements palestiniens dresses depuis 1969 a proximite de Yanta, construits dans la roche, cachant des tunnels et des tranchees, et bombardes a plusieurs reprises par l’armee israelienne n’ont jusqu'à present pas ete evacues ».

    « L’armee libanaise compte rester ici, et nous sommes tranquilles. Le ravitaillement des positions palestiniennes situees aux alentours de Yanta a ete coupe, du cote libanais, depuis que les soldats sont arrives au debut du mois », indique Talal. En effet, l’une des positions palestiniennes de la localite s’acheve de l’autre cote de la frontiere, au niveau de Jdeidet-Yabous en Syrie. Comptant quelques miliciens du Fath-Intifada, au lendemain du depart des troupes syriennes du Liban, ces campements ont ete investis, par intermittence, par des dizaines d’hommes armes tout au long de l’ete.

    Le meme probleme se pose a Haloua, ou le topographe libanais a ete abattu en debut de semaine : les palestiniens sont presents depuis 1969 et les campements creuses dans la roche se prolongent jusqu'à la frontiere syrienne. La localite compte 13 maisons, et 2 immenses positions du Fath-Intifada. Ici, rares sont les routes asphaltees, et dans la montagne, des dizaines et des dizaines de chemins en terre battue relient le Liban a la Syrie. On sait peu de choses sur les mouvements des combattants palestiniens de Haloua. Les habitants de ce village d’où est originaire l’ancien depute, Faycal Daoud, preferent ne pas s’adresser a la presse. Interroges sur les tirs qui ont coute la vie au topographe contractuel de l’armee, beaucoup d’entre eux affirment, par exemple, qu’ils etaient « hors du village au moment de l’incident ».

    Des annees de brimades :

    Contrairement aux diverses positions de Yanta et de Haloua, le campement palestinien de Sultan Yacoub se trouve entierement en territoire libanais et releve du FPLP-CG, d’Ahmed Jibril. Cette position construite au lendemain de l’offensive israelienne de 1982 s’etend sur les terrains de 3 villages : Sultan Yacoub el-Tahta, Louci et Kamed el-Loz.

    Depuis des annees, les habitants de ces 3 localites subissent les brimades des miliciens palestiniens. Certains d’entre eux affirment qu’ils avaient fait appel a plusieurs reprises a l’armee, en vain.

    « Nous avons espere que ces miliciens partiraient avec les syriens. Le campement ne comptait plus que 2 ou 3 hommes en mars dernier. Depuis le debut de l’ete, il doit y avoir une centaine de miliciens », indique Naef, un habitant de Kamed el-Loz. « Il y a presque 2 mois, 2 miliciens palestiniens ont depouille mon fils de son argent et de ses affaires », a rencheri Hussein.

    « Ils nous empechent d’aller sur nos terres, une fois l’une de mes chevres s’etait egaree, j’ai ete a sa recherche. Les palestiniens m’ont roue de coups parce que je suis arrive chez eux par megarde », indique un berger.

    A Sultan Yacoub el-Tahta, depuis des annees, les habitants ne circulent plus la nuit dans les zones longeant l’immense campement. Ici, on rapporte le nom de 6 personnes du village atteintes par les balles des miliciens du FPLP-CG au cours des 5 dernieres annees. Certains des blesses etaient dans leurs champs, d’autres en voiture.

    Les habitants de ces 3 localites ne tarissent pas de details sur ce campement « creuse dans la roche, abritant 4 tunnels, presentant par endroits des mines antipersonnel, dote d’un puits artesien et alimente en electricite grace a un branchement illicite ». Ils indiquent aussi que tous les vehicules militaires qui y circulent portent des plaques d’immatriculation : « Rif el-Cham ».

    A Sultan Yacoub, Louci, ou Kamed el-Loz on affirme egalement que « depuis tres longtemps ce campement ne sert plus a l’entrainement des miliciens ».

    « Ils ont des tunnels, des tranchees et des armes, l’aviation israelienne les avait bombardes a 3 reprises, ca n’avait servi a rien ! Je suis rassuree que l’armee soit la, mais j’ai en meme temps peur pour nos soldats et pour mon village », indique Salwa, qui apprehende une confrontation. « L’armee pourrait perdre des hommes et les miliciens palestiniens se vengeront en bombardant Sultan Yacoub », ajoute-t-elle souhaitant que « le probleme soit regle autrement ».

    Hier, en fin d’apres-midi, l’armee avait desserre son etau autour de divers campements palestiniens de la Bekaa Ouest ouvrant ainsi la voix au dialogue.


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