Histoire de l’armée libanaise contemporaine ; Colonel BEM Sami Rihana ; Tome 1 : les origines : la légion d’Orient et les troupes auxiliaires du Levant : 1916-1926 :
1) Citations diverses :
-La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. (Clausewitz).
-La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, à savoir par la violence. (Théorie marxiste –léniniste).
Titre Premier : Historique, cadre général, règlements :
Chapitre 1 : La première guerre mondiale au Moyen-Orient :
-L’intention politique est la fin, tandis que la guerre est le moyen, et l’on ne peut concevoir le moyen indépendamment de la fin. (Clausewitz).
-Le début et la fin de la guerre sont l’affaire de l’homme politique et la stratégie de la guerre se développe de façon autonome. (Moltke).
-L’objectif politique, comme mobile initial de la guerre, fournira la mesure du but a atteindre par l’action militaire, autant que des efforts nécessaires. (Raymond Aron).
Section 1.1 : Extension de la guerre jusqu’au Moyen-Orient :
-L’empire ottoman n’était plus qu’un champ clos ou se joue l’équilibre de l’Europe. (Edmond Rabbath).
-La France, vu ses traditionnelles amitiés, poursuivait la politique d’aide fraternelle et d’influence culturelle et civilisatrice vis-à-vis des peuples de l’empire ottoman et notamment de ceux de la Syrie et du Liban.
-Apres la défaite de la première bataille de la Marne en 1914, l’Allemagne voulut ouvrir un nouveau théâtre d’opérations au Moyen-Orient par l’intermédiaire des troupes ottomanes, en vue d’immobiliser une partie de l’armée britannique et de l’éloigner du théâtre européen. Les troupes ottomanes, basées sur la Mésopotamie, espéraient frapper le canal de Suez à travers le Liban et la Palestine.
-Le 2 novembre 1914, la guerre fut déclarée entre l’empire ottoman et les Allies. Mais l’Egypte, la Syrie, le Liban et le Hedjaz se rangèrent aux cotes des Allies afin de s’affranchir de la domination ottomane.
-Des actes militaires furent pris, surtout le blocus naval des détroits par l’Escadre Anglaise de Malte et la Division Navale Française de Syrie DNC, a partir du 23 août 1915 jusqu’au 25 décembre 1918.
Section 1.2 : Les accords secrets interalliés :
-Les accords Sykes –Picot du 16 mai 1916 divisaient l’empire ottoman en trois zones :
1) Zones dans lesquelles les puissances contractantes pourraient organiser une administration directe ou indirecte :
.Elles comprenaient le littoral libanais et syrien depuis Tyr jusqu’au Taurus avec la moitie du Kurdistan et de l’Arménie avec Diarbekir, Kharpout et la Cilicie jusqu'à Sivas. Elles étaient divisées entre :
a)La France : la zone bleue formée de la Syrie de l’Ouest, le Liban, la Cilicie, le Kurdistan et la haute vallée du Tigre.
Section 1.3 : Le désaccord entre arabes et ottomans au début de la première guerre mondiale :
-La situation intérieure des pays arabes, surtout de la Syrie, et du Liban rendait l’état plus lamentable. Un mouvement des Nationalistes Arabes s’organisa depuis le 19e siècle, parmi les populations syro-libanaises. Ce mouvement, guide par les chrétiens, gagna le soutien des musulmans après 1908, ce qui lui procura un nouvel élan. Il mit l’accent sur l’histoire, la langue, la littérature et l’héritage arabe comme éléments d’unité et de regroupement.
-L’opposition arabe s’accentua de jour en jour contre l’occupation étrangère. Des organisations se formèrent, notamment en Egypte et a Paris. La première réunion générale se tint a Paris entre le 18 et le 23 juin 1913 groupant des représentants de plusieurs organisations et des ressortissants libanais et syriens venus du Mexique, de la France et des Etats-Unis. Les assemblées demandèrent leur participation à la direction de l’empire.
-En 1916, la situation s’aggrava encore. Les ottomans abrogèrent les privilèges du Mont Liban et l’envahirent. La situation intérieure de la Syrie devenait plus alarmante : famine, typhus, réquisitions de toute nature, levée des hommes rachetés antérieurement par le paiement de la taxe militaire et déportations des familles libanaises en Anatolie.
-Section 1.4 : Les armées en présence sur le théâtre d’opérations du Moyen-Orient :
a)Les armées alliées :
b) Les armées ottomanes :
Section 1.5 : Supériorité des armées alliées :
-Nous préférons mille fois voir l’influence française rester chez nous que de voir s’y glisser celle des allemands. (Djemal Pacha).
-Falkenhayn et Djemal Pacha ne purent se mettre d’accord et la question du Commandement fut renvoyée aux chefs politiques. (Von Papen).
-Le modeste soldat turc doit vivre sans manger. (Major allemand Kubel).
-Depuis deux ans environ, on n’a pas laisse aux troupes le temps indispensable a leur instruction. On les a constamment disloquées avant que les petites ou les grandes unités aient acquis de la solidité et de la cohésion. (Général Sanders).
-Le soldat turc, affaibli par une nourriture insuffisante, arrivait à manger les épluchures d’oranges jetées sur le sol et offrait peu de résistance à l’épidémie. (Chamoun).
-Les problèmes que nous allions avoir a résoudre en juin 1917 étaient singulièrement épineux : l’énormité des distances, l’insuffisance tragique des moyens de transport. (Von Papen).
Chapitre 2 : Formation de la Légion d’Orient :
Section 2.1 : Le Détachement français de Palestine –Syrie :
-Conformément aux accords Sykes –Picot, et se referant a ses traditions et intérêts, la France eut été fondée a réclamer le commandement du théâtre d’opérations de Palestine –Syrie. Mais ses charges sur les fronts principaux ne lui permettaient pas d’exclure les forces suffisantes pour ouvrir un nouveau front. C’est pourquoi elle chargea la Division Navale de l’Orient de se diriger en hâte vers la Méditerranée et de stationner à Rouad, afin de surveiller et de rendre compte.
-Le 23 août 1915, le blocus naval des cotes du Liban, de la Syrie et de l’Asie Mineure fut établi officiellement, et l’Ile de Rouad occupée, sans coup férir, le 1er septembre 1915 par les compagnies de débarquement du Jeanne d’Arc et du Jaurequiberry. Le commandant Trabaud fut nomme gouverneur de l’île. Sur le rocher de Rouad flottait le drapeau français, que les populations libanaises pouvaient contempler a l’horizon comme le symbole de l’attention française a leur égard.
-Il n’entrait pas dans les vues de la France, ni dans ses moyens, de prendre une part active dans les opérations du Levant. Mais, par un cote soi-disant sentimental, moral et traditionnel, elle estimait qu’une escorte de drapeau devait être envoyée au Levant. C’est ainsi que fut constitue le Détachement Français de Palestine (DFP) en 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel Philipin de Piepape, comprenant deux bataillons du 115e régiment d’infanterie territorial et un escadron de cavalerie. Il reçut la mission d’escorter le commissaire français et son pavillon et de symboliser l’alliance franco-britannique. Il n’avait à jouer en Palestine que le rôle de troupes de garnisons et d’étapes et non celui de troupes combattantes.
-Le 27 mars 1918, le DFP changea d’appellation pour prendre celui de Détachement Français de Palestine –Syrie (DFPS).
-Le DFPS joua un rôle efficace dans l’offensive alliée du 19 septembre 1918 et dans l’occupation de la Palestine, du Liban et de la Syrie, ce qui lui valut les félicitations du général Allenby.
-En novembre 1918, le colonel De Piepape céda le commandement du DFPS au général Hamelin qui réarticula cette troupe en vue de l’occupation du pays et des services administratifs afin d’organiser des colonnes mobiles de propagande pour l’armée française dans la zone bleue.
-Dans le premier semestre de 1919 et, en vue d’une relève des troupes anglaises en Syrie et en Cilicie, le DFPS fut porte a :
*4 Régiments d’infanterie plus un Bataillon (Légion arménienne et Légion syrienne comprise).
*2 Régiments de cavalerie a 4 escadrons chacun.
*4 batteries d’artillerie.
*1 escadrille d’aviation (575).
*Des services.
Ces troupes prirent alors la nomination de Troupes Françaises du Levant (TFL) le 10 janvier 1919.
-Les TFL furent chargées de l’occupation du Liban, du pays des Alaouites et de la Cilicie. Mission très vaste par rapport a leurs moyens, vu l’état d’insécurité qui y régnait. Pour s’acquitter efficacement de cette mission, le général Hamelin articula les TFL en deux brigades mixtes, une en Syrie et l’autre en Cilicie et leur donna la nomination de l’Armée du Levant (AL) a partir du 27 octobre 1919.
-Le 15 octobre 1919, une décision fut prise a Paris pour organiser l’AL en trois divisions. Le 8 octobre, le général Gouraud fut nomme haut-commissaire en Syrie et Cilicie et commandant en chef de l’AL. Il débarqua à Beyrouth le 12 novembre 1919. Suite a sa demande, l’AL fut portée a 52 bataillons constituant 4 fortes divisions.
Section 2.2 : Décision de création de la Légion d’Orient :
-La Légion d’Orient groupait des soldats auxiliaires originaires des pays du Moyen-Orient et notamment des arméniens, des syriens et des libanais.
-Donner la possibilité aux arméniens, libanais et syriens de collaborer à la libération de leurs pays, occupes par les ottomans.
-De nouveaux renseignements ayant signale le désir de nombreux libanais et syriens de combattre sous le commandement français, le commandant Romieu reçut l’ordre d’étendre son étude pour l’utilisation éventuelle de ces derniers qui résidaient en Egypte, en France et en Amérique, dans le cadre de la LO.
-L’instruction sur l’organisation de la LO parut le 26 novembre 1916 avec un tableau d’effectifs. Le 1er décembre, un camp d’entraînement fut installe a Monarga (24 Km au Nord de Famagouste a Chypre).
Section 2.3 : Circonstances de création de la LO :
Paragraphe A : Choix de la France :
1. Les traditions françaises au Levant :
Les relations amicales entre la France et les peuples du Moyen-Orient datent depuis longtemps. Le choix de la France incarnait en fait le reflet des traditions françaises implantées dans l’histoire. Le Roi Saint Louis, après sa bataille de Saint Jean –d’Acre, écrivait a l’Emir du Liban, le 21 mai 1250, une lettre dans laquelle il proclama : « Quant a nous et a ceux qui vont nous suivre sur le trône, nous serons dans le droit de procurer a votre peuple la même protection procurée pour les français ».
Louis 14, Louis 15 et Louis 16 suivirent la même politique vis-à-vis du peuple libanais.
-M. Guizot, ministre français des Affaires Etrangeres, écrivit au consul de France a Beyrouth, M. Bourrée, en 1841, que : « Vous deviez éviter tout ce qui pouvait blesser sans nécessite les susceptibilités des turcs, que pour eux comme pour leurs sujets, nous devions être autant que possible des amis, des protecteurs, des conciliateurs, et cette double position, plus difficile aujourd’hui qu’a d’autres époques, doit pourtant être maintenue avec d’autant plus de soin que de tout temps, elle a été le principe et la base de notre influence en Orient ».
-En 1860, c’est la France qui reçut des Puissances européennes, la mission de rétablir l’ordre en Syrie et au Liban et d’exiger du Sultan ottoman une administration plus équitable du pays. A cet effet, un corps expéditionnaire français débarqua à Beyrouth et rétablit la tranquillité dans la région.
-Ces traditions d’assistance militaire, culturelle et sentimentale avaient fait du Moyen-Orient en général et du Liban en particulier « la France d’outre-mer », décrite éloquemment dans la déclaration de M. Poincaré, président de la République, a la tribune du Sénat français, le 21 décembre 1912 : « Je n’ai pas besoin de dire qu’au Liban et en Syrie, nous avions des intérêts traditionnels et que nous entendons les faire respecter. Nous n’y abandonnerons aucune de nos traditions ».
Effectivement, la France jouissait dans toutes les provinces de l’Empire, Syrie, Liban, Irak, Palestine et Yémen, d’un immense prestige.
-C’est surtout au 18e siècle, durant la période cruciale ou le sort de la Turquie pouvait dépendre de l’appui diplomatique qu’elle trouvait auprès du Roi très chrétien, que ces efforts portent leurs premiers fruits. L’ambassadeur de France auprès du Grand –Seigneur tient les fils du réseau politique et économique qui s’étend sur le Levant. (Edmond Rabbath).
-En 1842, le consul de France protesta le premier contre la politique suivie par Omar Pacha al –Namsawi, nomme gouverneur au Liban. Le consul de France, Poujade, s’attribua le succès de l’élection de l’évêque Youssef al –Khazen, en 1845, comme Patriarche maronite ; en réalité, elle fut surtout l’œuvre des jésuites avec lesquels Poujade entretenait des relations cordiales. (Dominique Chevallier).
-Dans un passe plus récent, l’idée d’envoyer une force internationale au Liban était née à Paris. Le premier contingent de la Force Multinationale qui débarqua a Beyrouth le 21 août 1982, pour s’interposer entre les troupes israéliennes et palestiniennes, était français. Le Figaro du 13 septembre 1982 écrivit en grandes lettres : « La France doit aider le Liban ». Plusieurs militaires français payèrent de leur sang, le prix de ces traditions a Beyrouth. Bien sur, les traditions continuent a exister.
2. Distribution des zones d’influence par accords secrets :
-La Cilicie, pays des arméniens et la Syrie, pays des syriens, échouèrent dans la zone française. Il était nécessaire que la France soit chargée de l’organisation militaire de ces populations.
Effectivement, « en décembre 1912, un échange de télégramme entre Paul Cambon et Edward Gray, fait adopter pour la Syrie la formule suivante : l’Angleterre affirme son désintéressement politique en ce qui concerne la Syrie » (Dominique Chevallier).
3. Symbolisation de l’alliance franco-britannique :
-Le commandement anglais fit connaître officiellement son intention d’attaquer les positions ottomanes au début de janvier 1917. Il demanda au gouvernement français s’il désirait participer à cette offensive en favorisant un soulèvement en Syrie sous n’importe quelle forme.
Cette proposition se concrétisa par la formation de la Légion d’Orient.
Paragraphe B : Rôle du commandant Romieu et du capitaine Coulondre :
-Le chef de bataillon Romieu, désigné comme responsable de l’organisation de la Légion d’Orient par la décision ministérielle du 21 septembre 1916, débarqua a Port Saïd le 11 octobre. Il se dévoua entièrement à sa tache qu’il accomplissait avec beaucoup de délicatesse et d’attention. Il avait su communiquer aux unités de la Légion d’Orient un esprit excellent, malgré leur composition disparate et le manque de cohésion dans leur formation. Il était l’âme de la Légion d’Orient.
-Le capitaine Robert Coulondre appartenait à la carrière diplomatique avec le grade de consul de France. Il avait été nomme adjoint du haut-commissaire, M. Georges Picot, et assumait, en son absence, l’intérim du haut-commissaire. Il avait occupe, de 1912 a 1914, un poste au Consulat de France a Beyrouth, d’où son influence prépondérante sur les libanais.
-M. Youssef Hakim, ancien secrétaire général du gouvernement du Mont Liban, en décrivant une entrevue qu’il avait eue avec M. Coulondre, fit son éloge et exprima de l’estime pour sa personnalité.
L’influence du capitaine Coulondre avait été marquante surtout pour le recrutement des légionnaires libanais qui entraient le plus souvent en contact avec lui à cet effet.
Paragraphe C : Visées françaises dans le projet :
Les raisons qui avaient amené le gouvernement français à accepter la tache difficile de grouper les réfugiés arméniens et syriens dans une organisation militaire, en leur fournissant les armes et le matériel nécessaires, étaient multiples et variées et pourraient être classées en raisons politiques, militaires et humanitaires.
1. Affirmation des droits français en Syrie et Cilicie :
-Le gouvernement français voulut faire sentir sa présence militaire dans sa zone d’influence et avoir sous la main, au cas ou la rébellion arabe s’étendait jusqu’en Syrie, un corps militaire discipline lui permettant d’organiser les pays occupes. Cette volonté était bien décrite dans la lettre de M. Defrance, ministre français en Egypte qui écrivit : « Nous avons le plus grand intérêt a avoir dans la légion des syriens quelle que soit leur valeur au point de vue militaire ; c’est leur présence qui justifie surtout la création de la Légion d’Orient. C’est elle qui affirme nos vues sur la Syrie. C’est elle qui, autorisée et encouragée par les Etats-Unis, en ce qui concerne les volontaires syriens d’Amérique, et par d’autres, constitue une reconnaissance avant la lettre de nos projets et de nos droits ».
-Le recrutement des syriens et des libanais avait une signification politique importante pour l’avenir de la présence française dans la zone bleue, ainsi que l’avait si bien mentionne le général Hamelin dans son rapport du 29 mars 1919 : « Il y a un intérêt politique a utiliser en Syrie, quelques bataillons syriens ».
2. Secours aux populations arméniennes, libanaises et syriennes pour secouer le joug ottoman :
-L’état-major français au Caire songeait a former avec des éléments locaux un corps de partisans afin de pouvoir les réunir en temps voulu, les semant un peu partout : arméniens a Alexandrette, Noucairies a Lattaquié et libanais a Jounieh, pour faire lever, comme un ferment, toute la région contre les ottomans.
Le ministre français en Egypte écrivit le 9 septembre 1916 dans le même sens que : « Les libanais sont les seuls sur lesquels la France pourrait compter. En tout cas, ils sont voues aux massacres s’ils n’ont pas derrière eux un appui militaire efficace de notre part et une base sur la cote nous permettant de les ravitailler en armes et en vivres ».
3. Réponses aux demandes de recrutement des populations :
Le gouvernement français, en formant la Légion d’Orient, répondait aux milliers de demandes présentées par les arméniens, les syriens et les libanais. Depuis le début de la guerre, les syriens et les libanais résidant en Egypte, en France, en Amérique et surtout aux Etats-Unis et au Brésil, avaient exprime a plusieurs reprises le désir de combattre sous la direction française.
M. Georges Vayssie, directeur du journal « Le Caire » qui se trouvait a Beyrouth pour un certain temps écrivait : « Le peuple de la montagne, comme en 1870, vint a nous, suppliant de lui donner des armes et des bateaux pour rejoindre nos soldats ».
-Dans tous les pays d’émigration et partout ou se trouvaient des libanais et des syriens, existaient des comites qui ne rêvaient que d’une action contre l’empire ottoman. A New York, un ancien officier libanais prit l’initiative d’un comite d’enrôlement. Au Brésil, un autre, qui avait commande la révolution militaire de 1913, accourut jusqu'à Paris offrir ses services et ceux de son groupe. Il proposa la centralisation des efforts des volontaires libanais et syriens en vue d’une action en Syrie.
4. Procuration des renforts au DFPS :
-A la demande du gouvernement britannique, l’état-major français voulut participer activement aux opérations de l’EEF au Levant et surtout dans la zone bleue. Mais, étant bien chargée sur les autres fronts, la France ne pouvait pas organiser un corps expéditionnaire assez important pour l’envoyer en Egypte. Ceci l’amena a recruter des soldats auxiliaires parmi les populations du Moyen-Orient, surtout des arméniens, des syriens et des libanais, en les groupant dans des unités de combat pour renforcer le DFPS.
5. Emploi de la Légion d’Orient dans des actions d’intervention française en Syrie ou en Cilicie :
Les Allies projetaient depuis 1916 des plans d’intervention en Syrie et Cilicie sous plusieurs formes, notamment un débarquement des troupes françaises appuyées par un soulèvement général contre les ottomans. La Légion d’Orient constituait ainsi une partie des troupes débarquées, en vue de faire la jonction avec les insurgés par des soldats de leur pays.
Paragraphe D : Rôle des autorités britanniques au Moyen-Orient :
-Le DFPS était subordonne au commandement britannique au Moyen-Orient, et le général Hamelin ne détenait pas de pouvoirs suffisants pour prendre des initiatives. C’est pourquoi les britanniques purent jouer un rôle important dans l’histoire de la Légion d’Orient.
-En 1916, les autorités anglaises favorisèrent le projet de création de la Légion qui fut organisée après la suggestion du général Clayton et a laquelle elles fournissaient les armes et les provisions. Mais cette politique ne dura pas longtemps et des malentendus commencèrent à se faire sentir, surtout après l’occupation de la zone bleue par les troupes alliées.
-Nous saurions dégoûter la France de la Syrie et la Syrie de la France. (Sir Mark Sykes).
