• La 1e phase du redéploiement syrien, entamée à l’issue de la réunion du Haut Conseil libano-syrien, lundi dernier, est désormais bien visible sur le terrain.

    Les soldats syriens ont évacué, hier, la totalité de leurs positions au Liban-Nord, mais les 6 bureaux des services de renseignements dans la région sont toujours en place. Les troupes de Damas stationnées depuis 1976 dans le Metn, notamment au Bois de Boulogne et à Dhour el-Choueir, avaient bouclé leurs bagages dans l’après-midi et attendaient leur évacuation imminente.

    Dans le caza d’Aley, l’armée syrienne a quasiment terminé son repli et l’armée libanaise s’est déployée dans les anciennes positions syriennes, où elle a été accueillie avec joie par la population.

    Le ministre de la Défense sortant, Abdelrahim Mrad, a indiqué que cette phase du repli, vers la Bekaa et la Syrie, doit durer une semaine à 10 jours, précisant que les troupes syriennes allaient se replier jusqu'à la localité de Jdita, dans la Bekaa. M. Mrad a ajouté que les services de renseignements syriens, y compris leur commandement à Beyrouth, étaient fin prêts à se retirer.


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  • La 1e phase du retrait syrien prévu par le Conseil supérieur libano-syrien s’est poursuivie pour la 3e journée consécutive. Mais ce n’est qu’hier que l’ampleur de ce redéploiement a commencé à être constatée sur le terrain. Des positions occupées par l’armée syrienne depuis 1978 ont été totalement évacuées. Au caza de Batroun, c’est le cas de Hamate et de la zone de Madfoun sur le littoral, où les habitants ont laissé éclater leur joie. A Tripoli, dans le secteur al-Mina, quelques postes ont été abandonnés. Au Mont-Liban, c’est le caza de Aley qui est touché en 1er lieu par ce redéploiement, quelques campements ont été évacués dans la nuit de mardi à mercredi, notamment l’école Kortbaoui à Dahr el-Wahch.

    Dans d’autres positions de ce même caza, des soldats syriens continuaient à empaqueter leurs affaires, s’apprêtant à partir en soirée. A Hammana, Ain Dara et Mdeirej, les campements syriens ont été allégés presque de moitié en l’espace de quelques jours, alors que les postes syriens du Metn restaient intacts.

    Dans une déclaration à la presse, le vice-Premier ministre sortant, Issam Farès, a indiqué que la 1e étape du redéploiement des troupes syriennes, conformément aux accords de Taef, devrait s’achever le 23 mars, à la veille de la réunion du Sommet arabe.

    Hier donc, à Hamate et dans la zone de Madfoun, les habitants ont laisse éclater leur joie après l’évacuation des positions syriennes.

    Les positions de l’armée syrienne dans ces 2 zones stratégiques de Batroun avaient déjà été allégées en février 2003 sans pour autant être complètement évacuées. Mais hier, dans cette région du Liban, l’heure du grand départ avait bel et bien sonne.

    Et en voyant 2 postes complètement abandonnés –la position de DCA au-dessous du pont de Madfoun et la caserne qui lui est adjacente située sur la route maritime, ainsi que l’immense campement à l’aéroport de Hamate –, les observateurs ont réalisé qu’une page de l’histoire du Liban est à jamais tournée.

    Rappelons dans ce cadre que le pont de Madfoun formait le point de passage entre la région Est et le Liban-Nord tout au long de la guerre, et que l’aéroport militaire de Hamate constituait pour l’armée libanaise l’une des positions les plus stratégiques de la région avant qu’il ne soit investi par les troupes de Damas en 1978.

    Inutile de préciser aussi que toutes les villas et les maisons de bord de mer à Kfarabida investies par les troupes de Damas depuis près de 30 ans ont été restituées à leurs habitants, que les bases de missiles air-sol de Wej el-Hajar (prolongement de l’aéroport de Hamate sur le littoral) ainsi que les radars de Mar Semaan (Hamate) ont été démantelés.

