Mercredi 15 janvier 1975:
Après le déchaînement israélien sur Kfarchouba :
FSI contre manifestants à Marjeyoun : 12 blessés :
Les 1eres conséquences, prévisibles d’ailleurs, du déchaînement israélien de lundi contre certaines localités des cazas de Bint-Jbeil et de Tyr ne se sont pas fait attendre. Hier matin, les habitants de Kfarchouba, dont le village avait été soumis à d’intenses bombardements israéliens, ont organisé une manifestation qui devait tourner à l’affrontement avec les forces de l’ordre.
Soldats et agents des FSI ont ouvert le feu sur les manifestants au nombre de 300 environ qui se dirigeaient vers le Sérail de Marjeyoun. 12 villageois ont été blessés dont 2 grièvement. Dans la soirée, une délégation des habitants de Kfarchouba s’est rendue à Beyrouth où elle devait être reçue par le chef du gouvernement au Sérail. Après avoir informé Rachid Solh des développements de la journée et du heurt avec les forces de l’ordre, les membres de la délégation lui ont présenté un mémorandum renfermant leurs revendications. En plus des mesures immédiates tendant à assurer la sécurité des localités frontalières, les habitants de Kfarchouba réclament à l’Etat de leur restituer les vergers occupés par les soldats ennemis. Ils demandent, en outre, le versement d’indemnités à titre de dédommagement aux habitants éprouvés par les agressions israéliennes et la prise de sanctions contre les soldats et agents qui ont tiré sur les manifestants. Le président Solh, qui a promis de donner suite à ces revendications, devait accorder une donation de 2500 LL à titre personnel.
Avant de recevoir la délégation des habitants de Kfarchouba, le chef du gouvernement s’était entretenu avec les directeurs généraux des FSI et de la Sûreté de la situation tendue au Liban-Sud et des conséquences que pourrait engendrer l’incident de la journée.
La manifestation des habitants de Kfarchouba s’était ébranlée à 10h, au moment même où l’artillerie ennemie se déchaînait, pour la 2e journée consécutive, contre la localité. Les manifestants qui avaient été rejoints à l’entrée de Marjeyoun par des dizaines d’écoliers de cette localité scandaient des propos hostiles au pouvoir et réclamaient une défense effective du Liban-Sud. A Marjeyoun les villageois en colère devaient se diriger vers le Sérail. Des dizaines d’entre eux se sont alors approchés de l’enceinte du bâtiment officiel avec l’intention visible de l’occuper. A ce moment, les forces combinées de l’ordre, soldats et FSI, sont intervenus.