-Les autorités anglaises proclamèrent, après l’occupation du Liban et de la Syrie, la caducité des accords de 1916, hypothéqués a l’avance par un engagement avec le Chérif Hussein. C’est ainsi qu’elles purent détacher Mossoul de la zone française.
-Le général Allenby considérait que Beyrouth devait rester sous son contrôle malgré les accords de 1916 et n’avait pas consenti, en octobre 1918, à l’établissement d’une ligne de communication séparée pour le DFPS passant par ce port. Ceci amena M. Clemenceau a déclarer au Quai d’Orsay devant les représentants de 5 puissances, le 18 juillet 1919 : « Le général Allenby avait agi en Syrie en anglais et non pas en commandant en chef des troupes alliées. Il interdit les troupes françaises de pénétrer en Syrie ».
Dans le même sens, le capitaine William Yale écrivit dans son rapport : « Les anglais voulaient mettre la main sur la Palestine et la Syrie. Ils ne voulaient pas voir les français, même au Mont Liban ».
-L’attache militaire français auprès du commandement anglais fit savoir le 19 janvier 1919 que ce dernier s’était déclaré oppose a l’envoi des renforts français en Syrie par crainte de provoquer le mécontentement des syriens et notamment des musulmans.
-Quant au recrutement des soldats auxiliaires pour la Légion d’Orient, les anglais s’étaient toujours déclarés contre l’enrôlement des musulmans de la Syrie, par crainte de déplaire au chérif Hussein.
-Les britanniques créèrent toutes sortes d’embarras pour le débarquement et l’emmagasinage sur les quais de Beyrouth, des céréales destinées aux populations libanaises.
Paragraphe E : Motifs d’enrôlement des légionnaires :
-Les motifs d’enrôlement des arméniens, des libanais et des syriens étaient très divers et varies. Chaque légionnaire avait sans doute des raisons personnelles qui se concrétisaient par son acte d’engagement.
1. Contribution des légionnaires a la libération de leur pays du joug ottoman :
-La cause la plus prononcée qui avait pousse les arméniens, les syriens et les libanais à s’enrôler dans l’armée française était le reflet de leur volonté de secouer le joug ottoman et de se mettre, d’une façon ou d’une autre, sous la protection de la France.
-Les ottomans se livraient depuis 1915 à de terribles exactions contre les populations libanaise, syrienne et palestinienne, coupables d’intelligence avec la France et l’Angleterre. Le tiers de la population libanaise périt de la famine qui augmentait de jour en jour.
Ils procédèrent en décembre 1916 à l’abrogation des privilèges et de la constitution du Mont Liban reconnus par les Puissances européennes. Les libanais chrétiens, druzes et metwalis, qui n’étaient pas soumis aux charges du service militaire obligatoire, devaient l’être à partir de cette date. Les troupes ottomanes envahirent la montagne. Les premiers contingents y pénétrèrent par le col du Baidar et par ceux du Sannine.
-Apres les troubles confessionnaux de 1860, le Mont Liban sortit avec un statut administratif international contrôle par les 5 puissances européennes, élaboré a Constantinople (1861-1864) et qui lui assura jusqu’en 1914, une autonomie paisible. Il reconnaît aux libanais la parfaite égalité devant la loi. Le Mont Liban n’envoyait pas de représentants à la Chambre ottomane, ce qui fut le signal de son indépendance. Le gouverneur (moutassarrif) était chrétien ottoman mais non libanais.
« La position privilégiée du Mont Liban, renforcée par l’intérêt que lui portaient les grandes puissances européennes était par la soulignée ». (Dominique Chevallier).
« Le gouverneur du Mont Liban avait le rang de Vizir. Les libanais n’étaient pas astreints au service militaire ». (Chamoun).
Mais par contre, le plan ottoman de Djemal Pacha visait la réduction du Liban au rang d’une province ottomane. Il nomma trois députés et les envoya à Constantinople à cet effet.
-Les navires français en Méditerranée, l’occupation de Rouad par la Marine française, la menace d’un débarquement sur la cote libanaise, tous ces facteurs devaient inévitablement inciter Djemal Pacha a prendre des mesures de plus en plus sévères en vue d’arrêter la montée de cette psychose.
Ces abus étaient surtout dirigés contre les chrétiens. Une note de la Division Navale de Syrie (DNS), écrite le 15 avril 1916 et résumant la situation en Syrie et au Liban, donne une idée claire de la terreur des populations chrétiennes : « Au début de l’année 1916, les turcs ont exile de Beyrouth 150 familles en majorité chrétiennes. Le curé Youssef el Haich a été pendu à Damas pour avoir reçu une lettre de son fils, soldat français en Algérie. Les soldats turcs des garnisons ont eux-mêmes annoncé que les chrétiens ne sont actuellement tolérés que pour le travail de la terre et des que la récolte sera prête, les chrétiens seraient massacres ».
Ceci explique la majorité chrétienne parmi les recrutes syriens dans la Légion d’Orient.
Les musulmans aussi étaient exaspérés. 12 de leurs notables venaient d’être pendus sur la place publique de Beyrouth, justement pour avoir pensé à se débarrasser des ottomans. Ceci coïncidait avec le désir des Nationalistes Arabes de revivifier la gloire arabe et de renouveler la civilisation et même l’indépendance arabe.
2. Attachement de la population a la France :
-L’attachement des syriens en général et des libanais en particulier a la France avait atteint son apogée durant l’année 1916. Les libanais lui étaient restes entièrement fidèles. L’autonomie qu’ils lui devaient leur avait permis de développer leur instruction et leur civilisation et ils aspiraient vivement à leur annexion par ce pays. Le rapport du comite King-Krane de 1919 avait en effet mis l’accent sur cette vérité en énonçant que : « Des organisations libanaises très puissantes demandent le détachement du Liban de l’Etat Arabe et la coopération avec la France ».
-Camille Chamoun, ancien president de la Republique libanaise, note a ce sujet : « Nes dans un pays officiellement ottoman, sans avoir quoi que ce soit de commun avec le reste de l’Empire. Isoles de ces populations et de leurs idees, nous nous tournons vers l’Occident, principalement vers la France dont nous admirions les traditions et nous assimilions la culture. Pour nous, elle devint le modele dont il fallait suivre l’exemple ».
-Plusieurs sectes musulmanes aussi, notamment les Noucairies, les Metwalis et les Druzes, firent savoir au contre-amiral, Commandant de la DNS, qu’ils etaient disposes a prendre les armes contre les ottomans, a condition que les Allies leur procurent le ravitaillement en armes, munitions et vivre.
-Meme en Amerique, les deux principaux groupes, representant a New-York des syriens et libanais de toutes races et croyances, inviterent, en octobre 1918, le Consul general francais a deux reunions au cours desquelles ils manifesterent avec unanimite leur attachement a la France et l’espoir de voir la destinee de leurs pays confiee a cette grande puissace alliee.
2.4 :Valeur de la Legion d’Orient :
La Legion d’Orient avait combattu a cote des armees alliees qui avaient une experience assez importante au combat et une valeur militaire incontestable. Son role etait proportionnel a sa composition et a ses effectifs. Le commandement britannique apprecia la Legion d’Orient malgre les difficultes de toutes natures qui entravaient sa constitution et le bon deroulement de ses services.
Paragraphe A : Valeur militaire des recrutes :
-La valeur militaire des recrutes variait suivant leur origine. En general, les libanais et les syriens etaient d’un amour propre tres impressionnable, energiques, mais d’une valeur militaire moyenne. Ils n’avaient pas l’esprit militaire ou guerrier et pouvaient tenir les postes secondaires ou le gout du travail n’est pas indispensable. Ils n’avaient pas a ce stade l’ideal national assez ardent pour dissiper les jalousies qui les divisaient et surtout pour faire naitre en eux l’esprit guerrier.
Paragraphe B : Valeur generale de la Legions d’Orient :
-C’etait surtout durant la grande offensive contre Naplouse du 19 septembre 1918 que la Legion d’Orient, au sein du DFPS, avait mene le combat le plus dur face aux positions allemandes bien preparees. La droite francaise etait tenue par la Legion d’Orient et le centre par un detachement de cavalerie renforce par la compagnie libanaise. Les legionnaires armeniens qui recevaient ce jour-la le bapteme du feu, ne broncherent pas sous la violence du bombardement, s’accrocherent au terrain et, faisant charniere, permirent aux legionnaires libanais et aux spahis de continuer leur attaque et de conquerir leurs objectifs.
Paragraphe C : Religions, ethnies des recrutes et leurs categories sociales :
-La Legion d’Orient etait alimentee par des legionnaires appartenant a trois ethnies differentes : armenienne, syrienne et libanaise. Ils etaient repartis dans les unites d’apres leurs ethnies et leurs religions.
Le premier contingent groupait les armeniens du Djebel Moussa.
A la fin de 1916, le commandant Romieu resumait la situation de ses unites comme suit :
« Effectifs armeniens : une compagnie.
*Syriens non musulmans : Mgr. Darien promet 500 hommes d’Egypte et 1500 d’Amerique. Donc prevoir cadres d’une compagnie libanaise.
Lieutenant Coulondre et Sergent Boustany tres utiles dans le premier cadre.
*Syriens musulmans : question reservee ».
-A partir de fevrier 1917, Romieu commencait a constituer le noyau de la premiere compagnie syrienne avec 50 deserteurs chretiens choisis parmi ceux recueillis a Rouad par la DNS et desireux de servir dans la Legion d’Orient.
-La 23e compagnie libanaise fut formee de 250 libanais chretiens, le 1er mars 1917.
De la liste des noms des engages libanais, on pourra remarquer qu’ils etaient chretiens. Ceci amena le Commandant Romieu a noter dans son rapport du 1er janvier 1917 : « Pour les syriens, on ne peut compter encore que sur les libanais chretiens ».
-Les chretiens et surtout les maronites, resterent majoritaires a la Legion d’Orient. Ils sentaient le besoin de la protection francaise face aux mouvements nationalistes arabes grandissants, au Moyen-Orient.
-Le Sergent Boustany, qui avait aide le Commandant Romieu dans le projet, etait le fils d’un membre tres influent de l’Union Syrienne et appartenait a une des familles les plus nombreuses au Liban.
-Le soldat auxiliaire Michel Choueiry s’etait enrole au cours d’un sejour en Egypte pour des affaires commerciales.
Section 2.5 : Role de la Division navale de Syrie (DNS) :
-La DNS avait joue un role important dans l’histoire de la Legion d’Orient et de la guerre au Moyen-Orient. C’est elle qui avait transporte les unites de la Legion d’Orient de Chypre en Egypte puis au Liban. En plus, elle avait monte le fameux blocus naval des cotes de Syrie, du Liban et de la Cilicie et organise l’approvisionnement du DFPS.
-La DNS avait deux missions principales au Moyen-Orient :
1-Le blocus des cotes.
2-La guerre sous-marine dans la Mediterranee.
Le blocus naval, monte a partir du 23 aout 1915 jusqu’au 25 decembre 1918, isolant le Liban et la Syrie, crea de serieux problemes d’approvisionnement aux armees ottomanes en Palestine et en Syrie et mit les autorites francaises en contact avec la population libanaise hostile aux ottomans.
-Le 1er septembre 1915, la DNS, commandee par l’Amiral Dartige du Fournet, occupa l’ile de Rouad en signe de represailles contre la pendaison des notables libanais.
-Le 7 octobre 1918, et par un ordre du ministre de la Marine, la DNS prit possession du port de Beyrouth. Le contre-amiral Varney y debarqua le premier sans escorte, suivi le deuxieme jour du general Allenby et du colonel de Piepape. Ceci avait convaincu l’Emir Faycal de retirer son representant de Beyrouth. A partir de decembre, la DNS organisa le ravitaillement de la population civile du Liban, en installant des centres de distribution de vivres. Elle perfectionna la base militaire et maritime de Beyrouth et celle d’Alexandrette en vue du soutien logistique et administratif de l’Armee du Levant.
Chapitre 3 : Reglements des auxiliaires de la Legion d’Orient :
Section 3.1 : Principes d’organisation :
L’instruction sur l’organisation de la Legion d’Orient parut le 26 novembre 1916 et regla son administration, ses services et le recrutement de ses elements.
Les recrutes devaient etre d’origine ottomane (armeniens, libanais, syriens ou arabes), enroles par voie d’engagement volontaire pour la duree de la guerre et desireux de combattre contre les ottomans. Ils etaient a la solde du gouvernement francais, sans etre incorpores dans le cadre actif et n’avaient pas le droit, en cas d’inaptitude au service resultant de blessure, maladie ou accident, a aucune pension de retraite.
Aux cadres, choisis parmi les officiers et les sous-officiers de l’armee active ou servant a titre d’etrangers, pouvaient s’ajouter des cadres auxiliaires choisis parmi les legionnaires. Les cadres francais et auxiliaires touchaient les memes traitements.
Section 3.2 : Conditions de recrutement des legionnaires en Orient :
-Le lieutenant-colonel Michel Choueiry (retraite en 1940), decrivait son engagement en Egypte comme suit : « En mars 1917, j’etais en Egypte pour des affaires commerciales. Je rencontrais un officier francais qui s’appelait Coulondre. Il m’avisa qu’il recrutait des libanais et des syriens pour l’Armee du Levant. Je m’y engageais avec Edouard Chiniara, Maurice Sabbagh, Georges Darazi et d’autres.
A Port Said nous suivions des cours sur l’armement, le combat et l’organisation du terrain. Notre instruction terminee, nous fumes envoyes a Rouad, pour nous joindre a beaucoup d’autres venant de l’Amerique et de l’Europe ».
Section 3.3 : Recrutement dans les camps anglais par Commissions de recrutement :
Section 3.4 : Conditions de reception en France des volontaires de la Legion d’Orient residant en France ou a l’etranger :
Paragraphe A : Mise en route des volontaires vers Port-Said et Chypre :
Paragraphe B : Compte rendu au ministre :
Paragraphe C : Resiliation des engagements :
Section 3.5 : Roles des ligues libanaises dans le recrutement :
Avant l’adoption du projet de la Legion d’Orient, beaucoup de libanais et de syriens venant des pays d’emigration, rejoignirent la Legion etrangere. En plus ils adopterent depuis le commencement des hostilites, une attitude nettement defavorable aux ottomans et organiserent des Comites de secours nationaux, en vue de faire parvenir des subsides a leur patrie.
Les francais sentirent la satisfaction des possibilites et de l’enthousiasme des comites libanais et syriens dans les deux Ameriques et surtout des comites de Paris.
Le 11 aout 1916, une reunion generale des comites se tint a Sao-Paulo, des allocutions ardemment patriotiques furent prononcees et des articles dans la presse arabe parurent en faveur de la creation d’un corps de volontaires syriens pour combattre aux cotes des Allies. Les comites libanais se mirent en rapport avec les autres comites orientaux dans les deux Ameriques pour propager ce mouvement et avec le consul de France a Sao-Paulo pour les recommander au gouvernement francais.
C’etait surtout apres le rapprochement entre la Grande-Bretagne et les nationalistes arabes, que les Comites libanais, a predominance chretienne et specialement maronite sentirent le besoin du soutien de la France dans leur combat d’influence. En plus, un comite central, a majorite chretienne du Mont-Liban, se forma a Paris dans le but d’unifier les activites des autres comites pour combattre les mouvements arabes favorables au cherif Hussein.
Les comites des Ligues libanaises et de l’Union libanaise des deux Ameriques etaient tres dynamiques et actifs dans le recrutement des libanais, comme le montre la lettre adressee aux libanais et syriens d’Amerique.
La Ligue libanaise de New York payait les frais de voyage des volontaires pour la Legion d’Orient et dressait les listes d’engages sur lesquelles figuraient les sommes d’argent avancees, pour le remboursement par le ministere de la guerre –section d’Afrique.
Le Comite libanais de Sao-Paulo (au Bresil) fit connaître qu’il disposait de 200 volontaires pour la Legion d’Orient. L’Emir Arslan telephona de Buenos Aires qu’il etait prêt a faciliter les voyages des volontaires pour la France, aussitôt qu’on lui ferait savoir a quelle autorite il pourrait les adresser.
Le Patriarche maronite Hoyek, chef de la deuxieme delegation libanaise a la Conference de paix, proclama dans son discours devant cette derniere en 1919 que : « Bien qu’au point de vue legal et international, le Liban n’ait pas ete en etat de guerre avec les Empires centraux, cet etat de guerre a existe en fait. Des le mois d’aout 1914, et malgre des difficultes de tous ordres, des contingents libanais, accourus du Liban et des pays des emigrations, s’enrolaient sous les drapeaux allies ; nombreux sont ceux qui, sur les fronts de France, de Dardanelles, de Salonique et de Palestine, payerent de leur sang leurs sympathies pour les Allies et leur amour de la liberte ! »
Le president de la Republique libanaise, M. Bechara el-Khoury, se souvenait aussi du role des comites libanais en proclamant dans son discours aux emigres, le 20 octobre 1945 : « Nous nous souvenons tous de nos enfants qui avaient servi dans les armees alliees dans la premiere guerre, et qui avaient coopere dans les efforts de la guerre pecunierement et moralement ».
Les autorites francaises, a leur tour, sentirent les capacites des emigres et leur role. Le general Gamelin, chef de la section d’Afrique a l’etat-major francais, ecrivit dans son rapport au ministre ce qui suit : « Les syriens, chretiens ou arabes, sont signales comme pouvant fournir de nombreux enrolements. Ils ont emigre en grand nombre dans les vingt dernieres annees pour echapper a la tyrannie arbitraire du gouvernement ottoman.
Ceux qui se sont etablis en Amerique sont en majorite vigoureux et jeunes. Beaucoup d’entre eux ont laisse leur famille en Turquie et attendant l’occasion de combattre l’ennemi hereditaire ».
Section 3.6 : Soldes et allocations :
Paragraphe A : Solde :
Paragraphe B : Allocations aux legionnaires :
Section 3.7 : Ordinaire :
-Les officiers pouvaient recevoir a titre remboursable, quand la situation des approvisionnements le permettait, une ration journaliere, par les soins de la Division Navale de Syrie ou le service d’intendance travaillant a la Legion.
-Une indemnite representative en vivres, concretisee par un nombre variable de rations par jour, etait allouee aux officiers de la Legion d’Orient. Ces rations, fixees par le Commandement administratif, variaient entre deux et demi et un et demi.
Section 3.8 : Tenue des legionnaires :
-Les legionnaires etaient immediatement pourvus d’une tenue militaire de campagne d’Afrique des tirailleurs algeriens en couleur kaki comprenant :
*capot, vareuse et culotte ample en drap.
*vareuse et culotte ample en toile.
*ceinture en laine rouge.
*bande molettiere.
*brodequin cloute.
*manteau (gandoura).
*bonnet de police.
*linge de corps.
-Les ecussons en drap rouge portaient une etoile en laine jaune a 5 branches.
-Les grades recevaient les insignes de grades qu’ils posaient sur les manches.
-La coiffure comprenait, pour les chretiens, le casque et le bonnet de police en couleur kaki et pour les musulmans le tarbouch.
-C’est ainsi que l’unique tenue des legionnaires etait celle de travail, utilisee pour le combat et les sorties.
-Pour le materiel de campement, il comprenait :
*la toile de tente employee, en meme temps, comme impermeable individuel et comme tente par le groupement de 4 ou 5 toiles ensemble.
*les outils portatifs individuels et collectifs employes pour l’organisation du terrain, recus par les legionnaires au moment du depart au combat.
Section 3.9 : Armement :
Les unites de la Legion d’Orient, vu leur composition, etaient dotees d’armement francais leger. Durant la periode 1916-1920, elles ne possedaient aucun armement lourd, mais pouvaient etres soutenues par les autres formations du DFPS dotees de differents genres d’armes lourdes et semi-lourdes, de canons, de chars et meme d’avions.
C’est pourquoi les unites du DFPS s’articulaient suivant les situations tactiques.
L’armement disponible dans l’armee francaise au Moyen-Orient pouvait etre classe comme suit :
a) Armement individuel.
b) Armement collectif.
c) Armes d’appui.
Paragraphe A : Armement individuel :
Chaque combattant de la Legion d’Orient disposait d’une des armes suivantes :
-pistolet Lebel modele 1892 de 8mm.
-fusil modele 1886-1893 Lebel de 8mm, de magasin tubutaire a 8 cartouches.
-fusil 1907-1915.
-carabine modele 1892.
-mousqueton modele 1892.