    Réalisant que les troupes syriennes ont quitté définitivement leurs positions et que l’armée libanaise les a remplacées, des dizaines et des dizaines d’habitants de Hamate ont aussitôt afflue sur les lieux, brandissant des drapeaux libanais, en chantant, dansant et scandant : « Nous ne voulons d’autre armée que l’armée libanaise ». Ils ont aussi répété les slogans de l’opposition : « Liberté, souveraineté, indépendance » et « Syrie dehors ! ».

    A Madfoun, des habitants ont distribué des bonbons et des fleurs aux passants alors que des jeunes, pot de peinture à la main, ont recouvert –avec les couleurs blanche et rouge de l’opposition –des inscriptions laissées par des militaires syriens. Ils ont aussi brulé des uniformes abandonnés. Ils ont également brandi une grande pancarte ou était inscrit : « Merci l’ONU, Annan, Bush et Chirac pour la 1559 ».

    Et c’est dans une atmosphère de liesse que des convois de voitures arborant le drapeau libanais ont circulé entre les positions abandonnées de Madfoun, Wej el-Hajar et Hamate.

    Toujours au Liban-Nord, à Tripoli, quelques postes syriens dans la zone al-Mina ont été évacués. Tripoli abrite encore une quinzaine de positions syriennes, notamment l’important poste de Haykaliye. Mais à la tombée du jour, les militaires syriens pliaient bagage dans ces postes et campements. Le départ serait prévu pour les heures qui viennent.

    Au Akkar, des camions syriens chargés de soldats et de matériel ont évacué dans la nuit de mardi à mercredi l’aérodrome militaire de Koleyate et se sont dirigés vers la Syrie. C’était le cas aussi d’un convoi formé de 8 camions chargés de soldats.

    Avant de quitter Aley, un moment pour les emplettes :

    Au Mont-Liban, dans les positions d’Aley et de Dhour el-Abadiyé, sur l’autoroute Beyrouth-Damas, et dans les campements de Hammana et de ce qui constitue le triangle Ain Dara-Hammana-Mdeirej, l’activité préparant le redéploiement s’est poursuivie tout au long de la journée. En fin d’après-midi, quelques positions étaient évacuées à Aley, chef-lieu de caza. Et près d’un millier de soldats syriens auraient quitte toute la zone.

    Sur la route de Dahr el-Baidar, des dizaines de véhicules de l’armée syrienne, quittant la Bekaa pour le Mont-Liban, ont été croisés, notamment des jeeps ayant des officiers à bord, des autocars vides destinés au transport des troupes et des camions remorques vides de tout chargement.

    Dans plusieurs campements de Mdeirej et de Ain Dara, à moitié évacués lors de ces 3 derniers jours, des soldats s’appliquaient encore à recouvrir des tanks de bâches, à ranger des affaires ou encore à démanteler leurs installations de câbles électriques et téléphoniques. A Falougha, l’évacuation qui a commencé dans la nuit de mardi à mercredi s’est poursuivie. Le campement dans la plaine de Hammana a été allégé.

    Malgré le départ d’un bon nombre de soldats syriens stationnés dans la zone, les habitants restent sceptiques, perdant patience. « La radio a annoncé que les syriens ont démantelé le radar de Hammana. Les journalistes racontent n’importe quoi ! » s’insurge l’un d’eux, montrant le radar toujours en place en expliquant qu’il « y avait tout simplement du brouillard et l’informateur ne l’avait pas vu ». « Ils ne partiront jamais », dit-il, reconnaissant cependant que depuis 3 jours, il est « réveillé en pleine nuit par le bruit des camions syriens qui quittent la localité ».

    Un autre craint que les troupes qui ont abandonné des positions –sans pour autant les évacuer entièrement –reviennent : « S’ils veulent vraiment partir, tous les soldats doivent quitter la région une fois pour toutes et en même temps. De plus, ils n’ont pas bougé du Metn. Ce redéploiement est un mensonge comme tous les autres ».

    Toujours à Hammana hier, en début de soirée, la police militaire libanaise était stationnée devant le poste des services de renseignements syriens commandant tout le Mont-Liban.