-grenades : tromblon VB, lance grenade ; grenade F1 offensive, 1915 ; grenade 0F-defensive, 1915 ; grenade suffocante 0C3 et 0G6 ; grenade incendiaire.
Paragraphe B : Armement collectif :
L’armement collectif etait compose d’armes utilisees par une equipe, surtout par un tireur et un pourvoyeur :
-fusil-mitrailleur modele 1886.
-fusil-mitrailleur Chauchat, modele 1915, de 8 mm avec chargeur a 20 cartouches.
Les fusils-mitrailleurs etaient distribues a raison de 8 par compagnie d’infanterie.
-mitrailleuse Saint-Etienne, modele 1907 de 8 mm avec bandes metalliques a 30 cartouches.
-mitrailleuse Hotchkiss, modele 1914 de 8 mm, avec bandes metalliques a 20 cartouches.
Ces dernieres etaient distribuees a raison de 8 par compagnie de mitrailleuse.
-canon de 37 mm anti-char, distribue aux sections de 37 mm.
Paragraphe C : Armes d’appui :
Ces armes constituaient l’armement des unites specialisees : artillerie, blindes, aviations, et etaient chargees de l’appui general des unites du DFPS.
Armes d’artillerie :
-canon de 65 mm de montagne.
-canon de 75 mm
-canon de 77 mm
-canon de 80 mm
-canon de 105 mm L. Schneider.
-canon anti-aerien de 75 mm.
Chars : les chars utilises dans l’armee francaise etaient :
Appelation Schneider 1917 Saint-Chamond 1917 Renault FT 1918
Poids en tonnes 13.5 23 6.5
Moteur en chevaux 55 85 35
Vitesse en Km/h 6 8.5 7.7
Armement Un canon de 75 mm, deux mitrailleuses. Un canon de 75 mm, quatre mitrailleuses. Un canon de 37 mm, une mitrailleuse.
Equipage 6 hommes 9 hommes 2 hommes
Avions : En plus de l’escadrille d’hydravions francaise qui contribuait d’une maniere efficace a la defense du Canal de Suez et a la reconnaissance au profit des troupes alliees, le DFPS disposait au Moyen-Orient de l’escadrille 575 qui appuyait les operations du detachement et de l’Armee du Levant. Cette escadrille fut formee, en 1918 pour l’appui du DFPS, de 18 avions G6.
Chapitre 4 : Administration et services :
Section 4.1 : Cadre francais :
Unite : Nombre de cadres :(1916)
Unite : Officiers : Sous-Officiers : Caporaux : Soldats : Total :
Etat-major de la Legion d’Orient
: 4 a 6 1 1 13 19 a 21
Etat-major d’un bataillon d’infanterie : 3 dont 1 medecin 2 1 8 14
Une compagnie d’infanterie : 3 11 16 7 37
Ce nombre s’eleva, le 9 mars 1918, a cause du dedoublement de la Legion d’Orient en Legion Armenienne et Legion Syrienne aux chiffres suivants :
-Un lieutenant-colonel, deux chefs de bataillon, 29 capitaines et lieutenants, 56 sous-officiers, 10 caporaux et 36 soldats.
Les effectifs francais prevus pour les annees 1922 et 1923 etaient repartis comme suit :
Annee : 1922 : 1923 :
Officiers : 298 133
Sous-officiers : 624 347
Caporaux et Brigadiers : 309 157
Hommes de troupe : 436 133
Total : 1667 770
Section 4.2 : Rattachement administratif :
Le 16 octobre 1918, une base independante fut creee a Beyrouth pour desservir le DFPS avec une sous-intendance, une gestion de subsistance et un bureau payeur. Cette base gera administrativement la Legion d’Orient a partir de cette date.
Section 4.3 : Logistique :
-Apres le renforcement du DFPS et sa participation aux combats et des le 28 septembre 1918, le colonel de Piepape, prevoyant la prochaine entree en Syrie et au Liban, proposa a Paris un ravitaillement de ses unites par l’emploi d’une ligne maritime independante des services britanniques. Mais le commandement britannique s’opposait toujours a la creation de cette ligne, parce que la dependance du DFPS de ses services de ravitaillement etait la raison, maintes fois evoquee par le general Allenby, pour s’opposer a tout renforcement des effectifs francais au Moyen-Orient, si opportun qu’il put etre. Les autorites francaises, par contre, avaient interet a affranchir leurs troupes de la tutelle britannique en organisant leur ravitaillement d’une maniere independante. C’est ainsi que le ministre de la guerre donna l’ordre de « créer une base independante a Beyrouth, dont le ravitaillement sera assure directement par la metropole jusqu'à concurrence 3000 tonnes par mois », a partir du 28 novembre 1918, malgre l’opposition du commandement anglais.
Apres la suppression de la base de Port-Said, en decembre 1919, deux bases furent creees a Alexandrette et Mersine, en plus de celle de Beyrouth. Par l’intermediaire de ces trois bases passaient les echanges en materiels avec la metropole, l’Afrique du Nord et l’Armee d’Orient.
En 1920, et afin d’economiser du personnel, le commandement de la base de Beyrouth fut supprime. Mais le port de cette ville continuait a etre le centre ou aboutissaient et d’où partaient tous les courants qui alimentaient les Troupes Francaises du Levant. En plus, et a la suite des lecons tirees des operations, des centres de livraisons logistiques furent crees a Lattaquie, Tripoli et Nabatiye pour l’approvisionnement des troupes.
Section 4.4 : Services :
A partir de 1918, les services des Troupes Francaises du Levant furent organises de la facon suivante :
A-Le service de sante :
Il etait forme :
-du centre hospitalier de Beyrouth qui comprenait l’hopital de campagne et d’evacuation, l’ambulance 3L, l’infirmerie-ambulance de Souk el-Gharb (12 Km au Sud-Est de Beyrouth) et le depot de convalescence de Broummana (10 Km a l’Est de Beyrouth).
-des infirmeries-ambulances d’Alexandrette, de Mersine et de Port-Said.
-de l’hopital de campagne et l’ambulance d’Adana.
-du depot de materiels sanitaires et de medicaments de Beyrouth avec annexes a Mersine et Alexandrette.
B-Le service de tresor et de poste :
Il comprenait :
-A Beyrouth : le poste 600 jouant le role de regulateur et desservant la cote jusqu'à Lattaquie.
-A Mersine : Le poste 606 avec annexes a Adana et Alexandrette.
C-Le service d’artillerie :
Un parc a Beyrouth avec des annexes a Alexandrette, Mersine et Adana, un depot avance a Katma avec annexe comptable a Port-Said.
D-Le service du genir :
Un parc a Beyrouth avec annexes a Mersine et Alexandrette.
Ainsi se developpaient peu les services francais du Levant mis a la disposition de la Legion d’Orient, malgre les difficultes provenant du manque de personnel adequat, du peu de routes carrossables et de la rarete des moyens de transport. Ces services assuraient le transit, la livraison et la prise en charge du personnel et du materiel de la Legion d’Orient.
Chapitre 5 : Effectifs de la Legion d’Orient (1916-1920) :
Section 5.1 : Generalites :
En 1916, l’enrolement des libanais et des syriens d’Egypte dans la Legion d’Orient etait tres limite.
Section 5.2 : Effectifs durant l’annee 1916 :
La 1e Compagnie de la Legion d’Orient fut formee le 14 decembre 1916, par l’enrolement de 37 legionnaires ajoutes aux 69 de Monarga. A cette date la Legion d’Orient comprenait :
-Le commandant Romieu, le capitaine Nanse commandant de la compagnie et du camp et l’officier interprete de Jerphanion.
-Deux sergents, deux soldats, un quartier maitre et deux matelots francais.
-Cent six soldats auxiliaires et deux matelots libanais.
Avec un total de trois officiers et cent quinze sous-officiers et hommes de troupe.
A la fin de l’annee 1916, le commandant Romieu resumait la situation de son corps comme suit : « Environ 150 armeniens et 130 libanais, inscrits par leurs comites, sont en attente au Caire. Besoin urgent de second echelon de cadre et materiel pour noyaux de deux nouvelles compagnies ».
Section 5.3 : Effectifs durant l’annee 1917 :
Section 5.4 : Effectifs durant l’annee 1918 :
Section 5.5 : Effectifs durant l’annee 1919 :
La Legion conserva sa valeur disciplinaire, la cohesion de ses unites et manifestement ses effectifs jusqu’au mois d’avril 1919, durant lequel elle comprenait :
-La legion armenienne : 4100 homme ;
-La legion syrienne : 700 hommes ;
-Un escadron syrien de cavalerie : 130 hommes.
Le total s’elevait a 4900 hommes.
A partir de cette date, les effectifs de la Legion Armenienne diminuerent progressivement par resiliations de contrats ou liberations anticipees. En revanche, la Legion Syrienne s’accrut en nombre.
Diminution progressive des effectifs de la Legion d’Orient :
Section 5.6 : Effectifs a partir de 1920 :
-Des son arrivee a Beyrouth, le 21 novembre 1919, le general Gouraud ordonna la reprise des engagements afin de completer les trois bataillons armeniens existants.
-Le 1er octobre 1919, commenca d’une facon efficace et serieuse l’organisation et l’extension de la Legion syrienne.
Le recrutement des auxiliaires libanais et syriens fut pousse jusqu'à atteindre 226 en avril, 230 en mai et 119 en novembre. Ceci permit a la Legion Syrienne de se developper rapidement et de s’organiser en septembre 1920 en deux bataillons atteignant l’effectif suivant :
*23 officiers francais.
*11 officiers libanais et syriens dont 3 medecins.
*146 sous-officiers et hommes de troupe francais.
*1287 legionnaires libanais et syriens.
Chapitre 6 : Composition, articulation et stationnement des unites de la Legion d’Orient (1916-1920) :
Section 6.1 : Integration de la Legion d’Orient dans les troupes francaises du Levant :
-« Chaque homme de la Legion etrangere avait deux patries, la sienne et la France. Les polonais, les tcheques, les armeniens et les libanais esperaient que, victorieuse, la France obtiendrait l’independance de leur nation. C’etait donc leur patrie qu’ils venaient defendre sous le drapeau francais ».
-Le DFPS possedait, au moment de son debarquement a Port-Said, deux bataillons de tirailleurs algeriens et un escadron de Spahis qui pouvaient s’entendre facilement avec les auxiliaires de la Legion d’Orient.
-Les officiers et sous-officiers, envoyes pour encadrer les unites de la Legion d’Orient, furent choisis parmi ceux qui possedaient de l’experience dans les affaires coloniales ou parmi les officiers indigenes des autres formations de l’armee (Sergent Boustany, Capitaine Azan, Veterinaire Neuman, Medecin Abbas,…). Le Commandant Romieu et le Capitaine Coulondre jouerent un grand role dans ce rapprochement.
-Le general Hamelin, responsable de la section d’Afrique au sein du Ministere de la Guerre depuis 7 ans, fut choisi pour commander le DFPS a partir de novembre 1918. Le capitaine Bouffe fut aussi choisi pour le poste de commandant du camp de Chypre grace a « son anciennete dans le grade de capitaine, ses campagnes coloniales et ses services de guerre ». Mais c’etait la premiere fois que les officiers francais traitaient avec des soldats auxiliaires chretiens, d’où la difficulte de leur tache.
Le role joue par les legionnaires eux-memes dans l’integration etait aussi primordial. Une partie d’eux etaient d’anciens soldats de l’armee ottomane evades ou pris comme prisonniers de guerre. Ils avaient, de ce fait, vecu une experience analogue avant leur enrolement. De plus, les libanais cultivaient, depuis longtemps, des sympathies pour la France et pouvaient s’adapter facilement au sein de son armee.
Section 6.2 : L’annee 1916 :
Section 6.3 : Composition et changements durant l’annee 1917 :
Au 1er janvier, les unites formees etaient :
a)A Port-Said :
-le commandement de la Legion ;
-le depot commande par le capitaine Bouffee.
b)A Monarga :
-la 1e Compagnie commandee par le capitaine Nanse.
c)A Rouad :
-un groupe de 19 syriens sous le commandement du sergent Boustany.
Au mois de fevrier, 2 Compagnies armeniennes furent constituees : la 2e a Monarga commandee par le sous-lieutenant Fensch et la 3e a Port-Said sous les ordres du sous-lieutenant Albouy.
Le 1er mars, fut articulee a Port-Said, sous les ordres du lieutenant Coulondre, une compagnie de libanais venant d’Amerique. Elle se dirigea vers Chypre en juin 1917 et devint la 6e Compagnie commandee par le capitaine Beuscher.
Section 6.4 : Composition et articulation durant l’annee 1918 :
Paragraphe A : Envoi de la Legion d’Orient en Orient :
Paragraphe B : Constitution du 3e Bataillon de Marche :
-Le 17 octobre 1918, et apres la chute de Damas, le 3e Bataillon debarqua a Beyrouth et fut le premier detachement allie assez important qui defilait dans les rues de la ville. Il s’installa au College de l’Apparition et fournit les premiers elements de securite dans la ville.
-Vers la fin d’octobre, les 1er et 2e Bataillons arriverent a Beyrouth par voie de terre en meme temps que les premiers detachements anglais et francais ayant pris part a l’offensive generale.
-Durant le mois d’octobre, il restait 800 armeniens a Chypre et 2000 autres a Damas et Beyrouth attendant leur engagement. Le general Hamelin proposa alors de constituer les 4e et 5e Bataillons de la Legion d’Orient. C’est ainsi que la 10e Compagnie, amorce du futur 4e Bataillon armenien fut formee, avec 750 nouveaux engages, a la date du 10 novembre.
Paragraphe C : Constitution de la Compagnie de Depot Syrienne :
Paragraph D : Formation du 5e Bataillon syrien :
Le 16 decembre 1918 et en application au telegramme ministeriel, le Bataillon syrien formant le 5e Bataillon de la Legion d’Orient fut cree a Beyrouth. Il comprenait :
-un etat-major et une section hors rang.
-4 Compagnies de fusiliers (20e, 23e et deux autres formees de l’excedent de la 23e Compagnie et des ressources de recrutement).
Durant la meme periode, le depot comprenait les 10e, 21e et 22e Compagnies venant respectivement de Beyrouth, Castelorizo et Chypre.
Paragraphe E : Formation du 4e Bataillon :
A la fin de l’annee 1918, le 4e Bataillon fut constitue a Beyrouth avec un millier de prisonniers armeniens provenant de Damas. Mais faute de cadres et d’instruction, ce bataillon ne formait qu’une masse non utilisable dans les missions operationnelles.
Section 6.5 : Occupation de la Cilicie par la Legion Armenienne :
-Le 20 decembre 1918, le 1er Bataillon s’embarqua a Beyrouth pour Alexandrette suivi du depot de Chypre et de la 10e Compagnie. Les 2e et 3e Bataillons s’embarquerent pour Mersine (Cilicie). Ces trois bataillons constituaient les seules troupes francaises poussees vers la Cilicie, en attendant l’arrivee de renforts a partir de juin 1919.
Risques de l’occupation de la Cilicie par la Legion Armenienne :
Section 6.6 : Composition et articulation durant l’annee 1919 :
Paragraphe A : Dedoublement de la Legion d’Orient en Legion Armenienne et Legion Syrienne :
-Le contrat d’engagement des legionnaires prevoyait qu’ils ne devaient etre employes qu’a la delivrance de leur propre pays. C’est ainsi qu’au moment ou la zone d’action francaise se rapprochait de l’Armenie, ces contingents allaient, en outre, se trouver de plus en plus separes par leur zone naturelle d’operations, Liban et Syrie pour les uns et Armenie pour les autres.
Paragraphe B : Dissolution du 4e Bataillon armenien :
Paragraphe C : Formation des unites libanaises et syriennes :
Les 21e et 23e Compagnies libano –syriennes devinrent respectivement les 1e et 3e Compagnies. Les autres unites furent formees comme suit :
a)La 2e Compagnie au 1er mars commandee par le capitaine Faugeron a Djeble.
b)L’Escadron au 1er mai commande par le capitaine d’Exea a Beyrouth.
c)La 4e Compagnie a la date du 16 mai sous le commandement du capitaine Canton a Baabda.
Le lieutenant-colonel Romieu fut rapatrie au mois de mars 1919 et passa le commandement du regiment au chef de bataillon Pauget, commandant du 2e Bataillon armenien.
Les 3 bataillons armeniens furent diriges, apres les incidents de Cilicie, vers des camps d’ete, loin des villes. Le 1er a Kurk Kulak, le 2e dans la region d’Airan et le 3e au Nord de Tarsous.
Section 6.7 : Reorganisation de l’Armee du Levant par le general Gouraud :
-La division de Syrie, quarier general a Zahle (Liban), sous les ordres du general Lamothe. Elle comprenait : 2 brigades d’infanterie ; 3 regiments de spahis (cavalerie) ; 5 batteries d’artillerie.
Elle comptait la Legion Syrienne dans ses unites.
Titre Deuxieme :
Les operations de la Legion d’Orient : (1916-1920) :
Chapitre 7 : Description du milieu :
Section 7.1 : Description geographique :
Paragraphe A : Regions naturelles :
-Le Liban et la Syrie se decoupent en regions paralleles a l’axe de progression des troupes venant du Sud.
Au Liban, des chaines de montagnes allant du Sud vers le Nord et notamment :
a)Le Mont –Liban, large voute profonde de 30 a 40 Km d’Est en Ouest, atteignant 160 Km de longueur entre le Litani et le Nahr el-Kebir. Son plus haut sommet qui se dresse au Nord des Cedres du Liban, s’eleve a 3088 m d’altitude. Il est decoupe par des vallees profondes en compartiments perpendiculaires a la mer.
b)A l’Est, l’Anti –Liban se deploie de l’Hermon au Sud (2814 m) jusqu’au Nord de Baalbeck.
Entre les deux chaines se situe une plaine tres fertile (la Bekaa) dont la largeur varie entre 4 et 20 Km et qui se prolonge vers le Nord par les plaines de Homs et d’Alep.
-Les chaines des montagnes libanaises sont tres difficiles a penetrer a cause des vallees tres profondes qui s’etendent perpendiculairement a l’axe de progression.
Paragraphe B : Voies de communication :
Les voies de communication avaient canalise les operations militaires dans la region moyen-orientale. Les voies maritimes, liees aux ports, se repartissaient comme suit :
Au Liban : Port de Beyrouth.
En Syrie : Ports d’Alexandrette et de Jaffa.
En Egypte : Port-Said.
En Jordanie : Port d’Akaba.
Les voies ferrees constituaient le moyen de communication ideal, surtout pour le ravitaillement et le deplacement des unites.
Au Liban, une voie etroite reliant Beyrouth a Damas etait coupee par la neige durant l’hiver. De Rayack, cette ligne, prolongee a partir de 1902 vers Homs, Hama et Alep, rejoignait le Bagdad Bahn a Muslimie (15 Km au Nord d’Alep). Les lignes Homs-Tripoli et Alexandrette-Toprak Kale furent construites durant la guerre.
Les meilleures routes etaient au Liban et en Syrie :
La route du littoral : Tyr –Saida –Tripoli –Toprak Kale et Tripoli –Tell Kalack ;
Les routes : Saida –Nabatiye, Rayack –Baalbeck –Alep avec embranchement vers Antioche et vers Toprak Kale.
Paragraphe C : Population :
-La population du Liban et de la Syrie etait plus differenciee par ses religions que par ses ethnies. En 1914, ces pays groupaient une federation de communautes religieuses dont 27 principales formaient deux grands mouvements :
*Les chretiens, proteges par les puissances europeennes et notamment par la France.
*Les musulmans dont les Jeunes Turcs tentaient de gagner le soutien.
Section 7.2 : Importance strategique du Moyen-Orient :
Chapitre 8 : Les operations au Moyen-Orient (cadre general) :
Section 8.1 : Plans allies et ottomans :
-Les ottomans voyaient dans la defense cotiere de la Syrie, du Liban, de la Cilicie et des detroits du Bosphore et des Dardanelles, une importance primordiale afin de garder leurs communications ouvertes avec les deux armees chargees d’executer les plans visant a occuper la Palestine et a reprendre la Mesopotamie et le Golfe Persique.
-Les britanniques inviterent la France a favoriser un soulevement general au Liban et en Syrie contre les ottomans et organiserent a leur tour une campagne diplomatique poussee aupres des chefs arabes pour les amener a monter des actes de subversion contre les occupants.
Section 8.2 : Les offensives ottomanes :
L’etat de guerre fut proclame le 2 novembre 1914 et les hostilites entamees par les Allies. Le blocus naval des cotes turques, syriennes et libanaises commenca.
Paragraphe A : Les attaques du Canal de Suez :
Paragraphe B : L’offensive ottomane en Mesopotamie :
Section 8.3 : Les offensives alliees :
Paragraphe A : Les offensives alliees en Mesopotamie :
Paragraphe B : Les offensives alliees en Palestine :
-Les troupes du general Allenby reussirent a submerger les positions ottomanes des 12e et 13e Corps d’Armee et les 20000 cavaliers d’Allenby qui, jusqu’au soir du 19 septembre 1918, avaient franchi 30 Km, filaient sur la route de Damas.
-Le 23 septembre 1918, Acre et Haifa tomberent et a la fin de ce mois, les Allies atteignirent le Sud de la Syrie.
Paragraphe C : Les operations en Transjordanie :
Paragraphe D : La poursuite des ottomans vers le Nord de la Syrie :
-Le 26 septembre 1918, le general Sanders ordonna la formation d’une nouvelle ligne defensive entre Rayack et Qouneitra afin de maintenir la route Baalbeck-Homs ouverte aux troupes en retraite. Il donna l’ordre a la 8e Armee de se replier sur Constantinople.
-A partir du 29 septembre 1918, les troupes cherifiennes commencerent a deferler sur Damas ou ils entrerent le 1er octobre avec le corps monte du desert qui poussa vers Rayack.
-Pendant ce temps, l’escadre francaise occupa le port de Beyrouth ou la 7e Division et le DFPS entrerent le 8 octobre.
-Sanders confia a Mustapha Kemal la defense de Rayack afin de ralentir la poussee ennemie avant de se retirer pour amenager une ligne de defense au Sud d’Alep.
-Le 5 octobre 1918, Rayack fut occupe par le corps monte du desert. Allenby ordonna l’occupation du Liban et de la Syrie du Nord par une approche sur deux axes :
*le corps monte suivant la vallee de la Bekaa vers Baalbeck, Homs, Hama et Alep.
*Le 21e Corps continuant sa marche sur la route cotiere vers Tripoli.
Cette operation se deroula comme prevu. Baalbeck fut occupee le 11 octobre, Tripoli et Homs le 13, Hama le 20. Le 25 octobre, une division de cavalerie arriva avec un detachement de l’armee arabe, devant les lignes ennemies, au Sud d’Alep, que ce dernier penetra la nuit.
Section 8.4 : Role de l’armee arabe :
Section 8.5 : Le detachement francais du Hedjaz :
Section 8.6 : Synthese des operations au Moyen-Orient :
Chapitre 9 : Role de la Legion d’Orient dans les operations (1916-1920) :
Section 9.1 : La Legion d’Orient dans les operations contre les troupes ottomanes :
-Le 20 fevrier 1917, le gouvernement francais prit une decision tres importante qui allait se faire sentir en Palestine et changer le role du contingent francais dans les operations qui s’y deroulaient. Ce gouvernement, avise du volume et des possibilites de la Legion d’Orient et, afin de prendre une part active dans la prochaine campagne qui s’annoncait au Moyen-Orient en vue d’entrer en Syrie et au Liban, zones d’influence francaise, decida de renforcer ses troupes en Palestine et de changer leur mission statique en une mission active. Un regiment de cavalerie et le regiment de marche de la Legion d’Orient furent mis en route pour Port-Said. Le 25 fevrier, la 23e Compagnie Libanaise, premier element de la Legion d’Orient, rejoignit le DFP a Ramle. Durant le mois de mai, les deux premiers bataillons armeniens rejoignirent aussi le DFP a Mejdel. A partir de cette date, le role de la Legion d’Orient dans les operations actives contre les forces ottomanes commenca.
Paragraphe A : La Legion d’Orient dans la rupture du front ennemi :
-Conformement aux ordres prescrits, le 1er Bataillon de la Legion d’Orient commande par le chef de corps Le Jolly, fut garde comme reserve generale du DFPS. Le 2e Bataillon du capitaine Azan executa des le 18 septembre 1918, des mouvements preparatoires en silence afin de prendre les dispositions d’attaque. La 23e Compagnie Libanaise stationnait a Rafat, prete a faire mouvement.
Paragraphe B : La Legion d’Orient dans les operations en Syrie :
Apres l’arrivee des premiers cavaliers anglais et francais au Sud de Damas, le general Allenby decida d’entamer la marche sur la Syrie et l’occupation de Beyrouth par deux divisions britanniques renforcees du DFPS. L’approche devait s’effectuer par etapes le long de la cote en passant par Haifa et Saint-Jean-d’Acre. La 7e Division se lanca en premiere ligne, suivie du DFPS puis de la 54e Division. La mission de la Legion d’Orient consistait a progresser a droite de la formation pour nettoyer le terrain de tout ennemi. Ce mouvement s’executa comme prevu sans incidents et, le 8 octobre, le DFPS qui avait atteint Saint-Jean-d’Acre, quitta cette ville pour le Nord. Choueiry, de la 23e Compagnie Libanaise, decrivit cette approche comme suit : « Nous marchames vers notre pays. La route etait dangereuse, l’eau tres rare et nous etions heureux et bien decides. Nous essuyames des coups d’artillerie qui causerent quelques pertes ».
Durant cette periode, la Division Navale de Syrie entra a Beyrouth le 6 octobre suivie le 8 octobre de la 7e Division Britannique. Le colonel de Piepape, nomme gouverneur militaire de la ville, s’y rendit afin d’installer un detachement mixte, compose d’elements de chasseurs d’Afrique, d’un bataillon territorial et de la 23e Compagnie Libanaise de la Legion d’Orient. Ces unites, amenees le 11 octobre a bord d’un torpilleur et d’un patrouilleur, et chargees du maintien de l’ordre, defilerent dans la ville. Le 17 octobre, le 3e Bataillon venant de Chypre, rejoignit la Legion d’Orient a Beyrouth. Le DFPS arriva a Beyrouth le 20 octobre 1918, laissant une compagnie d’infanterie dans chacune des villes de Tyr et de Saida. L’etat-major francais decida alors d’occuper Alexandrette par des elements armeniens de la Legion d’Orient. Mais la signature de l’armistice de Moudros le 31 octobre 1918 mit fin a toutes les operations dans la region.
C’est ainsi qu’au debut de novembre 1918, le gros de la Legion d’Orient (les 3 bataillons armeniens et la 23e Compagnie Libanaise) stationna a Beyrouth.
Section 9.2 : La Legion d’Orient dans le secours a la population libanaise :
Le secours a la population libanaise en difficulte etait devenu traditionnel dans la politique exterieure de la France. Depuis le 16e siecle, les autorites francaises s’etaient interessees au sort des habitants de cette region et surtout aux chretiens maronites qu’elles consideraient comme les proteges de la France. C’etait avec cet esprit que le roi Louis 14 envoya le 28 juin 1702 mille livres au Patriarche maronite pour l’aider a s’acquitter de ses dettes et qu’au debut de 1841, le gouvernement francais alloua 10000 francs pour etre employes a distribuer du ble aux necessiteux du Kusruwan, puis 30000 francs pour la reparation des eglises et enfin 75000 francs pour l’œuvre de la propagation de la Foi. « Les secours publics et prives, ecrivit PF Chevallier, que la communaute maronite avait recus de la France depuis le debut de 1841 s’elevaient donc a 205000 francs ».
Quant a Napoleon III, il envoya en 1860 un corps expeditionnaire commande par le general De Beaufort d’Hautpoul, pour secourir la population libanaise.
Paragraphe A : Secours sous l’occupation ottomane :
A partir de 1914, les libanais se trouvaient dans leurs arides montagnes, coupes du monde exterieur du cote de la Syrie et de la mer et domines par une armee ottomane qui confisquait les moissons au fur et a mesure des recoltes. La famine regnait au Mont –Liban « coupe de ses debouches et de ses sources d’approvisionnement ».
Les libanais se tournerent alors vers la France pour les aider a sortir de cette crise. Le gouvernement francais continua a faire parvenir au Patriarche maronite des sommes d’argent destinees a l’achat des vivres pour la population du Liban et en particulier, un million de francs fut mis a la disposition du gouverneur de Rouad, intermediaire entre la Division Navale de Syrie et le Liban.
Mais suite a l’occupation des cotes libanaises par les troupes ottomanes, il etait difficile d’acheminer les sommes d’argent et les vivres, en plein jour, a bord de grands bateaux. Devant cette realite, la decision fut prise d’envoyer les aides, pendant la nuit, a bord de chaloupes pouvant s’infiltrer entre les postes ottomans qui surveillaient la cote. Cette mission devait etre confiee aux auxiliaires libanais de la Legion d’Orient connaissant la region et la population. C’est ainsi que ces legionnaires quittaient Rouad a bord des chalutiers pleins de ravitaillement, naviguant jusqu’aux abords de Tripoli peu garde et proche de Rouad. [Le Service de Renseignement de la DNS faisait connaître dans son rapport d’aout 1916 que « cette region semble etre en ce moment celle qui parait la plus accessible a notre influence a cause de la proximite de Rouad et du caractere des habitants des montagnes avoisinantes. Jusqu'à present, les turcs ont renonce a fortifier serieusement Tripoli qui est adossee a la partie la plus haute du Liban ou les montagnards de Zghorta et de Becharre ont toujours inspire une crainte serieuse par leur caractere guerrier. Ces montagnards n’ont pas ete desarmes par les turcs »].
Le colonel retraite Choueiry, ancien legionnaire de la 23e Compagnie Libanaise, racontant ses souvenirs de cette periode, disait : « A Rouad et durant 9 mois, notre mission fur reduite a l’approvisionnement de nos concitoyens. Nous arrivions dans de petites chaloupes. Nous avions des agents sur la cote que nous contactions a l’aide des signaux lumineux. J’avais contribue dans plusieurs de ces missions ».
De cette facon, la Legion d’Orient avait contribue a la reduction des effets de la famine sur la population. Cet effort n’etait pas enorme, bien sur, mais il se faisait sentir dans les villages avoisinants Tripoli, aux dires de M. Habib Rihana, citoyen du village de Kousba (16 Km a l’Est de Tripoli) qui declara : « Nous recevions de temps a autre des ravitaillements venant de la France ».
Les legionnaires revenaient de la cote munis de lettres des habitants de la region a leurs parents dans les pays d’emigration, leur demandant de l’argent qui ne se faisait pas attendre. De plus, ils transmettaient parfois des rapports ecrits decrivant la situation des ottomans dans le pays.
Ce role humanitaire, tres modeste et limite, joue par les elements de la Legion d’Orient, lui avait valu l’attachement de la population libanaise sinistree.
Paragraphe B : Secours apres l’occupation du Liban par les troupes alliees :
Cette œuvre d’assistance humanitaire allait se generaliser pour englober toute la population du Liban a partir de son occupation par les armees alliees. Devant les aspects de la famine, les marins francais qui debarquerent le 7 octobre, s’etaient trouves touches jusqu’au plus profond de leur cœur.
Le contre-amiral Varnay fit distribuer les premiers sacs de grains, et demanda au ministre de la Guerre de faire diriger sur Beyrouth les vivres et les medicaments necessaires aux 150000 habitants.
Mais l’organisation du service de ravitaillement de la population devait commencer a fonctionner methodiquement apres le debarquement du colonel de Piepape et du detachement francais mixte, le 8 octobre 1918. Un premier secours anglais de 100 tonnes de farine et de riz fut mis a sa disposition afin de le distribuer aux habitants de Beyrouth.
La 23e Compagnie Libanaise contribua largement aux services d’approvisionnement. Le capitaine Coulondre chargea le pere Remy, alors sergent au DFPS, d’amener des vivres achetes en Egypte et de les faire distribuer.
A partir du 15 octobre, le ravitaillement du Liban fut confie aux peres Martimprey, ancien chancelier de la Faculte de Medecine a Beyrouth et Sarlouette, ancien superieur du College des lazaristes d’Antoura, ainsi qu’au libanais Antoine Edde, tous trois encore officiers de marine detaches au DFPS. Ces trois responsables allaient assurer le ravitaillement d’une population de 200000 ames repartie dans tout le Liban. Ils etaient aides par des officiers et des hommes de troupes du DFPS et notamment de la 23e Compagnie Libanaise constituant les services administratifs.
Dans les petits ports de la cote et dans les villages de la montagne, on installa des postes militaires, composes chacun d’un sergent et de deux hommes, servant d’entrepots et de centres de distribution. Le personnel des postes etait fourni en grande partie par les 21e et 23e Compagnies libano –syriennes. Le lieutenant Goutaudier, commandant de cette derniere, fur charge du service administratif de ravitaillement. Il fut oblige de changer frequemment les elements des postes qui cedaient vite a la nonchalance et a l’indiscipline.
C’est ainsi que le contingent libanais de la Legion d’Orient aida d’une maniere efficace a la distribution de vivres et d’aides a la population libanaise durant cette periode, profitant de sa connaissance de la langue et du pays.
830 villages et 175000 habitants avaient pu profiter de cette aide francaise qui donna ses fruits apres 2 mois, si bien que, lorsque M. Georges Picot revint de France, il trouva la situation encourageante et a partir du 1er janvier 1919, la famine ne fit plus de victimes au Liban. Suite a cette amelioration, le service de ravitaillement fut a peu pres supprime durant l’ete 1919.
L’aide a la population en detresse ne se limitait pas au ravitaillement mais englobait aussi les services de sante, d’hygiene et d’assistance publique qui etaient diriges par le Dr. Chatinieres, seconde par les Dr. Bonan et Bellama. 10000 enfants avaient ete rassembles par les soins des autorites francaises. Des asiles, des infirmeries, des hopitaux et des groupes sanitaires mobiles furent organises. Un millier de femmes, jeunes pour la plupart, furent hebergees et sauvees de la debauche.
A cette œuvre colossale d’assistance humanitaire restent graves les noms du contre-amiral Varney, du colonel de Piepape, du capitaine Coulondre, des ]/>< Compagnie Libanaise et Ruffat, des lieutenants Clinchant et Chignac, des Peres Remy, Martimprey et Sarlouette, des deux libanais Charles Corm et Alexandre Issa, des services du DFPS et des legionnaires libanais des 21e et 23e Compagnies de la Legion d’Orient.
Section 9.3 : La Legion d’Orient dans la releve des troupes anglaises et l’occupation de la Zone Bleue :
Paragraphe A : » Releve des troupes britanniques :
-La releve conclue entre Lloyd George et Clemenceau, et qui allait etre executee d’une maniere rapide et subite, crea de graves problemes au commandement des troupes francaises au Levant. Les anglais, en fait, occupaient la region avec une armee puissante comprenant 34 bataillons d’infanterie, 15 regiments et demi de cavalerie, 5 bataillons et demi de genie et 13 batteries d’artillerie, tandis que les francais ne disposaient au Levant que de 13 bataillons d’infanterie dont 3 armeniens et un syro –libanais, de 3 escadrons de cavalerie et de 4 batteries d’artillerie.
C’est ainsi que l’etat-major francais, presse par la vitesse de la releve qui s’effectua encore plus rapidement que prevu, s’etait vu oblige d’employer la Legion Armenienne et la Legion Syrienne dans cette operation.
-Un plan de releve fut planifie en 5 periodes :
*1e periode : regions d’Alep et de Killis.
*2e periode : regions de Homs et de Tripoli.
*3e periode : region de Baalbeck.
*4e periode : region de Damas.
*5e periode : Mersine.
-La releve allait soulever deux genres de problemes :
*un probleme d’ordre militaire lie a la faiblesse des moyens mis en œuvre.
*un probleme d’ordre politique souleve dans les districts de Hasbaya, Rachaya, Baalbeck et de la Bekaa qui etaient a la fois des zones d’interet francaises et cherifiennes, ainsi que dans la region de Tyr, jusqu’au cours inferieur du Litani que les autorites britanniques consideraient comme faisant partie de la Palestine.
Le premier probleme fur resolu par l’emploi des Legions armenienne et syrienne dans la releve, en plus de l’emploi de quelques unites francaises, prelevees a l’Armee d’Orient, a l’Afrique du Nord et a la Metropole.
Quant au probleme politique, des pourparlers s’organiserent entre M. Clemenceau et l’Emir Faycal a Paris, pour le resoudre. En attendant les resultats, des instructions du commandant en chef, datees du 22 octobre, avaient stipule que les districts de Hasbaya, Rachaya, la Bekaa et Baalbeck devaient etre maintenus provisoirement dans la mouvance de Damas et sous l’administration du gouvernement cherifien. Le general Gouraud accepta d’ajourner la releve dans cette region jusqu’au 6 decembre. Mais, apres plusieurs incidents causes par les cherifiens, il envoya une colonne qui entra a Baalbeck le 18 decembre. L’occupation de la Syrie interieure devait attendre le resultat de la bataille de Meissaloun en juillet 1920. C’est a ce moment que Gouraud ecrivit : « Notre renoncement a l’occupation de la Bekaa avait ete en novembre 1919 la premiere et la plus grave atteinte a notre prestige au Levant. Il avait ete la cause du mouvement de desaffection envers la France, tres accentue de la part de notre clientele libanaise dont une partie avait fini par preter oreille aux manifestations de propagande cherifienne ».
Quant au litige sur la region de Tyr, le general Allenby s’etait declare contre l’occupation de cette region par l’armee francaise, declarant avoir recu des instructions du gouvernement britannique a ce sujet. Ce n’est qu’apres l’intervention de M. Clemenceau aupres du gouvernement britannique que cette question fut resolue. Mais le caza de Safad devait rester en zone anglaise.
-Au Liban, il ne s’agissait pas vraiment d’une releve, puisque les forces francaises etaient deja dans la region. L’evacuation du pays par les troupes britanniques se termina a la fin du mois de decembre. Les forces qui se trouvaient a Damas quitterent la ville, la laissant entre les mains des troupes cherifiennes qui ne devaient en etre delogees qu’apres la bataille de Meissaloun.
Paragraphe B : Role de la Legion d’Orient dans la releve :
Les Legions armenienne et syrienne devaient faire partie des forces francaises relevant l’armee britannique et occupant les zones reservees a la France. L’emploi des contingents libanais de la Legion Syrienne au Liban ne posait pas de problemes.
La Legion Syrienne, constituee en 1919 d’un bataillon a 4 compagnies, elle prit part a la releve et a l’occupation du Liban et de la zone Ouest. Ses unites stationnerent a la fin du mois d’octobre 1919 dans cette zone comme suit :
-A Beyrouth : etat-major du bataillon ; 3e Compagnie.
-A Baabda : 4e Compagnie.
-A Tartous : 1e Compagnie.
-A Djeble : 2e Compagnie moins une section.
-A Banias : Une section de la 2e Compagnie.
C’est ainsi que les Legions Armenienne et Syrienne prirent une part active dans la releve des troupes britanniques et dans l’occupation de la Zone Bleue. Certes, ce role etait modeste et limite, surtout dans une region tres etendue. Mais, vu le manque en troupe francaises disponibles et la promptitude de la releve, ce role etait important. Les Legions contribuerent, a cote des autres unites de l’Armee du Levant durant cette periode, au maintien du calme, de la securite et de l’ordre dans ce Moyen-Orient accable par une occupation ottomane de 4 siecles et ravage par la famine, les maladies et la guerre sans merci qui se deroulait sur son territoire et dans laquelle il n’avait ni interets, ni ambitions, ni influences.
Deuxieme Paritie :
La Legion d’Orient et les Troupes Auxiliaires du Levant (1920-1926) :
Troisieme Titre :
Historique, effectifs, compositions (1920-1926) :
Chapitre 10 : La Legion Syrienne :
-L’annee 1919 connut un changement qui marqua l’histoire de la Legion Syrienne et son avenir. C’est durant cette annee que cette Legion fut separee de la Legion Armenienne. Des lors, la Legion Syrienne, formee de libanais et de syriens, allait se developper d’une maniere continue et dynamique pour devenir une force assez importante et jouer un role preponderant dans les operations de maintien de l’ordre dans la zone francaise. Ce role devenait de plus en plus efficace avec un recrutement de plus en plus vaste de soldats auxiliaires de tous rites, surtout de musulmans, d’alaouites et memes de druzes qui venaient s’ajouter aux chretiens. Avec ces nouveaux elements, le maintien de l’ordre dans les zones habitees par leurs coreligionnaires. Les autorites francaises comprirent en fait cette realite et employerent les unites de la Legion Syrienne dans des operations en Syrie, amalgamees avec les autres unites de l’Armee du Levant.