    Selon les responsables syriens et libanais, cette 1e étape du repli devrait toucher les permanences des SR. Mais à Beyrouth, dans le secteur du Beau Rivage et à Hamra, ainsi qu’à Amioun (caza du Koura, Liban-Nord), où les soldats de Damas avaient abandonné depuis quelques années leurs positions, les postes des services de renseignements sont toujours maintenus.

    Soulignons qu’au terme des accords de Taef, le redéploiement vers la Bekaa ne concerne pas Hammana, Falougha et Ain Dara. Ces 3 localités devaient constituer avec Dahr el-Baidar la ligne de retrait du repli syrien.

    Hier en fin d’après-midi, quelques positions de Aley, chef-lieu de caza, étaient déjà complètement vides ou abritaient seulement 2 ou 3 soldats. Une vingtaine de camions bâchés étaient en cours de chargement près de diverses positions syriennes. Des voitures de la police militaire libanaise étaient stationnées en début de soirée devant le secteur où logent des officiers et des cadres de l’armée syrienne.

    Dans les bâtiments déjà délabrés qui les abritent, des soldats syriens s’appliquaient à démonter les cadres en bois des fenêtres et des portes pour les ranger dans leurs camion. D’autres enroulaient leur matelas, alors que certains avaient décidé de faire des emplettes de dernière minute. Certains se contentaient d’acheter des biscuits et des douceurs, en prévision du trajet qu’ils effectueront durant la nuit, d’autres avaient les mains chargées de sacs d’oignons, de barquettes d’œufs et de bidon d’huile d’olive. Bref, hier en début de soirée, à Hay el-Kettaneh et Hay el-Wata, tout était prêt pour le grand départ.

    Comme à Hammana, plusieurs habitants d’Aley perdaient patience. « On ne sera pas heureux avant que le dernier soldat syrien présent au Liban ne quitte la frontière », lance l’un d’eux. Un autre souligne d’un air ironique : « D’ici au 2 avril, date de la publication du rapport Annan sur la 1559, toutes les troupes syriennes auraient quitté le Liban. Même si on les supplie de demeurer au Liban, nos grands frères nous tourneront le dos pour courir en direction de Damas ».

    Aley encore. Une position complètement évacuée durant la journée. Non loin de là, un homme debout, presque immobile, contemple le poste abandonne. « Ils étaient mes voisins. Ils sont partis aujourd’hui. Cette nuit, pour la 1e fois depuis longtemps, je dormirai tranquille », dit-il.


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  • Des individus relevant de fractions prosyriennes continuent leurs provocations, s’en prenant à des partisans de l’opposition et à des jeunes dans certains quartiers de Beyrouth. Après la rixe à Achrafié samedi, quelques heures après la déclaration du président syrien Bachar el-Assad, les coups de feu à Saïfi, dimanche, qui ont nécessité l’hospitalisation de Charbel Ghanem, jeune partisan de l’opposition qui se rendait à la place des Martyrs et qui a été atteint par balles, deux incidents se sont produits hier à Furn el-Chebback et à Ain el-Remmaneh. Bachir Deaibess, 21 ans, a été ainsi hospitalisé après avoir été battu par des hommes brandissant des drapeaux syriens. Le jeune homme a été blessé à la tête et au dos et atteint d’une fracture au coude, nécessitant une intervention chirurgicale. L’incident s’est produit à Furn el-Chebback.

    Un autre incident s’est produit à Ain el-Remmaneh lorsque des voitures ornées de drapeaux syriens ont traversé le secteur en klaxonnant alors que leurs occupants lançaient des insultes aux jeunes gens attroupés dans les rues. Cette altercation a nécessité le déploiement, dans la nuit, des soldats de l’armée et des membres des FSI.

    « Les jeunes des deux bords se sont lancé des pierres et se sont battus à coups de bâton avant le départ des voitures arborant les drapeaux syriens et le déploiement de soldats de l’armée libanaise », a précisé un officier de police. « Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent ici provoquer les jeunes. En fait, ils sillonnent le voisinage la nuit en tirant en l’air », a-t-il ajouté.