Section 10.1 : Dissolution de la Legion Armenienne :
Section 10.2 : Organisation de la Legion Syrienne :
A la veille de la dissolution de la Legion Armenienne, la Legion Syrienne continuait a exister dans de nouvelles circonstances et avec le meme reglement. Malgre la cessation des hostilites, la pacification de la region francaise n’etait qu’a ses debuts. Il fallait monter des colonnes mobiles d’une facon reguliere et parfois occasionnelle afin de remettre de l’ordre dans cette zone troublee et habitee par differentes populations qui profitaient de toutes les circonstances pour manifester des signes d’independance.
En plus, les autorites francaises, en acceptant la mission du mandat sur la Syrie et le Liban, s’engagerent devant la Societe Des Nations a former progressivement les forces armees de ces deux pays, ainsi que leur gendarmerie, police et services administratifs. La Legion Syrienne devait constituer de ce fait, le noyau de ces forces militaires.
Les officiers et sous-officiers francais detaches a ce corps avaient le merite de contribuer aux efforts qui aboutirent a la realisation de ce but. Ils lutterent contre des difficultes enormes qui entravaient le recrutement, l’instruction et le service des militaires auxiliaires.
Paragraphe A : Principe d’organisation :
Le 5 aout 1920, l’Armee du Levant edicta une note de service organisant la Legion Syrienne formee de libanais et syriens sur de nouvelles bases.
Cette derniere devait faire partie des Troupes Auxiliaires du Levant et suivre leurs reglements a partir de cette date. Elle devait comprendre un bureau administratif et des unites combattantes qui se groupaient en plusieurs armes :
-Dans l’infanterie : des regiments comprenant chacun un etat-major et plusieurs bataillons ainsi que des compagnies de depot.
-Dans la cavalerie : des regiments comprenant chacun un etat-major et un nombre variable d’escadrons ; des escadrons autonomes et des escadrons de depot.
-Dans les autres armes : des compagnies de genie (sapeurs-demineurs), de train d’equipage et de meharistes.
Le general commandant l’Armee du Levant decidait de la formation de nouvelles unites.
Les soldes des auxiliaires, attribuees aussi aux miliciens, variaient suivant les armes.
Paragraphe B : Difficultes d’organisation et de developpement :
Les difficultes qui entravaient le bon deroulement du service dans les unites de la Legion Syrienne, a partir de sa formation, pouvaient se resumer comme suit :
a) La propagande cherifienne.
b) Besoin en cadres.
c) Manque d’armes d’appui :
Les armes d’appui, surtout les chars, l’artillerie et les auto-blindes faisaient defaut dans les rangs de la Legion Syrienne, la rendant tres fragile face aux missions de maintien d’ordre montees contre des rebelles bien armes et tres bien impregnes du sens du terrain, du camouflage individuel, de la mobilite et de la vitesse de groupement et de dispersion.
Paragraphe C : Recrutement et effectifs :
Le recrutement des legionnaires libanais et syriens paraissait si prometteur en 1920 que le commandement francais envisagea d’augmenter considerablement l’effectif de la Legion Syrienne. Le procede employe consistait a accepter tout individu satisfaisant a une visite medicale peu rigoureuse. La plupart des recrutes etaient des gens de la basse classe et la majorite des engagements se contractaient pour un an ou deux. Le recrutement en ville ne donnait que des resultats mediocres.
C’est pourquoi le capitaine Grancamp, commandant du depot de la 13e Compagnie chargee du recrutement et de l’instruction, demanda de tenir compte des propositions suivantes, afin de parer aux inconvenients mentionnes :
-Recruter en dehors des villes avec le concours du service de renseignement.
-Imposer une visite medicale tres rigoureuse.
-Exiger un certificat de moralite.
-N’accepter que des engagements d’au moins deux ans.
-Doter la compagnie d’agents recruteurs a la hauteur de leur tache et en nombre suffisant.
-Ameliorer l’etat des installations.
Ces propositions furent prises en consideration, ce qui favorisa le recrutement et rehaussa le niveau.
Apres la dissolution de l’armee cherifienne en aout 1920 et sa transformation en forces de police, une partie limitee de ses elements s’enrola dans les unites de la Legion Syrienne, surtout des officiers diplomes de l’ecole militaire ottomane de Constantinople.
Les effectifs de la Legion Syrienne se developperent vite. De 1400 en septembre 1920, ils atteignirent 5300, le 1er juin 1921 (dont 4600 dans l’infanterie, 505 dans la cavalerie et 140 dans le genie) et 6680 en decembre.
Suite a ce succes de recrutement, le commandant en chef envisagea de porter l’effectif des auxiliaires de la Legion Syrienne a 13000. Mais le projet de budget de 1922 ne permit pas d’atteindre ce nombre. En plus, le ministre fit savoir qu’une augmentation des unites libanaises et syriennes ne pouvait etre admise qu’en la compensant par une reduction des troupes regulieres et il prescrivit la reduction progressive de l’effectif de la Legion Syrienne qui baissa de ce fait jusqu'à atteindre 5403 hommes en janvier et 5173 en juillet 1926.
Paragraphe D : Instruction :
La formation de nouveaux legionnaires se deroulait au sein des compagnies de depot, surtout les 13e, 14e et 17e Compagnies. Des cadres francais ayant une certaine connaissance de la langue arabe, assuraient la tache d’instructeurs. Chaque compagnie d’instruction etait divisee en 3 parties correspondant a l’anciennete d’incorporation des legionnaires, la premiere comprenant les engages ayant plus d’un mois de presence, la deuxieme ceux ayant entre 15 jours et trois semaines et la troisieme les nouveaux arrives. Des cadres auxiliaires assuraient parfois le role de traducteurs. Cette instruction etait toujours poussee dans le sens de combat, tir, marche et service en campagne.
Les difficultes des compagnies d’instruction provenaient des exigences suivantes :
-mande de cadres francais et leur ignorance relative de la langue arabe.
-difficultes de maintenir les fractions d’instruction separees.
-services de place et corvees urgentes auxquelles participaient les compagnies d’instruction.
-changement de casernement des unites durant les periodes d’instruction.
Mais en general, l’instruction donnee aux legionnaires libanais et syriens etait suffisante pour en faire de bons soldats.
Paragraphe E : Etat d’esprit, moral et discipline :
Le moral des legionnaires se maintenait a un niveau relativement eleve malgre quelques incidents montrant qu’ils devaient etre toujours surveilles et stimules. La tenue etait brillante. Le legionnaire libanais surtout, fier de son uniforme, le soignait meme a ses frais.
Quant a la discipline, elle etait en general moyenne. Le legionnaire avait une conception personnelle de la discipline. Au debut de son incorporation, il se resignait difficilement a coucher au quartier et les absences irregulieres etaient frequentes mais devenaient de plus en plus rares avec l’anciennete en service.
La dissipation des effets etait aussi tres en vogue, dissipation qui n’avait d’autres buts que l’interet. Les punitions et la menace de remboursement contribuerent a la disparition de ce malaise.
Paragraphe F : Composition de la Legion Syrienne :
Apres le dedoublement de la Legion Armenienne et au debut de l’annee 1920, la situation des unites de la Legion Syrienne etait la suivante :
a)Unites formees :
Commandement de la Legion Syrienne :
-Lieutenant-colonel Jean a Beyrouth.
1er Bataillon :
-Commandant Four.
-Adjoint : capitaine Aweng.
-Etat-major et section hors rang a Beyrouth.
-1e Compagnie, capitaine Pietri a Tartous.
-2e Compagnie, capitaine Faugeron a Djeble.
-3e Compagnie, capitaine Maure a Beyrouth.
-4e Compagnie, capitaine Canton a Baabda.
Groupe de cavalerie :
-Commandant : chef d’escadron Cremaud.
-Adjoint : capitaine d’Exea.
Premier escadron :
-Lieutenant Crollier a Beyrouth.
b)Unites en voie de formation :
-2e Bataillon : 2 compagnies.
-2e Escadron de cavalerie.
A la date du 16 aout 1920, la Legion Syrienne etait formee comme suit :
-un etat-major de regiment ;
-une compagnie de depot ;
-deux bataillons mixtes.
Les differentes unites du regiment etaient reparties et stationnees de la facon suivante :
-Regiment :
*etat-major du regiment : Beyrouth.
*compagnie de depot : Beyrouth.
-1er Bataillon :
*etat-major du bataillon : Tripoli.
*1e Compagnie : Tartous.
*2e Compagnie : Djeble –Banias.
*3e Compagnie : Tell –Kalack.
*4e Compagnie (en formation) : Tripoli.
-2e Bataillon :
*etat-major en formation : Saida.
*5e Compagnie : Nabatiye –Djedeide.
*6e Compagnie : Tyr.
*Escadron : Saida.
Les previsions pour l’annee 1921 envisageaient l’extension de la Legion Syrienne jusqu'à un total de 6 bataillons d’infanterie et 4 escadrons de cavalerie repartis dans les differents Etats du Levant comme suit :
-Etat du Grand –Liban : un bataillon d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
-Etat de Damas : deux bataillons d’infanterie (un a Homs et un a Hama) ; un escadron de cavalerie.
-Etat d’Alep : deux bataillons d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
-Etat des Alaouites : un bataillon d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
Reorganisation de la Legion Syrienne :
En juin 1921, le commandant en chef de l’Armee du Levant articula la Legion Syrienne comme suit :
-deux regiments d’infanterie a trois bataillons et une compagnie de depot chacun.
-un regiment de cavalerie a quatre escadrons et un escadron de depot.
-une compagnie montee sur mulets.
-deux compagnies meharistes : comprenant 288 meharistes et 5 officiers francais, groupes en 4 sections, une section de mitrailleuses, une section de 37 mm et 2 equipes de fusiliers.
-une compagnie assyro-chaldeenne (qui n’etait pas prevue dans les tableaux organiques de la Legion Syrienne).
-une compagnie mixte de genie (sapeurs-mineurs et sapeurs-telegraphistes).
Le 1er Regiment d’Infanterie dont toutes les unites existaient a cette date etait implante dans le territoire des Alaouites. Au 2e Regiment stationnant dans les Etats de Damas et d’Alep, etaient rattachees les differentes unites autonomes de la Legion Syrienne qui tenaient garnisons dans les territoires de ces deux Etats et specialement :
-l’ecole militaire de Damas qui faisait partie des Troupes Auxiliaires du Levant, la compagnie assyro-chaldeenne, la compagnie de genie, une des deux compagnies meharistes ainsi que les auxiliaires detaches momentanement aux Troupes Francaises du Levant et encadres dans les unites d’artillerie, de transport et des services veterinaires.
-l’equipe de musique qui portait le drapeau de la Legion Syrienne.
Le Regiment de cavalerie stationnait au Liban et dans l’Etat des Alaouites.
L’organisation projetee pour l’annee 1922 inclut 12 bataillons d’infanterie formant quatre regiments, huit escadrons formant deux regiments de cavalerie, deux compagnies meharistes, une compagnie montee, deux compagnies de genie et une compagnie de train d’equipage.
Quant a l’organisation de la Legion Syrienne pour l’annee 1923, elle fut planifiee et executee comme suit :
-Dans le territoire des Alaouites : le 1er Regiment mixte syrien comprenant deux bataillons d’infanterie et un escadron de cavalerie. Une compagnie de genie lui etait rattachee.
-Dans le territoire de l’Etat de Damas : le 2e Regiment mixte syrien comprenant deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie et une compagnie de meharistes.
-Dans le territoire de l’Etat d’Alep : le 3e Regiment mixte syrien.
-Dans l’Etat du Grand –Liban : deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie, une compagnie mehariste et une compagnie montee.
Chapitre 11 : Les autres formations auxiliaires des Troupes du Levant :
Section 11.1 : Les Troupes Auxiliaires du Levant :
La puissance mandataire, projetant la creation future des armees nationales des Etats sous mandat dont elle etait responsable devant la SDN, devait former leurs cadres, surtout les officiers, sous-officiers, specialistes et techniciens de toutes les categories, tout en les preparant a devenir des armees autonomes.
La Legion Syrienne ne pouvait pas, dans sa composition en unites combattantes et ses cadres a majorite francaise, faire face a cette nouvelle charge creee par l’enonce des droits et des obligations du mandataire. D’autre part, il fallait conserver les unites de la Legion Syrienne qui donnaient satisfaction aux autorites francaises du Levant.
Le commandement francais projeta alors la mise en œuvre d’une nouvelle formation militaire, de constitution moins disparate, plus maniable et a base de recrutement et de stationnement regionaux. C’est ainsi que prirent naissance les Troupes Auxiliaires du Levant qui englobaient, outre la Legion Syrienne, les organes et services necessaires au bon fonctionnement des unites.
Ces troupes, futurs noyaux des armees libanaise et syrienne, furent creees par l’arrete 318 du haut-commissaire, date du 31 aout 1920 qui prit effet a partir du 5 juillet et donna lieu aux bataillons et escadrons du Levant ainsi qu’aux compagnies et pelotons auxiliaires.
Paragraphe A : Principe d’organisation :
Il etait organise, dans les Etats sous mandat francais, des corps de troupes de differentes armes, groupant des militaires auxiliaires originaires des anciennes provinces ottomanes d’Asie et recrutes par voie d’engagement volontaire.
Ces corps etaient a la solde du gouvernement francais et places sous les ordres du general commandant en chef de l’Armee du Levant. Ils etaient encadres par des officiers et sous-officiers francais ou servant a titre d’etrangers et par des officiers et grades auxiliaires.
A partir de 1924, les Etats du Liban et de la Syrie contribuerent aux depenses des Troupes Auxiliaires a cote de la France.
En 1926, les contributions des Etats sous mandat atteignirent 10 millions pour une depense totale d’environ 40 millions de francs francais.
La mission de ces troupes consistait a maintenir l’ordre et defendre les Etats du Levant et les voies de communication de l’Armee du Levant.
Paragraphe B : Reglement des soldats auxiliaires :
Les militaires indigenes, recrutes en Orient et servant dans les Troupes Auxiliaires du Levant, pouvaient avoir acces a tous les grades jusqu'à celui de lieutenant dans l’infanterie et de capitaine dans la cavalerie. Ils jouissaient des memes prerogatives de commandement et assumaient les memes responsabilites que les militaires francais de memes grades.
Paragraphe C : Composition des Troupes Auxiliaires du Levant :
Les Troupes Auxiliaires du Levant comprenaient :
1.Une section d’organisation, faisant partie de l’Armee du Levant.
2.Un bureau de comptabilite a Beyrouth.
3.Des corps de troupe de differentes armes :
-Dans l’infanterie : des regiments de marche comprenant un nombre variable de bataillons, de compagnies independantes et de compagnies de depot.
-Dans la cavalerie : des regiments de marche formes d’escadrons de marche et de depot.
-Autres armes : eventuellement des compagnies de sapeurs-mineurs et de conducteurs de train d’equipage.
Cette composition fut maintenue jusqu’en 1926 quand les regiments de marche furent dissouts et remplaces par des bataillons autonomes (les bataillons du Levant) et des compagnies de chasseurs originaires du Liban.
La composition des diverses unites etait definie par des tableaux d’effectifs.
4.Une ecole militaire ouverte a partie du 12 mai 1921 a Damas, en vue de former les officiers necessaires a l’encadrement des nouvelles unites.
Elle formait :
-les eleves officiers des Troupes Auxiliaires du Levant ;
-les eleves sous-officiers et les specialistes pour les Troupes Auxiliaires du Levant ;
-les traducteurs pour l’Armee du Levant.
Au moment de son ouverture, l’effectif de l’ecole militaire atteignit 9 officiers instructeurs, 13 sous-officiers, 20 eleves officiers de commandement, 30 eleves officiers traducteurs et 53 caporaux et soldats.
Le candidat au concours d’admission devait :
-etre libanais ou syrien et fils de pere libanais ou syrien.
-avoir au moins 18 ans et au plus 25 ans au 31 decembre de l’annee d’incorporation.
A la premiere promotion de cette ecole figurait le nom de Fouad Chehab qui fut, plus tard, president de la Republique libanaise (1958-1964), ainsi que ceux de Jamil Lahoud, Aziz Ghazi et Mohammed Yafi et a la deuxieme, ceux de Adel Chehab, Fouad Houbeich et Louis Chehab, tous fils de familles notables du Liban.
Quant a Hosni Zaim, ancien president de la Republique syrienne, il fut nomme sous-lieutenant suite a un stage de 3 mois, juste avant l’ouverture de l’ecole militaire de Damas. [Les officiers formes par l’ecole militaire jouerent des roles importants et preponderants dans l’histoire du Liban et de la Syrie. Ils reorganiserent les armees nationales des deux pays. Quelques uns jouerent des roles dans la politique de leur pays, notamment Fouad Chehab de caractere calme, travailleur, droit et qui ne revele pas sa pensee facilement et Hosni Zaim, beau, courageux au feu, joueur et de forte personnalite. Il savait se faire aimer de son entourage. Le brigadier Aziz Ghazi, de forte personnalite, courageux et penseur, etait major de sa promotion (de 1922-1923). Decore de la colonne Michaud du Djebel Druze, il joua un role important dans l’organisation et l’instruction de l’armee libanaise de l’independance. Le general Jamil Lahoud, depute du Metn de 1960 a 1968 et ministre des Affaires Sociales et du Travail en 1966 au sein du ministere d’Abdallah Yafi, joua un role tres important dans la direction politique du Liban en plus de son role militaire.].
L’ecole militaire fonctionna efficacement durant les premieres annees de son histoire. Elle fournit, depuis sa creation jusqu'à l’annee 1926, 49 officiers aux troupes libanaises et syriennes et 23 interpretes a l’Armee du Levant.
Le nombre des candidats s’eleva :
-en 1925 a 59.
-en 1926 a 30 dont 13 admis.
-en 1927 a 30 dont 22 admis.
-en 1928 a 147 dont 26 admis.
-en 1930 a 171 dont 13 admis.
-en 1931 a 171 dont 15 admis.
-en 1932 a 349 dont 27 admis.
C’est ainsi qu’en mars 1921, les Troupes Auxiliaires du Levant etaient reparties comme suit :
Groupement du Grand –Liban : une compagnie d’infanterie ; deux escadrons de cavalerie.
Groupement du Nord –Syrie : cinq compagnies d’infanterie.
Groupement des Alaouites : trois compagnies auxiliaires alaouites ; un escadron auxiliaire alaouite.
Groupement de Damas : trois compagnies d’infanterie ; un escadron de cavalerie.
Groupement de Homs : trois compagnies d’infanterie.
Groupement d’Alexandrette : une compagnie d’infanterie.
Durant l’annee 1923, l’effectif de ces troupes atteignit un total de 6282 hommes repartis comme suit :
Grade : Français : Auxiliaires : Total :
Officiers : 133 58 191
Sous-officiers : 347 241 588
Caporaux : 137 174 311
Brigadiers : 21 70 91
Hommes de troupe : 133 4968 5101
Total : 771 5511 6282
Animaux : 970 chevaux, 841 mulets et 500 chameaux. Cet effectif etait reparti en :
-Une inspection des Troupes Auxiliaires du Levant.
-Six bataillons du Levant formant corps.
-Quatre escadrons du Levant.
-Deux compagnies meharistes.
-Une compagnie de genie.
-Sept sections autonomes mises a la disposition des differents services de l’Armee du Levant.
-Une ecole militaire.
Durant les annees suivantes, le nombre total des Auxiliaires variait suite aux transformations successives des unites, ce qui permet de dresser le tableau suivant :
Date : Officiers francais : Officiers auxiliaires : Total : Hommes de troupe francais : Hommes de troupe auxiliaires : Total : Total general :
31-12-1925 : 164 48 212 309 4945 5254 5466
31-8-1926 : 147 50 197 556 4881 5437 5634
31-12-1926 : 150 55 205 570 5707 6277 6482
NB : 1.On remarque que le nombre des officiers auxiliaires augmentait progressivement.
2.L’augmentation considerable de l’effectif en 1926 etait provoquee par les besoins en troupes pour la pacification de la region de Damas et du Djebel Druze.
Section 11.2 : Les Troupes Suppletives du Levant :
Les troupes suppletives du Levant furent creees en 1925, suite a l’insurrection du Djebel Druze, pour etre reparties sur tous les territoires des Etats sous mandat et principalement dans les villes frontalieres. Elles beneficiaient d’une certaine mobilite et maniabilite qui devaient permettre la formation rapide des unites ainsi que la reduction des effectifs selon les besoins et dans des delais peu eleves. Elles pouvaient s’adapter facilement aux exigences des situations et constituaient, en temps de paix, une force de police assez importante qui assurait les liaisons entre les differents corps militaires, la garde des frontieres et des lignes de communications des pays ainsi qu’une premiere resistance contre les bandes rebelles. [Les autorites francaises formaient les troupes indigenes pour faire face aux menaces interieures et en vue du maintien de l’ordre, de pacification et de stabilite du pays. C’etait en fait, une vieille habitude coloniale francaise que d’organiser les forces armees des pays colonises, orientees vers les operations de police interieure. Les francais suivirent cette politique au Liban, en Syrie et en Tunisie, mais pas au Senegal et en Algerie. Les autorites belges suivirent aussi cette meme politique au Zaire et au Rwanda. Au Zaire, elles creerent La Force Publique pour assurer le maintien de l’ordre. Au Rwanda, elles organiserent seulement une police locale. Mais, deuz ans avant l’independance de ce pays, elles commencerent la preparation de l’armee nationale. Quant aux britanniques, par contre, ils recruterent dans leurs colonies, des divisions pour etre employees sur des theatres d’operations lointains (par exemple aux Indes, au Zimbabwe, en Australie et a la Nouvelle Zelande).].
Constituees des escadrons legers du Levant et des bataillons des chasseurs du Liban, les Troupes Suppletives dependaient du general commandant de l’Armee du Levant et etaient entretenues par les budgets locaux sans intervention du ministere de la Guerre francais.
Paragraphe A : Reglement :
1.Encadrement :
Le commandement des differentes unites des Troupes Suppletives etait exerce par des officiers et des sous-officiers detaches a ces troupes. Les cadres jouissaient de toutes les prerogatives et droits et assumaient les memes responsabilites que les cadres des autres formations du Levant.
2.Recrutement et licenciement :
Le recrutement s’organisait dans les bataillons et les escadrons, par voie d’engagement volontaire pour une duree de 6 mois pour les cavaliers et allant de 6 mois a 2 ans pour les fantassins.
Le candidat volontaire pouvait etre libanais, syrien, tcherkess, armenien ou provenant d’autres minorites du Moyen-Orient. Il devait etre sujet de l’un des Etats sous mandat francais, age de 18 a 40 ans, reconnu apte au service apres une visite medicale et presenter des references permettant de se rendre compte des services qu’il pouvait assurer. Il signait un acte d’engagement.
Les engagements pouvaient etre resilies sans preavis, pour mauvaise conduite et a la suite d’un preavis de 15 jours en cas de dissolution de l’unite. Le licenciement pour mauvaise conduite relevait :
-Pour les officiers, adjudants et aspirants, du general commandant superieur des troupes.
-Pour les sous-officiers et hommes de troupe, de l’Inspecteur des Troupes Auxiliaires du Levant.
En aucun cas, la resiliation ne donnait droit aux indemnites revenant aux autres militaires.
3.Promotions, punitions et recompenses :
Les promotions des officiers etaient du ressort du general commandant superieur des Troupes du Levant. Celles des officiers des bataillons des chasseurs du Liban etaient soumises a l’approbation du president de la Republique libanaise. Celles des sous-officiers et des hommes de troupe etaient signees par l’inspecteur general des Troupes Auxiliaires du Levant.
Les mesures disciplinaires contre les officiers variaient de l’arret simple, prononce par les commandants de corps, a l’arret de rigueur, prononce par l’inspecteur general. Les punitions des sous-officiers faisaient partie des prerogatives des chefs de corps.
Quant aux gratifications pour bonne conduite, elles groupaient les felicitations, les permissions, les recompenses pecunieres, les decorations et les promotions exceptionnelles.
Paragraphe B : Compositions :
La formation des compagnies et des escadrons des Troupes Suppletives se deroulait d’une facon plus rapide et mieux que prevu. Ces troupes qui, au debut de 1924, etaient constituees de huit escadrons de gardes mobiles, voyaient sa composition renforcee a la fin de cette annee pour comprendre :
-8 compagnies de chasseurs du Liban.
-36 escadrons de gardes mobiles dont 9 tcherkess, 3 kurdes, 6 druzes et 18 libanais et syriens.
-Une compagnie libanaise de pionniers (genie).
Leur effectif qui atteignit durant cette periode 5689 hommes se repartissait comme suit :
-18 officiers francais
-75 officiers libanais et syriens
-96 hommes de troupe francais
-5500 hommes de troupe indigenes.
Gardes ruraux :
En plus des troupes regulieres, il etait constitue, dans de nombreuses regions, des gardes ruraux, dependants des Troupes Suppletives et qui collaboraient surtout dans la surveillance des voies ferrees et des localites. Ils etaient designes par les Moukhtars des villages, armes par leurs soins, ne recevaient pas de retributions et n’etaient appeles a veiller a la securite, en quittant leurs occupations ordinaires, qu’en cas de danger. Ils constituaient, de ce fait, les elements les plus rapides pour la lutte contre les bandes armees.
L’idee de ces gardes, semblable a l’actuelle garde frontaliere dans plusieurs pays, s’etait rendue realisable a cause du degout ressenti par les paysans des insurrections et des bandes. Ils etaient disposes a empecher leurs villages de devenir des theatres d’hostilites et de brigandage et rendirent, de ce fait, des services appreciables a l’administration francaise dans les Etats du Levant.
Paragraphe C : Evolution des Troupes Suppletives :
Les Troupes Suppletives evoluerent, a partir de janvier 1926, pour donner naissance aux bataillons des chasseurs du Liban, futures unites de l’armee libanaise mises a la disposition du gouvernement libanais a partir du 1er aout 1945. [Les bataillons des chasseurs du Liban devaient conserver cette nomination jusqu’en 1967. L’auteur fut, en fait, affecte a ces bataillons comme suit : 1963 au 6e Bataillon, de 1963 a 1964 au 2e Bataillon et de 1964 jusqu’en 1967 au 3e Bataillon des chasseurs du Liban].
1.Les bataillons des chasseurs du Liban :
Au debut de l’annee 1927, les huit compagnies des chasseurs furent reorganisees comme suit :
-etat-major de bataillon
-sept compagnies d’infanterie de 125 hommes chacune
-une compagnie de pionniers.
Elles etaient encadrees par deux capitaines et trois lieutenants commandants d’unites, huit sous-lieutenants, trois adjudants-chefs, cinq sergents major et quinze sergents.
En avril 1929, les huit compagnies furent reparties en deux groupements :
-un groupement au Nord du Liban, commande par le capitaine Carrez.
-un groupement au Sud, commande par le commandant Denis.
Le premier avril 1930, chaque groupement donna naissance a un bataillon des chasseurs du Liban (BCL). Le premier stationna a Marjeyoun et le deuxieme a Fayadieh (4 Km a l’Est de Beyrouth).
2.Les escadrons legers :
Les escadrons, crees sous la denomination d’escadrons de gardes mobiles en 1926, prirent a partir du 1er janvier 1927, le nom d’escadrons legers. Leurs missions consistaient a surveiller les frontieres Nord de la Syrie et a veiller au maintien de l’ordre, souvent trouble, au Djezireh et dans la zone montagneuse a l’Ouest d’Alep, ou le banditisme etait en vogue.
Les escadrons les plus fameux, au sein des Troupes Suppletives du Levant, etaient ceux groupant des Tcherkess ou des druzes.
Ces escadrons, dont le nombre et les appellations successives variaient souvent, survecurent jusqu'à la Deuxieme Guerre mondiale. Le nombre s’elevait en 1927 et 1928 a 22 et en 1932 a 21 escadrons.
Section 11.3 : Les Troupes Speciales du Levant :
Ces troupes, formees par un decret du haut-commissaire a partir du 20 mars 1930, remplacerent toutes les autres formations : Troupes Auxiliaires et Suppletives en englobant leurs differentes unites.
De plus, de nouvelles unites furent rattachees aux Troupes Speciales, et notamment :
-Des unites d’artillerie, une compagnie speciale telegraphiste, une direction de service de transmission et des unites de genie, de train, de service automobile, de chemins de fer.
Le reglement des Troupes Speciales ne differa pas trop de celui des Troupes Auxiliaires. Leur composition variait au fil des annees pour voir augmenter considerablement le nombre des unites. C’est ainsi qu’en 1933, les Troupes Speciales etaient constituees comme suit :
a)Les Troupes anciennement denommees auxiliaires :
-Une inspection generale
-8 bataillons
-4 escadrons de ligne
-3 compagnies meharistes
-1 escadron d’auto-mitrailleuses legeres
-3 compagnies de genie (sapeurs –mineurs, telegraphistes et chemin de fer)
-2 compagnies de train
-Un etat-major de groupe d’artillerie
-2 batteries de 75 mm portees
-Une batterie de 65 mm sur bat
-Une section d’artillerie a pied
-6 sections autonomes de divers services.
b)Les Troupes anciennement appelees suppletives :
-2 bataillons de chasseurs du Liban
-21 escadrons legers.
En 1936, elles comprenaient 10 bataillons d’infanterie, 3 compagnies meharistes, 2 compagnies de transport (autos et mulets), 3 compagnies de genie (sapeurs –mineurs, sapeurs –telegraphistes et de chemin de fer), 2 sections d’auto –mitrailleuses et 6 sections autonomes de services.
Ces troupes, estimees a 22000 hommes en 1942, et constituees en totalite de libanais et syriens, prirent part aux cotes des troupes francaises a la bataille de Bir Hakim.
Ce n’est qu’a partir du 1er juin 1943 que les Troupes Speciales Libanaises se separerent des formations syriennes et constituerent la 5e Brigade Speciale de Montagne sous le commandement du colonel Fouad Chehab.
Elles comprenaient en ce temps : 3 bataillons de chasseurs (Quannaca -1e, 2e et 3e), 2 escadrons blindes, 1 bataillon d’artillerie (de campagne et anti-aerien), 1 compagnie de genie, 1 compagnie de communications et de pompiers et 1 detachement medical.
C’est ainsi que les Troupes du Levant, de differentes nominations, donnerent naissance aux formations des armees libanaise et syrienne de l’independance.
Section 11.4 : Les escadrons druzes :
Section 11.5 : La gendarmerie et les milices :
Paragraphe A : La gendarmerie :
La gendarmerie libanaise fut organisee des la periode du Mutassarrifiya. « Durant cette periode, ecrivit le professeur Chevalier, un corps regulier de gendarmerie qui etait recrute par engagement volontaire sur une base communautaire, etait place sous les ordres du gouverneur pour assurer le maintien de l’ordre et l’execution des lois. Il comprenait 200 hommes en 1865, 750 en 1867 ».
La gendarmerie libanaise fut reformee en 1908 par les autorites ottomanes. Suite aux evenements de mutinerie de 1912 qui avait pour but d’imposer une augmentation des soldes, un officier francais, le capitaine Bouvet, fut designe en 1914 pour la reorganiser. Mais il dut rentrer en France. Il fallait attendre juillet 1920 pour que la gendarmerie des Etats sous mandat soit reorganisee.
A partir de cette date, elle dependait de la Legion Syrienne puis des Troupes Auxiliaires du Levant. Elle constituait un organisme d’Etat, travaillant sous la direction des gouverneurs militaires, sauf pendant le temps de la guerre quand elle rejoignait les troupes regulieres pour etre employee comme unite de combat.
Les missions de la gendarmerie etaient tres variees. Outre le maintien de l’ordre, elle s’occupait des services de douanes et des prisons, du monopole du tabac, du maintien des forces mobiles et de la regularisation de la circulation en dehors des villes.
Sa composition changeait suivant les Etats et s’articulait par district et caza. Les compagnies de gendarmerie mobile du Grand –Liban, rearticulees en mars 1921, se transformerent en deux escadrons libanais relevant du commandant de la Legion Syrienne. Ils etaient commandes et encadres par des officiers et des sous-officiers libanais avec quelques grades francais dont la mission se limitait a donner des conseils techniques.
La gendarmerie s’etait vu augmenter en nombre pour devenir une force effective de maintien de l’ordre et de la repression du brigandage. Ses effectifs, repartis sur la totalite du territoire sous mandat, atteignirent, au 1er janvier 1924, les nombres suivants :
Etat : Officiers : Gendarmes : Total :
Grand –Liban : 44 1070 1114
Damas : 86 900 986
Alep : 24 629 653
Alexandrette: 4 151 155
Alaouites : 11 197 208
Djebel Druze : 9 227 236
Total : 178 3174 3352
La gendarmerie du Grand –Liban joua, en fait, le role le plus important. D’où l’importance de son effectif.
En 1926, elle se composait comme suit :
Etat : Officier de gendarmerie sedentaire : Troupes de gendarmerie sedentaire : Officier de gendarmerie mobile : Troupes de gendarmerie mobile : Observations :
Etat du Liban : 40 1022 10 252 Non compris : 6 officiers et 3 sous-officiers francais.
Etat des Alaouites : 12 224 - - Non compris : 1 officier francais.
Etat de la Syrie : 61 1651 5 125 Non compris : 10 officiers et 15 sous-officiers francais.
Sandjak d’Alexandrette : 3 215 1 25 Rattache a la Syrie au point de vue commandement avec budget autonome.
NB : La gendarmerie du Djebel Druze, passee aux insurges en aout 1925, n’etait pas encore reconstituee en 1926.
Le service de gendarmerie fut assure par les escadrons des Troupes Suppletives.
Paragraphe B : Les milices :
Les milices constituaient des forces para-militaires organisees au Liban depuis 1864. Apres les regrettables evenements de 1860, le statut politique du Mont –Liban fut approuve en 1864. Ce statut interdisait l’acces de la montagne aux troupes ottomanes, sauf dans certaines circonstences exceptionnelles et sur requisition du Mutassarrif.
Les officiers etaient recrutes directement parmi les fils des familles notables. En souvenir de l’intervention francaise de 1860, l’uniforme des Zouaves fut adopte.
En 1915, les milices, placees sous le commandement d’un colonel de la 4e Armee ottomane, furent decomposees et offrirent plutot l’aspect d’une bande que d’une troupe reguliere.
Les autorites mandataires reorganiserent les milices a partir de fevrier 1920 afin de leur procurer la force necessaire pour participer, aux cotes des autres troupes du Levant, a la pacification des territoires sous mandat. Afin de leur donner le statut legal, le mandat pour la Syrie et le Liban mentionna dans son article numero 2 ce qui suit : « Le mandataire pourra, jusqu'à la mise en vigueur du statut organique et du retablissement de la securite publique, organiser les milices locales necessaires a la defense de ces territoires et les employer a cette defense ainsi qu’au maintien de l’ordre. Ces forces locales ne seront recrutees que parmi les habitants des dits territoires. Elles ne pourront etre utilisees a d’autres fins que celles enoncees ci-dessus, a moins que le mandataire ne l’autorise ».
Principes d’organisation :
1.Missions : Les milices libanaises et syriennes, constituees de fantassins et de cavaliers, etaient destinees au maintien de l’ordre hors des agglomerations urbaines, a la securite des voies de communication et a l’escorte des convois de prisonniers. Elles aidaient aussi a la perception des impots.
En general, les milices assuraient toutes les missions qui incombaient a la gendarmerie et que cette derniere ne pouvait pas remplir. Elles cooperaient enfin avec les troupes de la Legion Syrienne dans des operations militaires conventionnelles.
Les milices etaient a la solde des budgets locaux.
2.Organisation generale : Les milices etaient organisees comme suit :
a)Un etat-major residant a Beyrouth et commande par un officier francais, inspecteur des milices.
b)Par Sandjak : une formation, commandee par un officier francais et portant le nom du Sandjak, stationnait dans les differents cazas.
Les effectifs des milices se repartissaient de la facon suivante :
-a Lattaquie, 150 fantassins et 400 cavaliers.
-a Tripoli, 150 fantassins et 400 cavaliers.
-a Alexandrette, 100 fantassins et 400 cavaliers.
-a Saida, 200 cavaliers.
-les commandements de groupements : 120.
-les commandements de sections : 45.
-les commandants adjoints : 14.
Le total des milices s’elevait a 1979 miliciens.
3.Recrutement : Les miliciens s’enrolaient, sans aucune condition de duree d’engagement, parmi les vonlontaires civils, les legionnaires et les gendarmes liberes. Les candidats pour la milice a cheval amenaient eux-memes leur monture.
4.Encadrement et armement : Des officiers et sous-officiers, detaches des services administratifs et auxquels se joignaient parfois quelques grades auxiliaires, assuraient l’encadrement des milices. Les miliciens portaient un insigne distinctif, mais des tenues differentes.
Le mousqueton et la carabine constituaient l’armement des cavaliers et le fusil, celui des fantassins.
En conclusion, les unites de milices contribuerent a partir de 1920, aux cotes de la gendarmerie, au maintien de l’ordre. Mais, a partir de 1921, elles commencerent a disparaître progressivement au fur et a mesure de l’organisation de la Legion Syrienne et de la gendarmerie des Etats sous mandat.
Section 11.6 : Valeur militaire des Troupes du Levant :
La difficulte de motiver les legionnaires et les auxiliaires libanais et syriens se repercutait aussi sur leurs valeurs respectives. Les elements des escadrons druzes, bien convaincus de la necessite de mettre fin a la revolte du Djebel qui durait depuis longtemps et qui ne faisait que ruiner les villages et les recoltes, donnerent pleine satisfaction aux officiers francais qui les commandaient ainsi qu’au commandement francais du Djebel.
Les bataillons des chasseurs du Liban, acquis a la bonne cause, etaient d’une valeur militaire incontestable.
Paragraphe A : La Legion Syrienne et les Troupes Auxiliaires :
La valeur generale de la Legion Syrienne et des Troupes Auxiliaires du Levant etait bonne surtout pour mener des operations face a un ennemi bien organise. Les unites de la Legion Syrienne etaient moins solides au combat que les troupes francaises et que les Troupes Suppletives dont la formation repondait plus aux exigences de maintien de l’ordre et a la nature des terrains d’operation de la region.
Paragraphe B : Les Troupes Suppletives :
Les Troupes Suppletives formaient le moyen de repression le plus energique parce qu’elles employaient les memes methodes de combat que les bandes qu’elles devaient reduire.
Formees de plusieurs ethnies, armeniens, libanais, tcherkess, kurdes, druzes et d’autres minorites de la region, elles constituaient, au sein de l’Armee du Levant, des unites d’elites poussees en avant-garde dans les operations menees. C’est ainsi que le rapport du mandataire de l’annee 1926, a la SDN, statua que : « Les Forces Suppletives sont des formations de volontaires. Leur organisation, amorcee en 1925, a ete tres activement poussee. On leur doit une action tres brillante et tres utile au cours des operations de l’armee en 1926 ».
Le general Andrea sentit, lui aussi, la satisfaction des Troupes Suppletives, qu’il decrivit comme suit : « Troupes d’elite qu’il faut juger sur les resultats obtenus, sans chercher a analyser les moyens employes, lesquels ne sont d’ailleurs que la replique de ceux en usage chez un adversaire brutal et san pitie ».
En fait, la plupart des unites de ces troupes, chasseurs du Liban et escadrons legers du Levant, avaient ete decorees suite a leur distinction au combat.
Paragraphe C : Les Troupes Speciales :
La qualite et la valeur des Troupes Speciales du Levant etaient, dans l’ensemble, satisfaisantes malgre le grand nombre des officiers et sous-officiers indigenes qui assuraient leur encadrement. Les officiers avaient une bonne formation militaire grace aux efforts de l’ecole militaire. Les sous-officiers commencerent, a partir de 1930, a mieux s’adapter dans les unites de l’Armee du Levant et a s’impregner des traditions militaires francaises.
Paragraphe D : La gendarmerie :
La gendarmerie, en contact direct avec la population d’où elle provenait, paraissait des 1920, comme une force d’une valeur moyenne qu’il fallait appuyer par les autres unites de l’Armee du Levant en cas de troubles un peu etendus. Elle etait tres liee a la population et posait des problemes de loyaute aux autorites francaises.
C’est ainsi que la gendarmerie du Djebel Druze, passee aux insurges en aout 1925, fut remplacee, a partir de cette date, par les escadrons druzes dans les operations de police.
A partir de 1926, d’appreciables progres furent realises dans le domaine du maintien de l’ordre. La repression se faisait mieux et le brigandage plus efficacement reprime. L’action preventive et repressive de la gendarmerie se traduisit par de bons resultats.