    Sur son lit d’hôpital, Bachir Deaibess raconte : « J’étais en voiture avec quatre amis à Furn el-Chebback lorsqu’un homme nous a insultés depuis une voiture qui transportait sept passagers. La voiture était ornée de drapeaux syriens et de portraits de Bachar el-Assad et du président Emile Lahoud », a-t-il précisé.

    « Ils sont descendus de voiture, nous aussi. Ils m’ont battu à coups de bâton alors que mes amis ont réussi à s’échapper, a-t-il ajouté. Je ne portais même pas de drapeau libanais. Je n’ai jamais vu autant d’humiliation de ma vie ».

    Un habitant de Ain el-Remmaneh, Toufic Moawad, a indiqué que « des provocations avaient lieu chaque soir ces derniers jours et nous nous attendions à leur répétition après la manifestation du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah ».


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  • L’armée libanaise s’est déployée hier après-midi en grand nombre dans Beyrouth et sur la route Beyrouth-Damas, après avoir patrouillé pendant 1h dans le périmètre des permanences des services de renseignements syriens, peu avant le discours prononcé par le président Bachar el-Assad devant le Parlement syrien.

    Des unités de l’armée libanaise ont pris position autour de la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, où les opposants à la présence syrienne se sont rassemblés en attendant le discours prononcé en fin d’après-midi par le président syrien. Une source de sécurité libanaise a indiqué que 4000 soldats libanais ont été déployés à Beyrouth et dans les autres régions libanaises pour maintenir l’ordre et empêcher tout débordement.

    Des soldats libanais se sont également déployés autour du domicile du Premier ministre démissionnaire, Omar Karamé, de la Banque centrale du Liban ainsi que dans le périmètre d’autres bâtiments publics. D’autres unités de l’armée patrouillaient sur des tronçons de la route Beyrouth-Damas, notamment au niveau de Sofar-Mdeirej-Dahr el-Baidar qui dominent à la fois Beyrouth et ses environs, ainsi que la plaine de la Bekaa.

    Le mouvement le plus spectaculaire s’est déroulé autour des 3 permanences des services de renseignements syriens à Beyrouth. Pendant 1h environ, des soldats libanais ont bouclé les secteurs jouxtant les bureaux des services de renseignements reconnaissables aux portraits du président syrien, Bachar el-Assad, et de son père, le président défunt Hafez el-Assad.

    Plusieurs transports de troupes de l’armée libanaise se sont déployés en 3 points à Beyrouth, au QG des services de renseignements syriens, dans le quartier de l’hôtel Beau Rivage (entrée Sud de Beyrouth), près du siège de l’UNESCO plus au Nord, ainsi que dans le quartier de Hamra au cœur de Beyrouth. «Ces mouvements sont un prélude à la prise en charge par l’armée libanaise des positions qui seront évacuées par l’armée syrienne », a indique à l’AFP un officier libanais qui a requis l’anonymat.

    Apres le retrait des unités libanaises, des membres des services syriens en civil, des fusils-mitrailleurs en bandoulière, étaient toujours en faction, alors que des membres des services de renseignements libanais ont sommé les journalistes et photographes de s’éloigner.

    Dans la banlieue-Sud de Beyrouth, les 3 permanences des services de renseignements syriens étaient toujours ouvertes.


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  • Le commandement de l’armée libanaise a appelé hier les citoyens « à faire preuve de vigilance » et à rester prêts à contrer tout manquement à la sécurité.

    Dans un communiqué, l’institution militaire a en outre salué le comportement responsable des forces armées déployées sur le terrain qui « ont réussi à gagner la confiance des citoyens ». Elle a rappelé au passage que celles-ci « ne faisaient que se conformer aux décisions du pouvoir exécutif comme le prévoit la Constitution ».

    Le communiqué a par ailleurs précisé que l’attitude des forces armées émane « d’une philosophie nationale qui consiste à faire face aux agressions israéliennes et aux complots tramés par l’Etat hébreu visant l’unité du Liban, sa stabilité et ses relations privilégiées avec la Syrie ».


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