Conclusion :
En conclusion, la valeur des Troupes du Levant etait satisfaisante et en voie d’amelioration, comme le resumait le rapport des autorites mandataires de 1926, transmis a la SDN : « Les Troupes indigenes dans l’ensemble ont deja fait leurs preuves et montre qu’elles etaient adaptees aux besoins de la situation. Il reste, dans l’avenir, a developper leur organisation, augmenter leur nombre, constituer des cadres indigenes plus nombreux, enfin a leur donner la cohesion et les traditions militaires necessaires ».
Quatrieme Titre :
Les operations de la Legion d’Orient et des Troupes Auxiliaires (1920-1926) :
-Les effectifs de l’Armee du Levant diminuerent progressivement apres 1920 pour atteindre le nombre de 15000 combattants en 1925. Durant cette meme periode, les troupes locales augmenterent pour atteindre 7000 en 1924.
Les contingents locaux, connaissant le terrain ainsi que la mentalite des insurges et pouvant s’adapter facilement aux circonstances climatiques de la region, etaient appeles a jouer un role de plus en plus important dans les operations de pacification et de maintien de l’ordre dans leurs pays.
Chapitre 12 : Les Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans les territoires sous mandat :
Section 12.1 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat du Grand –Liban :
Paragraphe A : Generalites :
L’Etat du Grand-Liban fut cree par l’arrete du 1er septembre 1920 et proclame a Beyrouth au cours d’une ceremonie solennelle. C’est le general Gouraud qui declara sa creation en presence du Patriarche maronite et du Mufti, seuls assis a ses cotes, ainsi que d’autres chefs religieux et d’une foule enorme, sur le perron de sa residence dans la foret des pins a Beyrouth. Il annonca cet evenement historique comme suit : « Au pied de ces montagnes majestueuses qui ont fait la force de votre pays, en demeurant le rempart inexpugnable de sa foi et de ses libertes.
Au bord de la mer legendaire qui vit les triremes de la Phenicie, de la Grece et de Rome, qui porta par le monde vos peres a l’esprit subtil, habiles au negoce et a l’eloquence et qui, par un heureux retour, vous apporte la consecration d’une grande et vieille amitie et le bienfait de la paix francaise.
Par devant tous ces temoins de vos espoirs, de vos luttes et de votre victoire, c’est en partageant votre fierte que je proclame solennellement le Grand –Liban, et qu’au nom de la Republique francaise, je le salue, dans sa grandeur et dans sa force, du Nahr el –Kebir, aux portes de la Palestine, et aux cretes de l’Anti –Liban ».
Le Grand –Liban avait pour capitale Beyrouth et etait divise en 4 sandjaks, gouvernes par des Moutessarifs [Les 4 sandjaks couvraient respectivement le Liban Nord avec Zghorta, le Liban Sud avec Saida, le Mont-Liban avec Baabda, la Bekaa avec Zahle, pour chefs-lieux] et forme de 11 cazas, de 35 Moudiriehs, respectivement diriges par des Caimacams et des Moudirs et de deux municipalites autonomes a Beyrouth et a Tripoli. La population s’elevait en 1925-1926 a 597789 habitants.
Un conseil representatif, de composition communautaire, fut elu en mars 1922. Il groupait parmi ses 15 membres, des representants de 6 communautes dirigeantes : 6 maronites, 3 grecs-orthodoxes, 1 grec-catholique, 2 sunnites, 2 chiites et 1 druze.
Le 25 mai de la meme annee, Habib Pacha Saad fut elu president du conseil. Le nouveau haut-commissaire, le general Sarrail, proceda a de nouvelles elections en juillet 1925. Le nouveau conseil donna naissance a la premiere chambre de deputes du Liban en assistant a la creation de la Republique Libanaise, le 23 mai 1926 et en choisissant Charles Debbas comme premier president de cette republique.
Le Liban fut l’Etat du Levant le plus souple aux conseils de la puissance mandataire et qui, en 8 ans, avait presque atteint l’autonomie sous l’egide du mandat.
Paragraphe B : Les foyers troubles :
Le Liban qui vecut des evenements confessionnels notamment en 1860 et dont une grande partie favorisa la collaboration avec la France comme puissance mandataire, conserva aussi plusieurs voies d’objection. A cote des chretiens du Liban et surtout des maronites, favorables a la France, des mouvements contre le mandat s’esquisserent a l’etranger et particulierement au Caire ou les anciens collaborateurs de l’Emir Faycal, musulmans et chretiens, poursuivaient leur reve, brise a Meisseloun, de l’arabite unifiante. D’autres mouvements se manifesterent en Europe et en Amerique. La masse musulmane du Liban s’etait installee dans son negativisme absolu a l’egard du mandat.
Les Nationalistes arabes manifesterent contre la creation du Grand-Liban par l’annexion des 4 Cazas et des villes cotieres [Les territoires rattaches au Grand-Liban etaient (par arretes numero 299 et 318) :
a)Les cazas de Baalbeck, Bekaa, Rachaya, Hasbaya.
b)Les parties du Wilayet de Beyrouth ci-dessous indiquees :
-le sandjak de Saida, moins la partie attribuee a la Palestine (Safad).
-le sandjak de Beyrouth.
-La partie du Sandjak de Tripoli comprenant les cazas du Akkar, de Tripoli et la partie du caza de Hosn al-Akrad, situee au Sud des limites Nord du pays], de peur que leur adherence a un Etat libanais, domine par les chretiens, ne puisse les isoler pour toujours du monde arabe islamique. Ils resisterent a la presence militaire francaise et revendiquerent leur rattachement a l’Etat de Syrie.
En plus, la lutte pour l’independance, menee en Syrie, entraina quelques remous a Beyrouth et a Tripoli. Les leaders sunnites, a part quelques figures, refuserent la collaboration avec les autorites mandataires au sein du gouvernement libanais durant la periode du mandat.
« Seule Tripoli, ecrivit Edmond Rabbath, s’animait de temps en temps a l’occasion d’un incident, sous la conduite de ses chefs locaux, Abdul Hamid Karame et le Docteur Abdul Latif Bissar. Le mandat etait passe maitre de l’art qu’il avait mis en pratique d’en detacher quelques figures, plus ou moins representatives, a qui il confiait des fonctions de gouvernement ou de postes dans l’administration ».
Cette attitude de refus collectif crea au Liban et surtout dans les regions nouvellement jointes un climat de tension qui se transformait parfois en troubles.
Un autre foyer de perturbation fut cree par les repercussions des evenements et des insurrections syriennes et druzes sur le pays, vu le rapprochement et les parentes des populations des deux Etats. Camille Chamoun ecrivit a ce propos : « Des bandes armees, payees par Damas, se mirent a parcourir le Chouf. Les passants etaient devalises ou assassines pour la simple raison qu’ils appartenaient a une communaute religieuse differente. L’enjeu etait clair : créer dans la Zone Ouest un etat chaotique. Un des moyens d’y parvenir etait d’exciter les rivalites et les passions confessionnelles toujours prets a s’enflammer. Dans les provinces du Nord qui longent les frontieres syriennes, des incidents de meme nature troublaient la paix des citoyens ».
C’est ainsi que le territoire du Grand-Liban connut quelques evenements et troubles, notamment en 1925. Mais les operations qui seront traitees dans ce chapitre auxquelles prirent part les troupes libanaises.
Dans le cadre du maintien de l’ordre, la 23e Compagnie Libanaise stationna, des 1918, a Baabda et detacha une section de 30 hommes a Beiteddine pour surveiller ces regions. La 20e Compagnie detacha aussi, a partir de decembre, un poste a Batroun afin d’y tenir garnison et y executer les missions de police.
Des 1918, des operations de police furent effectuees egalement dans les regions de Zahle, Saida et plus specialement au Sud du Liban ou la securite des villages chretiens etait menacee.
Pour mener ces operations, le general Hamelin constituait des colonnes mobiles, en rassemblant tous les elements dont il pouvait disposer, afin de montrer a la population l’uniforme francais.
Les plus fameuses colonnes auxquelles participerent les unites libanaises furent celles du Liban-Sud.
Paragraphe C : Colonne du Liban Sud :
La colonne du Liban-Sud, organisee durant les premiers jours de 1919, recut la mission d’exhiber la presence francaise dans la region et d’y combattre l’action cherifienne. Sous les ordres du capitaine Recoura, elle groupait :
-4 sections d’infanterie dont une du bataillon syrien.
-1 peloton de cavalerie.
Partie de Beyrouth, le 11 janvier, elle traversa Aley, Deir el-Kamar, Baakline, Djedeide Marjayoun et revint par Nabatiyeh, Tyr, Saida pour rentrer a Beyrouth le 3 fevrier.
Cette colonne fut acceuillie avec enthousiasme et chaleur dans les villages maronites [en fait, plusieurs villages chretiens du Sud et du Chouf manifesterent le desir de voir les troupes francaises stationner dans leur village] et avec hospitalite mais froideur dans les villages druzes. Elle obtint un resultat beaucoup plus important que son volume, surtout dans le domaine du rapprochement entre les autorites francaises et la population du Liban Sud.
Paragraphe D : Defense du Houleh et du Liban Sud :
Le 17 octobre 1919, et suite aux incursions druzes venant du Hauran a travers l’Hermon et menacant les habitants du Houleh et de Marjayoun, un village fut pille. L’escadron libanais de Djedeide ainsi que la gendarmerie locale procederent a la defense des autres villages que les insurges tenterent de piller, en attendant l’arrivee d’une demi-compagnie du 415e Regiment d’infanterie. Ces unites, groupees, chasserent les bandes de la region.
Durant les mois de mai-juin 1920, des troubles confessionnels anti-chretiens, provoques par des bandes bedouines venues du territoire de l’Est, eclaterent dans les regions de Saida, Tyr et Marjayoun. Bent-Jbeil, Houleh et beaucoup d’autres villages furent menaces.
Deux colonnes, ne comprenant aucune unite locale, furent organisees et envoyees.
Le 15 juin, une attaque de bandes, estimees a 7000 combattants, se declencha contre les villages de Djedeide, el Khirbeh, el Kleat et Deir Mimas. Les gendarmes libanais, aides par la population locale, resisterent jusqu'à l’arrivee des renforts francais le 20 juin 1920.
Mais a partir de juillet, la situation se calma au Liban Sud dans l’attente du resultat de la campagne menee contre le gouvernement cherifien de Damas. Apres le delogement de ce dernier, le service de police fut organise dans cette partie du pays, a partir du mois d’aout, comme suit :
-a Rachaya : 80 miliciens et un escadron du Levant ;
-a Tyr : la premiere compagnie de la Legion Syrienne (composee de libanais) ;
-a Saida : la 3e Compagnie et l’escadron libanais.
Paragraphe E : Desarmement de la population :
Durant l’annee 1921, les operations au Liban se bornerent au maintien de l’ordre limite et aux missions journalieres de police, chaque unite travaillant dans sa region de stationnement, sans aucune operation d’envergure. Cette annee-la, les foyers de troubles et d’insurrections s’etaient deplaces vers l’Etat des Alaouites.
A la fin de cette annee, les zones de responsabilites de la Legion Syrienne furent reparties comme suit :
-a Beyrouth : Une compagnie plus trois sections. Un escadron.
-a Tripoli : Un demi-escadron.
-a Baalbeck : Un demi-escadron.
-a Tyr : Une section d’infanterie.
-a Marjeyoun –Hasbaya : Un escadron.
Les troupes libanaises participerent aussi aux operations qui aboutirent au desarmement des villages du Liban en 1923 et 1924, chacune dans son secteur de responsabilite. Pendant ces operations, 18626 fusils, 6674 revolvers et 647484 cartouches furent confisquees a la population.
Paragraphe F : Defense de Rachaya :
En novembre 1925, un danger imminent surgit dans la partie Est de l’Etat du Liban et surtout contre la population chretienne et les troupes francaises. La rebellion du Djebel Druze s’etendit a la region du Mont-Hermon, de Rachaya et de Hasbaya, menacant le Chouf, theatre des massacres de 1860.
Hasbaya tomba entre les mains des druzes qui assiegerent avec 4000 combattants la garnison de Rachaya, tenue par 2 escadrons de spahis et 1 detachement de 100 gendarmes libanais. Cette garnison resista heroiquement, en infligeant 400 tues a l’ennemi jusqu'à l’arrivee des 3 colonnes francaises qui, le 24 novembre, debloquerent le siege, reconquirent Hasbaya, chasserent les insurges et delivrerent la region Sud-Est du Liban.
Paragraphe G : Operations de maintien de l’ordre en 1926 :
Au mois de fevrier 1926, 53 gendarmes libanais prirent part dans une operation de nettoyage des villages de Habite, Zeboud, Khrabite, Herbeta et Leboueh, situes au Nord de Baalbeck, ainsi que dans la destruction d’une bande armee qui menacait la voie ferree Rayack-Homs.
Durant ce meme mois, le 1er Bataillon des chasseurs du Liban, forme le 25 janvier 1926, participa, apres une breve periode d’instruction, a la colonne Lefort, chargee de nettoyer la region de Rachaya, Yenta et Sultan Yaacoub, terrorisee par la bande druze de Chekib Wahab.
Le 23 fevrier, la 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban, escortant un convoi pour Rachaya, fut attaquee pres de Jib-Jannine. Apres un violent combat qui dura 4h, le convoi fut sauve et la bande ennemie mise en fuite. La jeune unite, a son bapteme du feu, se comporta comme une vieille troupe aguerrie.
Au mois de mars, un detachement francais escortant vers Rachaya le commandant Roussel qui devait prendre le commandement du 3e Bataillon du 4e Regiment de tirailleurs, fut attaque et massacre a Nedoha. Une operation fur organisee afin de pacifier la region et de reduire la bande rebelle. Elle groupait :
-Un bataillon et deux compagnies de tirailleurs.
-Un escadron de la Legion etrangere.
-Un groupe d’escadrons Tcherkess.
-La 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban.
Ces elements accrocherent la bande et la disperserent pres de Jib-Jannine en lui infligeant 40 tues et 50 blesses.
Pacification de Mejdel Chems :
Au debut d’avril, deux colonnes, sous les ordres du colonel Clermont-Grancourt, recurent la mission de nettoyer l’Hermon-Sud, dans la region de Mejdel-Chems. La 1e Compagnie du 1er Bataillon des chasseurs du Liban y prit part. Le 2 avril, apres de violents combats pousses jusqu’au corps a corps, cette compagnie enleva son objectif, contribuant ainsi au succes de l’attaque finale qui aboutit a la prise de Mejdel Chems et a la pacification de la region. Cette attitude lui avait valu une citation avec croix de guerre.
Au mois de mai, une grande operation d’envergure fur projetee afin de detruire la bande Jaffar et ses partisans qui menacaient les lignes de communication Homs-Tripoli en s’installant sur les collines d’Akroum (au Nord du Liban et pres des frontieres syriennes).
A cette operation, montee par deux bataillons d’infanterie, deux escadrons de cavalerie, une section d’artillerie et quelques vehicules blindes, se joignit le 2e Bataillon des chasseurs du Liban, ainsi que les partisans, les gardes mobiles de la region et les gendarmes du Liban-Nord.
Le bataillon libanais, venant du Hermel, fut attaque par une bande d’environ 1000 fusils. Se trouvant dans une situation critique, il riposta violemment et parvint a se replier en bon ordre, apres un combat de plusieurs heures.
Le mois suivant, la 5e Compagnie prit part avec la colonne Marty, aux operations qui aboutirent a la pacification de la region.
Le combat de Falouze :
Durant le meme mois, un detachement de 65 soldats des 2e et 6e Compagnies du 1er Bataillon des chasseurs du Liban, escortant sous les ordres du lieutenant Bairben, un convoi qui se rendait de Mejdel Anjar a Rachaya, fut attaque, a l’entree des gorges de Falouze, par une force estimee a 250 rebelles qui essaya de l’encercler. Le detachement recut l’ordre de se retirer. Ses echelons successifs tinrent l’ennemi en respect et parvinrent a se degager avec des pertes minimes (un caporal et un chasseur tues).
Paragraphe H : Conclusion des operations au Liban :
Les operations de maintien de l’ordre au Liban se deroulerent, de 1920 a 1926, parfois contre des insurges locaux ou des bandes libanaises, mais souvent contre un ennemi venant de la Syrie ou du Djebel Druze.
Vers la fin de l’annee 1926, et suite aux echecs des insurges du Djebel Druze, les operations d’envergure cesserent au Liban pour donner place a celles de police, confiees au gouvernement local, avec la possibilite d’intervention d’unites de l’armee. Mais malgre les tentatives des rebelles pour dissimuler les succes remportes par les troupes francaises, l’autorite du mandataire semblait s’affermir vers la fin de l’annee 1926.
En plus des manœuvres militaires, les bataillons des chasseurs du Liban participerent aux activites de travaux publics et specilament a l’entretien du reseau routier, la construction de routes [Les routes construites etaient les suivantes : -1er Bataillon : Hasbaya-Rachaya, Nakoura-Adeisseh, Djezzine-Machgara.
-2e Bataillon : Baalbeck-Sergaya, Rachaya-Karaoun, Andket-Tel Kalakh] et de pistes et l’etablissement de lignes telephoniques, notamment entre Dahr e-Baidar –Damas et Saida –Kuneitra, rendant au sein de l’Armee du Levant d’importants services a la jeune Republique Libanaise. Ils tracerent par leur travail une tradition qui jalonnait l’histoire de l’armee libanaise contemporaine jusqu'à nos jours ; la participation aux œuvres humanitaires et d’assistance publique. Cette armee participa a beaucoup de projets de constructions de routes, de chemin de fer et d’utilite generale. En plus, elle fut presente dans toutes les regions sinistrees du pays, aidant aux operations de sauvetage et a la reconstruction.
Section 12.2 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat des Alaouites :
Paragraphe A : Description de l’Etat des Alaouites :
Paragraphe B : Les colonnes mobiles :
Paragraphe C : Les operations de pacification :
Section 12.3 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre dans l’Etat de Syrie :
Paragraphe A : Le contexte politique et militaire :
-Le contexte politique de la Syrie, a la fin de la Premiere Guerre mondiale, etait defavorable a l’occupation et au mandat francais et domine par un desir ardent d’independance et d’unite avec le Grand Liban et la Palestine.
Paragraphe B : Les difficultes d’occupation de la Syrie :
Paragraphe C : Colonne de Kuneitra :
Paragraphe D : Extension de l’implantation vers le desert :
Paragraphe E : Operations au Nord de la Syrie :
Couverture de la voie ferree Alep-Hama :
Colonne mobile de l’Oronte :
Paragraphe F : Insurrection de Damas :
Paragraphe G : Role des escadrons legers au Nord de la Syrie :
Section 12.4 : Role des Troupes du Levant dans le maintien de l’ordre et la pacification du Djebel Druze :
Paragraphe A : Le pays et les habitants :
Paragraphe B : Causes des troubles :
Paragraphe C : Debut de la revolte de 1925-1926 :
Paragraphe D : Massacre du detachement Normand :
Paragraphe E : La colonne du general Michaud :
-« Soultan al-Atrache, ecrivit Chamoun, devint le chef de guerre inconteste dont le nom allait rallier aux druzes du Djebel les syriens de Damas et d’Alep et meme certains secteurs du Liban, notamment les montagnes du Akkar et de Tripoli dans le Nord, les regions de Hasbaya et de Rachaya dans le Sud ».
Paragraphe F : La colonne Gamelin et le degagement de Soueida :
Paragraphe G : La pacification du Djebel Druze :
Conclusion generale :
-L’histoire de l’armee libanaise contemporaine fut liee etroitement aux efforts des autorites francaises du Levant qui se concretiserent par la formation de la Legion d’Orient en 1916. En fait, la necessite de former cette Legion s’etait faite sentir pares l’extension de la Premiere Guerre mondiale au Moyen-Orient. A partir de ce moment, les puissances europeennes se mirent d’accord sur les modalites de morcellement de l’Empire ottoman. Le Liban, la Cilicie et une partie de la Syrie echouerent dans la Zone Bleue d’influence francaise.
-L’organisation des Troupes Auxiliaires du Levant composees des libanais et syriens continua. Malgre les difficultes ressenties, entre autre la propagande des Nationalistes arabes, ces troupes avaient pu etendre leur composition pour devenir une force militaire de valeur.
-Les unites les plus fameuses etaient les Troupes Suppletives organisees a partir de 1925 et qui groupaient les bataillons des chasseurs du Liban et les escadrons legers. Ce sont les unites qui donnerent la plus grande satisfaction aux autorites francaise du Levant.
-Les bataillons des chasseurs du Liban et les escadrons druzes, bien motives et prepares, possedaient une certaine discipline militaire, leur procurant l’immunite necessaire pour permettre au commandement francais de les employer dans toutes les operations projetees et meme dans la neutralisation des insurrections de leurs coreligionnaires et dans la pacification des regions d’où ils provenaient.
C’etait dans ce domaine que les Chasseurs du Liban donnerent le plus grand rendement. D’ailleurs, leur composition en troupes legeres et mobiles leur procura une nette superiorite dans la lutte contre les bandes des insurges reputees par leur vitesse d’intervention et de dispersion. Leur connaissance du terrain, de la population et des methodes de combat des rebelles, invita le commandement francais a profiter de leur superiorite dans ces domaines pour les melanger aux autres troupes du Levant dans toutes les colonnes planifiees et executees dans la region. Ces troupes dites suppletives, etaient toujours envoyees en avant-garde des colonnes de pacification et d’intervention.
C’etait de cette facon qu’elles donnerent le plus grand rendement dans leur emploi.
Epilogue :
L’organisation des armees nationales et notamment au Liban qui refletait l’image francaise, attribua a la France une influence militaire marquante.
Des specialistes francais furent charges de contribuer a la reorganisation de l’armee libanaise en 1977 et en 1982 et toutes les fois que le cas s’etait presente. Ceci procura a l’industrie francaise d’armement des marches stables, fixes et surs pendant une longue periode, contribuant ainsi au developpement de l’economie du pays.
L’influence et l’amitie francaise continuerent enfin a regir les relations franco-libanaises grace aux officiers bien impregnes des traditions militaires et qui jouerent des roles parfois politiques sur la scene libanaise.
Pour le Liban, l’œuvre militaire du mandat etait tres importante pour son developpement.
Ses resultats peuvent etre consideres sur deux plans :
-les resultats directs.
-les resultats a long terme.
A court et moyen terme, le commandement francais contribua a la formation et a l’organisation des unites de l’armee libanaise si bien qu’en 1945, l’armee de l’independance etait composee de :
-l’ecole militaire ;
-3 bataillons des chasseurs du Liban ;
-1 bataillon de cavalerie comprenant 1 escadron leger et 1 escadron de chars et d’auto-blindes ;
-1 compagnie de genie et de transmission ;
-1 compagnie de transport ;
-1 compagnie de pompiers.
Le colonel Fouad Chehab, nomme commandant en chef de l’armee, continua la tache avec beaucoup de devouement, de loyaute et de courage. Il fut guide par son souci personnel de l’equilibre interieur communautaire au sein de l’armee et, plus tard, de l’Etat. Il se heurta, durant les premieres annees, a des difficultes provenant du fait que la plupart des officiers superieurs libanais etaient d’origine chretienne et surtout maronite [En fait, la plupart des officiers musulmans formes par les Troupes du Levant etaient d’origine syrienne. Ils rejoignirent, apres l’independance, les formations militaires syriennes].
L’influence francaise etait marquante dans l’histoire de l’armee libanaise dans les domaines suivants :
a)La langue francaise qui demeura la langue officielle de l’armee durant une longue periode transitoire.
b)Les reglements des services interieurs, de garnison et de campagne qui sont toujours en vigueur au sein de l’armee.
c)Les systemes de promotion, de decoration et de mutation.
d)Les doctrines strategiques, tactiques et logistiques.
e)Les tenues et les insignes.
f)Toute l’infrastructure et les casernes du Liban, construites par les francais.
g)La culture, les traditions, la formation, l’instruction et les methodes de travail et de pensee qui furent profondement implantees dans les esprits des officiers libanais.
En plus des realisations purement militaires, le Liban profita du dynamisme et des possibilites des contingents militaires du Levant pour la propagation de la civilisation, de la culture et des œuvres d’assistances publiques et humanitaires vers des regions tres eloignees.
L’influence francaise etait durable et profonde. Les traditions militaires qui s’etaient implantees dans l’armee, regissent toujours ses rangs et ses cadres. Les officiers libanais sont formes jusqu'à aujourd’hui a l’image francaise. Chaque annee, plusieurs d’entre eux poursuivent leurs etudes de specialisation dans les ecoles francaises. En 1982, 120 sous-lieutenants libanais furent envoyes en France pour suivre des cours dans les ecoles militaires d’application a Montpellier, Saumur, Chalons-Sur-Marne, Tours,… D’autres sont detaches actuellement pour suivre des cours d’etat-major, d’intendance militaire et des hautes etudes strategiques a Paris.
Dans la meme politique de formation et d’instruction, plusieurs officiers francais enseignent toujours dans les ecoles militaires libanaises et surtout dans l’ecole des officiers et le college de commandement et d’etat-major. Des specialistes mettent leurs experiences et connaissances a la disposition de l’armee libanaise pour resoudre les problemes de reorganisation.
Dans le domaine de l’armement, cette armee etait equipee depuis toujours par des armes francaises. En plus de la gamme d’armes legeres, des canons de 105 mm et de 155 mm, des auto-mitrailleuses Panhard, des missiles antichars SS-10, SS-11, ENTAC et MILAN, les premiers chars de combat qui debarquerent a Beyrouth en 1982, destines a l’armee libanaise, etaient les AMX-13 francais.
-En conclusion, l’armee libanaise, amorcee par le commandement francais durant la periode du mandat, descendante de la Legion d’Orient, de la Legion Syrienne, des Troupes Auxiliaires, Suppletives et Speciales du Levant et reorganisee plusieurs fois, apres l’independance, avec le concours des specialistes francais, joua un role marquant dans l’histoire recente du pays.
Jusqu’en 1958, cette armee fut eloignee de la politique grace aux soins du general Fouad Chehab. A partir de cette date, elle commenca a jouer un role tres efficace dans le developpement du Liban. En 1962, elle avorta facilement une tentative de coup d’Etat. En 1969 et 1973, elle domina les situations de troubles et d’emeutes generalisees. Mais, face a un ennemi superieur en nombre et tres bien equipe, elle s’etait trouvee incapable de stopper les invasions venant de l’exterieur. En fait, l’armee libanaise avait ete formee par les francais, puis par les responsables libanais pour assurer la stabilite et l’equilibre interieur du pays en plus de sa mission frontaliere.
Elle avait accompli cette mission avec succes jusqu’au jour ou les pressions et les interventions exterieures introduisirent un nouveau facteur dans les troubles internes, facteur devant lequel cette armee s’etait trouvee neutralisee.
Aujourd’hui, elle continue a lutter avec acharnement, dynamisme et loyaute sous le commandement du dynamique general Ibrahim Tannous et aux cotes des armees amies, pour redresser la situation au profit de la legalite et liberer le pays de la presence des armees etrangeres.
Annexe 1 : Texte de proclamation de la Guerre Sainte :
Annexe 2 : Les armees en presence sur le theatre d’operations du canal de Suez-Palestine :
Annexe 3 : Tableau de stationnement des grandes unites ottomanes a la mobilisation :
Annexe 4 : Effort militaire germano-autrichien en Turquie (chronologie) :
Annexe 5 : Armees ottomanes d’Egypte et de l’Arabie :
Annexe 6 : Ordre de mission du commandant du Detachement Français de Palestine (DFP) :
Annexe 7 : Changement de denomination du DFP :
Annexe 8 : Composition du DFPS :
Annexe 9 : Composition des TFL (fevrier 1919) :
Annexe 10 : Accord du gouvernement anglais :
Annexe 11 : Creation de la Legion d’Orient :
Annexe 12 : Noms des libanais de la Legion d’Orient :
Annexe 13 : Role glorieux joue par le contingent armenien :
Annexe 14 : Tableaux indiquant les compositions de la Legion Syrienne par ethnies et par religions en 1924-1926 :
-1/1/1924 : 390 libanais.
-1/7/1924 : 355 libanais.
-31/12/1924 : 291 libanais.
-1/1/1926 : 291 libanais.
-1/7/1926 : 290 libanais.
-31/12/1926 : 228 libanais.
Annexe 15 : Tableau d’effectifs de la Legion d’Orient :
Annexe 16 : Acte d’engagement pour la Legion d’Orient :
Annexe 17 : Engages volontaires armeniens (janvier 1917) :
Annexe 18 : Modele du certificat de resiliation d’engagement a la Legion d’Orient :
Annexe 19 : Legion d’Orient, recrutement :
Section musulmane numero 214 :
Affaires musulmanes :
Al Ittihad al-Lobnany (L’Union Libanaise) numero 259-Buenos Aires, le 23 avril 1918.
A ceux qui desireraient s’engager. Le Comite de l’Union Libanaise avise tous ceux qui lui avaient ecrit par le passe pour demander a s’engager, qu’il a commence a envoyer, a ses frais, des volontaires a la Legion Orientale a Chypre.
Il les prie de lui faire savoir s’ils sont toujours decides a s’engager et demande aux syriens-libanais qui resident a l’interieur de l’en prevenir au prealable afin que le Comite s’occupe de leur transfert a Buenos Aires et prepare ce qu’il leur faut pour leur depart.
Chaque volontaire sejournera ici aux frais du Comite jusqu’au jour de son depart et rien ne sera neglige a son arrivee pour pourvoir a ses besoins materiels.
Il y a deja un groupe de jeunes volontaires qui attendent de partir et nous sommes convaincus qu’un grand nombre d’autres volontaires ne tarderont pas a venir grossir ce groupe.
Le nombre des volontaires syriens-libanais du Bresil et des Etats-Unis se trouvant actuellement a Chypre s’eleve a plusieurs centaines ; celui des volontaires armeniens atteint des milliers. Ce serait donc une honte, pour nous, syriens-libanais de la Republique Argentine que de montrer dans l’accomplissement de ce devoir patriotique, un zele et un devouement inferieurs a ceux des autres republiques.
Annexe 20 : Solde et indemnites des legionnaires :
Annexe 21 : Les bases logistiques francaises:
2e Division : -Beyrouth.
3e Division : -Beyrouth.
-Bases secondaires : Tripoli, Nabatiye.
Annexe 22 : Effectifs de la Legion au 1er decembre 1917 :
Annexe 23 : Situation d’effectif a la date du 1er mai 1918 :
Annexe 24 : Effectifs et composition :
Annexe 25 : Composition au mois de septembre 1917 :
Annexe 26 : Graphique de variation des effectifs de la Legion d’Orient (1916-1920) :
Annexe 27 : Effectifs a la date du 1er aout 1917 :
Annexe 28 : Constitution des bataillons en 1917 :
Annexe 29 : Tableau d’effectifs du peloton de 37 mm :
Annexe 30 : Envoi des troupes francaises dans la zone du littoral syrien :
Annexe 31 : Tableau de stationnement de la Legion d’Orient en 1919 :
-5 juillet 1919 : Legion Syrienne : etat-major+section hors rang+1e Compagnie : Beyrouth.
-5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 3e Compagnie, 1e Section : Beyrouth.
-5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 1e Section de la 3e Compagnie : Beiteddine.
-5 juillet 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.
-23 octobre 1919 : Legion Syrienne : etat-major+3e Compagnie : Beyrouth.
-23 octobre 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.
-Fin 1919 : Legion Syrienne (lieutenant-colonel Jean) : Section hors rang : Beyrouth.
-Fin 1919 : Legion Syrienne : 3e Compagnie : Beyrouth.
-Fin 1919 : Legion Syrienne : 4e Compagnie : Baabda.
Annexe 32 : Composition de la Legion d’Orient (1916-1920) :
Annexe 33 : Population des Etats sous mandat en 1925-1926 :
Etat du Grand-Liban :
-musulmans sunnites : 122678.
-musulmans dissidents : 142090.
-chretiens catholiques : 220203.
-chretiens non catholiques : 73828.
-Total : 558799.
-Beyrouth : 150000 habitants.
Annexe 34 : Les regions strategiques au Moyen-Orient :
-Liban : 3e rang d’importance strategique.
-Caracteristiques : *regions de montagnes separees par une vallee (Bekaa).
*cote favorable au debarquement.
-Points capitaux : *ports.
*Mont-Liban.
*Anti-Liban.
*Passage de la Bekaa.
-Interets pour les ottomans : *ligne de defense constituant une 2e ligne.
*pression sur les Allies (asservissement des chretiens).
*voies de communications.
-Interets pour les allies : *s’emparer des hauteurs strategiques et du passage de la Bekaa.
*s’emparer du port de Beyrouth.
*favoriser des actes de subversion.
Annexe 35 : La dynastie hachemite :
Annexe 36 : Ordre d’operations numero 65 du 10 septembre 1918 :
Annexe 37 : Plainte de Gouraud contre les anglais :
Annexe 38 : Etat des soldes des auxiliaires de la Legion Syrienne :
Annexe 39 : Composition et stationnement des regiments d’infanterie libanais et syrien en juin 1921 :
-2e Regiment d’Infanterie : -Compagnie de depot de la Legion Syrienne : Beyrouth.
-2e Regiment d’Infanterie : 1er Bataillon : 1e Compagnie : Beyrouth.
-2e Regiment d’Infanterie : 1er Bataillon : 2e Compagnie : Beyrouth.
Annexe 40 : Tableaux d’effectifs des troupes auxiliaires du Levant :
Annexe 41 : Tableau d’effectifs de l’Ecole Militaire de Damas :
Annexe 42 : Composition des groupements d’unites auxiliaires au 24 novembre 1920 :
Groupement du Grand-Liban : -6e Compagnie.
-1er escadron auxiliaire du Grand-Liban
-2e escadron auxiliaire du Grand-Liban
Annexe 43 : Historique type du 25e Escadron Leger :
Annexe 44 : Historique type du 1er Escadron Druze :
Annexe 45 : Composition par ethnies et religions de la gendarmerie libanaise et syrienne au 1er janvier 1924 :
-Officiers du Grand-Liban : 1 turc, 1 armenien, 42 libanais=44 officiers.
-Troupes libanaises : 13 turcs, 1057 libanais=1070 hommes.
Annexe 46 : Population des Etats sous mandat en 1926 :
Liban :
-musulmans sunnites : 122678.
-musulmans chiites : 101737.
-chretiens maronites : 178257.
-chretiens grecs catholiques : 40414.
-chretiens syriaques : 622.
-chretiens chaldeens : 50.
-chretiens latins : 860.
-chretiens grecs orthodoxes : 69539.
-chretiens jacobites : 213.
-chretiens nestoriens : 90.
-chretiens protestants : 3986.
-chretiens catholiques et gregoriens : 32859.
-alaouites : 1413.
-druzes : 38940.
-israelites : 3372.
-divers : 2759.
-Total : 597789.
Annexe 47 : Liste des haut-commissaires francais :
Annexe 48 : Traduction de la lettre envoyee du village de Obeiy au general Gouraud :
A son Excellence le general Gouraud, commandant en chef.
« Nous venons par la presente, en notre nom et celui de nos concitoyens, vous informer de l’etat du pays en general et de notre region en particulier ou les parties se sont multipliees et les interets entremeles. Dieu vous avait inspire l’envoi a notre village Obeiy, de l’unite francaise connue sous le numero 242, de la 21e Division, reputee par la gentillesse, la prevoyance et l’experience de ses chefs. Ce dont son commandant et ses elements avaient fait preuve de sagesse, de courage et les diverses patrouilles envoyees, avait laisse un excellent effet dans nos cœurs et amena la tranquillite aux habitants et le repos a tout le monde. Aucun malheureux incident ne s’etait produit.
Nous avons appris que cette unite allait nous quitter bientôt, ce qui nous a pousse a envoyer la presente, vous conjurant de la laisser parmi nous, ou, s’il le faut, envoyer une autre unite francaise a notre village a la date et le lieu propice. La decision reste a vous.
Recevez nos respects les meilleurs,
13 fevrier 1920.
Signe par : le pretre Genadius Halaby, le cure Nehmet-Allah Khoury, Alexandre, Suleiman Kanaan et Youssef Kanaan, Rachid et Alexandre Khoury, Alexandre Azar et Ibrahim Charib.
Avec le tampon de la municipalite d’Obeiy.
Annexe 49 : Resultats du desarmement du Liban :
Annexe 50 : Requete presentee par la Delegation druze du Hauran a M. Tommy-Martin, gouverneur par interim du Djebel Druze :
Bibliographie :
-Les armees francaises dans la Grande Guerre ; AFGG ; avec un volume d’annexes et un volume de cartes ; Paris ; Imprimerie Nationale ; 1934.
-Les armees francaises au Levant (1919-1939) ; Tomes 1 et 2 ; De Hays ; SHAT ; Vincennes ; 1978-1979.
-Revue des Troupes Francaises du Levant (TFL) ; revue trimestrielle editee a l’atelier Typo des TFL a Beyrouth, les annees 1936 a 1939.
-General Andrea, ancien commandant de la region de Damas et ancien gouverneur du Djebel Druze ; La revolte druze et l’insurrection de Damas ; 1925-1926 ; Paris ; Editions Payot ; 1937.
-Raymond Aron ; Penser la guerre, Clausewitz ; Paris ; Editions Gallimard ; 1976.
-General Catroux ; Dans la bataille de Mediterranee, 1940-1944 ; Paris ; Rene Julliard ; 1949.
-Camille Chamoun ; Crise au Moyen-Orient ; Paris ; Editions Gallimard ; 1963.
-Dominique Chevallier ; La societe du Mont-Liban a l’epoque de la revolution industrielle en Europe ; Paul Geuthner ; 1982.
-Dominique Chevallier ; Villes et travail en Syrie du 19e au 20e siecle ; Paris ; Editions Maisonneuve et Larose ; 1982.
-Clausewitz ; De la guerre ; Paris ; Editions de minuit ; 1955.
-Comte De Gontaut-Biron ; Comment la France s’est installee en Syrie, 1918-1919 ; Paris ; Editions Plon ; Nourrit et Compagnie ; 1923 ; 3e edition.
-Adel Freiha ; L’armee et l’Etat au Liban ; Paris ; Editions Librairie Generale de Droit et de Jurisprudence ; 1980.
-Antoine Fattal ; Le statut legal des non-musulmans en pays d’Islam ; Beyrouth ; Imprimerie Catholique ; 1958.
-General Huntzinger, ancien commandant des Troupes du Levant ; Le libre d’or des Troupes du Levant, 1918-1936 ; Beyrouth ; traduit par Edouard Boustany ; 1938.
-Haut-Commissariat de la Republique Francaise en Syrie et au Liban ; La Syrie et le Liban en 1921 ; serie de conferences a la foire-exposition de Beyrouth ; Paris ; Emile Larose ; 1922.
-Commandant M. Larcher ; La guerre turque dans la Guerre mondiale ; Paris ; Etienne Chiron et Berger Levrault et compagnie ; 1926.
-Payeur de l’expedition Ernest Louet ; Expedition de Syrie, 1860-1861 ; Notes et souvenirs ; Paris ; Amyot ; 1862.
-Pierre Lyautey ; Gouraud ; Paris ; Editions Juillard ; 1949.
-Frederick Myatt ; Encyclopedia Elsevier des armes legeres ; Bruxelles ; Sequoria Elsevier ; 1979.
-Raymond O’Zoox ; Les Etats du Levant sous mandat francais ; Paris ; Editions Larose ; 1931.
-Franz Von Papen, chef du bureau operations en Palestine ; Memoires ; traduit de l’allemand par Max Roth ; Paris ; Editions Flammarion ; 1953.
-Edmond Rabbath ; La formation historique du Liban politique et constitutionnel ; Beyrouth ; Publications de l’Universite Libanaise ; 1973.
-Rene Ristelhueber, consul de France ; Les traditions francaises au Liban ; Paris ; Felix Alcain ; 1918.
-Saint Point de V ; La verite sur la Syrie ; par un temoin ; Paris ; Presses d’Art Edip. ; 1929.
-Liman Von Sanders, general de cavalerie ; Cinq ans de Turquie ; traduction du commandant Mabille ; Paris ; Editions Payot ; 1923.
-Temoin oculaire ; Souvenirs de Syrie. Expedition francaise de 1860 ; Paris ; Editions Plon-Nourrit et compagnie ; 1903.
-General Y.E. Valluy ; La Premiere Guerre mondiale ; Paris ; Editions Larousse ; 1980.
-Revue historique de l’armee ; Ministere des armees ; 231, Boulevard Saint Germain ; Paris VII.
-Revue de la defense nationale ; Paris VII ; Berger Levrault.